|
| Tiens, tiens (Blake) | |
| | Auteur | Message |
---|
Iago Kingsley Ni Dieu, ni Maître
Age : 40 Messages : 288 Date d'inscription : 19/12/2010
| Sujet: Tiens, tiens (Blake) Mar 14 Fév - 12:52 | |
| Partie.
Envolée.
Azraëlle avait disparu et elle n'avait laissé aucun moyen de la retrouver. Quelqu'un d'autre s'occupait de son agence, sa villa était simplement entretenue par le petit personnel qui ne pouvait absolument pas me dire où se trouvait leur maîtresse. On aurait dit qu'elle s'était... volatilisée. Et ce, sans aucune raison. Notre relation était certes chaotique, mais je ne pensais pas qu'un jour, elle m'abandonnerait, sans même avoir la décence de m'en toucher un mot. Je ne voyais là qu'une fuite, d'une lâcheté qui me décevait de sa part. Je ne pensais pas ajouter un jour la couardise à ses défauts. Et je ne supportais pas de me languir d'elle. D'être dépendant d'elle en fait. Je m'étais douté que cette relation ne me laisserait pas indemne, mais pas au point de ressentir viscéralement son absence.
Et je me sentais en plus... trahi. Oui, c'était le mot, je me sentais floué, elle avait abusé de moi, et c'était une idée absolument intolérable. Personne ne se jouait de moi, personne et surtout pas un Séraphin. A l'incompréhension de son départ s'ajoutait la colère de l'abandon. Où était-elle ? Retranchée dans l'école, qui m'était naturellement interdite ? La lux était hors d'accès pour moi et c'était bien le seul endroit où je ne pouvais pas aller la chercher. Et comment savoir où elle se trouvait, comment confirmer cette hypothèse ? Je ne connaissais pas d'ange à qui j'aurais pu soutirer cette information.
Il était peut-être temps de fouiller un peu dans la vie de l'ange. Elle avait ses réseaux, j'avais mes contacts et mes propres moyens d'investigation. Il ne devait pas être très difficile de mettre la main sur un de ses bénis, voire sur quelqu'un de son entourage. Non, cela ne devait pas être difficile, bien qu'elle ne laissa rien au hasard, je le savais.
La pluie se mit soudainement à tomber. Une pluie fine, froide, désagréable. Agacé, je m'engouffrai dans un café tout proche, me commandant un expresso rapidement. J'étais sur les nerfs et ça, c'était plutôt anormal. Ce n'était pas mon genre d'être aussi nerveux, mais je ne pouvais qu'imputer cela à l'absence d'Azraëlle.
Aussi terrible que cela puisse être, j'en arrivais à un constat, sans appel : elle me manquait.
Dégoûté, je m'emparai de ma tasse, avant de remarquer une petite brune dont le visage m'était familier. Sauf que la dernière fois que je l'avais croisée, elle était mince et menue et moi, ressemblant à n'importe quel jeune étudiant. Aujourd'hui, elle était enceinte, apparemment pas loin du terme et mes cheveux longs avaient été remplacés par une coupe plus courte, une barbe savamment entretenue ornait mes joues et mon menton et je portais un costume chic qui me faisait avoisiner la trentaine plutôt que la vingtaine. Mais qu'importe, cela me ferait de la distraction. Je me glissai derrière la jeune fille, avant de souffler, amusé :
- D'après mes souvenirs, Roméo n'a pas eu le temps de faire un enfant à Juliette.
N'était-ce pas le drame de sa vie ? S'être vue retirer le rôle de Juliette par son professeur, professeur dont elle était amoureuse et qui s'était fait un malin plaisir de me frapper alors que j'embrassais la jeune fille. Très sain comme relation... Pas de professeur en vue, ni même de petit ami quelconque. Alors soit elle avait eu ce qu'elle voulait, soit il l'avait foutue enceinte et abandonnée, soit elle s'était trouvée un autre gogo. Souvent femme varie, comme l'on dit. | |
| | | Blake Earl
Age : 32 Messages : 502 Date d'inscription : 07/02/2011
| Sujet: Re: Tiens, tiens (Blake) Mar 14 Fév - 14:21 | |
| Ça se passait bien. J'en étais à huit mois de grossesse, l'accouchement était prévu fin mars, et tout allait parfaitement bien. Je n'avais eu aucun problème susceptible d'affecter mon bébé ou moi-même, de faire courir un risque à la naissance, ou quoi que ce soit d'autres. Les seuls désagréments que j'avais eus étaient ceux classiques d'une grossesse, finalement : nausées, dérèglements du sommeil, envies absurdes et j'en passe. Depuis deux mois, ça se passait mieux, même si mes émotions étaient encore plus accrues que d'habitude et que je pouvais passer du rire aux larmes en quelques secondes.A part ça, tout allait bien et au bout de six mois j'avais enfin daigné arrêté de m'inquiéter. Liam me traitait comme si j'étais une princesse de porcelaine et c'était une méthode qui me convenait divinement.
Même le lycée était moins difficile. Le fait d'être mariés était clairement le meilleur antidote à son indifférence envers moi durant les cours, car il suffisait que je regarde sa main pour sourire d'un air béat et voir toutes mes inquiétudes s'envoler. Bon alors évident, je devenais beaucoup moins douée pour jouer la comédie devant lui et Alice avait dû me rappeler à l'ordre plusieurs fois pour que je ne nous trahisse pas, mais peu importait. J'étais heureuse, il était heureux, nous étions ensemble et nous allions avoir un bébé, c'était tout ce qui comptait.
Comme d'habitude, je quittais très rapidement le lycée pour filer chez lui, pendant qu'il prenait son temps pour ranger ses papiers. Nous avions trouvé notre rythme, et comme j'étais à pied et lui en voiture ou en moto, nous arrivions généralement en même temps dans son appartement. Nous avions pris notre petite routine et elle me convenait tout à fait. J'avais toujours eu besoin de ce cadre sécuritaire pour parvenir à me maîtriser. Je n'avais pas vraiment conscience que nous ne pourrions rester éternellement dans ce banal train de vie. J'étais enceinte et nous aurions un assez gros bouleversement comme ça en mars pour ne pas chercher à en avoir maintenant.
Mais ce soir-là, une pluie fine et glaciale se mit à tomber, me rendant instantanément d'humeur maussade, et, prise de flemme soudaine, je décidai d'aller plutôt me poser dans un café le temps que ça s'arrête au lieu de marcher sous ce crachin. Je m'installai sur une chaise, un peu à l'écart, et commençai à siroter mon café lorsqu'on me l'eut apporté sans prêter attention à ce qui se trouvait autour de moi - mais quand bien même, l'aurais-je reconnu ?
La phrase qu'on me chuchota à l'oreille me fit paniquer. Parler de ma grossesse et évoquer Roméo et Juliette ne pouvait signifier qu'une seule chose à mes yeux : quelqu'un savait que Liam était le père. Et si l'on savait, on pourrait porter plainte, il perdrait son travail, toute crédibilité, ma mère voudrait me récupérer, notre mariage serait révélé et... et... et... C'était impossible ! Impossible ! Je me retournai, une expression mêlée de terreur et d'incrédulité sur le visage, prête à rembarrer l'inconnu. Mais je m'arrêtai net en voyant son visage. Il me disait quelque chose...
Roméo et Juliette... Et un inconnu brun dans un bar, où j'étais entrée me protéger de la pluie. Il avait énormément changé mais j'étais très physionomiste, et vu ce qu'il avait dit, ça ne pouvait être que lui. Je n'en revenais pas ! Comment lui m'avait-il reconnue ?
- Eh non. Et si vos souvenirs sont si bons, vous devriez aussi vous rappeler que je n'ai pas joué Juliette.
A cause de ce Roméo qui lui avait valu un sacré crochet du droit, d'ailleurs. J'osais espérer qu'il n'essaierait pas de savoir si le père était ce professeur rencontré si brièvement. Après tout, ça ne pouvait pas être lui, n'est-ce pas ? | |
| | | Iago Kingsley Ni Dieu, ni Maître
Age : 40 Messages : 288 Date d'inscription : 19/12/2010
| Sujet: Re: Tiens, tiens (Blake) Mar 14 Fév - 19:58 | |
| Je ne pouvais nier savourer l'instant de terreur qui se peignit sur le visage de la jeune fille, l'étincelle de panique dans son regard brun chaud. Et bien quoi, qu'avais-je donc dit de si terrifiant pour qu'elle me regarde de cette façon ? Rien du tout, sinon une allusion à notre conversation première. D'ailleurs, le sort semblait s'amuser à faire des clins d'œil, nous réunissant dans une conjoncture similaire à la première fois : un temps pluvieux, un café... Mais les choses avaient changé dans nos vies. Moi, j'avais eu Azraëlle, même si elle avait disparu. Et elle... Et bien, il semblerait qu'elle ai réussi à trouver un homme. Était-ce son Roméo, je n'en avais pas la moindre idée, mais au vu de sa réponse quelque peu précipitée et de sa réaction de bête traquée... Un sourire se dessina sur mes lèvres.
- Les choses changent avec le temps, vous auriez pu décrocher le rôle, à force de persévérance et de persuasion, ce dont vous ne semblez pas dépourvue mademoiselle.
Petit clin d'œil à notre dernière rencontre. A l'aise, je tirai la chaise en face d'elle et m'assis d'autorité en face d'elle. Je n'avais pas l'habitude de demander l'avis à qui que ce soit, on ne se refaisait pas.
- Mais je suis navré d'apprendre que ce rôle qui vous tient à cœur vous a échappé, même si vous semblez avoir trouvé d'autres centres d'intérêt.
Je portai la tasse à mes lèvres, la dévisageant de mes yeux sombres, avant de regarder sous sa poitrine, ce ventre rond qui indiquait un évènement heureux prochain. Mais heureux, l'était-il vraiment ? C'était encore une enfant, peut-être que cela avait été un accident, qu'il n'y avait plus de père... J'étais curieux soudainement et j'avais besoin de me changer les idées.
- Félicitations. C'est pour quand ? | |
| | | Blake Earl
Age : 32 Messages : 502 Date d'inscription : 07/02/2011
| Sujet: Re: Tiens, tiens (Blake) Ven 17 Fév - 12:14 | |
| - La pièce de théâtre était terminée depuis longtemps lorsque nous avons discuté... On ne peut pas changer le passé.
Et je détestais me souvenir de cette période. Si je ne lui avais porté aucun intérêt lors de notre première rencontre, aujourd'hui il m'effrayait, disons-le franchement. Je ne voyais pas comment il avait pu me reconnaître et forcément, mon imagination fertile se mettait en branle, imaginant un psychopathe obsédé par la vengeance depuis qu'il s'était pris un coup de poing dans la figure par ma faute, petite péronnelle faisant exprès de provoquer son prof. J'avais beau essayer de me raisonner, exercice rendu extrêmement compliqué à cause des hormones de grossesse, il fallait avouer que la situation était vraiment étrange, et soyons clairs, je n'avais pas la moindre envie de m'attarder avec lui.
Cinq minutes, me promis-je, je donne cinq minutes à la pluie pour s'arrêter, et sinon, je repars, peu importe que je me fasse tremper. De l'eau, c'est vachement moins dangereux qu'un psychopathe. La lueur de déplaisir dans mes yeux était évidente alors qu'il s'installait sans la moindre gêne en face de moi, s'imposant d'autorité. Mon regard aussi dur que le jade le transperça alors qu'il ironisait sur mes prétendus nouveaux centres d'intérêt, alors qu'il regardait mon ventre. Il me mettait terriblement mal à l'aise.
- L'un n'empêche pas l'autre. Je fais toujours du théâtre. Et mes autres loisirs. La seule chose qui change est que j'aurai bientôt quelqu'un à qui les faire partager.
Que croyait-il ? Pensait-il donc que le père était quelqu'un d'autre, que j'avais été encore plus loin pour rendre Liam jaloux ? Croyait-il aux paroles qu'il m'avait susurrées la dernière fois et les appliquait-il à moi ? Je me tortillai, gênée. S'il y avait bien une chose qui n'avait pas changé et qui ne changerait jamais chez moi, c'était bien le fait de détester toujours autant qu'on me prenne pour ce que je n'étais pas. J'avais presque envie de lui expliquer directement la vérité, ce qui s'était passé. Mais je ne pouvais pas. Je ne pouvais jamais...
C'était tellement long, six mois...
J'hésitai à lui répondre. En temps normal, j'adorais parler de ma grossesse et de tout ce qui y était relié, mais là, je ne voulais surtout pas donner d'informations sur ma fille à ce type. En plus, il avait tellement changé ! Un mec ne pouvait pas passer si aisément de l'étudiant cool et oisif au trentenaire propre sur lui si facilement et sans raisons, non ?
- Un mois, finis-je par dire du bout des lèvres. C'est prévu mi-mars. | |
| | | Iago Kingsley Ni Dieu, ni Maître
Age : 40 Messages : 288 Date d'inscription : 19/12/2010
| Sujet: Re: Tiens, tiens (Blake) Mar 21 Fév - 12:13 | |
| Je hochai la tête simplement alors qu'elle disait la pièce de théâtre terminée et le passé impossible à réécrire. Je me demandais si Juliette restait dans ses ambitions. Cela avait paru tellement lui tenir à cœur... Si elle était une vraie actrice, si elle avait une âme bohème de comédienne, alors elle ne s'arrêterait pas en si bon chemin, ne renoncerait pas à ses ambitions, même si, pour le moment, il semblerait que le théâtre soit passé au second plan. Même si elle était bien jeune pour se retrouver à assumer une vie de famille. Je trouvais cela quelque peu décalé avec l'image que je me faisais de la jeune fille, pleine de vie, impulsive, ayant besoin de vivre à 100 à l'heure. Ça ne collait pas du tout avec le personnage, comme si on contrariait sa nature. Deviendrait-elle une sage et terne maman ?
- Mais l'avenir vous ouvre les bras... Bien des pièces se monteront encore. Avez-vous renoncé à ce rôle ?
Avait-elle compris qu'elle n'en avait peut-être pas l'étoffe ? Que, peut être, son professeur le lui avait refusé parce qu'elle n'était pas à la hauteur et non par vengeance ? Je ne savais rien de ses talents, difficile de tirer des conclusions. Je m'installais sans gêne, parce que ce n'était pas mon genre de demander une quelconque autorisation et parce que mademoiselle risquait fort de m'envoyer paître alors que je savais qu'elle se méfiait de moi et avait même peur. Je le sentais, j'étais assez âgé pour sentir ce genre de choses et m'en repaître.
Elle ne sembla pas apprécier que je sous entende qu'elle ai lâché sa passion pour devenir maman. Je la sentais sur la défensive cette petite.
- Vous pensez que vous aurez encore beaucoup de temps pour les loisirs avec un enfant à charge ?
C'était utopique de penser qu'elle pourrait mener sa vie comme avant. Elle allait manquer de sommeil, vivre au rythme de son bébé et finis les petits plaisirs égoïstes, c'était ainsi, il fallait faire avec. Elle s'en rendrait compte bien assez vite. Cependant, je ne voulais pas la braquer, aussi avais-je dis cela le plus aimablement du monde. Je demandais aussi pour quand c'était prévu et elle hésita, avant de lâcher la date du bout des lèvres. Et je fis rapidement le calcul dans mon esprit de la date où elle était tombée enceinte... Pas longtemps après notre rencontre.
- Ce n'est pas trop difficile quand on est étudiante ?
De mener une grossesse, de subir les regards des autres filles dont ce n'était pas du tout la première préoccupation... Et le pire était à venir : concilier une vie d'étudiante et son rôle de maman. Mieux valait être bien entourée. | |
| | | Blake Earl
Age : 32 Messages : 502 Date d'inscription : 07/02/2011
| Sujet: Re: Tiens, tiens (Blake) Sam 24 Mar - 19:59 | |
| - Non, fis-je sur un ton d'évidence, presque surpris, alors qu'il sous-entendait que j'avais pu renoncer au rôle de Juliette.
Moi, renoncer ? Je ne renonçais jamais, pas sans qu'on me passe sur le corps. Expression plutôt déplacée quand on savait que la seule et unique chose à laquelle j'avais renoncé dans ma vie, c'était ma haine pour Liam, et qu'on avait ensuite... Bref, passons les détails. Sur le coup, j'en avais presque oublié que je ne voulais pas lui parler, que je voulais m'enfuir, échapper à son regard un peu trop perçant, qui m'avait reconnue un peu trop facilement. C'était hélas bien facile de me faire oublier mes griefs en me lançant sur un sujet qui me passionnait.
- Bien sûr que non, je ne renonce pas. Je ne cesserai jamais de faire du théâtre, j'en ai besoin. Et si un jour j'ai l'occasion de rattraper le passé... je le ferai.
Je haussai les épaules.
- Mais pour l'instant, ce n'est pas le cas. Qui vivra verra.
Liam avait fait disparaître Juliette. Ma frustration de n'avoir pu jouer ce rôle s'était effacée dans ses bras, me permettant enfin d'avancer, de mûrir peut-être un peu, et de passer autre chose. Mais force m'était d'admettre que je n'aurais aucun mal à replonger dedans si j'en avais l'occasion. Je la jouerais un jour, j'en avais l'intime conviction. Pour boucler la boucle.
- Ce n'est pas avoir un enfant qui m'empêchera de vivre. Au contraire. Elle sera source d'inspiration. Elle l'est déjà.
La fatigue ? Le temps pris sur mes heures de loisirs ? Les inquiétudes, les préoccupations permanentes pour elle ? Je n'y songeais pas. Je nous voyais un futur heureux, où elle babillerait dans son berceau tandis que je redécorerais sa chambre, ou que je la coucherais sur une toile, ou que je chanterais pour elle. Non, elle ne m'empêcherait pas de pratiquer tout ce dont j'avais besoin, d'évacuer tout ce qui bouillonnait en moi et s'exprimait par l'art, au contraire, elle ne me donnerait que plus d'occasions de le faire, j'en étais convaincue.
- Ça va, murmurai-je du bout des lèvres. C'est le jugement qui est difficile. Mais je suppose que c'est moins dur pour moi puisque je suis absolument certaine de mon choix. Ça ne m'atteint pas.
C'était vrai. Ce n'était pas les regards sur ma grossesse qui me faisaient craquer. C'était le fait de ne pouvoir dire qui était le père, que nous étions mariés, de pouvoir affirmer qu'il m'avait choisie et que j'étais à lui autant qu'il était à moi.
- Et vous, qu'êtes-vous ? Un étudiant qui ne peut pas avoir d'enfant pour ne pas ruiner son futur ou un jeune trentenaire brillant réussissant dans les affaires ? demandai-je brusquement, à nouveau sur la défensive.
Je ne voulais plus parler de moi, j'en avais déjà trop dit. Comment avait-il pu changer autant ? Qui était-il ? Pas simplement un héritier oisif comme il me l'avait affirmé la dernière fois, j'en étais sûre. | |
| | | Iago Kingsley Ni Dieu, ni Maître
Age : 40 Messages : 288 Date d'inscription : 19/12/2010
| Sujet: Re: Tiens, tiens (Blake) Dim 25 Mar - 13:55 | |
| Un sourire satisfait se peignit sur mes lèvres. Non, elle n'avait pas renoncé à incarner Juliette. Si elle était une comédienne, rien ne la ferait jamais renoncer mais je partais sur un sujet que nous avions abordé pour renouer le dialogue, parce que je la sentais bien sur la défensive cette petite, alors qu'elle s'était jetée à la tête d'un inconnu juste pour rendre jaloux un autre homme. Et ça se permettait de jouer les effarouchées ? De qui se moquait-elle ? Mademoiselle avait-elle réussi à avoir ce qu'elle voulait et lui rappelais-je un mauvais souvenir, une erreur ? Une façon de se comporter dont elle n'était pas fière ? Un problème dans sa petite vie idyllique peut-être ? Regardez-moi ça... 17 ou 18 ans, enceinte jusqu'aux yeux. Une vie idéale de petite mère au foyer s'ouvrait à elle, félicitations ! Que c'était émouvant... Cynique moi ? Pensez-vous...
Elle m'assura que son enfant serait source d'inspiration et ne l'empêcherait pas de vivre. Un sourire amusé se dessina de nouveau sur mes lèvres, alors que je l'observais, l'écoutais, attentivement.
- Je ne sais pas si l'inspiration est compatible avec la fatigue, mais si vous le croyez, tant mieux.
On en reparlerait quand elle dormirait 3h par nuit, devrait jongler entre les cours, ses passions et le bébé à changer, nourrir, dorloter. Un bébé qui pleure, ça fatigue les nerfs de n'importe qui, surtout une mère trop jeune et épuisée. Combien de mères rêvaient d'étrangler leur cher bambin qui hurle sans s'arrêter, sans que rien ne le calme ? Réaction normale mais qui les faisait culpabiliser immanquablement.
- C'est beau l'optimisme.
Parce que là, il ne s'agissait que de cela. Attention à la désillusion pourtant, parce que le choc entre la vie rêvée et la réalité pouvait être difficile et le réveil brutal. D'ailleurs, sa situation à l'école devait déjà être difficile et je m'enquis de comment cela se passait. Être une adolescente enceinte dans cette société, ce n'était pas évident. Ce qui m'amusait, c'était de constater que malgré les moyens mis à dispositions à cette époque, il y avait encore des jeunes filles immatures pour tomber enceintes...
Je hochai la tête quand elle répliqua que ça allait, puisqu'elle était sûre de son choix, malgré le jugement de ses camarades et leurs critiques. Façon sereine de prendre une situation problématique. Elle me demanda alors ce que j'étais. Ah voilà, nous y étions, voilà ce qui la dérangeait. Je la dévisageai de mes yeux aussi noirs que les ténèbres les plus impénétrables, un sourire mystérieux aux lèvres.
- Alors voilà le problème ? Parce que votre façon de me parler aujourd'hui est bien différente de la dernière fois... Je ne quémande pas un autre baiser, mais autant de méfiance serait presque vexante après que vous vous soyez servi de moi pour arriver à vos fins.
Je parlais de façon aimable et affable, malgré le reproche, qui n'en était pas vraiment un venant de moi, au demeurant. Même si me prendre un coup de poing par son petit ami, qui ne l'était d'ailleurs pas encore, et ne pas pouvoir le démolir comme j'en avais le pouvoir, était assez frustrant.
- Mais peut-être ai-je contribué, à la situation d'aujourd'hui en débloquant la situation ?
Vénéneux... Trop aimable pour être innocent, je susurrais d'une voix envoûtante. Oui, ma jolie, peut-être as-tu couché avec ton professeur et est-il le père de ton enfant. Intéressant.
- Je pensais que vous étiez sur la défensive parce que je vous rappelais de quoi vous étiez capable pour arriver à vos fins. Je suis soulagé de constater qu'il n'en est rien.
Je marquai une pause, avant de répondre simplement :
- Je ne suis pas un étudiant, je ne suis pas trentenaire, mais vous avez quand même la réponse, félicitations. Soit dit en passant, je ne vous ai jamais dit être un étudiant, vous avez tiré vos conclusions toute seule. Alors rassurée ? Que craignez-vous ? Que je sois un dangereux prédateur qui n'attend qu'une occasion de vous enlever ?
J'émis un petit rire amusé à cette hypothèse. J'étais beaucoup, beaucoup plus dangereux, mais elle ne craignait rien de moi pour autant. Nos routes se croisaient par hasard et se sépareraient de nouveau.
- Et je peux avoir des enfants, juste que je n'ai pas trouvé celle qui les porterait... Une décision qui ne se prend pas à la légère.
Et de toutes façons, être père, moi ? Quelle blague... Quand bien même Azraëlle serait-elle la femme de ma vie et déjà là, ça coinçait, nous n'avions aucun avenir ensemble, tout nous séparait. Et je n'avais aucun désir de paternité... | |
| | | Blake Earl
Age : 32 Messages : 502 Date d'inscription : 07/02/2011
| Sujet: Re: Tiens, tiens (Blake) Mer 25 Avr - 13:56 | |
| Il m'énervait. Ses petites phrases cyniques qui faisaient semblant d'approuver ce que je disais mais étaient en vérité chargées d'ironie m'énervaient. De quel droit me jugeait-il ? De quel droit pouvait-il présumer de ce que serait ma vie alors qu'il ne me connaissait pas ? Je ne savais ce que j'avais pensé de lui la dernière fois. Il m'avait intriguée, un peu effrayée par ses propos par trop étranges et que je pressentais véridiques. Aujourd'hui, rien de tout ça ne se produisait. Il m'agaçait au plus haut point, c'était tout, et j'avais l'impression de le détester, sans même réellement comprendre pourquoi. Les jugements ne m'atteignent pas, venais-je de lui affirmer ? Alors pourquoi le sien me mettait-il autant en colère ?
Je m'étouffai presque alors qu'il m'accusait de m'être servie de lui, m'assénant que je n'avais pas le droit de me méfier à cause de cela. Mais comment osait-il ?
- Je n'avais pas l'intention de me servir de vous, déjà d'une. C'était pas prémédité, mais bon, OK, je l'ai fait, passons sur ça. En quoi ça m'interdirait de me méfier de vous ? Alors que vous êtes capable de changer aussi facilement d'apparence et que vous vous souvenez de moi alors qu'on ne s'est croisés qu'une seule fois il y a huit mois ? Moi, je ne vous aurais pas reconnu si vous ne m'aviez pas abordée. Excusez-moi de me poser des questions dans une telle situation !
Je n'aurais peut-être pas dû lui balancer comme ça que je me méfiais de lui et que je n'écartais pas la possibilité qu'il soit un stalker m'espionnant depuis notre première rencontre dans l'attente du moment où il pourrait m'acculer dans une ruelle pour me violer tranquillement. Parce que si c'était bien le cas, le fait de savoir que je savais risquait de lui faire perdre sa prudence et d'achever sa besogne au plus vite... Brrr. J'aurais bien voulu que Liam soit là pour lui coller de nouveau une droite, tiens. Je ne répondis pas à son sous-entendu, restant de marbre. Hors de question que je révèle à un parfait inconnu le secret de Liam, même si ledit inconnu s'en fichait certainement comme de sa première chaussette. En revanche, sa phrase suivante me fit réagir.
- Je n'ai pas... Je ne vois pas pourquoi je me défierais de vous pour ça. Je suis encore capable d'assumer mes actes.
Ouh, la menteuse. J'étais une lâche, je le savais très bien, mais ça il n'était pas censé le savoir, et de fait, ce n'était nullement pour ça que je me méfiais.
- Oui, c'est exactement ce que je crois à vrai dire. Je ne sais même pas pourquoi je suis encore en train de discuter avec vous. Et puis ne jouez pas sur les mots, je ne voulais pas prétendre que vous étiez étudiant, je parle simplement de votre apparence qui se modifie comme par magie. Et puis merde.
Je me levai brusquement, un peu trop d'ailleurs, et chancelai légèrement en tenant mon ventre. Sortant mon téléphone, je composai le numéro de Liam. Il était hors de question que je reste une seconde de plus avec lui. | |
| | | Iago Kingsley Ni Dieu, ni Maître
Age : 40 Messages : 288 Date d'inscription : 19/12/2010
| Sujet: Re: Tiens, tiens (Blake) Jeu 26 Avr - 18:59 | |
| Cette petite m'amusait à sortir les griffes comme un chaton qui se prenait pour un tigre. Si elle savait à qui elle avait à faire... Jouer les saintes, alors qu'elle était loin de l'être, c'était risible et il me semblait que de pointer ses défauts et ses failles ne faisaient qu'accroître son agressivité à mon endroit. La demoiselle ne devait pas aimer être confrontée à ses erreurs et ses propres contradictions. Dommage. Aussi me contentais-je de rire quand elle m'accusa de changer d'apparence trop facilement et de me souvenir d'elle quand elle, ne conservait aucun souvenir de moi et serait passée à côté de moi sans même m'accorder un retard si je n'avais fait le premier pas. Charmante... Et pourtant, j'avais une explication toute bête et pourtant si naturelle :
- Oh, excusez-moi de me souvenir de la jeune fille qui m'a embrassée sans raison et du fait que son copain m'ait frappé sans prévenir... C'est vrai, ça m'arrive tout le temps ce genre de choses, je ne vois pas pourquoi je me souviens de cette fois là particulièrement.
Je lui lançai un regard mi moqueur, mi rieur. Et oui, quand on se prenait une pêche sans raison et qu'on se retrouvait au beau milieu d'une dispute due à la jalousie, il y avait de quoi conserver quelques souvenirs.
- Mais je note, que vous, cela ne vous marque pas... Qu'un pauvre type qui n'a rien demandé se fasse tabasser simplement pour satisfaire vos besoins de rendre jaloux un homme qui vous ignorait ne vous dérange pas est stupéfiant.
Alors ma grande ? Es-tu toujours cette pauvre petite colombe perdue aux prises avec le grand méchant loup ? Mademoiselle s'était servie de moi pour arriver à ses fins et elle n'avait même pas le cran de s'en sentir désolée. Des excuses auraient été bienvenues pourtant. Elle me répliqua pourtant qu'elle était capable d'assumer ses actes et un léger sourire flotta sur mes lèvres. Je ne répondis rien, il n'en était nul besoin. Ce que j'avais à lui faire comprendre était passé dans son petit cerveau.
- Ce n'est pas de la magie. Un petit détour chez le coiffeur, quelques achats dans une boutique de fringues, perdre mon rasoir et le tour est joué. J'avais besoin de changement, cela ne vous est-il donc jamais arrivé ?
Mais déjà elle se levait et faisait un numéro de téléphone, sous mon regard amusé et carrément narquois.
- Inutile d'alerter qui que ce soit, je m'en vais. Je ne suis pas amateur de viol sur les gamines enceintes. Quoique, si c'est votre copain de l'autre fois, je serais tenté de rester... j'ai une revanche à prendre et croyez-moi, cette fois, ce n'est pas moi qui finirai à terre.
J'arborais un sourire aimable, avant de m'incliner pour la saluer :
- Je vous souhaite une longue vie heureuse, avec plein d'enfants à chérir avec votre compagnon.
Ouvertement moqueur, je la laissais là, plantée avec son téléphone, dans l'idée, dérisoire, d'appeler de l'aide pour ne plus rester avec le dangereux prédateur que je pouvais être. Quelle naïveté adorable.
[RP TERMINE] | |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Tiens, tiens (Blake) | |
| |
| | | | Tiens, tiens (Blake) | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |