La colère sera toujours divine [Pv Gabriel]

Gabriel était partit comme si il avait le feu aux fesses et si j'avais été mauvaise langue, j'aurais presque dit qu'il faisait très bien le lâche. Mais disons que c'était plus pour soigner mon égo sacrément égratigné de le penser. Pour le reste...et bien on va dire que j'avais fait ma conne blonde voilà. Ca expliquait tout.

En bref, j'étais restée deux semaines de plus, le temps de boucler le tournage, d'apprendre encore un peu ce que j'étais, toute seule, puisque mon généreux guide c'était tiré comme le dernier des salopars. Ce qu'il était cela dit en passant. Alors autant s'étourdir dans le boulot, on évitait de penser, c'était tout aussi bien.

Cela dit, même si on ne s'était même pas parlé par téléphone, il ne se passait pas un jour ou presque sans que je ne recoive des propositions de films ou de promotions. Alors ok, Gabriel était un putain de séraphin, un handicapé des relations humaines ou juste les relations avec moi, mais je devais tout de même lui reconnaitre un talent par possible pour faire bondir ma carrière en avant.

Donc, on l'aura comprit, niveau personnel, de gros changement, maintenant que j'étais immortelle, j'avais la vie devant moi, l'ambition chevillée au corps et surtout une envie phénoménale de faire ravaler sa fierté a Gabriel. Projet plutôt mit a mal lorsque j'eus la surprise de le voir a l'aéroport. Encore plus de l'entendre me parler normalement, avec une certaine chaleur dans la voix. Non, en fait, quelque chose clochait, méfiante, je ne répondais que par onomatopées.

Le truc, c'est que ça continuait et cette attitude me plongeait dans l'incompréhension totale, me destabilisait. Il était bien loin de la pourriture d'Israël et, franchement, j'aurais préféré qu'il reste fidèle a lui même. Fort heureusement, je n'avais pas vraiment le temps de me poser des questions, même si j'avouais ne pas tellement dormir la nuit, parce que oui, il pouvait être aimable et gentil, je sentais une barrière infranchissable, il ne me touchait plus, ne faisait même pas mine d'y penser ou quoique ce soit d'autre. Le drame était sans doute de me rendre compte qu'il me manquait. J'avais toujours envie de lui et je commençais sérieusement a me demander comment j'allais m'en sortir sans devenir totalement timbrée. Je n'avais jamais été dépendante d'un mec, ni même nympho mais se réveiller brulante avait tendance a me mettre en rogne.

Alors ce matin, un petit footing au parc histoire de se rafraichir les idées, ce ne serait pas du luxe. Sauf que si j'avais sut que je risquais de devenir un test pour jeune démon un peu trop sensible, je me serais abstenue.

Je venais de dépasser un chêne lorsque quelque chose, a première vue, j'aurais sans doute dit un train, ou quelqu'un me percuta violemment sur le côté, m'envoyant contre le tronc d'un bel érable. J'eus mal, oui, mais heureusement, rien de casser. Je n'eus même pas le temps comprendre ce qui m'arrivait que l'on me tira violemment les bras en arrière, m'obligeant a me cambrer contre le tronc.

-Et bien...Pile ce qu'il nous fallait.

Quoi ? je secouai un peu la tête avant de poser les yeux sur un type d'une vingtaine d'années. Mais je sus tout de suite que c'était trompeur, ce qu'il dégageait allumait pas mal de signaux d'alarme en moi. C'était un peu comme Gabriel, sauf que ce type ne possédait qu'une infime partie de ce que dégageait le Séraphin. Une autre voix, beaucoup plus grave celle là, surgit de derrière moi.

-J'avoue.

Voix goguenardes qui m'auraient dans doute foutu la frousse si j'étais une petite chose délicate. Sauf que non, je n'avais pas peur. Serrant les dents, je tentai de me défaire de la poigne qui me retenait, sans grand succès hélàs. Je m'immobilisai donc, arborant suodainement un sourire engageant :

"Je peux vous être utile messieurs ?"

Ironiqe quand tu nous tiens ! Mais il était hors de question que je me laisse impressionner. Sauf quand la situation s'envenima légèrement avec l'arrivé d'un troisième quidam, avec la même odeur de souffre que les deux autres. Bon, ok, là, j'étais mal partie. mais contrairement aux deux autres, celui là semblait plutôt mal a l'aise. Le brun ricana :

-Un peu que tu vas nous aider...Notre gentil compagnon que voilà - commença-t-il en désignant le nouveau - A quelques petits scrupules a éradiquer les sales cafards que vous êtes.

Un sourire sardonique plissa mes lèvres :

"alors laisse moi deviner, tu lui mâche le boulot ?"

Comment ça je provoquai ? Mais non ! De toute façon, le timide n'avait pas l'air décidé a faire quoique ce soit, c'était sans doute la faille. je braquai mon regard sur lui, l"'adoucissant au possible, y imprimant de la peur alors qu'en fait, je n'avais qu'une envie, c'était leur exploser la tête, pour le faire douter. Seulement, le brun remarqua mon manège et la gifle qu'il m'asséna aurait arracher la tête a un simple humain.

La douleur explosa et ma joue me cuisait, m'humectant les lèvres, je sentis le gout du sang. Devant moi, le brun explosait :

-Putain Stevie ! Qu'est ce que je t'ai déjà dit ! Te laisse pas avoir ! Tu crois qu'elle hésiterait si les situations étaient inversées ?! Non !

Je serrai les dents de rage. Rage d'être impuissante parce que j'avais beau tourné les poignets dans tout les sens, "voix grave" me tenait et pas qu'un peu. Le brun fourra une espèce de pieu dans les pattes du dénommé Stevie et, croyez moi, je n'avais pas envie de savoir a quoi ça servait. Il lui murmura quelque chose a l'oreille et je vis Stevie resserrer sa prise sur l'arme, me regardant. Il tremblait. Il né'tait pas assuré, merde ! Sans ses potes, il ne m'aurait même pas touchée mais là...

Je fusillai le brun du regard, j'étais mal, voir très mal, mais il était carrément hors de question que je me mette a sangloter ou gémir, et surtout, encore moins supplier. Ils pouvaient crever !

Ca fit rire le brun...Lui, j'allais me le faire...Voeux pieu au vu de ma situation actuelle...Vous voyez, je n'avais pas imaginé ma mort comme ça...Dommage.

Faire semblant, garder ses distances, oui, vivre avec Naya était différent depuis son retour. J’étais aimable, mais je ne brisais plus les distances qui nous séparer, pas question de prêter le flanc à de nouvelle faiblesse. Je préférais ignorer, éviter de me perdre.

Lié, oui, j’étais lié à Naya au point que je sentis à la seconde près qu’elle était en danger, c’était comme un sixième sens. Et ce en pleine réunions. Me levant d’un bond, je pris congé, son avenir cinématographique n’était rien face à son avenir sur cette terre. Fonçant alors vers elle, je me laissais guider entièrement par mes instincts. Et j’eus raison !

Arrivant devant la scène, je dus me retenir pour ne pas les tuer sur place. Trois contre un, des lâches… m’avançant alors je leur dit :

« Je vous conseil gentiment de poser ce pieux et de partir aussi simplement que vous êtes venu… »

J’étais calme, du moins dans la mesure du possible, qu’ils ne jouent pas avec mes nerfs ou je crains de faire un massacre. Ce n’était pas le moment de provoquer un séraphin. Surtout avec cette guerre, ces attaques sauvages qui m’échappaient.

« Oh ! Un autre angelot ! »

Un sourire mauvais se dessina sur mon visage alors que l’atmosphère se faisait de plus en plus lourde, que le soleil lui-même commençait à fuir. Si nous avons tendance à détruire, la rage d’un séraphin pouvait rapidement tourner en mini apocalypse. Le ciel s’assombrit alors que mon visage se fermait. Fixant le plus vieux je fis un pas en avant et il ne bougea pas.

« En plus d’être un démon tu es stupide… »
« Ok, t’es un peu puissant et alors, moi j’ai 500 ans et je n’ai rien à craindre de toi ! »

Un souffle, un plumage blanc se déployant puis des cris de douleurs. Lorsque mon image se stabilisa à nouveau les trois démons étaient au sol entrain de se tenir les jambes. Jambes qui, au passage, étaient broyé, disloqué.

« Qui est tu ?! »

Souriant à nouveau, je devenais de plus en plus mauvais, de plus en plus dangereux. M’approchant alors j’attrapais le plus jeune, celui qui avait posé la question, par le col avant de le plaquer contre l’arbre. Qui j’étais ? Il avait vraiment des manques dans son éducation, les démons ne présentaient donc plus les grands archanges ?

« Oh, je suis sur que tu me connais… Je suis la main de dieu ! »

Ma main libre fondit dans sa poitrine, lui arrachant le cœur sans sourciller, je laissais retomber son cadavre encore chaud sur le sol. Réduisant en charpie son cœur, je le laissais lui aussi tomber sur le sol. Je posais alors mon regard sur Naya et je dois avouer que la voir ainsi provoqua deux choses. La première étant un regard protecteur à son égard, le second une pulsion meurtrière à la vue de son visage meurtri par les coups.

Me retournant alors vers les deux autres démons, il était à nouveau sur pied. Ah les joies de la régénération… c’est tellement bon ! Des jouets qui se réparent et reviennent à la charge.

« Gabriel ! On va te tuer et ainsi forcer ton espèce à fuir ! »

L’un se jeta et après une légère esquive, je me retournais pour lui attraper la nuque, rectification, pour les attraper les cervicale. M’avançant alors vers le plus vieux, je trainais derrière moi le démon paralysé par ma prise.

« J’ai vécu 2500 ans, même vos plus puissant prince me craignent et réfléchissent avant d’agir et tu crois que toi, misérable démon inférieur aura la moindre chance de m’atteindre ?! »

Il recula alors et je lui jetais son camarade eu visage. Colonne brisé et à moitié sortie, mais pas mort, seule le cœur pouvait les tuer. Mais en attendant je me délectais de la souffrance qu’il éprouvait sans aucun doute…

Je crois que je m’étais attendue a tout, me faire arracher le cœur par exemple, oui a tout, sauf a la voix de Gabriel. La surprise me fit brusquement relever les yeux pour les vriller sur le séraphin. Et croyez le ou non, je crois que je n’avais jamais été aussi heureuse de le voir…Sauf si évidemment, il décidait de me laisser me débrouiller pour m’apprendre la bêtise imbécile d’aller se promener toute seule. Enfin, jusqu'à présent, je n’avais pas eu de problème mais j’étais loin d’imaginer qu’une guerre couvait et que tout les coups étaient devenus permis. Je ne savais pas pour qui travaillait les trois là, et je m’en fichais. Je bouillonnais de colère mais ce que je pouvais dégager n’était absolument rien face a la rage qui se mit a suinter par tout les pores de sa peau. Je le savais dangereux, je l’avais toujours pensé, mais là, il me semblait aussi mortel que la haine elle-même. Son aura écrasante me faisait presque mal d’une certaine façon. La prochaine fois, je crois que j’y réfléchirais a deux fois avant de lui chercher des noises…Sauf que si moi, j’étais prudente, ce n’était pas le cas des autres fanfarons qui se mirent a le provoquer.

Le pauvre petit Stevie en fit les frais le premier. Moi, je restai sans bouger, comme hébétée par la facilité qu’eu Gabriel de les neutraliser, juste un battement d’aile et la mort en sillage. Fascinée, je ne pouvais pas détacher les yeux de ce déchainement de puissance, de violence brutale. Le sang giclait mais je n’arrivais pas a détourner les yeux. Il était si grand et sombre malgré l’éclatante blancheur de ses ailes. Bizarrement, le craquement des os me satisfait et je n’eus même pas conscience qu’un petit sourire se dessinait sur mes lèvres, un sourire un peu malsain qui ne me ressemblait pas vraiment. Mais tout ceci n’était que justice. Je n’avais rien fait, pas attaqué la première, je ne m’y serais sans doute pas risqué d’ailleurs. J’étais trop jeune encore, trop faible.

Mes doigts se crispèrent sur le sol, je m’étais laissée tomber a genoux lorsque, attiré par Gabriel, Voix Grave m’avait enfin lâchée. Le sang maculait le costume couteux du Séraphin et son visage parfois doux n’était qu’un masque de pierre, qu’une valse de cruauté, lorsque son regard tomba sur moi, une peur étrange m’agrippa le cœur mais un désir malsain tortura mon ventre. Bon sang ! j’étais totalement timbrée ! Il massacrait, sous mes yeux, des démons avec un rare sadisme et rien dans ce spectacle ne me dégoutait. Absolument rien ! Etait ce ce changement qu’il voulait me voir amorcer ? Cette humanité qu’il voulait me voir abandonner ? Je ne savais pas, ce que je savais en revanche, c’était que je n’allais pas les pleurer. Si Gabriel n’était pas intervenu, ce serait moi qui serait a la place de ce cadavre avec un trou béant dans la poitrine. Je lui renvoyais un regard perdu entre peur et colère, une étincelle insondable au cœur de mes iris cachant avec peine l’envie qui me prenait par surprise alors que la situation ne s’y prêtait pas. Je hochai imperceptiblement la tête, j’allais bien, seule ma lèvre me faisait encore souffrir et je savais que d’ici quelque temps, il n’y paraitrait plus.

L’un fut assez fou pour se croire plus fort que lui, bien mal lui en prit, les restes de sa colonne sortait de sa nuque dans un amas de chair dégoulinantes. Mon estomac daigna se soulever légèrement. Je me relevais lentement, animée d’une colère rarement ressentit, on m’avait frappée, je ne supportais pas cela, pas du tout même. Je m’approchais de Gabriel presque prudemment avant de m’arrêter dans son dos, glissant soudainement mes bras autour de lui, le touchant comme j’en rêvais parfois, posant ma joue sur son dos, sans même me rendre compte de l’attitude trouble qui pouvait être la mienne en cet instant.

« Il voulait mon cœur…Moi, je veux le sien. »

Je murmurai mais je savais très bien qu’il m’avait entendu. J’aurais sans doute aimé l’arracher moi-même, mais je n’étais pas folle, je savais que je ne serais pas assez forte pour vaincre. Pas encore. Mais cela viendrait et quand cela arriverait…Plus personne n’osera me toucher.

La colère d’avoir faillit la perdre, la colère d’avoir pu la voir disparaitre à jamais. Une colère qui ne fit que grandir lorsque je sentis ses bras s’accrocher à moi, lorsque sa voix me pria, me demanda. Elle n’avait pas la force de lui faire face pour de vrais, elle n’avait pas la puissance de le tuer, du moins pas comme ça. Me retournant lentement, je fis face à Naya, laissant glisser une main ensanglanté sur sa joue je lui embrassais le front avant de dire :

« Alors tu auras son cœur. »

Me détachant d’elle, je fus en quelques secondes sur le démon, le faisant tomber au sol avant de placer un pied entre ses omoplates. M’abaissant légèrement, je saisis ses bras avant de faire légèrement précision dessus.

« Pitié… »

Silencieux, noir de rage, je pris appuie sur lui avant de tirer brusquement. Ses épaules craquèrent puis, en forçant un peu, les bras ses brisèrent et se détachèrent du corps, le retournant alors, je ramassais le pieu avant de saisir le démon par le sommet du crane. Le collant au mur, je lui enfonçais le pieu dans la gorge avec une telle puissance que le bois traversa le corps et une partie de l’arbre. Crucifiait comme Jésus sur sa croix, je lui brisais les jambes. Le temps qu’il régénère… non il serait mort avant.

Personne, je dis bien personne n’a le droit de la toucher, personne sauf moi. Naya était ma création, ma plus belle œuvre, ma symphonie. Aucun démon, aucun ange n’avaient le droit de poser le doigt sur elle. Personne ne devait la blesser… Personne. Regardant alors Naya, mon regard s’adoucit, m’approchant alors, je pris une de ses mains entre les miennes.

« Ton corps est la seule arme qui puisse les tuer… Ta main est la seule pouvant lui arracher le cœur. »

La laissant alors, je me dirigeais vers l’autre à qui j’arrachais le cœur sans perdre de temps. Me relevant alors, je sortis mon téléphone avant d’appeler un certain service fort utile ses derniers temps.

« J’ai besoin qu’on me nettoie un petit dérapage, j’ai trois cadavres de Démon, aucun témoin et aucune caméra… »

Pour le reste, ce n’était que l’adresse et puis c’est tout. Il était hors de question qu’elle nettoie, elle devait rentrer, se mettre à l’abris pour la journée… J’avais besoin qu’elle rentre…

Je ne savais pas ce qui me possédait en vérité. La peur de mourir, cette mort que j’avais vu en face peut être. Ce goût de vengeance acre et en même temps si attrayant. Ou peut être cette sensation puissante qui m’étreignait a les voir s’écrouler, disloquer. Ou peut être la rage de Gabriel qui trouvait un écho en moi. Je n’étais pas cruelle de nature, je ne l’avais jamais été. Mais je ne permettais pas que l’on me touche, que l’on me souille et c’était clairement ce sentiment qui me poussa à demander une chose aussi horrible que jouissive que celle là.

Je crus qu’il allait refuser. Il savait très bien que je n’étais pas assez puissante pour ça, mais lorsque sa paume se posa sur ma joue, y laissant une trainée rubis, que ses lèvres se posèrent sur mon front, me faisant fermer les yeux de contentement, je sus qu’il m’offrirait ce cadeau. Je frémis doucement a la caresse de sa voix avant de le laisser m’échapper. Les supplications du démon ne m’atteignaient même pas, il y avait une délectation étrange a le voir le faire d’ailleurs. Une satisfaction toute démoniaque a le voir soumis, sans défense, comme moi je l’avais été.

Gabriel me l’offrit sur un plateau avant de revenir vers moi, glissant ses doigts sur les miens et je hochai doucement la tête. Je ne savais pas vraiment comment m’y prendre en revanche, je savais très exactement où se trouvait le cœur. Je n’avais plus qu’a imiter Gabriel. Avant, jamais je n’aurais imaginé que la peur qui se lisait maintenant dans les yeux du démon pouvait a ce point me combler, je la savourais lentement alors que je marchais vers lui, épinglé a un arbre comme un papillon mort, ses jambes pendantes s’agitant ridiculement dans le vide.

« Tu sais…tu avais raison…Moi, je n’hésiterais pas. »

Susurrai je doucement, un doux sourire aux lèvres avant que celui-ci ne se durcisse soudainement tandis que j’armai mon bras. Mon poing défonça littéralement sa poitrine dans une orgie de chair et de craquement. Du sang gicla sur mon visage mais je ne frémis même pas, cherchant le cœur, cet organe palpitant et lorsque je le trouvai…Je pris un malin plaisir a resserrer doucement mes doigts dessus, presque avec tendresse avant de le lui arracher brusquement.

Il était encore chaud dans ma main, poisseux, immobile. Je renversai la main, le laissant tomber a terre avant de l’écraser du talons, aspergeant ma basket de sang. Un hoquet me prit soudainement alors que tout mon corps se mettait a trembler. Ce que je venais de faire était….cruelle, sadique…Et eux l’auraient été tout autant avec moi, je n’avais pas a me sentir coupable, absolument pas…Mais ce plaisir que j’en tirais….n’était il pas…Malsain ?

Je reculai, m’éloignant du cadavre sans pour autant réussir a le quitter des yeux. Je me faisais peur, mais j’aimais cette sensation de puissance pure qui m’étreignait. Finalement, je me détournai, rejoignant Gabriel qui venait de ranger son téléphone. Mes mains tremblaient un peu, mais mon regard ne contenait aucun doute, absolument aucun alors que je fondais littéralement sur lui. Je ne sais pas si il chercha a se soustraire ou non, ni même si il y pensa, toujours est il que, nouant mes bras autour de sa nuque, me hissant sur la pointe des pieds, j’écrasai sa bouche de la mienne, glissant sans vergogne ma langue entre ses lèvres avec un soupir tremblant et avide. Je ne me comprenais pas moi-même, je venais de tuer, de vraiment tuer et tout ce que j’étais capable de faire, c’était de l’embrasser presque brutalement, avidement. C’était si bon de le sentir de nouveau contre moi…Mais je le relâchai tout aussi brusquement, me composant rapidement un visage mutin.

« Merci. »

Elle l’avait fait, avec sadisme, jouissance… Elle avait tué pour de bon et d’une magnifique façon. Elle était magnifique, dans la joie, dans la peur, dans la cruauté. Une beauté interdite qui me subjugué de plus en plus. Alors qu’elle venait de tuer, elle fondit sur moi si brusquement que je fus clairement surpris. Et ce fut davantage le cas lorsque ses lèvres épousèrent les miennes si farouchement que je ne pus que lui répondre. C’était dangereux, terriblement car j’aimais son contacte, j’aimais son corps contre le mien… J’aime qu’elle soit vivante.

Elle finit toutefois par me rendre mes lèvres et ma liberté. Me remerciant alors qu’un sourire protecteur venait se peindre sur mon visage.

« De t’avoir sauvé ou de l’avoir immobilisé ? »

Je sentis alors les anges chargé de faire disparaitre les preuves arriver. M’avançant alors dans un souffle, je resserrais mes bras autour d’elle avant de déployer mes ailes et disparaitre. Personne ne devait savoir à quel point j’étais lié à Naya, personne. Arrivant alors sur le toit de l’hôtel, soit dans mon jardin, je lâchais Naya.

M’écartant que quelques mètres, je souris malgré moi avant de lui dire.

« Le sang de ces démons ne mérite pas d’être sur ta peau… »

La laissant alors, je descendis les marches pour rejoindre ma chambre ou j’optais mes vêtements, je n’aimais pas me salir et j’aimais encore moins sentir l’odeur de ma propre rage. Sans plus attendre, je glissais dans ma douche, m’adossant contre le mur froid, je laissais l’eau glisser sur mon corps alors que je fermais les yeux.

Cette relation était trop dangereuse, pourtant, c’était vitale, elle était vitale. Perdu dans mes pensées la concernant, je pense qu’on aurait pu faire sauter la moitié de Londres sans que cela soit suffisant pour me tirer de mes réflexions. Je devais faire le point, et vite. Sinon je pense que je serais rapidement incapable d’envisager une vie sans elle, sans son sourire, sans sa beauté, sans sa perfection.

« Les deux je suppose. »

Répliquai je, passant la pointe de ma langue sur ma lèvre inférieure encore enivrée de lui. Merde ! Je faisais quoi au juste ?! Je n’en savais rien, il me semblait agir avec toujours plus d’instinct. Je venais de tuer, sans en ressentir la moindre peine, bien au contraire. Et dans cette orgie étrange, l’envie avait éclos, malsaine d’une certaine façon mais trop impérieuse pour que je puisse la contenir. Cela faisait trop longtemps, trop longtemps qu’il ne m’avait pas touchée. Je haïssais cette dépendance mais je devais faire avec, j’étais capable de tuer, cela voulait dire que j’étais capable de tout n’est ce pas ? Que je pouvais le faire, arrogance ? Sans doute mais il ne m’avait pas repoussée. Il l’aurait fait si il l’avait voulu et là, un éclat dangereusement sournois s’alluma dans mes iris.

Je m’accrochai a ses épaules alors qu’ils nous emmenaient sur le toit de son immeuble, me posant une question saugrenue, quand est ce que je saurais faire ça moi aussi ? Gabriel me sourit et je fronçai doucement le nez. C’était vrai que cela…puait. Je me sentais collante mais plus encore, je me sentais brûlante. L’excitation du sang, de la colère, de sa douceur aussi. Je le laissai traverser la terrasse pour rejoindre l’appartement. Je l’imaginai se défaire de ses vêtements, un à un et je serrai soudainement mes bras autour de moi retenant un gémissement presque plaintif. Cela virait a l’obsession…A l’obsession brûlante.

Comme dans un état second, je le suivis, mais contrairement a lui, mes vêtements traçaient mon chemin au fur et a mesure que je les ôtais, ne prenant pas la peine de les ramasser, de les cacher alors même qu’ils étaient poisseux de sang. Contrairement a lui, ce ne fut pas le chemin de mes appartements que je pris mais celui des siens. J’entendais la douche coulée, imaginant avec une acuité dévorante l’eau s’écouler sur sa peau. Mon ventre convulsa. Je ne pouvais pas résister, pas vraiment, cela me dévorait littéralement, cette envie de lui quasi incontrôlable.

Silencieuse, je me glissai dans la salle de bain, indifférente a la beauté de l’endroit, ensorcelée par la sienne. Je ne sais pas si il m’entendit et je m’en fichais, tout comme je me fichais du risque auquel je m’exposais. Il pouvait si facilement me repousser si il le voulait….Mais la question était, le voulait il seulement ?

Un violent frisson me parcourut lorsque l’eau se mit a frapper ma peau, me rappelant une autre scène incandescente et c’est là que je le touchais, hypnotisée, posant mes paumes sur sa poitrine avant que mon corps de s’imprime contre le sien avec voluptée. L’eau se rougissait de sang a mesure qu’elle nettoyait nos peau, nos cheveux et je glissai une main sur sa nuque, pressant doucement, quêtant ses lèvres.

« Ne dis rien. »

Languissante demande alors que ma main libre s’émerveillait de ses flancs, du creux de ses reins, de la rondeur d’une fesse parfaite. Je le voulais et je l’aurais.

Mon corps se contracta brutalement alors que j’ouvrais les yeux. Posant mon regard sur Naya complètement nue, collé à moi. Forçant alors mon visage à rejoindre le sien, elle souffla de ne rien dire. Et là … J’eus un moment de latence, essayant de comprendre comment réagir, que faire aussi. On ne me cherchait jamais, c’était toujours moi qui décidé, mais la … je me laissais toucher, caresser, effleurer. Je me laissais faire… Trouvant ses lèvres, je les embrassais furieusement, comme si le manque de sa personne commençait à se faire sentir, comme si je ne pouvais plus lutter.

Laissant glisser mes mains sur elle, je ravissais ses courbes, ses rondeurs, sa perfection. Je ne sais pas à quoi elle jouait, mais une chose est sur, je ne pouvais lui cacher mon envie d’elle. C’était tellement claire dans mon esprit, que même avec tout les efforts du monde, les choses resteraient les mêmes, je la désirais.

Je ne sais pas combien de temps je l’embrassais avec urgence, mais lorsque je pris conscience de la douleur qui sciait mes reins, je compris que je ne pouvais attendre. J’avais besoin de la sentir autour de moi, j’avais besoin de la chaleur de son ventre.

Alors j’ouvris brutalement la porte de la douche, ne prenant même pas garde à éteindre l’eau. Portant alors Naya jusqu’à mon lit, je la posais sur ce dernier. Embrassant sa poitrine, je glissais une main entre ses cuisses, excitant lentement la perle de son plaisir. J’aurais pu continuer… Mais pour cela il me faudrait un minimum de self contrôle et ce n’était pas le cas. J’avais trop envie d’elle. Beaucoup trop.

Alors je la fis mienne d’un coup de reins. Rentrant dans son intimité pour en retrouver la douceur, la chaleur. Elle m’avait manqué, bien plus que je ne l’aurais imaginé.

J’étais foutu, réellement, être si dépendant, si avide d’elle … Ce n’était pas bon signe vraiment pas, mais j’avais beau lutter, m’éloigner, je revenais toujours vers elle, vers sa perfection…

Je sentis son hésitation. Infime, mais bien présente, je ne le laisserais pas m’échapper, pas me repousser et je raffermis ma prise sur sa nuque, même si penser le faire plier était totalement illusoire. Mais il me céda, sauvagement même, me donnant exactement ce que je voulais. Sa passion me manquait, cruellement. Pauvre petite Naya accro au corps d’un type qui ne savait même pas ce qu’était la fidélité. Mais je n’y pouvais rien, absolument rien. Mon ventre voulait lui servir d’écrin, déjà, il convulsait a cette idée et je gémis, brûlante, recevant ses caresses comme une affamée.

Il me portant soudainement, ouvrant la porte de la douche et moi, je m’accrochais a lui, enroulant mes jambes autour de lui, ne quittant pas ses lèvres, incapable de le faire. Déchainé, mon désir courrait dans mes veines, douloureux, insatiable. Comment faisait il ça ? Comment pouvait il ainsi m’enflammer ? Question embrumée qui ne trouva aucune réponse, perdue dans les limbes d’un incendie sulfureux.

Je sentis contre mon dos la douceur du matelas et je me cambrai violemment en sentant sa large main courir sur mon ventre pour se perdre entre mes cuisses. Je criai. Autant de douleur que de plaisir tellement c’était bon, fort, puissant. Mes ongles griffèrent ses épaules, son dos. J’étais brûlante sous ses doigts, ondulant telle une sirène…

« Viens… »

Un ordre incendiaire, une supplique embrasée alors que je tendais avidement les hanches vers les siennes. Il plongea en moi, si profondément qu’un spasme brûlant secoua mon ventre. Je tentai vainement de retenir la jouissance qui me menaçait mais c’était un combat perdu d’avance, alors je jouis presque aussitôt. Mon dos se creusa brutalement, ma tête se rejeta en arrière, accrochée a lui, seul repère dans cet océan magnifique qu’était l’extase qu’il me donnait, criant son nom tout en convulsant autour de lui avec violence. Mais ce n’était pas fini, pas lorsqu’il se mit a aller et venir en moi, prolongeant ma jouissance, faisant renaitre le plaisir.

Il me tuerait en me faisant l’amour…Il le ferait toujours.

La prendre, juste la prendre, laisser mon corps s'exprimer alors que déjà elle se tendait sous moi. J'avoue très sincèrement avoir eu un moment d'arrête à la vue de son corps tirait par l'extase, après tout, je ne pense pas avoir déjà réussi à provoquer pareil effet.Qu'importe, l'entendre gémir ne faisait qu'amplifier mon désir d'elle.

Peu à peu, notre étreinte commença à prendre de l'ampleur, de la puissance. Et peu à peu je me fis emporter par la jouissance, scellant à jamais cette troisième étreinte. Quelle connerie j'avais fait… Pourtant, je n'arrivais pas à regretter ce que je venais de faire. Elle était surement la meilleure amante que je n'ai jamais eu et elle savait me faire atteindre ce qu'aucune autre n'arrivait. C'est terrible d'être dépendant à se point, terriblement jouissif malheureusement.

Me retirant d'elle, je basculais sur le lit. Fixant mon plafond alors que j'essayais de retrouver mon souffle. Oui, j'étais essoufflé… Miracle. Autre miracle j'étais toujours à ses côtés alors que j'avais clairement envie de partir, en fait non c'était mon instinct qui me hurlait de fuir… Car il y avait autre chose qui réclamait à ce que je reste. Malheureusement ce quelque chose était si nouveau que je ne savais comment brider cette sensation. C'était dérangeant. Très dérangeant.

« Fais attention la prochaine fois… »

Me redressant alors je la regardais sans faillir, pourtant dans mes yeux… C'était le Bronx au vue du nombres d'émotions qui s'y bousculait.

« Je ne serais pas toujours à moins de 10 kilomètres et je ne te sentirais pas toujours… Ou trop tards »

Et il était hors de question qu'elle meurt, car ce qui découlerait de sa perte serait … Dévastreux pour les démons ? Oui.

Encore…J’en voulais encore…Qu’il creuse mon ventre, qu’il prenne tout ce que je pouvais lui donner, lui offrir, Son corps était parfait, trop pour moi, accordé au mien, sachant le faire chanter. Il me donnait un plaisir immonde tant c’était fort, tant c’était bon.

Je jouis une seconde fois, profondément, intensément, mourant entre ses bras. Son extase avait provoqué la mienne et lorsque je retombais sur les oreillers, j’étais sans doute plus morte que vive. Ravagée par sa passion empoisonnée. Ma peau perlait de sueur amoureuse, repue, pour le moment. Mais le souvenir cuisant d’Israël me revint en mémoire. Lui et la douleur qu’il m’avait faite en me dénigrant ainsi, en me rangeant dans cette catégorie immonde qu’était les kleenex. Mais même en y repensant, ma colère ne se réveillait pas. Pourtant, j’aurais aimé, agir comme lui. Me lever, partir sur un « c’était sympa merci a la prochaine ! » Mais non. Il ne m’aida pas, me permettant de me nicher contre lui, sentant encore en moi sa présence.

Il se redressa sur un coude, cherchant mon regard qu’il trouva. Dans le sien, il ne régnait qu’un chaos sans nom, mais je le savais doué pour cacher ses émotions. Trop doué pour moi.

« Alors apprends moi a me défendre. »

Dans ma voix, il régnait encore de lui, de mon extase et je soupirai, me redressant a mon tour, le repoussant légèrement d’une main sur son épaule, le forçant a s’allonger avant que je ne le surplombe. Le voile de ma chevelure créait un écran étrange, nous isolant. Doucement, je baisai ses lèvres, durant quelques secondes, une douleur intense passa dans mes iris mais je la contins.

« Je sais que je ne suis pas la seule dont tu dois t’occuper, alors apprends moi. »

Doucement, je caressai sa joue avant de lui dérober mon regard. Je ne me faisais pas d’illusion, quelque soit la passion qu’il pouvait mettre en me faisant l’amour, cela ne voulait rien dire.

« Je vais t’éviter une tache plutôt ingrate, Gabriel. »

Soufflai je avant de me lever, de quitter sa chaleur, son corps si parfait. Je m’étirais, cherchant a me leurrer moi-même, me recomposant un visage amusé, comme si je ne souffrais pas de devoir me séparer de lui. Puis, je me retournais, un petit sourire au coin des lèvres.

« Ne t’inquiètes pas, j’ai compris tes règles et pour le reste…Je ferais attention dorénavant, je suis consciente que tu ne pourras pas toujours me protéger… »

J’eus un léger rire, je savais quoi faire pour augmenter ma puissance et je le ferais, quoiqu’il m’en coute.

« Tiens, ce soir, j’ai une réception…Et un certain Philip sera présent. Il te plairait tu sais…Influent, ambitieux, infidèle..Se sera facile… »

Qu’est ce que je racontais ?! Pourquoi est ce que je cherchai a lui plaire ?! C’était du n’importe quoi ! Gabriel, que feras-tu de moi au final ? Ta Némésis ?

Lui apprendre à se défendre ? Étais-je seulement capable de le faire ? Après tous devoir la protéger, la couvrir de se monde avait quelque chose de follement intéressant, follement agréable. Me poussant alors contre le lit, elle me chevaucha avant de poser ses lèvres sur les miennes. Chuchautant alors qu'elle savait qu'elle n'était pas la seule, que je devais m'occuper d'autre... Mais non... Je n'avais qu'elle, car les autres allaient à l'école et qu'elle, elle je me chargeais personnellement de son éducation. Je ne savais quoi lui dire, car je ne savais quoi penser.

Elle se redressa alors en me disant qu'elle allait m'éviter une tâche ingrate. S'étirant alors elle m'échappa, m'affirmant qu'elle avait compris mes règles, et qu'elle ferait attention à présent, consciente que je ne pourrais pas toujours la protéger. Elle ria alors, mon moi, je n'avais pas la tete à rire, vraiment pas. Je ne sais pas si c'est cette attitude faussement détaché ou l'impression de ne pas apprécier ce qu'elle faisait, mais une chose était sur, moi je ne rigolais pas. Toujours silencieux, je la laissais m'informer qu'elle s'occuperait d'un certain Philip ce soir, un homme influent... Ambitieux... Fidèle… Mon regard s’obscurcit alors que je me redressais brusquement. Lui attrapant le poignet avant de l'attirer à moi et de l'embrasser. À première vu il n'y avait aucune raison. Mais en réalité je ne supportais juste pas qu'elle puisse se croire comme les autres. Car non, elle ne l'était pas.

« Non »

Soufflais-je lorsque je lui rendis ses lèvres.

« Je ne m'occupe jamais de mes bénis, ils vont à l'école et je les vois juste pour parler, je ne les forme jamais personnellement … Je n'ai que toi à protéger, à qui apprendre... »

La regardant dans les yeux, je ne lâchais pas son regard, je ne la lâchais pas d'ailleurs.

« Arrêtes de penser que tu es comme toute les autres... »

La lâchant alors, je détournais un instant les yeux, non pas que je sois gêné, mais simplement car cela m'arrachait la bouche de lui dire cela. Je n'étais pas du genre à m'excuser, à m'abaisser à ça... Mais avec elle, c'était différent, j'avais une appréhension, un pressentiment.

« Désolé pour Jérusalem, j'ai agis comme un imbécile... »

Retrouvant son regard, elle ne pouvait pas imaginer combien c'étaient cassé les dents à chercher des excuses, combien avaient espéré en vain.

J’allais partir. Quitter cette chambre où résonnait encore mes cris d’extase. C’était de bonne guerre. J’aurais adoré réveiller ma colère, l’envoyer paitre comme il l’avait fait, prétendre que ce n’était rien. Mais ce n’était pas le cas. Je n’étais qu’une gamine a ses yeux, rien de plus. Il avait deux milles ans, pourquoi s’encombrerait il de moi alors qu’il pouvait avoir les plus belles femmes de la terre. Je crois qu’on l’avait comprit, j’étais un peu dans la mouise.

Un léger cri surpris passa mes lèvres lorsqu’il se saisit de mon poignet, m’attirant soudainement avec une force intense auquelle je ne cherchais pas a résister. Je me retrouvais allongée sur lui, sur son torse, confrontée a son regard intense, du moins, jusqu'à ce qu’il m’embrasse, jouant de mes lèvres avec une telle maestria que je me laissai aller contre lui. A mon tour, ma langue joua avec la sienne.

Troublée, je plongeai dans ses yeux. Pouvais je croire a ce qu’il me disait ? Que j’étais unique ? Que j’étais privilégiée ? Je n’en savais rien. Il savait si bien donner le change, vous faire croire ce que vous vouliez. Et je voulais tellement y croire ! Imbécile que j’étais. Je n’étais pas assez forte pour lui. Mais je le serais, si puissante que même la Main de Dieu serait a mes pieds…Serait…A moi.

Et puis, soudain, des excuses. Des excuses qui me prenaient de cours. Qui me…touchaient…

« Que feras tu de moi…. »

Ce n’était pas vraiment une question alors que je me l’embrassais soudainement, adorant le goût de ses lèvres. Le voulant terriblement. Oui, que feras tu de moi ?

« Je te hais… »

Soufflais je doucement.

« Je te hais pour ce que tu me fais. Je te hais pour ce désir que tu provoque en moi. Je te hais pour tellement de choses…Mais par-dessus tout, je te hais de m’attacher si fort a toi que je ne serais plus capable de te quitter. »

Et pourtant, le mot haïr avait des accents terriblement sensuels, absolument langoureux, traduisant le contraire de ce que je disais.

« Repousse moi, rejettes moi. Traites moi comme les autres…Détaches moi de toi. »

Je passai les doigts dans ses cheveux, attirée par ses boucles blondes, si douces. Un Archange…

« Blesses moi, fais moi souffrir…Arraches moi a toi. Fais le avant que je ne rêve que de toi, que je ne sois qu’a toi… »

Oui, je le haïssais pour ce qu’il me faisait. Parce que j’avais encore envie de lui, mais plus que son corps. Il devait être a moi. Tout a moi. Mais je savais que l’on enfermait pas un archange comme lui. On ne le pouvait pas.

« Je te dépasserais, Gabriel…Je les dépasserais toutes, les unes après les autres. Je les tuerais…Toutes. Alors hais moi. »

Une question, posait à elle-même ou à moi ? Que sais-je. Elle m’embrassa à son tour et j’avais la nette impression que cette histoire finirait mal pour nous deux. Elle me dit alors qu’elle me haïssait, moi et ce que je lui faisais. Elle haïssait le désir que je provoquais en elle, elle me haïssait pour beaucoup de choses en fait. Mais ce qu’elle haïssait le plus, c’est d’être attaché si fort à moi qu’elle serait incapable de me quitter.

Ces mots étaient fort, puissants, mais le ton de sa voix était totalement différent. Dans sa voix je n’étais pas un homme qu’elle haïssait, mais un homme qu’elle aimait. C’était troublant, perturbant, car je ne pouvais définir avec exactitude ce que je pensais de cela. Il y a encore quelques semaines, j’aurais jubilé face à cette nouvelle, cette annonce. Mais là… ça impliquait bien des choses.

Elle implora alors que je la rejette, que je la repousse, que je la traite comme les autres.

« Non, je ne peux pas… Si je le fais… Non Naya, tu n’es pas comme les autres et c’est aussi problématique pour moi que pour toi… »

La blesser, la faire souffrir… Je pourrais, mais pas aujourd’hui, pas comme ça. Bizarrement, je voulais qu’elle ne soit qu’à moi et uniquement à moi. Je perdrais sans aucun doute mon contrôle si jamais elle venait à m’échapper. Et ça, je ne pouvais pas me le permettre, vraiment pas. Me dépasser, les dépasser et les tuer…

« Tu les dépasses déjà toutes… »

Me redressant alors, je la gardais sur moi, mes lèvres baisant son cou. Que me faisait-elle faire ?

« Tu vas devenir une déesse Naya, j’en ai fait la promesse et je ne peux pas te laisser partir, c’est impossible. »

Que cela soit à cause de ses dons, de sa puissance, de sa perfection, je ne pouvais réellement pas. C’était comme m’arracher quelque chose. Elle ne devait pas partir, je ne le permettrais pas.

Je voulais qu'il tue dans l'oeuf ce qui m'animait. Qu'il le détruise avant que cela me consumme. Qu'il me blesse si fort que je ne pourrais que le haïr vraiment. Qu'il m'abandonne que je puisse le mépriser. Mais même cela il ne me l'accorderait pas.
Etais je si unique que cela ? Comment ne pas le croire en vérité ? Alors si il voulait que je le sois, je le serais et, un jour, je détruirais moi même les barreaux de cette prison trop délicieuse, trop parfaite.

Le toucher, l'embrasser, me perdre encore comme une imbécile. Vouloir tellement que je m'essouflerai à jamais. Il me détruirait. Je le détruirais. J'aurais aimé ne jamais l'avoir rencontré. Ne jamais avoir attiré son regard. Et pourtant, j'aimais tellement le savoir sur moi. Dépendante de son corps, de son souffle, de sa puissance aussi, si attirante, si noire qu'elle me subjuguait. Une jalousie mordante et intense qui me rongeait lentement, surement.

"Alors assures toi de toujours me garder contre toi. Ne détourne pas les yeux, sinon, je briserais moi même les barreaux de ma cage."

murmurai je comme une promesse indélébile. Il avait lui même choisit sa propre malediction, qu'il en soit ainsi.

"Et ce jour là, tu me tueras."

Parce qu'il ne pouvait y avoir d'autre choix que celui là. Combien étaient doux ses mots, ils sonnaient comme un serment, il ne me laisserait jamais partir. Jamais. M'attachant a lui irrémédiablement jusqu'a ce que je me perde totalement en lui. Pour lui. Cesd chaines que je haissais, que je ne voulais pas resserraient déjà leur étreinte sur ma gorge. Je n'aurais de cesse de piaffer.

Je lui offris mon cou, frissonnante, incapable de le repousser alors que je me serrais contre lui. Mon bourreau, ma victime.

"Alors que Dieu nous vienne en aide."

C'était ironique d'ailleurs, mais tellement vrai. Si vrai.

Ne jamais la perdre de vue, toujours garder un œil sur elle et ce quelque soit le monde. Avait-elle seulement conscience du fait que jamais, au grand jamais je ne la laisserais partir ? Elle était à moi, rien qu’à moi, il était hors de question qu’elle m’échappe. Elle m’assurera alors qu’à la moindre faiblesse, elle m’échapperait et elle comme moi nous savions parfaitement ce qui arriverait si jamais elle venait à le faire.

Je la tuerais pour m’avoir échappé, car je lui préférais la mort que la trahison. Soufflant contre sa peau, sa présence me rendait fou, dépendant à elle.

« Alors faisons en sorte qu’il n’en soit rien… »

M’offrant son cou, je caressais sa peau de mes lèvres alors que mes mains parcouraient son corps. Je ne comprenais vraiment pas mes réactions, je ne comprenais pas comment je pouvais ignorer mes propres habitudes, comment elle pouvait briser autant de millénaire en si peu de temps. Elle était bien plus forte que je ne l’aurais cru, à moins que cela soit moi qui sois trop sensible à ses charmes.

Que dieu nous vienne en aide ? Cette phrase était purement ironique, purement… décalé. Dieu ne pourrait rien, sauf peut-être me ramener dans le droit chemin, je lui étais fidèle, terriblement, si jamais un choix s’imposait… Naya perdrait sans aucun doute la vie.

« Il vaut mieux qu’il reste en dehors de ça… Il ne pourra nous aider. »

Au final, bénir des banalités n’était pas une si mauvaise idée, cela m’aurait peut-être évité de trouver un diamant et d’en désirer chaque carats, chaque éclat.

C’était douloureusement indécent. Tentant même. Il y avait de la colère et de la haine, mais, souveraine, mon envie brulante qui renaissait, flamboyante sous ses caresses brûlantes. Je n’avais pas mentis, je le haïssais d’une certaine façon. M’enchainer à lui sans espoir de liberté, juste pour son bon vouloir. Me vénérant tout en m’humiliant. Il était capable du pire comme du meilleur. Ange jusqu’au bout de l’âme, infligeant sans remords une délicieuse souffrance. Combien aurais je aimé lui échapper qu’il était sans doute trop tard. Alors je scellai cette promesse, qu’il détourne le regard ne serait ce qu’un instant, je ne serais plus à lui. Avide d’une liberté illusoire, tellement illusoire que je n’en avais pas conscience.

Mes pensées se noyèrent dans un gémissement alors même que je m’ouvrais comme une fleur face a son soleil. Trop sensible a lui, trop sensible a ses lèvres. Soumise sans l’être, un étrange combat, une dualité sulfureuse.

« Alors laissons le là où il est… »

Juste un murmure laborieux tant il m’enivrait. Il n’aimait jamais deux fois, il m’aimerait bien plus comme le prouvait l’heure suivante, juste emplie de frissons, de cris émerveillés, de gémissements sourds. Je me damnerais certainement de le laisser faire, de croire en ce qu’il me disait alors qu’il était si facile de le traiter de menteur. Je hurlai de jouissance plus d’une fois sans doute, je m’en fichais, perdue dans cet océan brulant qu’il était le seul a pouvoir m’offrir, un océan que je n’aurais jamais voulu connaitre. Faible. Si faible.

Erreur ou bénédiction ? Je ne savais plus…J’oubliais tout…Tout sauf lui et sa possession. Lui et son avidité. Lui et son égoïsme. Tout oublié…

Je le laissai endormit, à regret, un regret qui me crucifiait et que je détestai. La soirée qui suivit me sembla étrange, irréelle, incongrue presque tant j’étais torturée par l’envie de retourner vers lui…En vérité…Pourrais je seulement me détacher un jour de ses yeux ?

[RP terminé]