J’avais craint qu’elle ne m’échappe, qu’elle ne recule les yeux agrandis de peur, de dégout. Je ne savais pas pourquoi cette peur là me tenaillait. Pourquoi je la craignais alors qu’elle s’accrochait a moi, qu’elle tenait si fort ma chemise qu’elle risquait fort d’en être froissée. J’aspirais la vie sur ses lèvres, les effleurant comme un attouchement léger, timide, les goutant doucement sans m’imposer. La corolle de sa bouche s’ouvrit m’invitant, m’enivrant, me tentant comme une sirène innocente. Je l’explorais doucement, pour ne pas l’effaroucher, pour qu’elle s’habitue a moi, à mes bras autour d’elle, a la possessivité de ma bouche, l’avidité de ma langue. Je m’abreuvais de la douceur de ses lèvres, affamé, oubliant où je me trouvais, oubliant ce qui n’était pas elle. Sa taille ployait contre moi et je n’avais jamais remarqué a quel point elle pouvait être menue, petite, comme fragile alors qu’elle se noyait dans mon étreinte. Je pouvais la briser si facilement si je la serrais trop fort…
Et ma bulle explosa sous la sonnerie perçante du lycée, annonçant le prochain cour, sonnant le glas de mon monde construit autour d’elle. Je la lâchais sans doute aussi vite qu’elle le fit, le souffle court et la main que je passais dans mes cheveux tremblait. J’avais l’impression d’être un ado sur le point de se faire attraper la main dans un sac de bonbon. Alors je ris….Doucement, amusé, léger. C’était étrange de pouvoir encore le faire, je croyais si fort avoir perdu ces éclats synonymes de joie. Sa petite voix me fit sourire, un sourire bancal, en coin, presque malicieux. Je la regardais pour la première fois sans doute, sans cette aura de colère, de souffrance, avec juste la tendresse et l’envie qu’elle m’inspirait. Je caressais sa joue, redessinant le contour de sa pommette.
« Pour le moment, tu vas en cour. J’ai une classe qui ne va pas tarder à arriver. »
C’était comme ça, la vie reprenait son cours, l’on n’y pouvait rien. La réalité nous rattrapait sans vergogne, avec une certaine cruauté. Je me penchais soudainement, caressant ses lèvres avec rapidité, de peur d’encore succomber, de peur de replonger.
« On à besoin de parler, Blake…Attends moi dans le parking après les cours. »