The tornado is back [PV Liam]

Juste la retrouver après avoir subit son manque atroce. Vulnérabilité peinte en toile de fond dans le creux de mes iris alors que je les posais sur elle. Magnifique dans cette nudité qui se dévoilait au fur et a mesure de mes gestes, de mes désirs d'elle. je vénérais le léger renflement de son ventre alors qu'une vie s'éveillait dans sa chair. Si intouchable pour moi, si irréelle alors que pour elle, ce bébé avait déjà une réalité tangible. Je la parcourais doucement, avec un respect nouveau pour son statut de femme pleine et entière lorsqu'elle porte la vie.

Agaçant son désir tout en m'émerveillant de ses réactions, toujours si entières, si vraies. Elle se donnait toujours totalement, jamais de demi mesure, m'offrant ce que je voulais d'elle avec générosité, grandeur. Je me forçais a la douceur alors que je ne rêvais que de passion tant le manque ce faisait sentir en cette minute où, délicate et parfaite, elle se tenait dans sa glorieuse nudité, offerte a mes regards gourmands et, surpris quelque part, car je l'étais toujours un peu. Comme si tout ceci n'était qu'une chimère, qu'un rêve et que le réveil se révélerait froid, sombre et solitaire. Mais non, elle était présente, m'envoutant de son parfum, m'ensorcelant de ses gémissements délicats, chavirant sous mes paumes, mes lèvres qui n'avaient de cesse de la reconquérir, comme une terre encore vierge mais magnifique.

Son murmure amena un léger sourire sur mes lèvres, mélange de tendresse, d'amour et de virulence tant mon désir se pressait, furieusement bridé. Lentement, j'écartais ces cuisses, m'y glissant avec douceur avant de l'envahir, frissonnant violemment alors qu'elle se refermait autour de moi, me faisant oublier tout ce qui n'était pas nous, pas elle, me perdant dans les reflets émeraudes de ses iris scintillantes.

C'était un plaisir pur que de le voir à nouveau, et de le voir amoureux, juste amoureux. Attentif à moi, à mes désirs, prenant soin d'éveiller mon corps, vénérant mes formes nouvelles. J'avais craint, en voyant lentement mais sûrement mon corps se transformer en Irlande, qu'il n'en soit pas satisfait. Il s'épanouissait, mais pour lui le changement serait brusque. Il m'avait vue partir plate, fine, svelte, et je revenais avec une poitrine et des hanches pleines, ainsi qu'un ventre qui ne pouvait passer inaperçu lorsque j'étais nue. Mais il était encore plus attentionné que d'habitude, esquissant ses gestes avec attention et délicatesse. Je ne l'en aimais que davantage.

Délicatesse et passion, il n'y avait que lui pour savoir allier les deux ainsi. Et je me laissai aller dans ses bras, délicieusement à ma place, et bien plus qu'en Irlande. L'Irlande était un aparté magique que j'avais découvert avec émerveillement, mais je n'avais pas ressenti cette perfection, cette sensation d'être réellement chez moi. J'avais visité un nouveau monde, je ne m'y étais pas intégré, même si je l'avais adoré. Chez moi, ce n'était pas l'Irlande, ce n'était même pas Londres... C'était n'importe où, dans les bras de Liam.

Ce fut une soirée électrisante, douce et passionnée, et les deux jours qui suivirent furent dans la même veine. Je n'aimais pas seulement coucher avec lui, j'adorais vivre simplement ces gestes quotidiens dans son appartement, juste s'endormir dans les bras l'un de l'autre, manger ensemble ou même des choses désagréables comme faire la vaisselle ou le ménage. Quand cela se passait avec lui, tout me paraissait merveilleux. Simplement une vie à deux.

Le troisième jour, nous avions rendez-vous chez le gynécologue. Je craignais terriblement les remarques qu'il pourrait faire, soit sur mon âge, soit sur la différence entre le sien et le mien. Cependant, lorsque nous quittâmes la salle d'attente pour le rejoindre, s'il eut une expression surprise l'espace d'une seconde lorsqu'il me vit, cela ne dura guère qu'un instant.

Je serrais la main de Liam à l'en broyer. Je me mettais toujours la tête dans le sable quand il ne fallait pas, mais en vérité j'avais peur, terriblement peur d'apprendre qu'il y avait un souci. Je n'y avais pas pensé avant que Liam ne m'en parle, et maintenant que j'étais confrontée à la réalité, je ne voyais plus que cette possibilité. Et si mon bébé avait un souci ? Et s'il était trop petit pour survivre ? Ou qu'il avait une malformation impossible ? Ou une maladie extraterrestre qui le tuerait à la naissance ? Le pire, je crois, serait que ce soient mes vagabondages en Irlande qui l'aient blessé. Cela, je ne pourrais jamais le supporter. En même temps, quel qu'en soit la raison, pourrais-je supporter qu'il arrive quoi que ce soit à mon bébé ?

Ma main me faisait sans doute un peu mal. Évidemment, même si Blake avait une force de mouche, là, elle me serrait les doigts comme si sa vie en dépendait. Du pouce, je caressais doucement sa peau, en un geste apaisant, du moins, je l’espérais. Il n’était pas évident pour moi de me trouver là, beaucoup nous regardait en coin, sans doute conscient de la différence d’âge qu’il y avait entre moi et la jeune fille assise a mes côtés, pourtant, je ne les regardais pas, je m’en fichais. Ce soir, elle devrait rentrer chez elle, et je savais le vide que deviendrait mon appartement après ces deux jours passés avec elle. Je crois que nous n’étions pas sortit, enfin si, pour le strict minimum, parce que madame avait des envies. Envies que je soupçonnais fausse mais auquelle je me pliais de bonne grace. Elle adorait ça. Je ressentais sans cesse le besoin de la toucher, de la couver, même en lui faisant l’amour, je craignais de lui faire mal, à elle ou au bébé. On avait réussit a avoir un rendez vous assez rapidement, deux fois plus que la normale puisque Blake était incapable de se souvenir de ses dernières règles et que donc…Bref, l’amour de ma vie n’avait aucune mémoire, depuis le temps, j’aurais sans doute du le comprendre.

Le medecin me tendit la main et je la serrai tranquillement, faisant fi de son jugement si jamais il en eu un. Je ne sentais que l’angoisse de Blake qui ne cessait de me martyrisé la main, espérait elle me briser les os ? Le medecin nous invita a le suivre dans son bureau et nous pria de nous installer dans de confortables fauteuil.

-Bien, nous allons déjà remplir votre dossier puis nous passerons a l’échographie.

Commença-t-il avec un sourire rassurant a l’encontre de Blake tout en sortant une mince chemise de carton et de l’ouvrir.

-Donc le B A BA, nom, prénom âge…Et, si possible la date de vos dernières règles.

Je ne dis rien, me contentant de passer une main tranquille dans le dos de Blake qui angoissait. Surement que le medecin allait tiqué et pourtant, même si il me regarda étrangement durant quelques secondes en remplissant son formulaire, il ne se permit aucune reflexion. De toute manière, selon la date de naissance, il avait pu calculer que Blake serait bientôt majeur. Il referma le dossier avec un sourire satisfait avant de se lever pour rejoindre une salle adjacente.

-Si vous voulez bien me suivre…C’est votre premier enfant c’est ça ?

Je ne pus empêcher un léger sourire de venir jouer sur mes lèvres, un sourire un peu moqueur et ironique, non, non, c’était son troisième et elle paniquait toujours autant…Il était évident que Blake n’avait jamais eu d’enfant…Il la fit s’allonger sur une table, puis, avec des gestes calmes, il souleva son pull. Moi, je me positionnais a coté d’elle avant de me baisser pour lui embrasser le front.

« Cesse de t’inquiéter, il n’y a pas de raison. »

Lui murmurais je doucement avant d’effleurer ses lèvres sous le regard du médecin, m’affichant ouvertement et sans honte comme son amant et le père du bébé. Le médecin appliqua alors un gel sans doute un peu frais sur le ventre a peine rond de Blake avant d’allumer l’échographe et de commencer ainsi son auscultation. Face a nous, ou plutôt face a la table sur laquelle était allongée Blake, un écran plat nous renvoyait l’image…Et soudain, ma gorge se serra violemment. La pièce s’emplit d’un battement rapide mais terriblement régulier…Voilà, c’était là notre miracle a nous.

Je me mordis la lèvre un peu trop fort, me faisant mal, alors qu'il me demandait toutes ces informations. Je donnai mon âge, un peu tremblante craignant ce jugement pouvant tomber à tout instant, j'avouai à demi-mot être incapable de me souvenir de la date de mes règles, même si je savais qu'elles étaient tombées en mai au plus tard, évitant le regard du médecin, ayant très nettement l'impression de passer pour une ado inconsciente qui ne saurait jamais gérer son enfant. Pourtant, son sourire était rassurant et encourageant, mais moi toujours si sûre de moi, je ne parvenais qu'à lui en renvoyer une pâle copie.

Néanmoins, la tension qui régnait dans la pièce n'émanait que de moi. Liam était un soutien parfait, me communiquant sa force tranquille, et à aucun instant le gynécologue ne se permit la moindre remarque ou question déplacée, malgré les regards étonnés qu'il ne put dissimuler. Étonnés mais pas réprobateurs. C'était tout ce que je demandais. Je n'aurais pas supporté que l'on m'encourage à avorter, je n'aurais pas supporté que l'on dédaigne ou rejette notre couple. C'était ainsi et toutes les décisions qu'il y avait à prendre, c'était à nous de les prendre. Pas aux autres, jamais aux autres. Si nous étions heureux ensemble, si j'étais heureuse enceinte et prête à assumer ce bébé, qui étaient-ils pour nous juger ?

Je mis quelques secondes à répondre à sa question, un peu surprise devant sa rhétorique, mais je finis par répondre à voix basse :

- Oui... Oui, répétai-je d'une voix plus ferme.

Pas la peine d'avoir peur. Pas la peine d'avoir honte. J'en étais fière de cet enfant, je l'aimais déjà plus que tout, pourquoi donc l'adolescente hyperactive que j'étais se retrouvait soudain dans ses petits souliers ?

J'adressai un sourire pâle à Liam lorsqu'il ouvrit la bouche pour me rassurer, fermant fugitivement les yeux à son doux baiser sur mon front, sentant mes lèvres s'animer au contact des siennes. Eh bien comme cela, si le médecin hésitait encore à savoir s'il s'agissait de mon frère ou du père, il avait sa réponse. Et puis d'un seul coup, tous mes doutes s'envolèrent. Oui, c'était le père de mon enfant qui était là. Ce n'était pas un quelconque parent, venu pour combler l'absence d'un incapable. Nous avions conçu cet enfant à deux, et nous l'élèverions à deux. Jamais cette certitude ne m'avait frappée aussi fort qu'à cet instant.

Je sursautai lorsque le gel atterrit sur mon ventre et mes yeux accrochèrent avidement l'écran. Je crois que j'eus un instant de totale déconnexion où je ne sentis plus rien, n'entendis absolument plus rien, n'ayant plus conscience de ce qu'il y avait autour de moi, ni la pièce ni Liam et encore moins le gynécologue. Non, pendant trois secondes, la seule et unique chose que je fus capable de percevoir était cet écran, et avec dessus...

Mon enfant.

Mon enfant. Mon bébé à moi, si petit, si fragile. Il paraissait tellement minuscule... Je compris brusquement pourquoi Liam était tellement prudent et attentif à mon égard. Je m'étais moquée de lui, amusée et attendrie, mais soudainement je ne pouvais que l'approuver, voire trouver qu'il n'en avait pas fait assez. Tout prenait une dimension plus réelle maintenant. Et puis j'entendis son cœur battre. Le son emplit la pièce et je crus m'évanouir de bonheur.

- Tu as vu ? C'est nous qui l'avons fait... Elle n'est rien qu'à nous, cette petite merveille... chuchotai-je, sans me rendre compte que des larmes coulaient sur mes joues.

Et puis, après quelques instants de béatitude totale, toutes mes angoisses revinrent en bloc. Bon, son cœur battait régulièrement, c'était déjà ça, ce son me transcendait. Mais, toute blanche d'inquiétude, je demandai fiévreusement au médecin :

- Dites-moi qu'il n'a rien ! Il n'a rien, hein ? Pas de problème visible ? De malformation impossible ? De maladie bizarre ? Est-ce que mon bébé est en bonne santé ?

Le son de ce coeur qui battait emplissait la pièce. Naturellement, le silence se fit, juste déchiré par ce bruit rythmé, magnifique. Le bleu de mes iris se troubla intensément sous cette image terrible et pourtant magnifique, merveilleuse et je souris aux mots de Blake. Baissant les yeux sur ses larmes qui coulaient sur ses joues. Si j’étais ému, elle l’était bien plus, hypersensible comme elle l’était. Je passai ma main sur son front, tendre, caressant, terriblement amoureux.

« Bien sur qu’elle est magnifique… »

Soufflais je a mon tour, je pouvais être ce que j’étais. Fort, dur, cynique, mais je n’étais plus rien face a cette image, a cette musique. La faiblesse de l’homme resterait a jamais la femme. Les larmes de Blake, le cœur de cet enfant qui battait, avide de vivre, terriblement présent, terriblement vrai.

Une émotion phénoménale m’envahit soudainement, une vague puissante, un bonheur indescriptible, une impression presque terrifiante de toucher la perfection, de voir là, dans cet écran sans prétention la finalité de ma vie, le but sans cesse recherché…Juste une perfection. Si ce mot devait avoir un sens…il serait là. Juste elle, elle et notre enfant clamant sa vie. Que demander de plus ? Vraiment ?

Et puis tout s’effondra, Blake se mit a paniquer sous le regard paternel du médecin. Je posai une main sur le ventre de Blake. Une main si large.

-Pour le moment, il n’y a rien d’alarmant. Sa taille et son poids sont normaux, le développement est normal.

Je soupirai discrètement de soulagement, posant un regard fiévreux sur Blake. Cette simple phrase suffirait elle ? Je n’en savais rien a vrai dire.

- Vous en êtes absolument certain ? demandai-je d'une voix angoissée.

Si ça se trouve, il me disait ça pour éviter que je panique. Il avait peut-être senti que j'étais hyperactive, il voulait limiter les dégâts devant Liam ? Il me racontait que tout allait bien et quand je serais sortie, il prendrait Liam à part pour lui expliquer tous les problèmes qu'avait mon bébé. Notre bébé. Et Liam, il me le dirait ou pas ? Pas sûr. Peut-être qu'il me le cacherait, parce qu'il voulait que je me ménage, il m'épargnait tout stress pour éviter de contaminer le bébé. Mais en même temps, il m'encourageait depuis le début à cesser de mettre la tête dans le sable, et puis si le bébé était déjà malade, je pouvais stresser, ça ne changerait rien, non ? Oui, il me le dirait s'il y avait un problème. Je crois.

- Je puis vous assurer, mademoiselle, qu'il n'y a strictement aucun problème. En revanche, si vous restez dans cet état de stress, ce ne sera pas bon pour le bébé. Alors posez-vous, respirez, profitez. Actuellement, vous n'avez rien de plus à faire.

- Vous en êtes absolument sûr ? répétai-je, sans me rendre compte que je jouais les perroquets.

- Certain, répondit-il avec un air amusé sur le visage. Il n'y a aucune inquiétude à avoir, mademoiselle, détendez-vous et profitez de votre grossesse. Si vous voulez bien me suivre ?

Je me mordillai la lèvre, pas tellement convaincue, et jetai un coup d'œil à Liam. Son expression rassurante me réconforta un peu. Non, Liam ne pouvait pas me mentir, par sur ça. Nous rejoignîmes le gynécologue dans son bureau, et nous nous assîmes de nouveau face à lui. Nous prîmes le rendez-vous suivant et la visite s'acheva sur une grande enveloppe brune tendue par le gynécologue. Je la pris, un peu tremblante, à l'idée de penser qu'à l'intérieur, il y avait les premières photos de mon bébé. Notre bébé. Je m'efforçais de penser systématiquement au pluriel, même si j'avais encore un peu de mal.

Enfin, nous sortîmes du cabinet, et nous nous retrouvâmes dans la voiture de Liam. Ce fut seulement à ce moment-là que la tension qui m'animait retomba, et que je me rendis compte à quel point j'avais eu peur. J'expirai un grand coup et me tournai vers Liam :

- Tu vois, je te l'avais dit que tout irait bien !

Plus que six minuscules mois à avoir peur pour la vie de notre enfant.

Je n'insistais pas vraiment, laissant Blake extérioriser son angoisse. Je savais que c'était normal, mais chez elle, c'était porté a un degrès terriblement haut. J'échangeais un regard entre amusement et tolérance avec le medecin. le pauvre, il devait en voir de toute les couleurs de toute manière. Paternaliste, il lui répondit sans chercher a tourner autour du pot et je savais que si il y avait eu un problème, il l'aurait dit ne serait ce que pour prévenir la future mère.

Je retins un rire alors qu'il l'enjoignait de moins stresser. Mission impossible mon cher Watson. Blake qui ne stressait pas, ce n'était pas Blake tout simplement. Mais il ne servait a rien de la raisonner pour le moment. Elle verrait par elle même que tout allait bien, lorsque le temps lui donnerait les réponses a ses questions. Il était vrai que je lui avait demandé d'envisager ce cas de figure, tout en priant pour que cela n'arrive pas. A vrait dire, je ne savais pas comment elle aurait réagit si jamais, l'enfant aurait eu un problème quelconque. Sans doute très mal, moi aussi d'ailleurs, mais j'avais toujours plus de retenue que Blake. Plus de pudeur dans mes sentiments qu'elle.

Finalement, je serrais la main du medecin alors qu'il nous raccompagnait. Si il avait un avis sur notre différence d'âge ou même sur l'étrangeté de notre couple, il n'en souffla pas mot, ne fit pas même d'allusion quelconque. On lui demandait de prendre soin de notre bébé, pas de nous juger de toute manière. Je plissai les yeux en sortant de l'hôpital, agressé par le soleil avant de guider Blake jusqu'a ma voiture. Secrètement soulagé, moi aussi, que tout se présente pour le mieux. Je ne sais pas comment j'aurais géré une quelconque malformation ou autre, mais certainement mieux que Blake.

une fois installés, elle me sortit une telle idiotie que je ne pus m'empêcher d'exploser de rire dans l'habitacle, secouant légèrement la tête avant de mettre le contact.

"Oui, tu l'avais dit."

finis je par dire, retenant encore un ou deux éclats de rire, c'était en cela qu'elle faisait encore très jeune. Ce genre de reflection. Mais ce n'était pas pour me déplaire, j'étais d'une patience terrible avec elle, alors que j'avais été un monstre de froideur durant des années, avant.

"Te voilà rassurée au moins."

repris je en lui glissant un regard de coté, un demi sourire aux lèvres avant de nous conduire jusque chez moi. J'aurais aimé que cela devienne un chez nous, me surpris je a songer, mais je savais que ce serait difficile...Trop...Je lançais mes clefs sur le bar en entrant, m'étirant avant d'ouvrir de nouveau la bouche.

"Je t'aurais épousée depuis trois mois si ta mère n'était pas aussi obtuse."

déclarais je tout a trac, un sourire malicieux sur le visage. Parce que je savais que sa mère ne serait pas d'accord, qu'il allait falloir que je me batte bec et ongle avec elle pour ne serait ce qu'avoir le droit de prendre soin de mon propre enfant...Alors que j'épouse sa fille...J'imaginais déjà la crise d'apoplexie.

- Ne te moque pas de moi comme ça ! accusai-je vertement en lui frappant la cuisse avec une force de moineau.

Je n'avais rien dit de drôle ! Je lui avais dit et répété avec force qu'il n'y aurait aucun problème, parce qu'il ne pouvait y en avoir, parce que la nature, Dieu, ou je ne sais qui régnant sur nos vies n'aurait pu me faire ça à moi, qui aimais déjà tellement mon enfant, c'était tout, et c'était pas parce que j'avais cédé un instant dans le cabinet, me mettant brusquement à craindre le pire, qu'il était obligé de rigoler ! Ce n'était rien que sa faute. C'était lui qui m'avait collé ce foutu doute en doute. Mais j'avais eu raison, et il avait eu tort, point. Pour une fois ! Et il arrivait quand même à se moquer de moi ! La sale bête.

- Oui, bougonnai-je, encore un peu grognon. Mais pas grâce à toi.

Je m'appuyai outrageusement sur lui alors que nous montions jusqu'à son appartement. Force m'était de reconnaître que j'aimais jouer les fleurs de serre, surtout alors qu'il était ainsi aux petits soins pour moi. Kieran avait eu raison, cent fois raison, et je m'en délectais. Je ris à sa remarque en m'affalant d'une manière des plus élégantes sur le canapé.

- Vraiment très drôle ! Comme si on allait se marier, que ma mère soit d'accord ou pas... Je ne suis même pas majeure !

Je n'ai pas pris conscience tout de suite de la gêne qu'il y avait dans la pièce. Mon rire s'éteignit dans un silence absolu, lourd de signification, et je réalisai brutalement que le problème venait qu'il n'avait pas surenchéri sur la plaisanterie. Je me retournai, massacrant le canapé de mes genoux, alors que mes jointures blanchissaient tandis que j'en serrais le dossier avec mes doigts. Je devais être blanche comme un linge, là.

- Tu plaisantais, hein ?

Son sourire était rieur, la lueur dans ses yeux ne l'était pas du tout. Oh, bon sang. La tête me tourna tout à coup et je vacillai, peinant à garder mon équilibre sur mes genoux.

- Oh mon Dieu.... Je vais... Je crois... balbutiai-je sans trop savoir ce que je voulais dire.

M'évanouir. C'est ça. Je crois que je vais m'évanouir. C'était pas une blague. Il me disait vraiment qu'il voulait m'épouser. Eh ben nan, trop gros à concevoir comme envie, ça. La Blake, elle se déconnecte.

Blake ou la mauvaise foi. J'avouais que parfois, cela pouvait me porter sur les nerfs mais fort heureusement, j'étais beaucoup plus maitre de moi qu'elle ne le serait jamais d'elle même. Là était sans doute la différence de l'âge, j'en avais certes conscience mais j'avais depuis longtemps accepté le fait de ne pouvoir vivre sans elle. Elle était instable, trop jeune, a fleur de peau et irrationnelle mais, étrangement, c'était ce dont j'avais besoin.

Je claquai la porte de mon appartement avant de lancer blouson et clé. Je crois que sa réaction m'amusa sur le coup. Elle n'avait jamais envisagé que je veuille l'épouser, qu'elle porte mon nom, que notre enfant le porte, qu'il ai un père et une mère unis. Je savais que ce n'était pas une garantie, la preuve, j'étais né d'un couple marié et cela ne m'avait pas empêcher de faire mille et une connerie. Mais honnêtement, avec mon expérience, le monde fantaisiste qu'était capable de créer Blake...Je n'imaginais pas une seconde que cet enfant ne soit pas équilibré d'une certaine manière.

Agenouillée sur le canapé, elle me regarda soudainement plus hésitante. Je n'étais pas vexé qu'elle l'ai pris a la rigolade mais quand elle me demanda si je plaisantais, je lui souris largement.

"Non."

Pas vraiment, je savais qu'elle n'était pas majeure, mais ce n'était pas cela qui m'avait empêché jusque là de la demander en mariage, c'était juste sa mère, trop possessive, trop présence, trop jalouse. Elle n'arrivait pas a voir en moi un gendre potable, non, elle ne voyait que nos 12 ans d'écart, me taxant de perversion alors que je ne faisais que aimer sa fille. Totalement. Comme elle était, avec ces contradictions, ces hésitations....

Seulement je perdis toute couleur alors que Blake semblait se sentir mal, me prévenant sans que je comprenne tout de suite pourquoi.

"Blake ?"

Sauf que je vis ses yeux se révulser et elle tomber en arrière, direct sur le sol. Je fus assez rapide pour lui éviter une chute, la cueillant entre mes bras avant même qu'elle ne touche le sol. J'avais lu quelque part qu'une femme enceinte était plus, beaucoup plus émotive qu'une femme normale, mais dans le cas de Blake, c'était au delà de la normalité.

Je soupirai, posant mon regard sur son visage, caressant sa joue. Ne paniquons pas !

"Blake ?"

Murmurais je avant d ela soulever dans mes bras et de l'emmener a l'étage, de la coucher dans notre lit, m'asseyant a coté d'elle, lui caressant doucement les cheveux, me retenant de sauter sur le téléphone pour appeler les urgences. C'était normal, ne cessais je de me répéter, les femmes enceintes étaient toujours plus émotives, toujours plus sujette a la pamoison...Il ne me restait plus qu'a attendre qu'elle ne se réveille.

Liam m'avait toujours énormément surprise. Pas depuis qu'on était ensemble mais depuis qu'on se connaissait, depuis qu'il était mon professeur. Pas forcément dans le bon sens du terme d'ailleurs. Il m'avait surprise quand j'avais vu le professeur froid et insensible s'emballer pour une scène de théâtre, nous encourageant et nous poussant toujours plus loin. Il m'avait surprise dans notre répétition privée, quand il m'avait poussée à bout, qu'il m'avait carrément enfermée dans ses bras pour me pousser à faire apparaître Juliette dans ma voix, et pas dans mes gestes. Il m'avait surprise quand il m'avait retiré le rôle, sans aucune raison, tout du moins aucune raison valable, il m'avait surprise quand il avait supporté sans mot dire toutes les brimades que je lui infligeais, se contentant de me coller, refusant de s'énerver quoi que je fasse.

Et puis il m'avait surprise quand il s'était laissé emporter par ce rôle de Roméo, que ses lèvres avaient effleuré les miennes. Quand, poussé par la colère, il avait décidé de me forcer à l'embrasser, pour que... qu'avaient été ses paroles déjà ? « Quitte à être giflé, autant que ce soit pour quelque chose. » Ça faisait tellement longtemps maintenant, une éternité avais-je l'impression. Il m'avait surprise dans ce bar, même si c'était ce que j'avais voulu, je ne pensais pas qu'il réagirait si vivement, il m'avait surprise en m'embarquant chez lui, et même en venant me voir alors que je cauchemardais.

Puis toutes ces révélations, quand nous nous étions mis ensemble... La liste était encore tellement longue. A chaque instant, chaque minute, il réagissait à l'inverse de ce à quoi je m'attendais, ou me disait quelque chose de totalement inattendu, prenait mal ce qui n'était qu'une simple remarque ou prenait bien des choses pour lesquelles j'avais l'impression qu'il me laisserait tomber dans la minute. Je l'aimais. Je le connaissais... enfin, je le connaissais en surface. Mais son caractère, je n'avais jamais réussi à l'analyser. Et parmi ces dizaines de fois où il m'avait surprise, choquée, perturbée, aujourd'hui, il avait décroché le cocotier.

Une demande en mariage. Une vraie demande en mariage. Rien que ça.

Je ne sais pas du tout combien de temps je suis restée évanouie, quelques minutes tout au plus, sans doute. Je ne compris pas où nous étions lorsque je me réveillai. Je battis des paupières et discernai quelque chose de blanc. Oh... Comme une robe de mariée. Ou un gâteau de mariage. Ou ces nappes en papier utilisées pour les repas de fête. Ou un plafond, tout simplement, mais je ne m'étais pas évanouie parce que Liam m'avait proposé de repeindre l'appartement, aussi n'y pensai-je pas le moins du monde.

- On est au mariage ? demandai-je, un sourire bêtifiant sur les lèvres.

Et j'avais mon fiancé en face de moi, me regardant avec cette lueur tellement inquiète dans les yeux. Ben non, faut pas, c'est beau, un mariage.

- C'est à mon tour de dire oui ?

C'était un moment à ne pas manquer, quand même. En plus, après, je pourrais l'embrasser, c'était la tradition. Si c'était pas génial, ça.

"Non, mon coeur, il faudrait déjà que tu accepte vois tu...Quoique, j'ai déjà ma réponse."

Je souris doucement, repoussant des mèches éparses sur le front de Blake. Elle m'avait foutu une sacrée trouille, mais lorsque j'avais téléphoné aux urgences, ils m'avaient forcés a donner les symptômes...Puis, l'opératrice avait rit en répétant que je l'avais demandé en mariage. De manière très peu conventionnelle d'ailleurs. Ce n'était rien, juste un trop plein d'émotion. Mais tout de même...

Je l'avais portée a l'étage, allongée dans mon lit, couverte et attendu, me rongeant les sangs sans en avoir l'air, attendant patiemment qu'elle s'éveille et lorsqu'elle le faisait...Je n'avais pu réprimer un léger rire.

"Tu t'es évanouie."

Expliquais je, voyant bien qu'elle n'était pas tout a fait avec moi. Oubliant que non, nous n'étions pas sur le point de nous marier. Qu'elle était mineur, enceinte de son professeur et que je doutais fortement que sa mère approuve.

"Comment tu te sens ? Pas de nausées ? Pas de frissons ?"

Questions que l'on m'avait demandé de lui poser, attentif a sa réponse, comme je pouvais l'être lorsqu'elle était auprès de moi. Elle provoquait ma protection, bien plus qu'avant, c'était exacerbé, démentielle, mais je ne pouvais rien contre. Elle portait mon bébé, était la femme de ma vie. L'idée de la perdre elle, ou le bébé, me plongeait dans l'angoisse, moi d'ordinaire si calme...

"Mais bientôt, tu diras oui."

Pêchais je par arrogance ? Peut être, elle était totalement libre de refuser, je ne pourrais lui en vouloir. la situation était si compliquée. Elle mineur, moi trop vieux, sa mère qui ferait certainement des pieds et des mains pour empêcher cela...Mais je savais que je ferais ce que je pourrais, que je donnerais tout pour qu'elle soit ma femme, qu'elle porte mon nom et, lorsqu'elle aurait l'âge, qu'elle le porte fièrement.

- Accepter quoi ?

Je fronçais les sourcils. J'étais quelque peu perdue. Je devais accepter mais il avait déjà la réponse ? J'étais un tout petit peu perdue, à vrai dire, et je lui sus gré de ses explications. Évanouie. Ceci expliquait cela. Je comprenais mieux pourquoi j'étais dans les vapes, à défaut cependant de comprendre ses paroles. Je savais pas vraiment ce qu'il me fallait accepter mais si c'était le mariage, j'avais rien contre après tout. Aussi demandai-je confirmation pour un sujet particulièrement débile. Est-e que c'était à mon tour de dire oui ? Je ne savais même pas à quoi je devais dire oui ! A sa demande, ou est-ce que j'étais déjà devant le prêtre ?

Non, non, si je m'étais évanouie, Liam n'en aurait pas profité pour m'emmener de force à l'église. Ce n'était pas son style. Quoique... Enfin si en fait, c'était carrément son style, mais pas contre mon gré. Et je ne lui avais pas encore répondu. Et... ah, le puzzle se remettait en place, alors que je me souvenais un peu plus précisément de ce qui s'était passé avant mon malaise et que je remettais les choses en ordre. Sa question totalement hors sujet me perturba. Enfin non, ce n'était pas vraiment hors sujet puisque ça concernait mon évanouissement, mais je n'y pensai pas du tout, encore tout au sujet mariage. Les évanouissements, j'y étais rodée, ce n'était pas ça qui allait me faire paniquer - même si je songeais rétrospectivement que j'avais dû lui faire une belle frousse.

- Mais non, ça va ! Je m'évanouis tout le temps, je n'y fais même plus attention. Quelle idée aussi de... tu... Oh mon Dieu.

Un mariage. Je n'en revenais toujours pas au fond. Mais on ne pouvait pas se marier ! Je n'étais même pas majeure ! Ma mère refuserait et il était toujours mon professeur. Et il y avait encore des dizaines de raisons qui faisaient que je ne pouvais pas le marier.

Et puis je portais son enfant et il me prouvait qu'il ne m'abandonnerait jamais et j'en avais rien à foutre de tous les obstacles qui voulaient se mettre entre nous, là vala.

- Oui.

Oh qu'il était beau, ce mot.

- Oui. Oui, oui, oui, oui, cent fois oui, je veux te dire oui. Je veux t'épouser, Liam. Je t'aime. Je t'aime comme tu n'as pas idée !

Et en riant comme une folle, je bondis du lit, me suspendant à son cou et l'embrassant sur tout le visage. Je me rendais soudain compte que j'étais folle de joie à la perspective de l'épouser. De me l'approprier. Il serait à moi et je n'aurais plus jamais aucune raison d'avoir peur.

Aujourd'hui était la plus belle journée de ma vie.