| | Here we are again [PV Liam] | |
| | Auteur | Message |
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Blake Earl
Age : 31 Messages : 502 Date d'inscription : 07/02/2011
| Sujet: Here we are again [PV Liam] Mer 9 Fév - 17:23 | |
| Le samedi après-midi, maintenant, je le notais régulièrement dans mon emploi du temps au même titre que mes répétitions de danse ou de théâtre – théâtre que je ne suivais plus au lycée, même si au fond ça me manquait, parce que même si ça me gonflait de l'admettre, fallait bien avouer que Hartwood était meilleur que mon nouveau prof en la matière. Mais il était franchement hors de question que je revienne après ce qu'il avait osé me faire en seconde. Je n'allais pas lui laisser l'opportunité de me faire le coup une seconde fois ! Bref. Le samedi après-midi, donc, était réservé à mes heures de colle et ce depuis déjà octobre, ce mois fatal où j'étais enfin parvenue à le faire sortir de ses gonds. Ceci dit, j'en étais pas tellement fière étant donnée la méthode utilisée, mais enfin, obtenir un résultat au bout de six mois d'emmerdements, il était temps ! Quand j'avais débarqué et appris la liste de mes profs, j'avais même pas été furieuse de me le récolter une nouvelle fois en lettres. Parce que l'année dernière, j'aurais pu pisser dans un violon que ça lui aurait fait le même effet. L'avoir une année supplémentaire me donnait une chance de plus. Une chance de quoi ? De le forcer à s'excuser ? De le faire partir du lycée ? Je ne savais pas trop jusqu'à quand je continuerais.
De toute façon, j'avais de la marge, parce que même si je ne l'avais plus en terminale, j'avais accumulé tellement de colles que je devrais sans doute les terminer l'année prochaine. Et rien qu'à l'idée de pouvoir passer des heures de punition à rien faire au lieu de me coltiner les devoirs supplémentaires qu'il me collerait (aha) m'enchantait. Là, j'y étais bien obligée parce qu'il me les comptait dans ma moyenne, alors tant qu'à faire, ça m'évitait de m'ennuyer et ça me faisait réviser – je n'avais même plus besoin de travailler mes cours de lettres, ou presque pas, depuis que je venais cinq heures au lycée tous les samedis. Mais l'année prochaine, si ce n'était plus mon prof, il ne pourrait pas me faire travailler grâce à cette menace, et je pourrais très bien passer ces heures à lui parler sans discontinuer pour l'empêcher de corriger ses foutues copies que j'avais régulièrement envie de lui faire bouffer. Il savait que j'étais sans-gêne et que je n'aurais aucune hésitation à le faire.
Samedi après-midi, donc. A douze heures cinquante-neuf tapantes – j'étais toujours à l'heure, de même que je faisais toujours impeccablement mes devoirs en cours – j'entrai sans plus de cérémonie dans la salle d'études et balançai bruyamment mon sac sur la table. Je tournai la chaise à l'envers – je ne pouvais pas m'asseoir normalement sous peine de gigoter sans arrêt, frappant du pied et autres joyeusetés, et il avait fini par me laisser faire comme je voulais, trop excédé par mes manies – m'installai et remarquai soudain quelque chose qui me perturba affreusement. Je demandai, déjà toute crispée :
- On est tout seuls aujourd'hui ?
Je détestais ça. Il était très rare que d'autres élèves, avec d'autres profs, ne soient pas à côté de nous mais c'était déjà arrivé deux-trois fois, et ça me stressait au possible. Oui, il ne me fallait pas grand-chose, et alors ? Quand je n'entendais personne d'autre griffonner, je sentais aussi davantage son regard pesé sur moi lorsqu'il me surveillait, et l'atmosphère était chargé d'une ambiance non plus studieuse, mais affreusement tendue, ce qui me mettait terriblement sur les nerfs. Ma mère en était toujours ravie quand je rentrais le soir, parce que quand j'étais sur les nerfs, j'étais carrément pas vivable. Il faut dire aussi qu'il ne faisait pas grand-chose pour détendre l'atmosphère. Un petit mot aimable de temps à autre, au lieu de simplement me tendre ce que j'avais à faire d'un air sans réplique, c'était pas compliqué, si ? OK, je l'avoue, je n'avais pas fait grand-chose pour qu'il soit poli avec moi, mais bon, quand même... En même temps, il était tellement imperturbable qu'il devait pas en avoir grand-chose à foutre de l'atmosphère ambiante. Mais moi, ça me dérangeait, c'était tout.
Paraît qu'il était beau, ce prof. En tout cas, que ce soit sérieux ou par simple plaisanterie, j'avais perdu le compte du nombre des filles qui avouaient en riant qu'elles l'auraient bien mises dans leur lit. Je savais aussi que la moitié des filles de l'atelier théâtre n'étaient là que pour le choper, des terminales sûres d'elles qui se comportaient comme des pouffes et marchaient comme une nana patientant sur son bout de trottoir. Moi je ne savais pas trop ce que j'en pensais. Déjà, fallait dire ce qui était, j'étais pas très douée pour évaluer la beauté d'un garçon. Et lui, en plus, c'était un prof, première barrière, qui avait toujours un visage complètement impénétrable, or je me fiais beaucoup aux émotions pour apprécier un visage. Trouver beau quelqu'un qui faisait tout le temps la gueule, j'y arrivais pas. Et rester seule coincée dans une salle d'étude pendant cinq heures avec quelqu'un qui faisait tout le temps la gueule ET me détestait, j'y arrivais pas. Non plus. Ça augurait bien, quoi. | |
| | | Liam Hartwood
Age : 38 Messages : 208 Date d'inscription : 08/02/2011
| Sujet: Re: Here we are again [PV Liam] Dim 13 Fév - 12:00 | |
| Peu importe le nombre de colles que je pouvais lui mettre, il y avait toujours cette foutue bravade affichée. C’était presque horripilant. Beaucoup aurait déjà cédé sous la pression. Pas elle. Sale chieuse !
« Tu vois quelqu’un d’autre ? »
Répondis je laconiquement sans même lever les yeux de ce foutu cours que j’essayais tant bien que mal de préparer. Elle était bruyante. Chiante. Emmerdante. Agacante. Voilà, ça résumait assez bien la situation. Autant de colle que de raisons de lui en vouloir. Du moins, c’était plus facile de faire comme ça. Je savais qu’elle m’en voulait toujours pour le role de Juliette. D’ailleurs, je me demandais comment je pouvais encore m’en souvenir de cette histoire. Ca faisait un bail maintenant, mais je crois que ça a été le point de départ de cette petite gueguerre qu’on se livrait. Oui, parce que je n’étais pas assez idiot pour ne pas savoir qu’elle m’avait déclaré la guerre. D’une manière bruyante d’ailleurs. Cela dit, elle arrivait a me faire rire avec ses bravades et ça se lit un instant sur mon visage…
« Tu prend ton livre, tu l’ouvre a la page 85 et tu me fais une analyse complète. »
Je levais enfin mes yeux bleus sombre sur elle en ajoutant, le visage auréolé d’un sourire adorablement mesquin.
« Ca comptera pour ton examen. »
Vu que tu es pas foutue de bosser en cours et que ton principal sujet d’intérêt était de me faire sortir de mes gonds. Mais elle était amusante dans sa manière de faire, même si je devais me faire violence pour ne pas lâcher la bride a ma colère…Colère…Comme un voile. J’en étais conscient ET inconscient en même temps, c’était assez déstabilisant. Je n’aimais pas me sentir ainsi, si…enfin, dans une telle situation incertaine en fait.
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| | | Blake Earl
Age : 31 Messages : 502 Date d'inscription : 07/02/2011
| Sujet: Re: Here we are again [PV Liam] Dim 13 Fév - 13:13 | |
| Ce qu'il pouvait m'énerver à m'ignorer obstinément ! C'est ça, fais comme si je ne t'emmerdais pas, fais comme si je n'étais qu'un misérable insecte dans ta vie ! Pourtant, dans les moments comme ça, je me disais que c'était ce que j'étais à ses yeux. Un insecte. Un insecte dont il n'avait rien à foutre des sentiments, lui qui n'en ressentait aucun, un insecte qui bourdonnait, qui était agaçant sans vraiment nécessiter de prendre des moyens. Ce que ça pouvait m'énerver de n'être rien à ses yeux ! Alors qu'aux miens, il représentait tout ce qu'il pouvait y avoir de négatif dans ma vie. J'aurais voulu être la même chose pour lui, et il donnait l'impression de s'en foutre totalement. Je lui adressai un sourire angélique qu'il n'eut même pas le bonheur de voir.
- Vous, mais vous pouvez partir, ça ne me dérange pas !
Hélas, je savais pertinemment qu'il n'en ferait rien. Il était aussi résistant que j'étais têtue. Je sortis mes affaires en vrac, trousse tachée de peinture, livre corné, cahier abîmé. Mes affaires étincelantes en début d'année avait une très nette tendance à la déchéance rapide et efficace, vu comment j'en prenais soin et tout ce qui traînait au fond de mon sac. J'avais dû rembourser la moitié de mes manuels l'année dernière - mais bah, j'y pouvais rien si mes affaires de dessin finissaient toujours par en mettre partout ! Une envie irrésistible de le gifler me vint lorsqu'il me regarda avec ce sourire cynique. Ses yeux, par contre, étaient toujours aussi froids. Je n'avais pas souvenir d'avoir déjà vu un éclat d'émotion y passer. Je feuilletai rapidement le livre jusqu'à la page demandée en l'oubliant totalement. Je lui foutais la paix le samedi, généralement. Pourtant, là qu'on était seuls, j'aurais pu m'en donner à cœur joie, ça m'aurait déstressée. Mais j'étais pas tellement d'humeur aujourd'hui. Autant en finir le plus rapidement possible. Cependant, je m'arrêtai de lire au bout de trois mots.
Il se foutait de moi. Je relevai la tête, mes yeux verts durcis comme des agates. Il avait recommencé à travailler sans plus me prêter la moindre attention. J'ai cru que j'allais lui jeter mon livre à la figure. Sans rire.
- C'est une blague ?
Ça ne pouvait être que ça. Une mauvaise blague. Il ne pouvait pas me demander d'étudier ce texte. Simplement, il s'était dit que me rappeler encore une fois cette humiliation me calmerait peut-être. Mais pour qui se prenait-il ? Roméo et Juliette ! Franchement ! Comme si j'avais besoin de faire des analyses sur ça ! Je connaissais la moindre ligne de cette pièce, et la moindre de ses significations, et il le savait parfaitement ! Il profitait de ses cours de théâtre pour nous distiller ce que nous étions censés voir en lettres. J'avais tout retenu avec une acuité dérangeante. S'il ne s'était rien passé, si j'avais joué la pièce normalement, je suis certaine que je ne m'en serais pas souvenue aussi bien. Je me levai brusquement et commençai à ranger mes affaires.
- Il est hors de question que je fasse ce texte. Je m'en vais ! | |
| | | Liam Hartwood
Age : 38 Messages : 208 Date d'inscription : 08/02/2011
| Sujet: Re: Here we are again [PV Liam] Sam 26 Fév - 23:34 | |
| « Revois ta syntaxe si tu veux « casser » quelqu’un… »
Répliquais je sans même me sentir agressé…Ah bon ? Cela dit, je possédais un tel contrôle sur moi qu’il était difficile de me prendre en défaut. C’était d’une simplicité déconcertante. « ON est tous seuls»…. » Vous pouvez partir »….Idiote ! Dès le début elle m’avait intégré dans le on, mais chieuse jusqu’au bout, elle ne l’admettrait jamais évidemment. Un fin sourire ombra un instant mes traits. Mesquinerie, moquerie, un peu de tout ça je pense. Elle voulait me provoquer, mais je n’étais pas mauvais a ce jeu là. La preuve allait suivre…
Je ne me reconnaissais pas vraiment dans ce jeu d’ailleurs. C’était inhabituel pour moi. Terriblement. J’aurais dût oublié cet événement. L’occulter. Le dévier. L’enfouir profondément dans ma mémoire et pourtant, il venait me hanter là, maintenant. Je haïssais ça. Je détestais ce qu’elle provoquait. Cette perte de contrôle. Ce besoin d’exister a ses yeux, même en tant que cafard a abattre…Pathétique. Sa voix ne fit rien. Du moins en apparence. Je me contentais de lever encore une fois les yeux.
« Pardon ? »
Quel bon acteur ! Je savais pertinemment qu’elle allait réagir au quart de tour. Je savais que la colère, la furie allait envahir ses yeux, qu’ils se consumeraient sous la rage. Jouer les innocents…Quel merveilleux role. Je haussais un sourcil narquois alors qu’elle se levait avec haine.
« Tu te rassois ! »
Ordonnais je sans une once de…comment dire…avec froideur ? Ouais un truc comme ça.
« C’est exactement pour ça que j’ai pris un café sur ma chemise et que tu n’as pas eut le rôle de Juliette… »
Ajoutais je avec un sourire mesquin tout en me plaçant sur sa trajectoire des fois qu’elle aurait envie de jouer les fille de l’air. Chose qu’elle devait être très tentée de faire d’ailleurs au vu de l’étincelle frondeuse de ses yeux. Chose que je n’étais pas prêt de laisser arriver au vu de l’étincelle déterminée qui ombrait les miens.
« Une gamine incapable de contrôler ses humeurs… »
Continuais je laconique et ironique au possible. N’importe quoi pourvu qu’elle ne devine jamais a quel point elle me fascinait.
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| | | Blake Earl
Age : 31 Messages : 502 Date d'inscription : 07/02/2011
| Sujet: Re: Here we are again [PV Liam] Dim 27 Fév - 0:00 | |
| Fais l'innocent, pauvre imbécile ! Fais celui qui ne sait pas de quoi je parle ! « Eh bien quoi, où est le problème ? Oh, tu n'aimes pas Roméo et Juliette ? Ah oui... Le rôle que je t'ai retiré sans raison l'année dernière. Je suis vraiment désolé, c'est une mauvaise coïncidence, je t'assure que j'avais oublié ! » Connard ! Le pire était qu'il en était sans doute capable. Je veux dire, il en avait tellement rien à faire de moi qu'il aurait été foutu d'oublier ça, alors que ç'avait été l'un des événements les plus marquants de ma petite vie d'ado peinarde. Ça m'énervait ! Ça m'énervait ! Il m'avait toujours énervée. D'habitude, je le masquais sous mes piques cyniques en cours - rien ne me plaisait tant que de mener la guerre des réparties avec lui, parce que même s'il aurait pu gagner, bien des fois, au bout d'un moment il fallait bien qu'il revienne d'une manière ou d'une autre à son cours. Mais là, rien ne me venait aux lèvres, pour la simple et bonne raison que je pensais que cela allait se dérouler comme tous les samedis, cinq heures de silence lourd de haine à gratter ma feuille. Comment aurais-je pu deviner qu'il me ferait sortir de mes gonds ainsi ?
Rien. Il n'avait rien dit. Il n'avait rien eu besoin de me dire. Il avait simplement choisi le bon devoir à faire. Il m'avait foutue sur les nerfs sans seulement paraître le vouloir. Là, c'était moi qui étais en tort, moi qui m'étais emportée la première. En théorie, je n'avais aucune excuse. En pratique, sa technique vicieuse valait à mes yeux toutes les excuses du monde pour le planter là. Et qu'il me dise de me rasseoir n'avait aucun effet sur moi. Jamais ses ordres n'avaient eu aucun effet sur moi. Même lorsqu'il me disait d'interpréter Juliette sans bouger. S'il voulait me faire obéir, il faudrait qu'il me force, comme il l'avait fait l'année dernière ! Sans plus faire attention à lui, je terminai de tout fourrer en vrac dans mon sac et me retournai en me heurtant à lui. Paf ! Sous le choc, je reculai de deux pas. Est-ce qu'il n'était pas censé être de l'autre côté ? Bordel, il marchait vite !
Son sourire... Son maudit sourire que je crevais de lui arracher. Afin qu'il n'ait plus le droit de me regarder comme ça, si cyniquement, afin qu'il ne puisse plus me jeter ces horreurs à la figure. Je me concentrai sur la cicatrice qui se transformait en fossette sur sa joue lorsqu'il arborait ce foutu sourire afin de ne pas être tentée de commettre une action irrémédiable. La cicatrice qui faisait l'objet de tant de spéculations. J'en avais rien à foutre de comment il l'avait eue, moi, je regrettais juste qu'elle ne l'ait pas davantage défiguré. Avait-il conscience que m'énerver davantage n'était vraiment pas la chose à faire pour protéger sa santé, là ?
- Quel café ? répondis-je ingénument. Ah oui, ce café ! Le café que j'ai renversé alors que je cherchais Alice pour tenter de la consoler de la mort de notre meilleure amie !
Pauvre enfoiré ! Je le haïssais pour faire remonter ce souvenir à la surface. Je le haïssais parce que rien qu'y repenser me faisait monter les larmes aux yeux. S'il y avait une chose que je ne voulais surtout pas faire, c'était pleurer devant lui. Hors de question d'afficher une quelconque faiblesse.
- Mais bien sûr, vous êtes tellement insensible que contrôler vos humeurs dans une telle situation doit vous paraître absolument normal !
En fait, j'étais presque victorieuse. J'aurais eu honte de me servir de la mort de Giulia ainsi si j'avais été moins en colère, mais à ce moment-là, je ne ressentais qu'une joie dégueulasse pour avoir réussi à lui clouer le bec ainsi. Parce que qu'est-ce qu'il pouvait rétorquer à ça ? Rien, bien sûr ! Il balbutierait et s'excuserait d'un air gêné. Il ne pouvait faire que ça. C'était à mon tour de sourire, en même temps que mes yeux s'humidifiaient. Blake, ou la joie des émotions humaines multipliées par cent, et pas forcément séparément.
Eh oui, imbécile, je sais pas contrôler mes humeurs, évidemment, je suis hyperactive ! Les profs n'étaient-ils pas censés être au courant de ça pour être plus conciliants envers moi ? Lui n'avait apparemment pas intégré la donne. | |
| | | Liam Hartwood
Age : 38 Messages : 208 Date d'inscription : 08/02/2011
| Sujet: Re: Here we are again [PV Liam] Dim 27 Fév - 0:22 | |
| « Ta meilleure amie ? »
Oh oui, j’aurais put paraitre touché, avoir un air de culpabilité sur le visage. J’aurais put m’excuser. Lui demander p ardon. Mais il ne fallait pas trop m’en demander.
« Oh…Comme ta grand-mère morte quatre fois ? ou encore, ton cousin atteint d’une maladie incurable ? »
Énumérais je avec ce faciès moqueur, ironique qui était le mien lorsque je haissais. Ce faciès qu’elle haïssais. Ce sourire qui faisait naitre flamme et haine dans ses yeux. L’obsession de cette étincelle. La fascination de cette onde furieuse. J’admirais cette rage, j’en buvais les relents tout en me detestant de le faire…Finalement, ma main se porta a son épaule. Si frêle, si fragile. Une erreur.
« Tu tiens vraiment a rater ton année et recommencer avec moi ?. »
Argument choc ! Et je savais déjà qu’elle rejetterait tout idée de me laisser l’enseigner encore. C’était comme un mauvais drama coréen en y réfléchissant. Emplit d’une telle idiotie !
« Va te rassoir et fais ce que je t’ai dis. »
La voix froide, le regard glacial. Je savais que certain pliaient devant cela, mais elle ne me fera pas ce plaisir n’est ce pas ? Non. Pourtant j’aurais aimé qu’elle le fasse. Une raison pour la hair, une raison pour la repousser. Une raison pour l’éloigner et oublier la sensation de sa peau sur mes doigts. En fait le maudit, c’était moi…
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| | | Blake Earl
Age : 31 Messages : 502 Date d'inscription : 07/02/2011
| Sujet: Re: Here we are again [PV Liam] Dim 27 Fév - 0:40 | |
| Il ne me croyait pas.
Il ne me croyait pas. Par conséquent, il se moquait encore davantage de moi. En piétinant Giulia comme si elle n'était qu'une folle idée absurde qui m'avait traversé l'esprit pour le faire taire. Il allait me le payer cher. Giulia était une jeune fille, qui avait existé, qui avait eu une vie, une famille, des amis, un petit ami, et une mort atroce. Elle ne méritait pas qu'on la dédaigne ainsi ! J'étais tellement soufflée par son indifférence que je ne parvins pas à réagir tout de suite. Du moins pas avant qu'il ne pose une main sur mon épaule. Le geste associé à la question qu'il me posa paraissait presque... compatissant. Mais je savais que ce n'était pas le cas, pas avec lui.
Son contact me répugnait. Je plantai mes yeux furieux dans les siens si froids, et dis d'une voix si claquante qu'on aurait pu entendre les mots heurter le sol :
- Ne me touchez pas.
Je me dégageai de moi-même et ajoutai, tremblante de colère :
- Vous apprendrez que mon cousin est en pleine forme et que je n'ai jamais eu de grand-mère. En revanche, vous avez certainement entendu parler de l'incendie qui a ravagé la maison pas si loin d'ici, et de la malheureuse victime d'à peine vingt-deux ans qui resta prisonnière des flammes. Cette malheureuse victime n'est pas qu'une anonyme pour remplir les feuilles de choux du quartier, elle a un nom, elle s'appelle Giulia Monteverdi, et il n'y a pas une semaine, j'étais encore en train de rire avec elle.
Prends ça dans les dents, connard ! Il aurait dû deviner, enfin, il aurait dû comprendre ! Avais-je vraiment eu l'air de me moquer de lui quand je lui avais dit ça ? Oh, seigneur. C'était une larme, là, que j'avais senti couler le long de ma joue. Il avait réussi à me faire pleurer. En dix minutes, même pas. Alors que je n'étais arrivé à rien en neuf mois. Je haïssais son indifférence imperturbable comme jamais auparavant. Comment pouvais-je le vaincre, moi si sensible, si facilement atteignable ? Partir. Partir avant de réellement fondre en larmes, parce que je sentais que ce n'était plus qu'une question de secondes. Mais il était vraiment juste devant la porte, presque adossé dessus. Je me jetai sur lui et me mis à le tambouriner de mes poings serrés.
- Laissez-moi partir ! Laissez-moi partir ! | |
| | | Liam Hartwood
Age : 38 Messages : 208 Date d'inscription : 08/02/2011
| Sujet: Re: Here we are again [PV Liam] Mer 2 Mar - 21:03 | |
| Le coin de mes lèvres plie, se meut et fini en un sourire qui creuse ma cicatrice sans même que j’en ai conscience. Moqueur, je lève la main impudente qui a osé se poser sur elle, lentement, doucement, montrant bien ma paume, comme si j’essayais d’apprivoiser un chaton aux griffes de coton. Ben voyons ! Mais elle avait raison, je ne devais pas la toucher. Je ne pouvais pas le faire. Je devais interdire cette pensée idiote qui surgissait a l’improviste, celle qui réfute l’âge, le milieu, la colère ou la haine…Finalement, ma main se crispe en poing mais mon sourire ne meure pas.
Voyons ce que la menteuse sait encore dire…Son discours m’atteignit. C’est vrai. Trop. Alors mon regard ne changea pas, ne vacilla pas. Mon sourire ne s’évanouit pas. Qu’elle me haïsse serait toujours plus facile a gérer. Oui, je savais la haine, pas les larmes.
« Ah…Tu essayes donc de me faire croire que tu connais le sens du mot amitié ? »
Je reculais vers la porte, comme une amorce de fuite instinctive. Une larme ? Allons…Blake savait pleurer sur commande, qu’est ce qu’une larme hypocrite dans ce monde ? Rien. Alors étouffons ce frémissement étrange et lancinant. Comme une protection, je croisais les bras sur la poitrine ne m’attendant vraiment pas a ce qu’elle m’agresse. Pourtant, elle n’hésita pas. Sans tenir compte de ma carrure, de ma posture qu’un petit chat comme elle ne pourrait même pas ébranler.
Je supportais ses poings sur moi durant quelques secondes. Je supportais ces cris a mes oreilles, raisonnant comme des craies sur un tableau noir quelques instants.
« Ca suffit ! »
Un rugissement ni vraiment colérique, ni vraiment agacé. Un son un peu froid en rapport a la situation, je devais en convenir, mais justement, j’espérais ainsi doucher sa colère. Qu’elle mente ou non n’était, au fond, pas important. Je lui saisis les poignets sans pour autant serrer trop fortement.
« Va te rassoir et fais moi cette analyse. Les larmes d’une petite actrice ne m’atteignent pas, surtout lorsqu’elle ne sait faire la différence entre la scène et la réalité. »
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| | | Blake Earl
Age : 31 Messages : 502 Date d'inscription : 07/02/2011
| Sujet: Re: Here we are again [PV Liam] Mer 2 Mar - 21:52 | |
| Je le savais moqueur. Je le savais cynique. Je le savais indifférent. Toutefois, être insensible à ce point me paraissait tout simplement... inhumain. De plus, il était tout simplement injuste. Le sens du mot amitié ? En quoi être une chieuse m'empêchait d'avoir des amis ? Peut-être qu'il n'avait pas compris que cette attitude lui était exclusivement réservée, à lui et à éventuellement d'autres imbéciles qui étaient venu m'emmerder injustement. Si, cher professeur Hartwood, aussi incroyable que cela puisse être, j'ai des amis ! Cela vous paraîtrait-il exceptionnel si je vous disais que je suis capable d'aimer autant que je vous hais ? Giulia... Giulia, Giulia, Giulia. Son nom battait comme un mantra en moi, un mantra qui me permettait de tenir debout, mais plus pour longtemps, je le sentais. Un mantra qui faisait affluer le sel à mes yeux.
Et soudain, je me calmai instantanément. Le fixant de mes yeux grands ouverts, choqués, surpris, apeurés. Sa voix froide et autoritaire avait pour une fois fait effet, parce que je me rendais compte que j'avais été trop loin. Je n'aurais pas dû m'en prendre ainsi physiquement à lui. Ses mains enserrant mes poignets me donnaient l'impression de brûler ma peau. Je reculai d'un pas, puis d'un deuxième, pliant pour la première fois sous son regard d'acier. Mais il ne me lâchait pas. J'étais en train de reculer, courbée devant lui, penchée en arrière pour échapper à sa poigne de fer et son regard de glace. J'étais en train de céder face à lui, et c'était une sensation que je détestais. Je cédais parce qu'il trichait ; il n'avait pas à employer la force !
La force ? Était-ce vraiment de la force ? Il se défendait, c'était tout. Il se défendait parce qu'il m'avait fait craquer. Et me faire craquer, il y était parvenu sans tricher. Est-ce que j'avais perdu ? Je ne voulais pas perdre. Pas aussi brutalement, aussi brusquement, sans m'y être préparée avant. Les larmes coulaient franchement, cette fois-ci. Je murmurai, incapable de parler moins faiblement :
- Pourquoi vous ne me laissez pas tranquille ?
Je repris d'une voix légèrement plus assurée, malgré les sanglots silencieux qui me secouaient :
- Vous qui m'avez appris à jouer la comédie, vous devriez savoir reconnaître lorsque je joue un rôle ou pas...
Et malheureusement, la petite Blake courbée sous la poigne de son professeur tant haï n'était pas un rôle que je jouais, mais bel et bien la réalité. | |
| | | Liam Hartwood
Age : 38 Messages : 208 Date d'inscription : 08/02/2011
| Sujet: Re: Here we are again [PV Liam] Mer 2 Mar - 22:19 | |
| Pourquoi ne la laissais je pas tranquille… ? Durant une demi seconde, l’onde de granit de mes iris vacilla. Une demi seconde où rien ne saurait protéger la pierre de mon regard avant que ne se relève la glace et l’indifférence. Une question. Elle ne m’a posé qu’une seule question. Juste une. Et je suis incapable d’y répondre. Incapable de mettre un mot, une pensée, un songe pour ne serait ce qu’y répondre.
« Tsss. »
Un sifflement ardent qui passa mes lèvres alors que je la repoussais loin de moi, que je dénouais mes doigts de sa peau. Qu’elle s’éloigne, qu’elle quitte ce cercle où je ne pouvais respirer librement, trop envahit par son parfum, trop envahit de ses cris, de ses vociférations…Qu’elle quitte ce cercle qui est ma survie, mon bouclier, ma sauvegarde.
Un rire cynique passe mes lèvres a sa remontrance. Elle a raison. Je lui ai apprit a voir au-delà des rêveries de midinettes. Au-delà d’un sur jeu idiot et inutile. Je lui ai apprit a ressentir l’âme et les tortures de son rôle et, bizarrement, je savais qu’elle ne jouait pas. Pourtant, il était si confortable d’y croire. De s’accrocher a l’idée qu’elle jouait la comédie, encore et toujours. C’était plus rassurant. Plus…Sain.
Vérité, mensonge. Les deux valsaient pour ne faire plus qu’un, embrouillant l’esprit, le cœur, immondice. Je n’aimais pas me sentir comme ça, non, je ne pouvais pas être ainsi, pas devant une hyène qui n’attend que la moindre faiblesse.
« C’est vrai. »
Je soupirais avant de me décaler de la porte, mains dans les poches, me déplaçant avec une grace presque étonnante pour ma corpulence, m’arrêtant devant la fenêtre.
« Au moins, tu n’es pas qu’une petite peste imbécile. Je ne sais pas si cela doit me rassurer ou pas finalement…Quoiqu’il en soit, ton amie n’aimerait sans doute pas te voir dans cet état devant un professeur qui a le chic d’être du mauvais coté de la barrière avec toi. Alors sèche moi ça, assied toi et fais ce que je t’ai demandé. »
Même si les mots pouvaient paraitre compatissants, ma voix elle charriait des glaçons. Aussi était il impossible de dire si j’étais sincère ou non. La connaissant, elle irait certainement dans le sens inverse. C’était ce qui s’appelait être prit a son propre piège en vérité.
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| | | Blake Earl
Age : 31 Messages : 502 Date d'inscription : 07/02/2011
| Sujet: Re: Here we are again [PV Liam] Mer 2 Mar - 22:43 | |
| Lorsqu'il dénoua ses doigts, je fis instinctivement trois pas de plus en arrière. M'éloigner, respirer. Je ne supportais pas d'être aussi près de lui. Cela me rappelait désagréablement la scène que nous avions jouée à deux l'année dernière, moi petite comédienne entre les mains, dans le sens le plus littéral du terme, de son professeur de théâtre. Il n'avait même pas su me répondre. Injustice, injustice, injustice, ce mot pulsait dans ma poitrine à m'en arracher le cœur. Il n'a aucune raison pour cela. C'était bien ce que cela signifiait, non ? J'expirai un grand coup sous l'effet du soulagement lorsqu'il admit tout à coup que j'avais raison.
Miracle.
Enfin, il existait un stade où l'on ne pouvait plus mentir effrontément. D'ailleurs, on ne s'était jamais vraiment mentis. Quand nous nous moquions de l'autre en inventant sottises sur sottises, cela se lisait sur notre expression narquoise. J'aurais pu être satisfaite de l'avoir poussé dans ce retranchement, mais même pas. Je séchai mes larmes d'un geste rageur. Je haïssais sa fausse compassion mais cependant, l'un de ses arguments avait fait mouche.
Giulia riait tellement de mes frasques avec lui. Giulia m'avait soutenue, avait compris ce que j'avais ressenti lorsqu'il m'avait renvoyée sans la moindre raison. Je me souvenais de soirées à rire comme trois folles, Alice, elle et moi, toujours à cause de Hartwood. J'eus un fin sourire. Peu importait qu'il ne sache pas que je me relevais aux souvenirs de moqueries interminables sur son compte, ce que je ne faisais pas en face de lui ne comptait pas. Alors il voulait une analyse de Roméo et Juliette ? Il allait l'avoir. Mais à ma manière.
Je laissai tomber mon sac par terre, ma veste suivant le même chemin. Et je commençai à parler.
D'une voix brûlante. Pleine d'émotions. Le regardant droit dans les yeux, au cas où il aurait voulu refuser de m'entendre. Il ne pourrait pas non plus dédaigner mon regard. Je ne bougeais pas d'un pouce, pas cette fois. Je revivais ce que j'avais travaillé avec tant de peine l'année dernière. Je dévidais mes paroles, avec désespoir, avec haine, avec peur, utilisant un peu tous les sentiments mêlés que je ressentais contre lui. Le visualisant un peu comme tout ce qui empêchait mon union avec Roméo, la mésentente de nos familles, le meurtre de Tybalt, et tout ce que j'avais vécu avec tant de force au long de l'année dernière sans jamais réussir à l'exprimer. Sauf une seule fois.
Eh bien maintenant, cela ferait deux.
Lorsque enfin, ma voix s'éteignit, je restai immobile, brûlante de ce rôle que je venais d'endosser aussi facilement que s'il ne m'avait jamais quitté. C'était le cas. Je n'avais pas pu jouer la pièce, je n'avais pas su me débarrasser de Juliette.
Cela ne lui suffisait pas comme analyse ? A travers mes mots et mes intonations, j'avais tout dit, tout révélé. Les non-dits qu'elle ressentait au plus profond d'elle-même, tout ce qu'elle avait vécu sans que jamais Shakespeare l'écrive. Je lui en avais même certainement dit plus que ce qu'il aurait jamais attendu dans une copie.
Et voilà. | |
| | | Liam Hartwood
Age : 38 Messages : 208 Date d'inscription : 08/02/2011
| Sujet: Re: Here we are again [PV Liam] Jeu 3 Mar - 20:42 | |
| Je ne m’étais pas attendu a ça. Durant un instant, la surprise paralysa mon sourire. Le pétrifiant. Me glaçant. Avant que ne s’assombrissent mes iris. Souvenirs, colère. Imbécilité que la mienne a ce moment où, trop sur, trop fou, je l’ai poussé dans ces retranchements. Je l’ai tiré de l’abime gestuelle qu’elle imposait pour la plonger dans le chaos des mots crachés, susurrés, soufflés. Je l’avais tenu dans mes bras. J’avais serré son corps avec assez de force pour l’immobiliser. J’avais murmuré a son oreille, dans un hurlement silencieux ce que j’attendais d’elle. Tu voulais être Juliette, tu le fus.
Et puis je l’ai brisé sur la vague de l’espoir qu’elle avait. Elle a claqué la porte. J’ai soupiré, soulagé, perdu. Je connaissais chaque mot, chaque son, chaque intonation vibrante. Les moindres expressions de son visage alors que par ses lèvres coulait l’amour de Juliette et sa souffrance. Sa douleur brulante qui m’asséchais la gorge et crispait mes poings bien a l’abri dans mes poches. Une seconde, mes cils voilent l’aurore de mes yeux, dissimulant sous leur couleur une onde rougeoyante, terrible.
Finalement ma torture s’arrêta en même temps que sa voix. Elle s’éteint dans une douleur un peu vide, un soupir a peine entamé, jamais terminé. Je cherche l’échappatoire dans l’éclat d’obsidienne du tableau noir avant qu’un sourire en coin de naisse. Un de ceux qu’elle arbhore, qu’elle hait. Une de ceux qui la pousse a provoquer, encore et encore. Un de ceux dont j’ai appris a me servir.
« Je suis ravi de voir que tu n’as pas oublié mais en l’occurrence…Je ne parlais pas de celui là. »
Mon regard quitte le tableau et se pose sur elle. Deux puits d’azur profond qui, tout à coup s’échauffe, s’attendrissent et deviennent cette soif d’un homme face au divin…
« C'est elle que voilà ; oh ! C'est ma bien-aimée ! Oh ! Si elle savait seulement que je l'aime ! Elle parle, d'une voix inaudible ; tant pis. Son œil est éloquent et je vais lui répondre. Présomptueux, ce n'est pas à toi qu'elle parle. Au firmament, deux des étoiles les plus belles, Ayant affaire ailleurs, sollicitent ses yeux De briller sur leurs orbes, là-haut, en leur absence. Et si ses yeux avec les astres permutaient ? La splendeur de ses joues ferait honte aux étoiles Comme le jour fait honte au lumignon ; ses yeux Illumineraient tant les espaces du ciel Que l'oiseau, oubliant qu'il fait nuit, chanterait. Voici que sur sa main elle incline sa joue. Ah ! Que ne suis-je un gant sur cette douce main Pour toucher cette joue ! »
Ma voix danse sur les mots, les syllabes, en extrait l’essence pour en faire vin délicieux. Les traits de mon visage se crispent, s'enchantent, devenant ce sourire qu'avait Roméo en voyant son ange. Je n’ai pas oublié le jeu, je n’ai pas oublié ce qui dort en moi, absout de comédie, des mots écrit par d’autre qui deviennent mien par leur vérité…Je joue un jeu dont les règles s’égarent et se meuvent pour devenir incontrolable et je le sais parfaitement. Trop assuré, trop fou…sans doute tout ça….
| |
| | | Blake Earl
Age : 31 Messages : 502 Date d'inscription : 07/02/2011
| Sujet: Re: Here we are again [PV Liam] Jeu 3 Mar - 21:32 | |
| Je ne l'ai pas vu se troubler, baisser les yeux, tenter de dissimuler maladroitement ce que je lui infligeais. Trop habituée à ce qu'il m'ignore et à ce que je l'indiffère, sans doute, trop absorbée dans les mots brûlants que je dévide, certainement. Il a eu de la chance ; j'aurais été n'importe qui d'autre, je n'aurais pas été si prise par mon jeu et je l'aurais surpris et fait tomber sans aucun remord. Mais j'étais ce que j'étais, une fille passionnée, trop peut-être, trop tout court en fait, il n'y avait aucun doute, et j'ai plongé jusqu'à me noyer dans cet amour débordant que je n'avais pu faire vraiment exploser. Et si je n'avais pas été si passionnée, serions-nous arrivés jusque là de toute façon ? Non, sans doute. Nous ne le saurions jamais.
Je ne savais pas ce que j'attendais comme réaction de sa part. Il aurait pu me coller quelques heures supplémentaires pour m'apprendre à faire la maligne. Il aurait pu se pincer l'arête du nez et déclarer de cette foutue voix ennuyée et lassée qu'il n'avait pas que ça à faire et ne rentrerait pas dans mon jeu. Enfin, toutes sortes de choses qu'il faisait pour essayer d'avoir un peu la paix en cours. Ce qui est sûr, c'est que je ne m'attendais certes pas à ce sourire, encore ce sourire, et cette phrase énigmatique, qui s'éclaircit quelques secondes après lorsqu'il s'anima soudain.
Les mots, je les connais par cœur, je m'en abreuve et m'y noie de nouveau. Je ne me réjouis même pas de voir soudain ses traits s'assouplir et s'éclaircir : ce n'est plus mon professeur qui est là, c'est Roméo, l'homme que j'aime de tout mon esprit, de tout mon corps, de toute mon âme, l'homme sous les caresses et les soupirs duquel je rêve de mourir, l'homme qui chaque jour brûle mes pensées et m'empêche de réfléchir raisonnablement. La dernière idée s'applique d'ailleurs autant à Roméo et Juliette qu'à Hartwood et Blake. Les raisons en sont simplement différentes. Je fais un pas vers lui, machinalement, alors que mon regard quitte le sien et s'égare quelque part au dessus de son épaule. Juliette ne le voit pas, elle est à son balcon. Seigneur, que j'aime cette scène. C'est peut-être ma préférée, à moi qui n'ai pourtant jamais connu un amour aussi fort que Juliette.
- Malheureuse ! m'écrié-je lorsque sa voix s'éteint, des accents de désespoir dans la mienne.
- Elle parle, enchaîne-t-il. Parle encore, ô ange radieux ; car dans la nuit Glorieuse est ta splendeur au-dessus de ma tête, Autant que celle d'un messager ailé du ciel Sous les yeux chavirés des hommes éblouis, Qui renversent la tête afin de l'admirer Quand il va chevauchant les indolents nuages Et vogue sur le sein des vents.
- Ô Roméo, Roméo, mais pourquoi donc es-tu Roméo ? Renie ton père et dépouille-toi de ton nom, Ou si tu ne veux pas, fais serment de m'aimer Et moi, je cesserai d'être une Capulet.
- Dois-je écouter la suite ou bien dois-je parler ?
Mon regard se pose de nouveau sur lui alors que ma voix crispée soupire, dérape, s'adoucit, évanescente et amoureuse.
- Il n'y a que ton nom qui soit mon ennemi. N'étant pas Montaigu, tu resterais toi-même. Qu'est-ce que Montaigu ? Est-ce la main, le pied, Est-ce le bras, la face ou quelque autre partie Du corps humain ? Mais non. Oh ! Prends un autre nom ! Qu'est-ce après tout qu'un nom ? Ce qu'on appelle rose, Sous un autre vocable, aurait même parfum. Roméo, s'il n'était « Roméo », garderait Cette admirable perfection qui est la sienne Sans ce nom-là. Alors, défais-toi de ton nom, Car il n'est pas toi, Roméo, et en échange Tout entière prends-moi.
J'avais marché tout en parlant, mes yeux fondant d'amour rivés aux siens, et j'étais à présent tout prêt de lui, ma poitrine effleurant la sienne, sans plus en avoir cure. J'avais été hypnotisée par mon Roméo, et peu m'importait qui se dissimulait sous ce masque ; celui-ci était plus qu'appréciable. Trop passionnée, beaucoup trop passionnée. Ce serait ce qui me perdrait. Mais comment aurais-je pu résister à ce qui me faisait tant vibrer ? | |
| | | Liam Hartwood
Age : 38 Messages : 208 Date d'inscription : 08/02/2011
| Sujet: Re: Here we are again [PV Liam] Jeu 3 Mar - 22:01 | |
| Cela était trop facile. Beaucoup trop. Et même si mon visage n’était qu’amour torturé, ombre dissimulée, mon esprit, trop cynique, trop blessé connaissait la réalité. Pourtant, il serait facile, si facile de s’y laisser prendre. D’effleurer ce qui nous nargue, ce qui ME nargue. Des mots qui trouvent un écho autre, des sons qui trouvent un jumeau haineux.
Mon propre regard s’échappe, devient le spectateur indélicat qui se cache derrière un massif de fleur. Le témoin muet qui n’ose, qui ne peut mais qui désire tellement. Rôle ou réalité, la frontière devient si mince qu’elle en devient invisible. Pourtant, je devrais savoir connaitre. Chaque lettre est imprimées profondément. J’avais mit toute mon âme dans cette pièce…Pour la crucifier…
La lucidité perd de sa puissance, s’enfonce dans les relents de ce qui ne devrait jamais être. Les tourbillons des non dit m’engloutissent lentement et je continu de nager a contre courant, refusant cette emprise qui pourtant me séduit. Trop passionnée, elle l’a toujours été. Perdant le recul nécessaire, s’oubliant tant et si bien dans son rôle qu’elle ne distinguait plus le vrai du faux. Je l’avais fait exprès. Peut être juste pour voir ces yeux a cet instant, juste pour entendre le souffle qui s’échappe dans un murmure, cet aveu qui ne m’est pas destiné, qui ne le sera jamais.
« Oui, je te prends, au mot. Dis seulement « Je t'aime », et je me rebaptise. Dorénavant je ne serai plus Roméo. »
J’ai comme l’impression de me noyer. Un manque de souffle qui se pare de cynisme, d’autodérision et pourtant, je continue, encore et toujours ces mots, ces phrases…ces larmes qui ne naitront pas. Je ne la touche pas, même si elle me frole même si son regard chavire, je ne la touche pas. Un balcon nous sépare après tout. L’azur de mes yeux déborde sans doute, comédie et réel mêlés…
« Je ne sais Par quel nom je pourrais te dire qui je suis. Mon nom, très chère sainte, m'est odieux à moi-même, Puisqu'il est à tes yeux celui d'un ennemi. S'il était là, écrit, je le déchirerais. »
Le ton tremble, s’impose dans un souffle. Parfait. Trop parfait. Pourquoi galope-t-il ce cœur qui ne ressent plus rien ? Question idiote, débile. J’aurais presque envie de faire taire cette horreur.
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| | | Blake Earl
Age : 31 Messages : 502 Date d'inscription : 07/02/2011
| Sujet: Re: Here we are again [PV Liam] Jeu 3 Mar - 22:36 | |
| Que m'importe qui il est réellement ? Cette expression le change tellement... Ses yeux s'abandonnent aux miens, sa voix est douce, tremblante et déchirante, si différente de sa tonalité narquoise habituelle, elle m'emmène dans un autre monde, un monde où l'on est tellement mieux à deux ! Jouer seule n'a aucun intérêt, le théâtre est un mécanisme où le comédien n'est qu'un rouage. Lui, je ne l'ai jamais vu mettre en marche ce mécanisme ; force m'est d'admettre qu'il le fait divinement bien. Et en réalité, je n'ai aucune difficulté à ça, je m'en rends compte soudainement. Parce qu'il m'a entraînée avec lui, et que dans ce monde, il n'existe ni haine ni inimitié, simplement le jeu et les personnages, prenant vie avec nos corps et dans nos voix.
Peu importe le décor, nos imaginations sont suffisamment fertiles pour le dessiner. Peu importe le lieu banal à souhait, il n'est guère difficile de le transformer en palais somptueux, abritant une alcôve où rôde une jeune fille amoureuse, confiant ses secrets à la nuit. Un jeune homme les intercepte, là en bas, alors qu'il voulait simplement écouter son souffle rendu rauque par la chaleur, tandis qu'elle sommeille sous un drap fin voilant à peine son corps, insulte à la décence, désinhibition d'une vierge. Il ne l'a pas entendue respirer trop fort perdue dans ses rêves, mieux, il l'a entendue les prononcer, et sait maintenant qu'il en fait partie. L'inquiétude dans sa voix alors qu'elle s'angoisse et craint pour sa mort le comble de bonheur. Que lui importe ? Il aime, elle aime. Y a-t-il autre chose qui compte à côté de cela ? Elle tourne autour sans vraiment l'avouer, avant de prononcer réellement cet aveu si doux.
- Mais vrai, beau Montaigu, je suis trop amoureuse, Et tu trouves peut-être ma conduite légère. Mais crois-moi, noble ami, je serai plus fidèle Qu'une autre plus habile à feindre la réserve. Je n'ai guère montré de réserve, je l'avoue, Mais tu avais surpris déjà à mon insu L'aveu de mon amour sincère. Pardonne-moi, Ne prends pas pour amour léger cet abandon Dont la nuit noire t'a livré le lourd secret.
Je n'ai pas eu l'heur de jouer cette scène aussi profondément que je le fais aujourd'hui, puisque je n'en ai jamais eu l'occasion. Les sentiments sont décuplés, démultipliés, et je peux m'y abandonner tout entière. Délicieuse perdition que voilà ! Je crois que je peux mourir en toute quiétude, maintenant que j'ai connu ça. Quel autre intérêt pourrais-je obtenir de la vie ?
Dernière édition par Blake Earl le Ven 4 Mar - 13:55, édité 1 fois | |
| | | Liam Hartwood
Age : 38 Messages : 208 Date d'inscription : 08/02/2011
| Sujet: Re: Here we are again [PV Liam] Jeu 3 Mar - 22:57 | |
| J’eus soudain envie qu’elle se taise. Qu’aucun de ses mots ne glissent par delà ses lèvres. Pas ces mots qui ne veulent rien dire ou qui veulent tout dire. Pas ces mots qui seraient révélateurs. Ce danger que j’ai toujours pressentis prêt d’elle. Comme ce feu orageux qui éprend mes iris soudainement. Mélange atroce d’irréel, de chimère et d’espoir mâtiné de folie. Ma bouche jure. Elle ne le veut. Etrange amalgame des contraires qui se joue sur la frontière du réel. Je devrais m’échapper de ce jeu horrifiant que j’ai moi-même orchestré. Je devrais reculer, courir le plus loin possible. Effacer ces instants et sa voix lancinante qui me supplie de l’aimer. Je ne peux pas. Je ne veux pas. Mais le choix m’est il offert ? Non bien sur. Sadique il est, sadique il restera. J’ai envie de rire a gorge déployée. Reflexe idiot alors même que le sang de Roméo coule dans mes veines…
« Si mon cœur éperdu d'amour … »
Amour.
Je me penche soudainement. Impulsion idiote. Terrible. Irrésistible. Un reste de conscience, un sursaut de volonté m’empêche la faute. La délicieuse faute. Son odeur m’envahit et j’ai envie de la fuir, moi qui ai arrêté de courir depuis si longtemps.
Ce n’est qu’un effleurement, juste une caresse aussi légère que le vent d’été. Presque rien. Presque tout…L’ombre de mes cils a masqué l’étincelle qui me trahirait, le cœur s’arrête juste un instant, laissant entrevoir la mort si magnifique.
Arrête.
« Ton jeu garde ses lacunes… »
Blesse pour éviter la lance sur ton flanc. Protège ce qui te rend si faible et dissimule les plaies atroce de ta conscience. Ais je le choix ? Non pas vraiment. A nouveau descend le masque de l’indifférence de l’oubli…Mes yeux sont toujours perdus dans les siens, mais ils ont oublié de l’effacer. Mon visage est si prêt qu’il devient absolu a ses yeux. Cette image gravée dans ma mémoire. Ces mots morbides et divins a la fois… La mort devrait être plus douce.
Ma bouche se tord en un rictus amusé…
Ma main se tends, malgré elle, malgré moi, comme cette faim atroce de la toucher ne serait ce qu’un peu. Ses cheveux ont toujours été doux, leur parfum est le même. Deux ans. Deux ans et je m’en souviens encore…
« Tu t’oublie tellement dans ton rôle que tu te perds… »
| |
| | | Blake Earl
Age : 31 Messages : 502 Date d'inscription : 07/02/2011
| Sujet: Re: Here we are again [PV Liam] Ven 4 Mar - 0:02 | |
| Je connais la suite. Cette pièce m'habite, dans mon cœur et dans mon âme, les mots se dessinent sur ma langue et traversent mes lèvres le plus naturellement du monde. J'entrouvre les lèvres, toute prête à le couper, mon Roméo trop impatient. Sache attendre pour mieux savourer notre amour que nous ne saurions altérer en le jurant trop vite, en nous prêtant des serments engourdis par le secret de la nuit. Je n'ai pas le temps de parler. Roméo s'est emporté, se penchant sur moi, ses lèvres effleurant les miennes.
Atrocement douces.
Atrocement chaudes.
Atrocement souples.
Si furtif. On ne peut même pas appeler cela un baiser, tout juste une caresse, et encore. Pourtant, j'ai le temps de deviner tout cela, et bien plus encore. Je me pétrifie, incapable de reculer. Je suis encore trop envahie par Juliette qui m'emprisonne dans les rets de son amour. Pourtant, je commence doucement à me souvenir que je n'éprouve que haine pour l'homme en face de moi. Déchirée entre la scène et la réalité, je ne parviens même plus à respirer. Sa voix me heurte brutalement, aux antipodes de ce qu'elle exprimait auparavant.
Atrocement vraie.
Atrocement blessante.
Atrocement cruelle.
Mon corps est de granit, cependant, en un terrible paradoxe, mon cœur bat si fort que j'ai l'impression que le son de la chair se heurtant à mes os envahit la pièce entière et bien plus encore. Je devrais réagir, pourtant un fantôme amoureux est encore là, me susurrant ses sentiments mensongers à l'oreille, ce que nous venons de nous dire à haute voix d'une façon telle qu'elle ne peut même pas exister dans la vie réelle. D'une façon divine, pleine et entière, d'une manière si parfaite que nous en avons oublié douze mois de la haine la plus profonde qui soit, et qu'il a fait remonter à la surface en une seule phrase.
Menteur.
MENTEUR !
Son visage désespérément impénétrable a repris place, et je ne m'en suis même pas aperçue. Je ne regarde que ses yeux, puisque je n'ai toujours pas réussi à bouger. Et ses prunelles sont si vives qu'elles me transpercent de leurs sentiments à l'agonie. Je ne suis pas sûre qu'il soit vraiment redevenu lui-même. Le fantôme de Roméo doit encore parcourir ses veines, cela ne peut être autrement, de même que Juliette fait encore frémir mes membres. Elle fuse soudain vers la main, cette main qui tremble en caressant mes cheveux, d'une caresse qui me ferait vomir si j'en avais la force. Mais je n'ai plus la force de rien. Ses paroles infectes sont les siennes, mais Roméo s'attarde dans sa main affleurant à mes cheveux bruns.
Atrocement légère.
Atrocement délicate.
Atrocement frissonnante.
Je suis tout entière tendue sous la fureur. Ça y est, Juliette est partie, ne reste plus que Blake. Mes yeux sont plissés par la colère, mes prunelles assombries par l'ire qui claque en moi comme la foudre, ma mâchoire toute crispée par les insultes que je me retiens de hurler. Mais il est inutile de crier. A quoi bon ? Ma réplique est toute prête, aussi facile à trouver que de se souvenir des paroles de Juliette. Vient-il d'oser me dire que je me perd trop dans mon jeu, alors que lui-même est encore en train de me contempler avec ces yeux, perdant ses doigts dans mes cheveux ? La voix s'élève, basse et menaçante :
- Seigneur, mais qu'en est-il de vous, alors ?
Mes lèvres soudain me brûlent et hurlent. Sa tentative de baiser galope en milliers de sensations furtives sur ma bouche, comme des aiguilles s'enfonçant sans relâche dans la chair fragile. Je saigne, je souffre, je n'en peux plus. Je viens seulement de réaliser ce qui s'est passé. Je frotte frénétiquement mes lèvres de ma main, penchant la tête sur la droite, échappant à ses doigts caressants et trop doux, essayant désespérément de faire partir cette sensation insupportable, infernale. Et sans que nul n'eusse pu le prévoir, pas même moi, je hurle :
- COMMENT AVEZ-VOUS OSÉ FAIRE UNE CHOSE PAREILLE !
Sa joue rougit sous la gifle que je lui assène, de toutes mes forces et de tout mon ressenti. Elle a résonné si fort qu'elle a duré encore plus longtemps que mon cri, battant encore dans mes tympans. J'aurais terriblement mal si j'étais moins en colère, mais je ne peux plus rien ressentir. Je recule vivement, la main sur ma bouche pour m'empêcher de crier ou de le frapper à nouveau. J'ai de nouveau les larmes aux yeux. Haine et désespoir. Je sursaute alors que mon dos se heurte à la poignée d'une fenêtre, se blessant cruellement. Je crève de m'enfuir, mais je reste piégée, comme une idiote. Je meurs de peur à l'idée des représailles qu'il pourrait engager, si bien que je ne pense même pas à courir vers la porte, qui est pourtant libre d'accès désormais. Je glisse contre le mur, recroquevillée sur le sol, telle une enfant battue.
Terreur.
J'ai l'impression soudaine d'être sa prisonnière. | |
| | | Liam Hartwood
Age : 38 Messages : 208 Date d'inscription : 08/02/2011
| Sujet: Re: Here we are again [PV Liam] Sam 5 Mar - 12:12 | |
| Etrangement la douleur n’est rien.
Du moins, elle n’existe pas vraiment, même si ma joue me brule terriblement. J’ai déjà prit bien pire, et plus douloureuse est la souffrance qui ne peut être physique, qu’on ne peut apaiser aussi facilement. Lentement, mes doigts se portent a ma joue et, même meurtrie, celle-ci se plisse sous mon sourire narquois, trop narquois sans doute. Comme un bouclier qu’il me faut maintenir en place coute que coute. Un léger rire moqueur et sarcastique m’échappe alors que je repose a nouveau mes yeux sur elle.
« Roméo n’embrasse pas Juliette…d’ailleurs, je ne suis pas sur que l’on peut appeler ça un baiser… »
Je ne m’y attends pas, c’est vrai. Je pensais qu’il serait facile de faire semblant. De laisser paraitre une indifférence qui est loin d’être, pourtant, je le sais déjà que je ne peux totalement l’être avec elle, mais je ne m’attends pas a cette vague de colère qui me balaie le cœur. Débordant a l’orée de mes cils et rendant l’azur terriblement noir. Cette colère irresponsable, incontrôlable et sortie de nulle part qui parcourt chaque centimètre de ma chair. J’essayes de la freiner, car elle ne peut être. Je n’en comprends pas la raison…Ou plutôt je ne veux pas la voir. Piétiné. Rejeté. En vérité, cela fait atrocement mal et la douleur sait si bien se transformer en haine…Mes poings se serrent, je ne veux pas qu’elle voit.
Elle m’a déjà oublié dans sa propre incompréhension, s’écroulant au sol comme une poupée de chiffon sans volonté. La voir ainsi décuple ma colère et ma culpabilité. J’ai cédé ne serait ce qu’un instant, une folle seconde…Fou. Je veux ces cris et sa colère, pas ces larmes immondes qui glissent sur ses joues sans réelle volonté. Pas ce gémissement qui ne peut que m’atteindre. Je ne la laisserais pas m’approcher si prêt de moi, elle enfoncerait alors une lame si fortement dans mon âme que j’en mourrais certainement si je lui en laissait l’occasion. Alors je dois laisser parler ma propre colère pour réveiller la sienne…
Deux pas, je la surplombe, ma taille faisant d’elle une enfant a peine formée. Rien n’est pire que ce sentiment atroce qui comprime le cœur et décuple les sens, non rien…Je l’attrape par une épaule, crispant mes doigts sur le tissus de son haut. La soulever n’est rien, elle est si légère, je la remet sur pied avec une violence rentrée…
« Si je dois être frappé, autant que ce soit pour une bonne raison.. »
Un rugissement murmuré qui ne laisse présager qu’un déchainement. Des rênes que j’ai lâché et dont je ne peux plus me défaire…Ma main quitte son épaule pour se refermer sur sa nuque, ma fossette a disparue, l’orage gronde au creux de mes prunelles, affrontant le sien plein de larme, plein de haine. Hais moi, ce sera plus facile de t’éloigner…
Ecorchais je ses lèvres que je m’en fichais. Etait ce un viol que de forcer le barrage de sa bouche ? D’explorer cette caverne qui n’avait eut de casse de proférer insultes et provocation mais qui savait si bien chanter l’amour de Juliette ? Sans doute et pourtant, il est trop tard pour retenir mon geste. Je lui impose ma violence, ma colère dans un baiser qui n’en est pas réellement un. Trop brutal. Trop soudain…J’ai l’impression de me perdre dans son souffle qui se mêle au mien….Arrête, voilà ce que me hurle mon cerveau, mes pensées diffuses qui s’entrechoquent violemment…
Si la violence l’a rapprochée de moi, elle sera celle qui la repoussera. Mon geste est brutal qu’importe qu’elle tombe ou se blesse, il y a juste cette horreur de mes propres actes qui m’étrangle soudainement…
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| | | Blake Earl
Age : 31 Messages : 502 Date d'inscription : 07/02/2011
| Sujet: Re: Here we are again [PV Liam] Sam 5 Mar - 12:55 | |
| Roméo n'embrasse pas Juliette.
Inconsciemment, j'ai compris ce que cela signifie. Même si je me refuse à l'admettre.
Roméo n'embrasse pas Juliette. Lui, contrairement à moi, il ne s'est pas perdu dans ce rôle. Si Roméo n'embrasse pas Juliette, c'est que c'est le professeur qui a embrassé l'élève. Ce n'est pas une mauvaise pulsion portée par notre jeu - et je dois avouer, pour être honnête avec moi-même, qu'il aurait été malvenu de lui en vouloir pour cela, car c'était tout à fait le genre de chose que j'aurais pu faire sans même le vouloir. Non, c'est lui, réellement, qui a eu envie de m'embrasser.
Je n'arrive pas vraiment à saisir tout ce que ça implique. C'est trop fou. Trop incroyable. Trop horrible. Non, pour moi, ce n'est qu'une tentative dans notre jeu perpétuel, une tentative de me déstabiliser et de me faire perdre. Sa voix me fige et me terrifie. Je me replie encore un peu davantage sur moi-même, et un sursaut me secoue terriblement lorsque sa main accroche mon épaule. Recroquevillée sur moi-même, je ne l'ai pas vu s'approcher de moi. Il a pénétré ma bulle.
J'ai toujours haï les hommes. J'ai toujours haï leur contact. Même innocent ou involontaire, je sursaute dès qu'un garçon me frôle. Qu'en est-il alors de quelqu'un que je déteste et qui vient de laisser planer une menace sans équivoque sur ce qu'il s'apprête à faire ? Il me soulève comme un rien. Je suis une poupée de chiffon entre ses bras, sans résistance, pourtant, lorsque ses lèvres s'écrasent sur les miennes, je me débats désespérément.
Choquée comme je ne l'ai jamais été.
J'ai l'impression que je vais mourir de honte sous sa poigne.
Pourquoi aurais-je honte ? C'est lui qui devrait avoir honte de me faire subir ça. Mon cœur est complètement affolé, ma gorge est si nouée qu'elle me fait mal à en crever. Mes gémissements désespérés heurtent ses lèvres alors qu'il n'en a cure. Je continue à me défendre, désespérément, mais il se rapproche tellement de moi que, coincée entre le mur et lui, je n'ai plus la moindre liberté de mouvement. Et puis brusquement, il recule en me poussant violemment en arrière. Pour la deuxième fois, mon dos heurte brutalement le mur.
Mes bras se resserrent instantanément sur moi. Armure puérile et dérisoire, absolument inutile. Ma tête est résolument baissée, un rideau de cheveux me masque.
Brisée.
Il m'a brisée.
Il n'a pas de chance, la seule sur laquelle il a jeté son dévolu est la plus sensible à ce genre d'attaque physique. Il m'a embrassée, pourtant j'ai l'impression qu'il m'a violée. Je savais que je regretterais de l'avoir frappé. Je ne me doutais pas que je me haïrais à ce point pour ça. Mais la haine que j'éprouve à mon égard est peu à peu en train de se reporter sur lui. Comme de juste !
- Je vais vous coller une plainte au cul et vous regretterez le temps où je me contentais de vous emmerder en cours !
J'ai relevé la tête et mes yeux scintillent de haine et de défi. Je me rapproche de lui et vois ses yeux se troubler. Oh, même pas une seconde ! Mais j'ai compris que j'avais un pouvoir sur lui. Lequel, je ne sais pas, d'où il vient, je ne sais pas. Mais il est présent, et Dieu sait que je vais apprendre à le repérer et m'en servir ! Réaliserait-il par hasard que ce qu'il vient de faire est un tout petit peu déplacé ?
- C'est bête, n'est-ce pas ? Vous n'êtes pas stupide, vous devez avoir remarqué toutes les connes qui vous tournent autour. Et vous avez choisi la seule qui ne peut pas vous supporter. Qui vous détestera toujours.
Je n'y crois pas tellement, je lance des paroles en l'air. Je crois plutôt qu'il a simplement voulu me faire peur, me faire taire. Je ne veux surtout pas lui montrer qu'il a réussi. Au fond de moi, je suis affreusement mortifiée. Traumatisée. Je me sens terriblement salie. Je constate que, de nouveau, les larmes coulent sur mon visage. Mais cette fois, c'est de rage.
- Ne vous inquiétez pas. Vous ne me verrez plus. A défaut de réussir à vous jeter en prison, j'arriverai au moins à vous virer du lycée !
Je pars. Le dos droit, le menton haut, drapée dans le peu de dignité qui me reste, qu'il vient de réduire en lambeaux. Et à peine arrivée dans le couloir, je me mets à courir éperdument. Les larmes sont de nouveau des sanglots de panique. Je ne désire plus qu'une chose, c'est mettre le plus de distance possible entre lui et moi. | |
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