Pretty Woman [Blue]

- "Sept quoi?"

Je la regardais, un peu décontenancé. Qu'est-ce qu'elle comptait au juste? Je me demandais si la dernière fois qu'elle avait évité de me répondre, ce n'était pas déjà un nombre qu'elle avait murmuré. Quatre il me semblait. Je m'étais quelque peu figé, incertain. Pourtant, ses bras s'enroulèrent autour de mon cou et elle se serra davantage contre moi, amenant une nouvelle bouffée de chaleur en moi. Qui prenait naissance au creux de mes reins. Je souris quand elle m'annonça qu'elle m'en voudrait à mort si je la faisais pleurer.

- "Ce n'est pas vraiment le but recherché."

Son index se posa sur ma lèvre inférieure et je retins mon souffle alors qu'elle me débitait des âneries. N'importe quoi... Pas une fille bien? Pas faite pour moi? Ma main glissa de son ventre à ses reins et je me redressais sur les genoux, la relevant en même temps, afin de lui faire face.

- "Et quel genre de fille est fait pour moi, au juste?"

Il y avait un éclat orageux dans mon regard, parce que ne m'aimais pas l'entendre se dénigrer ainsi, elle avait mieux que la plupart des filles que j'avais pu fréquenter. Elle était vraie, réellement gentille et douce, malgré ses années passées en garçon.

- "Ne dis plus jamais ça Sasha. Tu es une fille bien. Tu as eu un passé tourmenté, mais le passé est le passé. Tu as décroché de la drogue, tu te débrouilles seule, en toute légalité, tu ne t'es jamais prostituée, jamais vendue. C'est quoi une fille bien? Une nana qui va au bahut? Qui vit dans une maison luxueuse? Nous n'avons pas la même définition, je crois."

Je souris, un peu apaisé, alors que je l'attirais plus près de moi, glissant ma main libre sur son épaule, descendant sa bretelle de débardeur et de soutien gorge pour pouvoir embrasser la peau nue.

- "Tu connais tout de moi... Mes forces, mes faiblesses, mes peurs, mes démons, mes bons côtés comme mes mauvais... Et tu es pourtant là, malgré ce que je suis, ce que j'ai pu faire. Cela me suffit."

Je remontais le long de son épaule, avant de titiller le lobe de son oreille, tout en chuchotant :

- "Je ne partirais pas de toutes façons."

« Sept fois que je tombe amoureuse de toi. »

Répondis je avec un petit sourire en coin amusé et en même temps taquin alors que je glissais mes bras autour de son cou, me pelotonnant contre lui sans honte aucune. Bien que là, j’étais en train de me dire que si ça continuait, ça allait mal finir et on était tout de même dans un endroit public quoi.

Il m’émouvait a un point pas possible. Il avait toujours su le faire d’ailleurs. Il avait une telle manière de dire les choses qu’on ne pouvait qu’être séduite et limite au bord des larmes. Et moi, je n’avais pas pleuré depuis des années. Je ris légèrement lorsqu’il m’assura que ce n’était pas le but.

« T’es sur ? Non parce que c’est bien partit là. »

Bougonnais je l’iris déjà un peu plus brillante qu’avant avant de sortir quelque chose ne lui plut pas. Je le sus a la seconde où je vis son regard s’assombrir, étonnant comme j’arrivais a deviner ses humeurs rien qu’en le regardant dans les yeux. Sa main glissa sous moi et je le laissais me redresser, toujours accrochée a son cou. Je ne disais que la stricte vérité quelque part. Lui, il avait l’avenir devant lui, moi aucun ou presque. Même si il me donnait envie d’en avoir un. Je ne sortais pas spécialement du bon moule, j’étais comme ça et je n’arrivais pas vraiment a me voir pour lui. Je soupirais, il avait raison dans un sens, c’est vrai…Et puis est ce que je n’étais pas en train de me prendre la tête pour rien ? Si il se trompait, si il décidait que ce n’était qu’une erreur et bien tant pis…J’en aurais profité un peu.

Je posais mon front contre le sien, fermant un instant les yeux avant de sourire largement en me redressant.

« D’accord. »

Je cédais parce que je ne voulais pas l’énerver, pas l’agacer et parce que j’avais envie de croire en ce qu’il me disait. Et puis, quelque part…Seul le temps pourrait vraiment me dire ce qu’il se passera. Je frémis sous sa main qui remonta le long de mon bras pour délester mon épaule de ses attaches, posant les lèvres au creux de ma nuque…Oh bon sang ! Comment voulait il que j’arrive a réfléchir ?!

« Je peux en dire autant, tu sais…Maintenant, je sais pourquoi j’t’ai laissé rentrer dans ma vie. J’avais juste besoin de toi. »

Parce qu’en fait, j’étais trop seule sans doute. Parce que parfois, même si j’étais forte ou battante, j’avais besoin de quelqu’un sur qui me reposer…Quelqu’un en qui je pourrais confier ma propre vie, qui me ferait sentir importante, meilleure sans doute. Et ça, Kieran me le donnait au centuple.

Je resserrais mon étreinte alors qu’il me promettait de ne pas partir, hochant simplement la tête. Je ne demandais pas de grands serments, de sa part, quelques mots suffisaient…

« Kieran…Comment dire ça…Mmmh…Tu sais qu’on dans un lieu public ? »

Non parce que là, j’en pouvais plus, j’avais tellement chaud…Je brulais littéralement a tel point que je me demandais si un saut dans la Tamise ne serait pas du luxe…

« J’ai pas envie de finir dans la Tamise pour me rafraichir les idées t’vois… »

C’était pas vraiment un reproche, clairement pas avec cette façon que j’avais de le regarder et de sourire. Mais même si j’avais terriblement envie de lui…Merde ! On était au beau milieu de Londres quoi !

- "Sept fois que tu..."

Wow. J'eus un petit rire gêné. Autant pour la franchise, elle pouvait bien dire de moi, elle savait elle aussi lâcher ses petites bombes l'air de rien et avec un naturel confondant.

- "On ne me l'avait jamais faite celle-là... Je me demande ce que j'ai fait pour que tu tombes amoureuse de moi à 7 reprises."

Elle me mit en garde ensuite si jamais je la faisais pleurer. Je lui assurais que là n'était vraiment pas mon objectif et elle mit ma parole en doute, répliquant que j'étais quand même bien parti. Je souris. Était-ce ma faute si elle était sensible à la sincérité? J'aurais pu ne rien dire, c'est vrai, mais ce n'était pas mon genre. Je voulais qu'elle sache à quoi s'en tenir avec moi.

Et ce qu'elle me sortit concernant le fait qu'elle n'était pas digne de moi eut le don de me mettre de mauvaise humeur. Conneries tout ça! Quelle fille était digne de moi hein? Comme si je méritais quelque chose de mieux que les autres garçons. Non franchement, je n'adhérais pas du tout à son complexe d'infériorité. Et je le lui fis comprendre sans détours. Elle finit par consentir à ce que je venais de dire. Je hochais la tête, satisfait.

- "J'espère bien. Ne me sors plus de telles inepties. Tu te prends la tête pour des conneries."

Je continuais à l'embrasser, la délestant d'une bretelle pour poser mes lèvres sur la rondeur de son épaule. Le désir était revenu en force. Il suffisait que je commence à l'embrasser pour m'embraser de toutes façons, c'était simple. Je souris en l'embrassant quand elle m'avoua avoir besoin de moi. Peut-être... Et moi j'avais désespérément besoin qu'elle me sauve de mes démons.

- "Tu es entrée dans la mienne parce que tu éloignes les ténèbres Sasha."

Ces ténèbres qui me rendaient mélancolique, colérique, dépendant à la drogue, au danger. Je n'avais rien à quoi me raccrocher, sinon mon amour pour ma sœur. Et celui que j'éprouvais pour Sasha maintenant. Je l'embrassais de plus belle, de plus en plus pressent, jusqu'à ce qu'elle me fasse remarquer que nous étions dans un lieu public. Je m'interrompis, relevant la tête vers elle et regardant autour de moi. Oui, on était dans un lieu public... Je n'étais pas certain que cela suffise à me freiner, mais elle, si.

- "Ah... Oui."

Je la lâchais, avec un sourire d'excuse.

- "Désolé. Je te l'ai dis, j'ai du mal à me contrôler avec toi..."

Mon sourire s'accentua et je demandais malicieux :

- "Ah, mais tu essaies de me faire perdre mon pari en fait!"

« Tu vas rire mais…Rien en fait. Je sais pas. C’est une expression, des mots, un geste. C’est…Juste toi en fait. Alors quand je m’en suis rendue compte, j’ai compté et ça fait sept. Je savais même pas que c’était possible de tomber amoureuse plusieurs fois d’une seule personne… »

Marmonnais je alors qu’il avait l’air gêné. Mais ce n’était pas de ma faute, je ne le faisais pas exprès. Je n’y pouvais rien si il était ce qu’il était. Jusqu'à me faire chialer quoi ! Je ne voulais pas pleurer et je souris légèrement a ses mots. Non ce n’était pas le but, terriblement pas, mais je n’arrivais pas a rester insensible a ce qu’il me disait. C’était comme ça.

Mais je ne pouvais pas m’empêcher de douter, provoquant son agacement sans même le vouloir. L’entendre parler de moi ainsi me faisait fondre, je devais bien l’avouer.

« Je sais mais…Oh et puis tu as raison, c’est des conneries… »

Mais je ne voulais pas le décevoir quelque part, c’était cette peur là que j’avais en fait. Idiote et irrationnelle mais c’était celle que j’avais. Ses lèvres sur moi étaient terriblement brûlantes et encore plus lorsque j’osais enfin regarder en face le pourquoi je l’avais laissé m’approcher au risque qu’il devine tout de moi, il répondit que je chassais ses ténèbres…Arg ! Bon sang ! J’avais tellement envie de lui que j’en avais mal ? Que j’aurais été a deux doigts de céder, peut importe l’endroit, mais un sursaut m’en empêcha. Je pouvais pas me donner en public comme ça flute !

J’eus froid lorsqu’il me lâcha et, instinctivement, je me raccrochais a sa nuque alors qu’il semblait se rendre compte de l’endroit où nous étions. Son « ah » me fit sourire, le reste me fit rire.

« Kieran, j’étais a deux doigts de te violer, t’sais que n’importe qui peut débouler sur la pelouse ? On aurait l’air de quoi ? »

Riais je avant de lui embrasser la joue, résistant vaillamment a l’envie de dévier sur ses lèvres…Juste un peu…

« J’y arriverais tu crois ? »

Répondis je tout aussi malicieuse, récupérant mon café tiède maintenant, espérant penser a autre chose que la sensation de son corps sur le mien. C’était pas possible quoi ! J’étais tout de même pas en chaleur merde ! Quoique…..si…je l’étais carrément avec lui.

Je ne commentais pas sa tenue des comptes. j'étais un peu trop sur le cul en fait. Sept fois, elle était tombée amoureuse de moi sept fois. Comme ça. Juste parce que j'étais moi et que je l'avais séduite à chaque fois. C'était vraiment étrange. Et flatteur, je ne pouvais pas le nier. Je me permis quand même un petit sourire quand elle ajouta qu'elle ne pensait pas que c'était possible de tomber amoureuse plusieurs fois de la même personne, avant de glisser, faussement arrogant :

- "C'est que je ne suis pas n'importe qui non plus."

Pas n'importe qui, mais quand même pas non plus quelqu'un d'exceptionnel à qui il fallait une fille exceptionnelle. Pas digne de moi. N'importe quoi. Je trouvais ça idiot et je le lui fis comprendre dans mâcher mes mots. La discussion à ce sujet était close, du moins je l'espérais.

Et je m'enfonçais de plus en plus dans mon désir, n'écoutant que lui, explorant la peau de Sasha avec douceur, mais détermination, m'enivrant de son odeur. Je perdais pied et j'aurais surement fait une connerie si elle ne m'avait pas fait remarquer que nous étions dans un lieu public. Hein? Ah oui, merde. Je la lâchais à contrecœur, mais c'était sans doute plus sage. Cela dit, Sasha ne semblait pas décidé à me faciliter la tâche et sa main s'agrippa à ma nuque alors qu'elle riait. Je me joignis à elle, frustré quelque part, mais cherchant à le masquer :

- "Alors techniquement, ce ne serait pas un viol, parce que je serais très consentant... Et ensuite, on aurait l'air de deux amoureux en proie à la passion..."

Je haussais les épaules quand elle m'embrassa chastement sur la joue alors que je lui demandais si elle ne voulait pas me faire perdre mon pari. Sa question me fit sourire.

- "Donc, si je cède à mon envie de te faire l'amour, j'aurais perdu, c'est ça?"

Je toussotais, passant une main dans mes cheveux et récupérant mon Irish coffee tiède que j'avalais d'un trait.

- "J'ai bien peur que tu y arrives effectivement."

Je me laissais tomber en arrière, croisant mes mains sous ma tête pour regarder le ciel nocturne au dessus de moi et cesser de dévorer Sasha du regard. Une question me turlupinait maintenant que nous sortions ensemble. Un détail peut être pour elle, mais très important pour moi. Pour nous en fait. Je finis par me lancer, regardant la lune.

- "Sasha... Quand nous n'étions que copains, que tu sois Blue dans l'Under ne me dérangeait pas mais... Maintenant... Si je vais dans l'Under avec toi, j'aurais du mal à ce que tu sois un mec... Et même si là bas, y'a pas de soucis avec les couples gays, moi, ça me dérangerait qu'on pense que je sorte avec un gamin de 14 ans... Et je ne pense pas être assez bon comédien pour faire comme si nous n'étions qu'amis."

Je levais la main, pliant l’index contre mon pouce avant de lui coller une pichenette sur le front.

« Vantard. »

Assénais je en riant. Mais il pouvait. Pour moi, il était ce qu’il pouvait m’arriver de mieux. Il n’était pas parfait mais je l’adorais. Ses défauts, ses forces…J’étais amoureuse de tout cela. De ses larmes, comme de ses rires. Je n’étais pas pour lui. Et pourtant, il m’acceptait comme j’étais. Me voulait moi, pas une autre. Alors je vis mon reflet dans ses yeux et je cédais. M’enflammant a ses mots autant qu’a ses lèvres. Priant le ciel pour que ça ne s’arrête jamais.

Et pourtant, j’y mis fin. Je ne voulais pas me donner en spectacle même a moitié perdue contre lui, me noyant dans l’océan brulant de mon envie. J’étais frustrée, autant que lui mais j’en ris. Avec lui.

« Mais on s’ra sage…Malgré tout…Avant, pour moi, c’était interdit, j’arrivais a faire avec, a l’étouffer, retenir mes gestes, mes mots, mes élans...Maintenant…Bon sang Kieran ! Je suis en train de me demander si je ne suis pas nymphomane sur les bords …»

C’était maladroit. J’en avais conscience, mais je n’étais pas très a l’aise sur le sujet. Je manquais d’expérience, de recul. J’avais le sang qui me battait aux tempes. Ma chair qui hurlait son désir. Je savais que ce n’était pas les bons mots. Je me grattais la tempe. Avant de passer a autre chose, posant mes lèvres sur sa joue en rêvant de les déposer sur sa bouche…Il me fit rire en me rappelant le pari et je souris légèrement a sa réponse.

« Non…Faire l’amour avec toi, ce n’est pas gagner, ni perdre d’ailleurs…Je ne dirais pas que j’en ai pas envie au contraire, beaucoup trop mais…je ne suis pas comme toi, je…- je soupirais – A vrai dire, je me suis déjà demandé si j’étais vierge ou pas…Ma période…difficile me reste parfois nébuleuse. Je suppose que non, mais…Je sais pas en fait. Et tu vas me dire que c’est con, mais je veux pas te décevoir. »

Finis je par murmurer, sans honte aucune d’ailleurs, le regardant bien en face avant qu’il ne s’allonge, regardant le ciel. Je fis pareil, sur le ventre, tenant mon café entre mes mains, fixant son visage alors qu’il me parlait de l’Under. Je fronçais légèrement les sourcils.

« Ils ne penseront pas que tu es gay. Ils ne penseront rien en fait. Là bas, ça ne juge pas, ça ne donne pas son avis. Ca accepte sans poser de question. En fait, ce n’est pas des regards que tu a peur, mais de ta propre impression. »

Je me redressais avant de l’enjamber, m’asseyant a califourchon sur lui.

« Si demain, je me rasais les cheveux, que je me colle deux ou trois piercing dans le nez, que je tatoue « a ma maman » sur mon ventre…Est-ce que tu te détournerais de moi ? »

Je ris quand elle me mit une pichenette sur le front en me traitant de vantard. Ce que j'étais loin d'être en vérité. Du moins, plus maintenant. Peut-être l'avais-je été pour impressionner les filles et les potes dans mon ancienne vie, mais c'était terminé cette époque là. J'avais été un sale con quand même et je m'étais bonifié dans la tragédie. Au moins en avais-je tiré quelques leçons.

Cela dit, ce que j'étais en train de lui faire n'était pas un exemple de comportement modèle et irréprochable. Non, j'avais envie d'elle et bien que ma raison me hurlait que ce n'était pas bien de céder ici, mon cœur lui, n'écoutait pas. Je n'étais pas exhibitionniste, mais j'aurais été capable de lui faire l'amour ici, oui, au risque d'être découverts. Dément.

Heureusement, Sasha avait un peu plus de sang froid que moi et me fit prendre conscience de la connerie que nous risquions de faire. Je la lâchais alors qu'elle me demandait de quoi on aurait l'air, même si elle avait envie de me violer. Je pris le parti d'en rire et elle fit de même, avant de répliquer que nous serions sages. Et je ris de plus belle quand elle acheva en se demandant si elle n'était pas nymphomane sur les bords. Elle? Nympho? Oh non, surement pas. Mais j'étais flatté qu'elle ai envie de... sexe avec moi. Alors qu'elle avait du se l'interdire pendant longtemps pour ne pas griller sa couverture.

- "Si tu es nympho, je suis un pervers."

Parce que bon, la prendre là, sur le gazon, au risque de se faire chopper, c'était quand même pas très net... Tout ça pour dire que nous avions très envie l'un de l'autre, jusqu'à ne plus nous reconnaitre. Ce qui était assez bizarre, parce que Sasha n'était pas une bombe sexuelle. Elle n'avait pas une poitrine abondante, de longs cheveux blonds, de maquillage, de vêtements moulant une anatomie explosive. Et pourtant, j'étais plus excité par son charme discret que celui, tonitruant, voire vulgaire de ces filles que j'avais pu croiser dans l'Under. Ce qu'elle m'avait fait remarquer d'ailleurs.

Je plaisantais alors au sujet de notre pari, que je perdrais si je couchais avec elle. Elle rit, avant de confier quelque chose de très sérieux. Elle avait envie de moi, mais ne savait plus si elle était vierge ou pas, ne se souvenant pas de sa période où elle flottait dans la drogue. Ah... Enfin en même temps, pour le savoir, il n'y avait qu'un moyen, et imparable.

- "La seule personne que tu puisses décevoir, c'est toi. Je me moque que tu sois vierge ou pas, tu sais? Bien sûr, c'est toujours touchant de se dire qu'on est le premier, mais c'est aussi stressant. Je ne veux pas que tu ai mal."

Moi aussi j'en parlais très naturellement, sans ressentir aucune gène alors que nous parlions quand même de sexe. Et de sexe entre nous, pas avec une tierce personne. Je souris, rassurant, avant de m'allonger dans l'herbe. Qu'elle ne se tracasse pas avec ça. Qu'elle soit vierge ou pas, je ne serais pas déçu. Je n'avais aucune attente particulière, sinon, de goûter son corps.

Elle s'allongea à côté de moi, sur le ventre et je me décidais à lui parler de ce qui me tracassait, avant de tourner la tête pour croiser son regard. Sa réponse était pertinente. Et me donnait matière à réflexion. Avais-je peur de ma propre impression? Arriverais-je à embrasser Blue comme je pouvais être dingue de Sasha? A passer outre le déguisement et ce qu'il me renvoyait d'une autre époque où il n'était qu'une jeune garçon, un petit frère? Aucune idée.

Je tournais brutalement la tête vers elle quand elle se jucha sur moi. Il ne fallait pas me faire des trucs comme ça enfin... Mon imagination s'emballa et mon corps me trahit de nouveau. Bon, il me semblait que je ne serais pas en paix avec ça, tant que je ne me serais pas soulagé. Pas très glamour, mais terriblement vrai. Sa question me laissa sans voix. C'était quoi ces idées bizarres?

- "Je suis sûr que la boule à Z et les piercings t'iraient à merveille. Le tatouage par contre, bof bof. Je peux te conseiller si tu veux absolument en faire un."

J'en avais moi même, pas des masses, mais un entre le pouce et l'index, un autre sur la colonne vertébrale. Je me redressais sur mes coudes, un peu plus sérieux :

- "Non. Non, je ne me détournerais pas de toi. Même si ce serait mentir que de dire que ça me plairait... j'aime les femmes. Féminines. Je t'aime ainsi. Je n'ai pas besoin que tu fasses un 95C et que tu mettes une mini jupe, ni que tu te maquilles comme une voiture volée, mais il faut que je te voie comme une femme. J'aimerais que tu me comprennes... j'ai connu un garçon. Au départ tu étais un mec... J'aurais beaucoup de mal à te substituer à Blue, dans l'Under... Ça me paraîtrait... mal? Je ne sais pas, c'est embrouillé."

Je soupirais, avant de me redresser totalement, la faisant glisser sur mes hanches, si bien qu'elle put sentir de nouveau l'effet qu'elle pouvait provoquer sur moi. Ma main s'empara de sa joue et je l'embrassais alors, comme pour lui faire comprendre ce que je n'arrivais pas à expliquer. Dans un murmure, je lui demandais :

- "On pourrait peut-être continuer cette conversation chez toi..."

Nympho…Je n’aimais pas vraiment ce terme parce que bon, ça voulait dire sauter sur tout ce qui bouge alors que je n’avais envie que de sauter sur lui. Par contre…Pervers…Ce fut plus fort que moi, je piquais un fou rire. L’air autour de nous était électrique et malgré nos efforts pour nous calmer, on ne faisait qu’attiser la flamme. Je ne pouvais pas m’empêcher de le toucher. C’était bizarre, pendant longtemps j’avais résister a cette envie. Me contentant de ma main sur son crâne, sans jamais aller plus loin que cela. Mais maintenant que j’avais le droit…Je ne pouvais pas m’en empêcher.

Cela dit, je ne pouvais pas nier avoir terriblement envie de lui mais j’avais une réserve, c’est vrai. Dont je n’avais pas vraiment honte de parler. De toute façon, on parlait de tout assez librement en fait, alors pourquoi le sexe serait gênant, même si mon manque d’expérience me rendait plutôt nerveuse en fait. Je souris doucement lorsqu’il me répondit que ça n’avait pas d’importance. Juste que je risquais de lui mettre la pression en fait. Oups…

« Je sais, mais ça fait très bizarre de dire qu’on sait même pas si on a eu une vie sexuelle ou pas. J’veux dire…Enfin c’est dérangeant, même pour moi quoi. Pas se souvenir de ça, comme de beaucoup d’autre chose, ça me fait me sentir mal quelque part. »

Mais pas lui, ça n’avait pas l’air de le gêner et j’en fus heureuse quelque part. Il ne jugeait pas ce qu’avait été ma vie avant, il ne gardait que qui j’étais maintenant. Cela dit, quand je l’entendis parler de l’Under, je fronçais légèrement les sourcils, cherchant a le comprendre ou du moins saisir le problème qui pouvait se poser là. Et je fis quelque chose de très con au vu de nos états a tout les deux, je lui grimpais dessus. Très intelligent Sasha, si, si, si ! Cela dit, j’eus une petite moue en l’entendant me reprendre, du rire dans la voix avant de sourire en répondant :

« Non, les tatouages, c’est pas vraiment mon truc, j’me suis assez piquer pour vouloir éviter les aiguilles, n’importe lesquelles d’ailleurs. Et pis, je suis un peu douillette sur les bords. »

Alors non, je ne voulais pas de tatouages, enfin pas pour le moment du moins, même si je voyais celui de Kieran sur sa main. Il s’embrouillait dans ses explications, mais je pouvais saisir le sens général. Ca le perturberait de me voir en mec. Ca le renverrait a une époque où je n’étais qu’un pote de plus pour lui. Je pouvais comprendre c’est vrai, j’allais répondre quand il se redressa soudainement, me faisant glisser dans la foulée…Sur lui. Mon souffle se bloqua subitement alors qu’une vague de chaleur traversa mon ventre. Oh merde ! On allait jamais y arriver…

Je fermais les yeux a son baiser, me plaquant malgré moi contre lui, me pressant contre son ventre…Mauvaise idée Sasha ! Il me libéra les lèvres et j’avais le souffle un peu court, la tête ailleurs aussi eus je un peu de mal a saisir ses mots. Oh…Je retins un rire…

« Discuter..Vraiment… »

Murmurais je avant de daigner le soulager de mon poids, me remettant debout avant de m’étendre, un sourire aux lèvres.

« De toute façon, il commence a s’faire très tôt, tu peux pas rentrer chez toi sans réveiller toute la maison… »

Fis je un peu mutine avant de glisser ma main dans la sienne pour rentrer…discuter…chez moi…ben voyons. J’eus un rire un peu étrange, a tel point que le cafetier me regarda d’un air bizarre avant de faire un vague signe de la main a nos « au revoir »…

Je comprenais... Qu'elle puisse se sentir mal à l'aise en ne se souvenant pas si elle avait déjà couché avec un mec. Une telle amnésie était flippante, mais elle datait de ses années noires, de drogue, d'oubli, de paradis artificiel. Finalement, heureusement qu'elle m'avait arrêté avant que je n'y plonge complètement, parce que j'aurais détesté ne pas me souvenir de ce que j'avais fait, même si en étant un mec, cela me semblait moins gênant. Faire l'amour, c'était quand même quelque chose d'intense, de fort... Je me souvenais de toutes les filles avec qui j'avais couché et contre toute attente, il n'y en avait pas eu tant que ça. Sortir avec, se caresser, s'embrasser oui, passer à l'acte, pas forcément avec toutes. Néanmoins, je tentais de rassurer Sasha à ce sujet. Je m'en foutais de son passé, qu'elle soit vierge ou non. Le présent était important, le futur aussi, le passé pouvait rester enterré. c'était préférable.

J'abordais le sujet de l'Under, essayant d'expliquer mon sentiment au sujet de ses apparitions en mec quand je serais avec elle. Quand je n'étais pas là, je m'en foutais un peu, mais quand j'étais à ses côtés... Non, cela me posait problème et je ne voulais pas le lui cacher ouf aire semblant. peut-être penserait-elle que j'étais étroit d'esprit, coincé, ou je ne sais quoi, mais autant en parler. Sasha me grimpa alors dessus, faisant grimper mon désir en flèche en même temps, bien que j'essayais de le cacher. Elle me demanda alors si je la repousserais si elle changeait d'apparence. Elle illustra avec un exemple débile et je répondis avec légèreté. Mais j'avais compris le sens de sa question et j'y répondis finalement sincèrement et avec autant de précision que je le pouvais, même si cela pouvait lui déplaire. Je plaisantais sur le tatouage, lui proposant mes services pour en trouver un sympa. J'en avais deux. Mais elle déclina, disant qu'elle évitait les aiguilles et qu'elle était douillette.

Je me redressais pour l'embrasser, mon envie pressante palpable à travers mon jean. Il fallait qu'on s'en aille, je n'en pouvais plus là. Tant que je n'aurais pas assouvi mon envie, je ne serais bon à rien. Je proposais d'aller chez elle et elle rit, avant de demander si nous allions vraiment discuter. Je souris.

- "Si c'est tout ce que tu veux oui."

Je ne la forcerais en rien. Si au dernier moment, elle se rétractait ou ne voulait plus et bien... j'irais me calmer tout seul. Je ne lui imposerais rien du tout. Elle se releva alors et s'étira, m'exposant son corps de façon flagrante avant de dire que je ne pouvais pas rentrer chez moi.

- "Ben voilà, je ne peux pas réveiller tout le monde, je suis trop bien élevé, donc soit je viens chez toi, soit je suis à la rue."

J'avais failli la reprendre sur le fait que ce n'était pas chez moi, mais il n'était pas temps de pinailler et de se lamenter. Je n'avais pas envie de m'apitoyer sur moi, pas ce soir, alors que je me sentais enfin... vivant. Je pris sa main et nous partîmes du café, faisant le trajet en silence, avant de nous retrouver devant chez elle et d'entrer. Je l'y suivis alors qu'elle refermait la porte. Je me débarrassais de ma veste, avant de l'enlacer par derrière et de poser mes lèvres sur son cou. Oui, non, là c'était mal barré pour simplement discuter. Je la lâchais avec un petit sourire.

- "Discuter... On a dit discuter, c'est bien ça?"

Je me laissais tomber sur ses coussins à même le sol. Nous n'allions jamais tenir. Mais j'attendais qu'elle fasse le premier pas... J'avais un pari à gagner après tout.

« Et de huit… »

Si c’était tout ce que je voulais…Je faillis littéralement fondre en fait là. Il me laisserait toujours le choix n’est ce pas ? Je pouvais reculer, changer d’avis. Il ne m’en voudrait pas. Mais je ne voulais pas changer d’avis, je n’en aurais pas la force de toute manière. J’aimais sa façon de me regarder et je compris soudainement ce qui le gênerait a me voir habillée comme avant. Il voulait me voir ainsi, tout le temps, ça ne changerait rien pour lui si je le faisais en son absence, mais lorsqu’il était là, il voulait me voir comme une fille, seulement comme une fille…Je lui aurais surement dit que j’avais compris si il n’entrait pas dans mon jeu, me faisant sourire plus largement.

Je n’avais jamais passé la nuit avec quelqu’un. Mon chez moi était chez moi, j’y jouais, j’y dormais, j’y mangeais, j’y pleurais parfois et toujours seule. Pourtant, j’acceptais qu’il y pénètre, parce que c’était naturel pour moi, je voulais qu’il fasse partit de ma vie, de mon univers. Le trajet de retour se fit dans un silence étrange, serein et en même temps explosif.

Une fois le pied dans le studi, Kieran envoya volé sa veste avant de m’enlacer, provoquant un soupir presque langoureux avant de…de…Me lacher ? Incrédule, je le fixais quelques secondes tandis qu’il allait s’assoir au milieu des coussins, l’air presque angélique…Discuter…Arg…Non, je pourrais jamais…Si sur la pelouse, la barrière de l’exposition publique me permettait de résister vaillamment, là, c’était carrément autre chose ! J’inspirais profondément avant de calculer son petit sourire…Oh le…Il voulait autant discuter que moi surtout mais…Je comprenais aussi qu’il respectait ce qu’il m’avait dit. Il ne me forcerait pas, ne m’influencerait pas. Que si je le voulais, là maintenant, je pourrais m’assoir face a lui et réellement discuter. Il ne tenait qu’a moi de savoir ce que je voulais. Et je le voulais lui. Je répondis a son léger sourire par un autre un peu plus sournois avant d’aller tout tranquillement m’installer a califourchon sur lui, enserrant sa nuque de mes bras, posant mes lèvres contre les siennes tout en murmurant :

« Discuter…Je veux pas discuter. Je pourrais faire semblant et rentrer dans ton jeu mais je pourrais pas…J’ai envie de toi, trop pour arriver a faire semblant de vouloir discuter. »

Je me disais aussi qu’on allait peut être trop vite, mais je ne voulais plus penser, plus réfléchir, plus me prendre la tête sur des conneries qui n’avaient pas lieux d’être. Je voulais juste m’oublier avec lui.

J'attendais sagement que Sasha se décide. Enfin du moins avais-je l'air sage, parce qu'en fait je faisais des efforts monstres pour me contrôler. Elle s'approcha de moi, s'asseyant à califourchon pour ensuite me saisir la nuque et enfin m'avouer qu'elle ne voulait pas entrer dans le jeu et ne voulait pas faire semblant de ne pas me désire. Nous ne discuterions pas donc, nous allions nous découvrir. Malgré moi, je poussais un petit soupir tremblant, comme si j'avais attendu ces paroles là pour enfin lâcher la bride à mes envies. Et c'était le cas. Doucement, je la repoussais, la faisant allonger sur les coussins, avant de venir l'embrasser. Je descendis de nouveau le bretelle de son débardeur, embrassant cette peau douce et féminine avec douceur, même si mon envie était pressante. Il ne fallait rien brusquer.

- "C'est très charitable de ta part de mettre ainsi fin à mes tourments... Je n'aurais pas tenu le coup très longtemps."

Je remontais alors son débardeur sur son ventre l'embrassant avec vénération, avant de la faire se cambrer pour la débarrasser de son top, dégrafant son soutien-gorge par la même occasion, libérant ainsi sa poitrine menue. Je tremblais presque tant je devais me faire violence.

- "J'ai tant envie de te découvrir..."

Je souris, caressant sa poitrine, avant de l'embrasser, de jouer avec ma langue pour susciter le plaisir chez elle.

- "Que tu te sentes femme, que plus jamais tu ne doutes de ton pouvoir de séduction... Je suis fou de toi Sasha."

Je cessais de jouer avec sa poitrine, pour embrasser ses lèvres, gonflées de désir. Mon souffle était brûlant, ma respiration plus bruyante et hachée, alors qu'un émoi violent s'emparait de moi, aussi puissant que mon désir. Je soupirais contre ses lèvres.

- "Avec toi, je me sens vivant... Si tu savais comme je t'ai attendu."

Son soupir provoqua le mien. Je ne voulais pas jouer. Je n’en avais pas la force. Il était ce que j’avais toujours voulu quelque part, le désirer était si intense, si normal que je ne pouvais pas faire autrement que d’accepter, que d’être a lui parce que je voulais l’être. Je souris alors qu’il me renversait dans les coussins, j’avais une confiance aveugle en lui, il ne me ferait pas de mal…J’accepterais tout de lui et cela faisait presque peur quelque part, mais je n’avais plus envie de penser, je voulais juste ressentir. Ses lèvres sur ma peau fine, mes doigts dans ses cheveux…Il m’enflammait littéralement et ma chair semblait se liquéfier un peu plus a chaque baiser déposé sur mon ventre.

Mes bras se levèrent pour laisser passer mon débardeur et j’eus une seconde d’inquiétude a l’idée qu’il ne me trouve pas belle…Seconde qui disparut avec ses paumes sur moi, m’arrachant un gémissement étouffé, presque surpris. Je l’écoutais, ses mots a lui qui glissaient sur mon cœur, sur mon âme…Et j’ouvris un regard étincelant, me cambrant contre ses lèvres sentant des ondes de chaleurs s’échouer sur mon corps au fur et a mesure. Je tremblais aussi, au même rythme que lui et je cru mourir d’amour a l’instant où il souffla contre mes lèvres…Quelque chose raisonna si fort en moi que je laissais échapper une larme, unique alors que je souriais contre sa bouche alors qu’une deuxième se frayait un chemin sur ma joue, roulant jusqu'à mon cou…Je redessinais un instant son visage avec des doigts tremblants, il me donnait tellement…D’un coup…Trop…

« Je ne serais plus rien sans toi… »

Murmurais je parce que je sentais confusément qu’il pouvait me faire si mal que j’en mourrais certainement…Je voulais tout lui donner de moi, je voulais tout de lui, songeais je en baisant ses lèvres avec une sorte d’urgence presque douloureuse. Je le voulais lui et je réalisais que je l’avais toujours voulu. Mes paumes relevèrent sa chemise, se perdirent sur la peau douce de son dos, de ses flancs. Je voulais le toucher comme il me touchait. Je n’avais même pas conscience de pleurer de toute façon, plus rien n’avait d’importance que lui maintenant. Je regarderais vers l’avenir si il en fait partit…J’avais l’impression que la vie m’ouvrait les bras, que ma solitude s’effaçait, se diluait dans l’éclat de ses yeux…

« Je ne te laisserais jamais seul… »

Je suffoquais sous cet amour qui me dévastait, sous le plaisir qu’il me donnait…Je ne savais pas et je tirais rageusement sur sa chemise…Je voulais sa peau contre la mienne, soupirer de sa chaleur…Je voulais juste l’aimer.

Je souris doucement à sa réponse. Je n'étais pas certain que ce soit vrai, elle n'avait pas besoin de moi, pas à ce point. Elle était indépendante et forte, mais j'aimais cette pointe de vulnérabilité, de fragilité toute féminine quand elle était avec moi. Je remarquais alors ses larmes. Doucement, je les embrassais, sentant le goût salé sur mes lèvres, alors que je murmurais :

- "J'espère que ce sont des larmes de joie."

C'était touchant. Ne m'avait-elle pas dit toute à l'heure que j'allais la faire pleurer? Et bien voilà, j'y était parvenu, sans le rechercher en plus. J'étais poète quelque part. Romantique. Trop pour un mec et je le cachais désespérément derrière une attitude assez cavalière avec les filles. Genre celles de l'Under. Jamais je ne leur avais susurré toutes ces choses, je n'avais fait que profiter de leurs caresses. Elles ne recherchaient pas ce genre de tendresse et je ne me voyais pas la leur accorder. Cela aurai été mentir.

Mais avec Sasha, c'était naturel et cela allait bien au delà du sexe, même si je mourrais d'envie de lui faire l'amour. Si elle m'avait repoussé, je ne serais pas parti, mais je me serait contenté de ce qu'elle me donnait, chastement. J'en aurais souffert, j'aurais été frustré, mais ce n'était pas le but ultime de ma relation avec elle, loin de là. Je sentis ses mains se glisser sous ma chemise et se poser sur ma peau, électrisant mes sens. Je m'emparais de nouveau de ses lèvres quand elle me glissa qu'elle ne me laisserait jamais seul. Merci. J'avais besoin de sa compagnie. Je recherchais la solitude pour me punir, autant que je la fuyais pour cesser de ruminer. J'avais besoin qu'on m'en éloigne, que l'on me force à vivre ma vie et à cesser de regarder en arrière. J'avais conscience de cette philosophie pour les autres, pour Sasha, mais j'étais incapable de l'appliquer à moi-même.

Elle se débattait furieusement avec ma chemise, essayant de me l'enlever. Comme je préférais éviter de perdre des boutons, je m'emparais de ses mains et les repoussais doucement, me redressant sur les genoux pour la déboutonner, non sans un sourire malicieux à son adresse. Je me retrouvais torse nu, mais lui laissais le soin de faire glisser ma chemise le long de mes épaules, revenant vers elle pour embrasser son cou et murmurer avec espièglerie :

- "Pour le moment, il n'y a rien que tu n'ai déjà vu... Ou que j'ai déjà vu."

Sauf que moi, je l'avais vu nue. La différence était là. Je l'avais vue et j'avais maintenant envie d'imprimer son corps dans mes paumes, de l'apprendre par cœur. Soumise au désir, elle était magnifique.

Sa chaleur me quitta un instant alors qu’il se redressait, provoquant un soupir de frustration tremblant. Je pleurais oui, mais pas de tristesse, juste parce qu’il m’offrait un cadeau absolument magnifique et j’adorais son sourire, je voulais toujours le voir fleurir. Je me redressais a mon tour, avide de son contact, frémissant violemment lorsque ma poitrine toucha sa peau mise a nue. Mes doigts se glissèrent sous le tissus pour le faire descendre sur ses épaules, caressant sa peau au passage, frôlant parfois une texture plus épaisse, plus lisse que je savais être une cicatrice. Elles ne m’effrayaient pas, elles disséminaient sa peau mais ne me faisait pas peur. Elles faisaient juste partie de lui, étaient un témoignage du passé.

« Tu as triché toi… »

Murmurais je d’une voix rauque, rendue plus profonde encore, miroir de mon envie, de ma violence que je tentais de contenir, de freiner pour profiter pleinement de lui. Ma tête se renversa en arrière, lui offrant ma gorge sans retenue. La chair irradiant de chaleur, un incendie dévastateur roulant dans mes veines. Je l’aimais tellement que j’en avais peur et pourtant je me laissais porter par la violence comme un simple fétu de paille. Mes doigts le parcouraient avidement, mais avec douceur, adoration quelque part, effleurant chaque cicatrice comme si elles étaient un trésor avant d’oser poser les lèvres sur la ligne de son épaule, me serrant contre lui enivrée du contact de sa peau sur ma chair brulante. Je suivais la ligne de son dos, puissant, fin, glissant sur ses reins désirant si fort le graver dans ma chair. Je me tortillais sous lui, avant de l’inciter a inverser les positions, me retrouvant au dessus de lui, haletante, suffocante même. Il était si beau.

Mes yeux reflétaient ce qu’il était pour moi avant que je ne les ferme pour l’embrasser, goutant ses lèvres encore et encore avant d’imprimer sur son torse chaque baiser, de glisser la pointe d’une langue mutine sur le sel de sa peau. Je ne savais pas faire l’amour quelque part, mais je me laissais guider, par lui, par mon envie…Mon désir de le savourer, de l’aimer, c’était si naturel, si fort. D’instinct mon corps ondulait sur lui, décuplant ma passion aussi surement que la sienne. Je revins a ses lèvres, aspirant son souffle brulant alors que mes mains descendaient sur sa ceinture..Je me sentais audacieuse, belle, désirable…Aimée…J’aimais cette sensation qui m’électrisait, mon ventre se creusait a chaque seconde un peu plus, devenant une douleur délicieuse, un tourment langoureux…

« Je t’aime tellement… »

Aveu presque douloureux tant cela me comprimait la poitrine, l’âme même…

Je frissonnais sous ses caresses, quand ses doigts frôlaient la chair plus sensible et irrégulière. Avant de rire quand elle me rétorqua que j'avais triché. Je refermais mes bras sur elle tout en riant, avant de répliquer, joyeux :

- "Pas du tout! C'était un accident! Que je ne regrette absolument pas..."

Je l'embrassais, avant de reprendre, taquin :

- "J'ai adoré ce que j'ai vu... J'ai été gêné, c'est vrai, mais j'ai eu le temps de remarquer combien tu étais jolie. Cela dit, j'aimerais voir davantage et t'apprendre par cœur maintenant."

Elle se cambra, rejetant la tête en arrière pour m'offrir sa poitrine que je goûtais avec vénération et précaution. Comme elle me l'avait dit, elle ne savait pas si elle était vierge ou pas, mais pour moi, elle l'était. Elle ne se souvenait de rien, donc elle n'avait jamais consciemment fait l'amour. Cette fois, serait la première dont elle se souviendrait, il fallait faire les choses dans les formes, qu'elle en conserve un souvenir impérissable. Je voulais qu'elle se sente femme, chasser Blue pour ne garder que Sasha. Elle méritait de n'être que cette fille formidable. Mes gestes doux contrastaient avec le brasier qui brûlait dans mes veines. J'aurais voulu être plus rapide, plus efficace, mais je me contenais. Je savais cependant que j'étais trop tendu pour faire durer le plaisir des heures.

Ses mains me parcouraient soulignant ces cicatrices que je haïssais pour ce qu'elles représentaient. Pourtant, elles semblaient l'attirer et nullement la dégouter. Je fus pris d'un violent frisson alors que ses lèvres se posaient sur mon épaule. Elle bougea, avant de m'inciter à rouler sur le dos pour la laisser aux commandes. Surpris, mais ravi, je m'exécutais docilement, lui jetant un regard brûlant et amusé, un sourire accroché au coin des lèvres.

Sourire qui vacilla quand elle m'embrassa, avant de glisser sa langue sur mon torse, ses mains me rendant fou... et quand elles glissèrent jusqu'à ma ceinture, je ressentis un violent désir qui me poignarda le bas des reins. Je me mordis la lèvre et fermai les yeux, ne les rouvrant que quand elle me murmura qu'elle m'aimait. J'eus un petit rire rauque, alors que mes mains rejoignaient les siennes, s'emparant de ses poignets fins.

- "Alors si tu m'aimes tant que ça, libère moi, parce que c'est une véritable torture."

Ma voix était méconnaissable, rauque. Mon accent était plus présent que jamais alors que je perdais tout contrôle. J'étais complètement soumis à mon désir pour elle et à son bon vouloir.

Même maintenant, brulant, incandescents, on réussissait a retrouver cette complicité qui était la notre. Elle s’entendait dans sa voix, rauque, rieuse…Impérieuse, presque suppliante alors mes doigts caressait la lisière presque intenable de sa ceinture. Je sentis ses doigts autour de mes poignets, gémissant doucement contre ses lèvres, les flammes de mes iris décuplèrent sous la sensualité de sa demande, et je souris doucement...En défaisant sa ceinture, en faisant sauter les boutons du jean, toujours accrochée a ses lèvres. La timidité aurait pu m’étreindre maintenant et sans doute l’aurait elle fait si je ne brulais pas moi-même de le toucher…

Je frémis violemment en explorant son corps, me glissant sans honte sous le fin bandeau de son boxer. J’étais peut être malhabile, maladroite, je n’en savais rien, je voulais juste le toucher. La pulpe de mes doigts l’effleurèrent, un peu hésitante avant de s’enhardir…Flattant la peau si douce de son désir, sa force…J’aimais voir le désir sur ses traits. Son désir pour moi. Elle magnifiait ses traits, embellissait ce que je ressentais. Je fermais les yeux en le redessinant, rêvant de l’avoir en moi, je buvais ses gémissements a la source, m’enivrant de les entendre raisonner. Je glissais mes lèvres sur sa mâchoire, sa nuque…Le taquinait séduite par ses réactions, me découvrant un pouvoir que je ne connaissais pas…J’aimais jouer avec lui…Avec moi. Je me sentais fière, totalement femme avec lui. C’était ce qu’il voulait, il avait réussit. Ma chair frémissait si fort, trop fort….Je n’en pouvais plus…Je voulais que ça s’arrête, que ça continu des heures…Je voulais…Je ne sais pas. Mon ventre hurlait, le caresser ne faisait qu’attiser le brasier qui me parcourait la peau. Je griffais doucement son abdomen…En proie a quelque chose d’incontrôlable, une urgence si terrible que je craignais d’y succomber et de mourir dans l’heure.

J’ouvris les yeux sur un ouragan incandescent, épousant son torse du mien, avide de lui, affamée…Je ne contrôlais plus rien, je ne voulais plus rien contrôler, juste laisser ma passion prendre le pas sur ma raison, juste…

« Kieran…Kieran s’il te plait… »

Je ne savais même pas ce que je réclamais. Mais je le voulais si fort que j’avais l’impression de m’enfoncer dans un feu éternel. Chaque fibre de ma peau hurlait, chaque goutte de sang, n’était que flammes.

Mes doigts se crispèrent malgré moi sur ses poignets alors qu'elle déboutonnait mon jean, avec une infinie lenteur. Elle ne pouvait plus ignorer la force de mon désir maintenant. Si elle avait encore pu concevoir des doutes, cette réaction totalement incontrôlée valait plus que n'importe quelle parole. Et quand elle se glissa sous mon boxer... Là, je frémis violemment, fermant les yeux alors que ma respiration se bloquait brutalement. Je me forçais à respirer calmement, mais ses caresses douces, inexpérimentées me faisaient plus d'effets que d'autres, plus savantes, plus... automatiques. Sasha découvrait, s'enhardissait, jouait, découvrait que j'étais totalement en son pouvoir. Et j'avais bien du mal à retenir des gémissements de plaisir. Heureusement, elle n'était pas experte, m'empêchant d'exploser avant d'avoir pu entrer en elle.

Ses ongles se plantèrent dans ma peau et mon abdomen se contracta alors que je me redressais doucement en l'entendant me supplier. Je souris en coin, le regard noyé dans le désir. Je me débarrassais totalement de mon jean, de mon boxer, me retrouvant nu. Je l'embrassais, la renversant sur le dos, défaisant le bouton de son jean, l'aidant à s'en débarrasser, comme de sa culotte. Ma main glissa sur son ventre plat, avant de s'aventurer plus bas, là où son désir palpitait. Je souris contre ses lèvres en constatant qu'elle était aussi excitée que moi et toute aussi prête à notre union. Doucement je tâtais le terrain, la faisant vibrer, gémir, se tordre, se tendre. Néanmoins, je ne jouais pas longtemps. J'avais bien trop envie d'elle. Je cessais de l'embrasser, haletant :

- "Attends."

Je farfouillais dans la poche de mon jean, à la recherche de mon portefeuille, y dénichant un préservatif que je lui montrais. Mieux valait être prudent. Je n'avais pas envie de la mettre enceinte. Ni de lui refiler une saloperie. Je n'avais pas fait les tests, je ne savais pas si j'étais clean ou pas... J'enfilais donc la précieuse protection sans plus de cérémonie, avant de me glisser sur Sasha. Naturellement, elle m'accueillit, ouvrant les cuisses, ses bras glissant autour de mon cou. Doucement, j'entrais en elle. Pas d'un seul coup, même si mon corps hurlait, mais progressivement, l'habituant à moi, avant d'enfin nous unir totalement. Je me figeais alors, d'instinct, guettant sa réaction, avant de l'embrasser de plus belle et de me mettre à bouger lentement, profondément. Mon dieu que c'était bon... Là était ma place, nous étions faits pour nous unir. Je bougeais en douceur, mais en profondeur, alors que des sensations délicieuses m'envahissaient tout entier.

Jouer avec lui, c’était jouer avec moi. Je le savais et pourtant, je repoussais toujours plus loin mes propres limites. Je m’enivrais de son regard éperdu dans les limbes de l’envie, du désir, jumeau du mien, des langueurs de sa voix contre mes lèvres. Ses traits se crisper…Ses lèvres s’entrouvrirent sur un souffle brulant. Mon ventre se tordit, je voulais tellement plus…Tellement plus…Je ne savais pas, j’étais haletante, étranglée devant ce plaisir que je lui prodiguais un peu maladroitement…Non, ça n’allait pas, vraiment pas…je me sentais incomplète, inerte alors même que je brulais littéralement.

Il sourit doucement et je pus enfin l’admirer, réellement l’admirer. Parce qu’il était magnifique, beau, terriblement. Je le dévorais du regard, m’arrêtant sur chaque partie de sa peau. Je lui tendis les bras alors qu’il me renversait doucement, si doucement, je me pressais contre lui, incontrôlable. Je ne laissais que mon corps parler, je n’avais besoin de rien d’autre. Juste me laisser guider, me laisser envahir…il ne me ferait pas de mal et j’hoquetais violemment alors qu’il glissait ses doigts au creux de mon corps. J’avais a peine sentit le jean et le coton de mon dessous disparaitre…Il n’y avait que son souffle, rauque, mes gémissements…Je me cambrais l’appelant. Mon corps soumit juste a la magie de ses gestes, si doux. Je n’avais jamais connu un tel océan de plaisir, par vagues, s’échouant sur moi, m’emportant chaque fois un peu plus…

Je faillis hurler de frustration alors qu’il se séparait une seconde de moi, entrouvrant les yeux…Non..Ne me quitte pas…Je sifflais de frustration, de plaisir…Avant qu’il ne me montre le préservatif…Une étincelle de surprise traversa mes iris, moi qui avait toujours fait attention depuis ma perdition, j’en avais oublié l’indispensable mais pas lui…Je souris lentement, presque féline, retrouvant sa chaleur sur moi. Je m’ouvris a lui, suffocante, l’enlaçant, me tendant vers lui…S’il te plait…Ces mots glissaient sur mes lèvres sans que je ne puisse les retenir et je crus mourir…

Il entra en moi avec douceur, lenteur et la réaction de ma chair fut absolue, elle se modela a lui, comme faite pour lui alors qu’un râle s’échappait de ma gorge. C’était si fort…Trop fort…Mes jambes se mêlèrent aux siennes et, lentement, mes hanches épousèrent les siennes, suivant son rythme. Il pénétrait mon ventre toujours plus profondément, le marquant de lui, effaçant les autres qui n’existaient plus. Et ces vagues impérieuses qui me ballotaient, qui me secouait, je plantais mes ongles dans son dos, j’avais peur soudain….Peur de me perdre… Je murmurais son prénom, incrédule, plaintive. Je me sentais si entière, si complète, comment avais je pu vivre sans lui ?

Et cela montait, montait si fort, je resserrais mon étreinte sur lui, convulsivement, tremblante. Je ne savais pas, je ne connaissais pas, j’allais mourir dans ses bras…Il accéléra sa possession et, soumise, je gémis sous le plaisir qu’il me donnait avant que cela n’explose, m’envoyant violemment sur des rives inconnues, s’exprimant dans un cri rauque, surpris, presque peureux…J’exhalais…Juste sur ses lèvres…Dieu que je pouvais l’aimer.

Il n'y avait plus de notion de temps, plus d'espace. Il y avait elle et moi, dans une bulle. Nous aurions pu être seuls au monde que cela aurait été pareil. Ou au milieu d'une foule... sur une pelouse. J'étais entièrement absorbé par elle, par ses grands yeux bruns grands ouverts sous le coup de la surprise, puis à moitié clos sous la volupté. Je bougeais lentement en elle, avec tendresse et douceur, mais vint un moment où cela ne me suffit plus et où j'accélérais le rythme. J'étais un peu moins prévenant, un peu plus brutal, sans pour autant être violent. Mais il est des envies qu'on ne peut réprimer, surtout quand cela fait des heures que ça vous taraude.

Je la sentais gémir, hoqueter, se raccrocher à moi, se raidir alors que le désir montait en elle et qu'elle ne savait pas comment le gérer. Il n'y avait rien à gérer, rien à juguler, juste se laisser porter et c'est ce que je fis alors que je me tendais brusquement, libérant enfin cette tension insupportable. Je murmurais son prénom, avant de me détendre, haletant, souriant, comblé. Soulagé.

Je regardais Sasha, amusé de voir sa coiffure sophistiquée complètement en berne. Je repoussais une mèche de cheveux, avant de murmurer à son oreille :

- "Tá grá agam duit."

Pas besoin de traducteur, il me semblait que le ton avec le quel je lui avais soufflé ces mots était assez éloquent. Je l'aimais. Vraiment. Sincèrement. Le dire dans la langue de mes ancêtres officialisait la chose à mes yeux, cela venait du plus profond de mon âme. Je restais un peu en elle, embrassant ses lèvres avec douceur, avant de me décider à me retirer, me levant pour aller jeter la préservatif dans la poubelle, pour revenir jusqu'au salon, récupérant la couette au passage, histoire de s'installer le mieux possible. Je m'allongeais à côté d'elle, sur le côté, histoire de pouvoir l'admirer, nous enroulant dans la couette, pour ensuite caresser sa peau, posant ma main sur son ventre, sur la courbe d'une hanche.

- "Je serais curieux de savoir qui a gagné ou perdu, du coup..."

Je ris, débarrassé momentanément de mes soucis, de ma foutue culpabilité, la prenant impulsivement dans mes bras pour joindre nos lèvres avant de murmurer :

- "Merci."

Pour ce moment de grâce. Pour cet oubli.

Cet océan trop brulant, j’avais cru qu’il allait me consumer sur place, mais en vérité, il m’envoya m’échouer sur une plage de sérénité. Comme si tout était enfin a sa place. Un sourire errait sur mon visage, un reste d’extase, de surprise dansant dans mes iris et j’eus un soupir tremblant, diablement apaisé lorsqu’il me murmura des mots a l’oreille que je ne compris pas. Non je ne comprenais pas, mais je savais ce qu’ils voulaient dire et je le serrais contre moi, avec toute cette tendresse qu’il provoquait en moi.

Une moue de frustration traversa mes traits alors qu’il s’éloignait de moi, j’avais craint le vide et pourtant, j’étais totalement comblée. Je le suivit des yeux alors qu’il se rendait dans la salle de bain, laissant un sourire amusé fleurir sur mes lèvres en remarquant le petit tatouage qu’il portait sur le dos. Tiens, je ne l’avais pas vu avant celui là.

Je m’étirais de tout mon long, goutant les sensations de mon corps apaisé, satisfait. Pour un peu j’aurais sans doute ronronné. Il revint en trainant ma couette derrière lui et je me fis la réflexion idiote qu’on avait même pas pensé au lit…Quoique les coussins n’étaient pas si inconfortable que cela en vérité. Je le laissais nous enveloppé dans la chaleur de la couverture avant de pouffer a sa remarque, ouvrant des yeux malicieux sur son visage, caressant presque absente sa hanche.

« J’serais de mauvaise foi, j’dirais que tu as tout fait pour qu’je perde et que donc, c’est toi le perdant. Mais d’un autre coté, j’peux pas dire que j’ai fais preuve de maitrise non plus. Ex equo ? »

J’avais envie de rire aux éclats, c’était nouveau ça aussi. Juste une envie comme ça, pour laisser éclater mon bonheur présent, celui qu’il m’apportait si fort. Je soupirais contre ses lèvres alors que je retrouvais ses bras autour de moi, me blottissant contre lui, une petite mimique surprise se peignit sur mes traits.

« Pourquoi merci ? »

Sur le coup, je ne comprenais pas pourquoi il me disait ça…Avant d’avoir envie de lui dire la même chose, juste pour m’aimer comme j’étais, d’avoir éveillé mon corps a lui, de me donner tant de joie.

« tu sais que mon lit est plus confortable que par terre ? »

Finis je par dire sans pour autant bouger de ses bras, je ris doucement, je m’en fichais de passer la nuit par terre, ou ce qu’il en restait, du moment qu’il me tienne contre lui.

J'adorais le visage d'une femme quand elle avait du plaisir. Quand elle revenait sur terre après l'orgasme. Et je ne me lassais pas de regarder son beau visage ainsi apaisé, illuminé, comblé. J'aurais pu rester des heures ainsi en elle, mais toute bonne chose avait une fin et je me retirai, allant me débarrasser du préservatif. Je revins vers elle, nous enroulant dans une couette, profitant encore de son corps chaud et frémissant. Je me sentais totalement apaisé dans ses bras. Réellement cette fois. J'étais enfin débarrassé de cette insupportable tension qui ne m'avait pas lâché de toute la soirée.

Je plaisantais sur notre pari en revenant vers elle. Avant de frémir quand sa main caressa ma hanche, à un endroit un peu trop sensible.

- "Ex-æquo alors."

Cela dit, je cessais de la caresser pour m'emparer de son poignet, avant d'ajouter malicieux :

- "Pas à cet endroit..."

Pas à cause d'une quelconque douleur, non, pas de cicatrice là où ses doigts passaient, mais juste une sensibilité exacerbée qui risquait fort de me remettre en forme un peu trop vite.

- "Laisse-moi un peu de répit, tu veux?"

Je ne pouvais pas être plus explicite. Je la pris dans mes bras impulsivement, l'embrassant, riant, enfin heureux. Cela faisait des mois que je courais après cet oubli. Et je la remerciais pour cela. C'était important qu'elle le sache. Cependant, elle fut surprise ne comprenant pas de quoi je la remerciais.

- "Si tu pouvais seulement savoir ce que j'éprouve en permanence... J'ai tout tenté pour chasser ça : drogue, alcool... Mais il n'y a que toi qui sois parvenue à m'offrir réellement l'oubli."

Je n'arrivais peut-être pas à lui exprimer clairement mes sentiments, mais c'était là l'essentiel. Elle chassait les ténèbres, la culpabilité, les remords.

- "Je suis heureux, c'est tout."

Elle me glissa alors qu'elle avait un lit, qui serait surement plus confortable.

- "Je sais oui, mais c'est tellement banal... Et tu avais l'air tellement bien là, que je ne voulais pas te forcer à te lever, mais..."

Je m'emparais d'elle dans un rire, la soulevant dans mes bras, alors qu'elle nouait ses bras autour de mon cou. Je la soulevais sans effort. Rien à voir avec le scénario catastrophe au bord de la tamise, où je n'avais aucune prise sur elle. Là, je la collais contre moi, avant de nous emmener jusqu'à la chambre. Je la déposais sur le lit, avant de me glisser à ses côtés, un sourire joyeux aux lèvres.

- "C'est mieux ainsi?"

« Mais ça veut pas dire qu’il est terminé hein ! Essaie pas de m’entourlouper. »

J’eus un petit instant de surprise alors qu’il quittait mon ventre pour s’emparer de ma main qui se promenait sur sa peau. Chatouilleux ? Tiens, c’était ce genre de petit détail que je ne connaissais pas encore, songeais je en m’apprêtant a recommencer avant qu’il ne précise sa pensée. Je souris largement avant de rire doucement.

« J’ai l’impression qu’tu es sensible de partout… »

La taquinais je tout en insistant pas pour le moment. Bien que l’envie de le titiller par jeu n’était pas a écarter. Il me remercia et sur le coup, je ne compris pas pourquoi…Bien que moi aussi j’avais envie de le remercier pour ce qu’il était, juste pour ça. Il s’expliqua un peu maladroitement mais je compris l’essentiel. Je repoussais une mèche de ses cheveux venue barrer son front.

« Ah ? Je sais pas. J’ai toujours l’impression de me sentir inutile quand tu en parle… »

Avouais je avec un léger sourire presque d’excuse. Si je savais un peu comment il se sentait, il m’en avait déjà parlé, mais je n’avais pas pu compatir, pas pu l’aider réellement alors je ne comprenais pas vraiment ce que je lui faisais, mais j’en étais heureuse. Je l’embrassais doucement sur les lèvres alors qu’il se disait aussi heureux. C’était étrange de se dire qu’on rendait quelqu’un heureux. Presque inconcevable dans un sens, mais je ne voulais pas chercher a comprendre quelque chose qui n’avait, au final, pas besoin de raison pour exister.

Mutine, je lui fis remarquer que j’avais un lit et je pris une mine faussement offusquée alors qu’il répliquait qu’il n’avait pas osé aller jusque là tant j’avais l’air a l’aise par terre. Je n’eus pas vraiment le temps de riposter que je me sentis décoller du sol, glissant mes bras autour de sa nuque avant qu’il ne me dépose sur le lit.

« Oui quand même. »

Approuvais je avant de m’étendre en travers de son torse, paumes croisées sous mon menton. Pour un peu, j’aurais battu des pieds comme une gamine. Et puis, une pensée me traversa…

« Ta sœur ne va pas s’inquiéter de pas te voir rentrer de la nuit ? »

De ce que j’avais compris, elle était foutu de jouer sur la culpabilité de Kieran pour lui faire ses reproches. Peut être que j’exagérais après tout, je ne pouvais pas dire que je la connaissais si bien que ça. Cela dit, le petit aperçu qu’elle m’avait donné ne plaidait pas forcément en sa faveur. Je poussais un petit soupir avant de pencher légèrement la tête sur le coté, les yeux rivés sur son visage.

« J’ai réfléchis a ce que tu me disais tout a l’heure…Enfin, j’ai réfléchis…Avant quoi. »

Qu’il ne pense pas que j’avais l’esprit ailleurs alors qu’il me faisait l’amour, se serait carrément un mensonge mais prévenons avant de rependre :

« L’Under a été mon monde durant de longues années, tu sais, l’abandonner totalement serait difficile, c’est vrai. Mais d’un autre coté, je ne peux pas y faire ma vie, comme tu me la si bien fait remarqué aujourd’hui, alors…Sans doute irais je encore parfois, pour jouer seulement mais c’est tout. Même si j’ai encore du mal a me voir dans l’avenir, il faut que je pense a le construire…Mieux vaut tard que jamais. »

Ma bouche se plissa d’amusement soudain alors que j’ajoutais, du rire dans la voix :

« Je me laisserais peut être même poussé les cheveux. »

- "Mince, tu es trop maligne pour moi."

Raté. Donc, le pari continuait de plus belle. Je devais me contrôler, essayer d'être moins... réactif. J'avais lamentablement cédé aux charmes de Sasha, mais comme elle ne m'avait pas vraiment dissuadé, ça ne comptait pas. Et quelque chose me disait que j'allais être beaucoup moins violent dorénavant. Cette violence ne venait que de mes remords étouffés, de tout ce que je contenais, sauf qu'avec Sasha, je ne cherchais pas à juguler toutes ces émotions. Et elle m'apaisait.

- "Cependant, je te préviens, tu vas perdre... Tu es trop apaisante, je suis moins susceptible de péter un plomb avec toi."

Quoique... Si jamais je voyais un mec lui tourner autour, ou si elle me trompait, là, je ne répondais plus de rien. La violence dont j'avais fait preuve en pensant qu'elle sortait avec ma sœur serait bien dérisoire à côté de ce que j'étais capable de faire quand j'étais vraiment déchainé. Sa main me caressait la hanche, dans une zone trop sensible et je la priais d'arrêter avant de sourire quand elle me fit remarquer que j'étais sensible de partout.

- "Je suis à fleur de peau avec toi, c'est vrai. Et c'est entièrement ta faute."

Je la remerciais de ce qu'elle m'apportait, me heurtant à son incompréhension. Je tentais tant bien que mal de lui expliquer ce que je ressentais et haussais les épaules alors qu'elle rétorquait qu'elle se sentait inutile.

- "Ben non. Tu écoutes, ça me suffit."

Nous nous embrassâmes, et elle me fit remarquer que dans un lit, nous aurions été aussi bien. Certes... Je biaisais avant de consentir à accéder à sa requête, la portant dans mes bras alors que nos peaux nues se touchaient, réveillant quelques envies qui auraient du être rassasiées. Je la déposais sur le lit, lui demandant si cela était mieux. Oui, c'était à sa convenance. Je m'allongeais à côté d'elle et elle en profita pour me grimper à moitié dessus, dans une position presque enfantine. Elle me posa alors une question qui me fit redescendre sur terre alors que mon visage reflétait très bien mes pensées : j'avais complètement zappé Sorcha. Merde. Si, elle allait flipper grave. J'eus un pauvre sourire.

- "Si elle va s'inquiéter... A vrai dire, j'avais complètement oublié de la tenir au courant... Je n'avais pas prévu de découcher..."

Je soupirais. Je n'avais vraiment pas envie de me relever pour aller chercher mon portable. Grosse flemme.

- "Je lui enverrais un message. A moins qu'elle appelle la première, j'en sais rien. J'ai 18 ans, je suis majeur et vacciné et capable de prendre soin de moi comme un grand."

Bon, si on exceptait que j'avais quand même déjà sniffé deux fois de la coke. Mais cela ne se reproduirait plus. Et là, en plus, je ne faisais vraiment rien de mal ou de répréhensible. Et comment j'allais dire ça à Sorcha? Aucune idée. Elle me regarda alors, me disant qu'elle avait réfléchi à mes paroles... Avant qu'on fasse l'amour. J'eus un petit sourire malicieux alors qu'elle s'embrouillait, avant de redevenir sérieux quand elle aborda le sujet de l'Under.

- "Je ne veux pas que tu le quittes totalement. Je ne te demande pas de l'abandonner du jour au lendemain. Mais c'est une bonne décision."

Et ça me rassurait quelque part. Elle ajouta qu'elle se laisserait même pousser les cheveux et je ris doucement, passant ma main dans ses cheveux fins, décoiffés. Il y avait encore des épingles.

- "Nous avons méchamment malmené ta coiffure si sophistiquée."

Je retirais une épingle que j'envoyais je ne sais où dans la chambre.

- "Je peux t'avouer quelque chose ? J'ai toujours eu un faible pour les filles aux cheveux longs. J'adore ça. Tu as un très beau visage Sasha, il faudrait vraiment qu'un coiffeur s'occupe de tes cheveux, c'est dommage de le dissimuler derrière des mèches trop longues..."

J’écoutais. C’est vrai. Je ne savais pas si c’était un bien ou un mal. J’avais toujours écouté en fait, sans vraiment donner de jugement sur ce que l’on me disait. Si ça lui suffisait, tant mieux après tout, c’était tout ce que je pouvais faire.

Nous retrouver au lit était naturel et je finis même par pendre mes aises en travers de sa poitrine, lui posant une question qui me chiffonnait un peu. Sorcha.

« Oui, mais vu sa possessivité…je ne sais pas si ce serait très prudent de lui dire où tu as passé la nuit quoi…Enfin, si tu tiens a ta tranquillité. »

Pouffais je doucement, j’étais peut être mesquine, je n’en savais rien, mais c’était l’impression que j’avais. Kieran réagissait mal envers les copains de sa sœur, il y avait fort a parier que Sorcha réagissait de la même manière. De toute façon, je n’avais rien a me reprocher, j’aimais son frère, je le rendais heureux, si elle n’était pas capable de comprendre ça…tant pis pour elle. Et puis finalement, je lui fis par d’une pensée qui me trottait dans la tête. Il avait eu raison, cent fois même et je savais qu’il ne me demandait pas un tel sacrifice, mais il fallait être lucide, je ne pourrais pas éternellement y vivre, pas en étant aussi marginalisée, même si cela avait ses avantages.

« Je sais bien, mais si j’suis honnête envers moi-même, je pourrais pas y vivre toujours. C’est impossible. Et en même temps, je pourrais pas me passer de jouer, alors oui, dans ces cas là, Blue devra effacer Sasha. Je sais que tu aime pas vraiment le truc, j’ai compris que tu préférais me voir comme ça et puis, j’aime quand tu me regarde en fille….Je peux trouver un compromis j’pense »

Répondis je en souriant doucement, parce que je voulais aussi passer du temps avec lui. Tout les samedis ne serait plus suffisant, même si je ne voulais pas non plus l’étouffer…On trouverait sans doute une vitesse de croisière avec le temps. J’eus la reflexion de me laisser pousser les cheveux et je ris alors qu’une épingle vola a travers la pièce…

« Si jamais je m’fais mal au pied dessus, j’vais te maudire… »

Riais je avant de tirer une mèche devant mes yeux, louchant presque.

« C’était juste plus pratique…Je sais même pas de quoi j’aurais l’air avec des grands cheveux, je les ai jamais eu long, mais pourquoi pas…y a une première a tout, s’toi qui me l’a dit. »

Dis je mutine avant de soupirer légèrement.

« J’ai quand même pas grand-chose d’une fille…A part ça ! – repris je aussitôt en voyant son air – je veux dire, je sais même pas comment on se tient ni même avoir l’air…comment dire…mmmh…Enfin fille quoi. »

J'eus un petit sourire malicieux :

- "Si je lui dis que j'ai passé la nuit avec Blue, je ne mentirais pas et elle, elle ne se doutera pas forcément que j'étais en réalité avec Sasha."

Mais elle se ferait davantage de soucis en pensant que j'avais passé toute la nuit dans l'Under avec tous les camés. Alors que j'étais bien en sécurité chez Sasha. Ah dilemme. Sasha avait raison, si j'avouais à Sorcha que je sortais avec Sasha et que j'avais passé la nuit chez elle, elle saurait tout de suite que nous avions couché ensemble et sa jalousie reviendrait au galop. Elle était autant jalouse de mes copines que moi de ses copains. Bien que ce n'était pas de la jalousie en ce qui me concernant, juste que je voulais un mec bien pour elle et je ne savais que trop comment les mecs pouvaient être des connards. Je ne voulais pas qu'il y en ai un qui abuse de sa naïveté.

Elle me reparla alors de son avenir dans l'Under, qui se résumait à rien du tout au final. Cependant, elle ne pouvait pas couper les ponts aussi brutalement, surtout qu'elle adorait jouer de la batterie. Je ne lui demandais pas un tel sacrifice. Juste d'y passer moins de temps, afin de se forger un avenir plus... stable. Je l'y aiderais, naturellement. L'Under devait rester un loisir occasionnel, pas une habitude. J'acquiesçai à ses paroles. Très bien. Le deal me convenait.

- "Ça me va."

Mais je risquais fort de ne plus y aller quand elle y serait en tant que Blue. Pourrait-elle s'y balader avec moi en étant Sasha? La reconnaitrait-on? Peut-être... Quoique j'en doutais, tant la transformation était spectaculaire. Elle parla d'ailleurs de se laisser pousser les cheveux et je m'amusais à la débarrasser des épingles qui avaient tenu sa coiffure toute l'après midi et la soirée. Je souris quand elle me maudit si jamais elle marchait sur une épingle que j'avais jeté par terre.

- "Je te porterais pour préserver tes fragiles petits pieds va."

Elle tira sur une mèche de façon comique, avant de se demander de quoi elle aurait l'air avec des cheveux longs.

- "Je pense que cela t'ira très bien."

Pas trop longs non plus, mais quelque chose qui encadrerait et adoucirait son visage. Déjà là, avec un lisseur, elle gagnerait de la longueur. Je 'lavais vu avec Sorcha, qui frisait naturellement et qui se battait parfois pour raidir tout ça. Sa dernière réflexion me fit refermer mes bras autour d'elle alors que je me redressais.

- "Ça viendra. Je trouve que tu te débrouilles déjà très bien. Ne serait-ce qu'en danse, tu as appris... très vite."

J'eus un petit toussotement gêné en me souvenant de l'effet que son corps avait eu sur moi. Sa façon de bouger les fesses et les hanches, de se frotter à moi... Oui, elle apprenait vite. Une garde robe plus féminine, un peu de maquillage, de coiffure et le tour serait joué. Rien de difficile.

- "Et regarde, tu attires déjà les garçons... Je vais bientôt devoir me battre pour les éloigner."

» Sasha "Blue"
» J'ai besoin de l'oubli [Blue]
» Sasha "Blue" Erwin FINI
» Mais t'es vraiment une fille! [Blue]