Remember [Pv Erika]

J'étais douée pour aguicher les gens et me soustraire à leurs désirs ensuite. Un petit jeu que j'avais apprit ces dernières années, pour me protéger du mal qu'on pouvait me faire. Avec Gabriel, cela risquait d'être plus difficile parce que je l'aimais réellement. Malgré tout. Néanmoins, je parvins à ne pas lui sauter dessus et déchirer son T-shirt, par un incroyable effort de volonté. Tranquillement, je m'écartai de lui, donnant l'impression de le faire avec naturel, alors que chaque fibre de mon corps souffrait. Je parlai de sa copine ange, l'air de rien, comme je lui aurais parlé de la pluie et du beau temps, comme si je ne l'avais pas désiré à en crever.

Il me répondit que sa copine était la directrice de l'école. Carrément. Elle le rappelait à l'ordre et lui, il n'en avait rien à faire, prenant un congé d'un mois sans prévenir, sous un prétexte bidon. Et en pensant en plus que cela ne dérangerait pas. Je n'en étais pas aussi certaine.

- "Et que dira-t-elle quand elle saura que c'est pour moi que tu le fais hum? Quelle excuse vas-tu trouver pour expliquer ça?"

A moins que l'excuse, il ne la serve à moi et la vérité sur ses intentions à elle... Cette pensée s'insinua insidieusement en moi, refusant de me quitter. Il ne dirait surement pas qu'il avait passé un pacte avec moi, de rester un mois à mon entière disponibilité, prêt à faire ce que je voulais. De un parce que c'était Gabriel et que ce n'était absolument pas son genre de se plier aux exigences de qui que ce soit. De deux parce que j'étais une démone et lui un ange. Il m'assura qu'elle n'aurait rien à redire sur sa décision et j'affichai une moue sceptique. Certes, elle n'avait aucun pouvoir sur lui, seul Dieu en avait. Mais connaissant les anges, se mettre à dos certains d'entre eux me semblait une très mauvaise idée. Cela dit, je ne le contredis pas.

Je ne pus empêcher un sourire d'ourler mes lèvres quand il reprit la parole, m'interrogeant sur mes intentions.

- "A quoi t'attendais-tu Gab?"

Ma main vola de nouveau vers son torse, que je caressais sensuellement, avec une envie certaine, relevant les yeux vers lui.

- "Tu pensais que je t'avais demandé de venir ici pour pouvoir te sauter dessus et assouvir mes plus bas instincts en ta compagnie?"

Oui, il était si certain de son charme, de son emprise sur moi, qu'il avait du penser que me retrouver seule avec lui allait me faire craquer et que tout ne serait plus que sexe et luxure ensuite.

- "J'ai un mois devant moi pour faire ce que je veux de ton corps. J'y au déjà gouté et j'ai fort envie de recommencer. Mais..."

Ma main se porta sur son cœur :

- "Je veux découvrir ce qu'il se cache là..."

Je remontai jusqu'à sa tête et tapotai sa tempe :

- "Et là."

Un mois rien qu'avec moi mon ange... Sauras-tu tout me dissimuler, me mentir, te préserver avec cette promiscuité? Si tu es fou de moi comme tu le prétends, cela ne te dérangera pas, n'est-ce pas?

- "Tu n'as jamais été amoureux Gabriel... Tu ne sais même pas ce que c'est que de partager quelque chose avec quelqu'un... son passé, son présent et son futur. Ses regrets et ses projets. Et surtout..."

Ma main se plaqua de nouveau sur son torse alors que je me rapprochai de lui et mordillai le lobe de son oreille en soufflant :

- "La confiance."

Et je n'avais absolument aucune confiance en lui. Pas après ce qu'il m'avait fait.

Ce que dirait Azra lorsqu'elle saura que je me plis en quatre pour une démone ? Oh, elle espéra sincèrement que j'échoue pour me voir m'écrouler comme une loque. De la à saborder ma mission ? Oui, tout à fait. C'était tellement son style que j'allais devoir être très, très prudent. Bien plus que je ne l'aurais eu à l'être sans elle. Et puis tu me demandas qu'elle excuse j'allais lui servir. Je devais la jouer fine sur ce point... Au point d'utiliser celui que j'étais vraiment.

— Que j'ai un nouveau jouet, tellement naturel pour moi qu'elle n'ira pas plus loin et ne fera que me trouver plus arrogant que je ne le suis déjà à ses yeux...

C'était risqué, très risqué, mais je ne pouvais pas lui mentir sur ce que j'allais vraiment dire. Oui, Azra la connaîtrais comme étant un jouet, un passe temps nocturne. La seul chose à faire, c'est de jouer sur ce que je lui dirais à elle. Qu'elle était tous sauf un objet. Et ça, avec mes habitude et mon passé, cela risqué d'être difficile à lui faire croire. Mais pas impossible. Rien ne l'était pour moi.

Et puis elle sourit à ma remarque. Je m'en doutais un peu. Elle me demanda à quoi je m'attendais. À rien ma belle, tu m'avais déjà cédé. Sa main se figea sur mon torse, une nouvelle fois. Le caressant d'envie avant de relevais les yeux. Elle reprit alors, me demandant si j'étais presque assez idiot pour croire qu'on était ici pour se retrouver dignement. Enchaînant alors sur le fais qu'elle avait mon corps pour le mois. Mais il y a un mais. Elle porta une main à mon coeur avant de dire qu'elle voulait découvrir ce qui se cacher là. Rien Erika, je n'ai pas de coeur, je n'en aurais jamais. C'est Dieu qui l'a pris il y a 2500 ans... Et puis elle remonta à ma tête, tapotant ma tempe et ajoutant qu'elle voulait aussi savoir ce qui s'y trouvait. C'est simple, un esprit de 2500 ans plongé dans la perversion et la manipulation.

Toujours silencieux, je ne m'imposais plus face à elle, lui laissant la joie de me dominer entièrement. Sauf que c'était faux bien évidement. Elle reprit alors, remarquant une chose bien vrai. En effet, je n'avais jamais été amoureux, je n'en voyais pas l'utilité et je n'en avais pas le besoin. La seul chose que je n'avais jamais partagé c'était mon corps, mais on sait tous pourquoi. Et puis, plaquant de nouveau sa mains sur mon torse. Elle s'approcha se moi, mordillant le lobe de mon oreille avant de souffler une chose bien vrai. Je n'avais confiance qu'en dieu, même en moi je n'étais pas sur à 100% de réussir. J'attendis quelques secondes, mais rien n'arriva, elle en avait donc fini avec moi.

Me relevant alors doucement, je la pris dans mes bras avant de la reposer sur le canapé. Me dirigeant vers une vielle boite en fer. Ancienne et abîmé, je la pris pour la déposer sur la table basse. Tirant alors la seconde chaîne que j'avais autour du cou, je sortis de sous mon t-shirt une vieille clé rouillé. La rentrant alors dans la boite millénaire. Je ne l'ouvris pas. Me redressant brutalement avant de porter une main à ma tempe:

— Ce qui ce cache là ...

Ouvrant la boite, je la tournais ensuite vers Erika, lui montrant le contenue. De vieux texte décrivant les crimes qui m'avait valu la mort, celui que j'étais avant d'être un ange... Des reliques Babyloniennes et bien d'autre.

— Un voleur qui fut crucifié et que dieu a sauvé, aucun ange ne m'a béni...

Et puis je me retourna, tirant une vieille boite en bois d'une centaine d'année. La déposant devant Erika et l'ouvrant devant elle. Il contenait un bracelet qui lui avait appartenu. Un bijou fin et en argent. Non, je ne l'aimais pas au point de garder une relique d'elle, mais un bon manipulateur ce devait d'avoir un plan B... Une relique d'une proie qui lui échappa. Posant alors une main sur mon coeur, je repris :

— Et pour ici, c'est deux ans de séparation...

Détournant le regard comme troublé, j'avalais difficilement ma salive, soufflant un bon coup, comme pour reprendre mon courage à deux mains. Passant une main sur mon visage, retrouvant mes esprits avant de la regarder.

— Il est vrai que je n'ai jamais aimé personne d'autre que moi, du moins jusqu'à ce que tu prennes mon coeur en otage. Je suis né à une époque bien différente de la tienne, ma ville était l'objet de toute les convoitises et je n'ai connu que les guerres... Je n'étais pas riche, je servais les gens, on m'a jamais appris à aimer, l'on ma juste appris à servir sagement un roi ou un prince.

Reprenant mon souffle une nouvelle fois, j'avais baissé les yeux.

— J'ai vécu 2500 ans dans la solitude pour qu'on ne puisse me prendre en otage. Pour ne plus servir, mais là, je préfère largement perdre ma liberté que tu ne me tournes le dos une nouvelle fois. J'ai beaucoup de défaut, mais je peux changer, je peux apprendre Erika...

Relevant alors les yeux, je m'accrochais à son regard :

— Pour en revenir à ta remarque, je pensais plus que tu allais me crier dessus que de parler de ma petite personne.

Je m'étais attendu à une réponse de ce genre. Je ne réagis pas de suite, avant de déclarer, très lentement :

- "Finalement, peut-être que ce ne sera pas une excuse..."

Je n'arrivais pas à faire le tri. A savoir que croire. A lui faire suffisamment confiance pour penser qu'il puisse changer pour moi, qu'il puisse mentir aux siens pour moi. C'était de la naïveté, pure et dire, et j'entendais déjà Freddie hurler que j'étais une idiote de pouvoir encore croire aux mensonges de Gabriel. J'aurais du partir d'ici. Claquer la porte et le laisser seul, retourner à ses occupations angéliques. Cela n'aurait-il pas été une belle victoire que de le repousser? Si, mais pas aussi éclatante que de lui faire faire ce que je voulais pour ensuite le snober. Ou le tuer. Mais quelque chose me disait qu'à trop prolonger nos contacts, j'allais me piéger toute seule.

Ce que je voulais de lui, ce n'était pas son corps. Pas simplement. C'était lui tout entier et c'était ce que j'étais en train de lui expliquer, en jouant pourtant de mes charmes, en l'asticotant, en faisant naitre le désir, mais en ne le laissant pas l'assouvir. Est-ce que cela le frustrait? Je n'en avais absolument aucune idée. Même quand il disait ne rien me cacher, ses réactions m'échappaient. Celles qu'il ne voulait pas que je connaisse du moins. Il avait 2500 ans. Il avait eu le temps de devenir un excellent comédien.

Le silence retomba sur mon murmure. Il se leva alors, me prenant dans ses bras, avant de me remettre sur le canapé. Respire Erika. Respire. Reste concentrée. Je le regardais se diriger vers une boite en fer, qu'il posa sur la table. J'étais intriguée. Excitée et emplie de désir, mais aussi curieuse. Je me penchai en avant, mains joints et coudes sur mes cuisses pour mieux voir. Il portait la clé autour du cou et il l'inséra dans la serrure, faisant durer le suspens. Dans la boite, il y avait de vieux papiers. Avec un écriture que je ne connaissais pas dessus. Sa vie mortelle. Un voleur crucifié, sauvé par Dieu. Je n'en revenais pas. Cela ne pouvait qu'être authentique. Gabriel était-il vraiment le premier ange de Dieu? Ma main se porta vers la boite et je voulus effleurer les textes, avant de suspendre mon geste. C'était sans doute extrêmement fragile. Je ne voulais rien détruire. Et Gabriel n'avait pas terminé de toutes façons.

Il y avait une seconde boîte. Celle de son cœur disait-il. Le mien eut un raté quand je reconnus le bijou qui s'y trouvait. C'était à moi. Je relevai le regard vers lui, qui ne me regardait plus. Il se remit à parler et je restais muette, suspendue à ses lèvres, alors qu'il évoquait sa vie d'avant. Cela m'intéressait. Terriblement. Presque autant que de l'entendre parler de son amour pour moi.

- "Tu peux changer dis-tu? Crois-tu réellement pouvoir changer 2500 ans d'habitudes?"

Moi, je n'y croyais guère. Mais qu'importe, j'avais envie d'y croire. Je souris enfin, quand il avoua ce qu'il pensait de mes réactions.

- "Je ne crie pas, c'est mauvais pour ma voix. Pourquoi aurais-je crié? Parce que tu m'as entrainé dans une spirale d'auto destruction? Que tu t'es servi de moi pour bénir à la pelle? Que j'ai perdu la vie à cause de toi et que j'ai gagné une éternité de mélancolie grâce à toi? Pourquoi t'en voudrais-je, alors que tu as tout ravagé sur son passage, ne laissant que des cendres dans mon existence, hum?"

J'étais ironique, mordante. Mais ma voix restait modulée et calme malgré tout. Je ne hurlais jamais.

- "A quoi cela aurait-il servi que je te le balance en hurlant, tu peux me le dire? Tu aurais exulté de m'avoir fait tant de mal. Ma seule satisfaction, Gabriel, a été de me dire que j'ai été la seule à t'échapper."

La seule à ne pas être bénie après avoir couché avec lui. J'étais dans l'autre camp désormais. Je cessai de le regarder pour m'emparer de la boîte en ferraille, la posant sur mes genoux.

- "Raconte-moi... Qui tu as été. Avant d'être sauvé."

Ou damné. Tout dépendait du point de vue. Je caressais doucement la boîte, avec précaution. Parce que je respectais ce qu'il avait été. Ses souvenirs. Si anciens.

Elle me posa une question qui m'avait moi-même effleuré l'esprit. Pourrais-je changer après 2500 ans d'existence et de pratique quelques peu douteuses. Pour ma part j'en doutais pas mal, j'irais même jusqu'à dire que je n'y crois pas. Sauf que toi, tu devais y croire et y espérer. Alors je te regardais de nouveau, comme hésitant dans ma réponse. Comm-ci deux partie de moi-même se disputait la réponse. Ouvrant la bouche une première fois, je la refermais presque aussitôt. Il me fallut quelques secondes avant de refaire une tentative.

— Sincèrement ? Je ne suis pas sur de pouvoir effacer 2500 ans de conviction, d'habitude comme tu l'as si bien dit. Mais je sais que tant que je n'aurais pas essayer, je ne pourrais pas être sur du résultat.

C'était la stricte vérité mine de rien. Pour une fois que je ne mentais pas, champagne ! Elle sourit enfin quand je lui avouai mes pensées. Quand je lui dis que je ne pensais pas qu'elle soit calme et qu'elle m'engueule. Sa réponse fut acerbe et aurait pu faire mal au premier clanpin du coin. Moi ça m'amusait surtout. J'avais marqué son existence, j'avais marqué sa vie au point que j'étais l'élément centrale de sa vie. Qu'elle le veuille ou non.

Elle reprit de plus belle, avouant qu'elle avait la satisfaction d'être la seule à m'avoir échappé. Il est vrais qu'en 2500 ans j'avais eu le temps d'approcher de nombreuse jeune fille. Il est vrais aussi qu'elle avait été la seule à m'échapper. Voilà pourquoi j'allais l'emprisonner aujourd'hui, la rendre dépendante de ses sentiments pour moi. La faire céder à son emprise. Son regard m'échappa enfin, allant se figer sur les reliques de ma vie passé. S'en emparant alors pour la posait sur ses genoux. Cette vieille boite contenait bien tous ce qui me ramenait à ma vie mortel. Des bijoux, des ferres, des textes et un des pieu qui me crucifia. Que de souvenir ... Aucun bon, que des résidu à peine acceptable d'humanité. Sa voix s'éleva alors, me demandant qui j'avais été.

Je sentais la haine monter en moi. La haine et le dégout pour moi même. Se fut instinctif. Mes bras se tendirent, mes poings se serrèrent et mon regard se remplit de douleur et de haine. Mon unique point faible ... Me souvenir que je n'étais qu'une sous merde à peine bonne à servir à noble. Elle devait connaître le contexte qui m'avait vu naître. Personne de normalement constitué n'aurait pu accepter un tel mode de vie. Personne... Pourtant j'avais dû accepter sans rien dire, sans rien faire... Relevant alors le regard vers Erika, je soufflai un bon coup, essayant de perdre cette haine, essayant de redevenir calme.

— L'époque n'est pas la même, vraiment pas. Tout était différent à l'époque. Il faut que t'imagine une vie où les tortures physique était courante sur les serviteurs, où sévices morales et physiques étaient monnaie courante.

Et puis je passais une main dans mes cheveux. Je pense que rare étaient ceux qui connaissait l'humain que j'avais été. Peu était au courant de cette misérable vie qu'était la mienne. Mais Erika devait savoir. Pour avoir sa confiance il ne fallait rien lui cacher, même cette vie qui m'avait détruit et causé ma mort. Elle devait tous savoir, ca me faisait rire intérieurement. Je la fascinais au point que mon humanité la captivé autant que mon amour fictif pour sa petite personne. Tu étais bien faible mon amours. Trop faible même.

— Je suis né à Jérusalem sous la direction des Babyloniens. Mes parents les servaient gentiment, sans demander plus que la servitude... Et puis les Perses renversèrent le régime et le ridicule petit fils de serviteur devint un paria. J'haïssais tous, de ma ville, en passant par mes parents, jusqu'à moi. J'étais une loque, un misérable incapable de quoi que ce soit. Je n'étais qu'un pauvre gamin esclave des désirs d'un gouvernement arrogant...

Oui, j'haïssais tous cela. Et je ne le cachais pas. Elle devait le savoir. M'approchant d'elle je sortie un lourd morceau de fer. Une sorte de cylindre coupait, large de trois centimètres haut d'une dizaine. L'intérieur était composer de semblant de pique poli par le temps. Devant son regard interrogateur, je pris l'objet et le mis autour du coup. Histoire qu'elle comprenne que c'était bien un collier d'esclave de 2500 ans. Finissant par le reposer sur la table. Et puis, je repris mon monologue sur cette vie dont je n'étais pas fier.

— Je finis par volé les dieux, car oui, je suis né à une époque où le polythéisme régnait. Je volais des documents qui m'aurait prouvé que les dieux n'existait pas. Car c'était impossible qu'avec autant de dieu, aucune de mes prières furent entendu. Je finis par tué, ne supportant plus les sanctions physiques pour désobéissances. Je tua et l'on me jeta en prison. Me jugeant et me crucifiant...

Cette fois ce fut bien ce qui me tua que je sortie de la boite. Un pieu en bois, épargné par les années. Le posant aussi sur la table. M'éloignant d'Erika, je m'assis sur une chaise haute, près de ma cuisine. Soufflant de nouveau avant de retrouver le regard d'Erika. Je m'étais calmé. C'est fou comme le souvenir d'une vie passé pouvait me mettre à nu. Pouvait même me mettre à genoux.

— Voilà le brillant récit de ma vie mortel...

Quittant son regard, je relevais mon poignet pour découvrir cette phrase que tout ange avait de gravé sur lui. La marque de notre soumission à dieu. Un des deux tatouages représentant mon sauveur. L'autre étant une croix sur mon torse, à droite de mon coeur... Non, je n'aimais pas du tous dieu. Mais pour le moment je devais lui prouver à elle. Lui prouvait que j'étais fidèle à cette dernière et uniquement.

— Tu désire savoir autres choses ?

Je n'étais pas convaincue que Gabriel puisse changer. Parce qu'il avait prit des millénaires de mauvaises habitudes, parce qu'il était un serviteur zélé de Dieu, sans doute l'un de ses préférés. Il n'avait surement pas usurpé sa réputation. Il était sans scrupules... Freddie m'avait raconté comment il se comportait avec les femmes, comment il les bénissait, sans doute pour que le dégout prenne le pas sur l'amour, que je cesse enfin de me torturer pour lui. Mais cela n'avait pas fonctionné, même si je gardais à l'esprit ses méfaits. Comme si mon cerveau et mon cœur étaient déconnectés. Je doutais de ses chances de changer. Lui aussi. Mais il avait raison dans un sens, on ne le saurait jamais s'il n'essayait pas.

Il s'étonnait de mon calme. Je lui expliquais pourquoi je n'avais pas envie de lui hurler dessus. Ce n'était pas mon tempérament. J'en profitais pour lui lancer tout le mal qu'il m'avait fait d'un ton acerbe. Il pouvait ainsi admirer son œuvre. Oui, il m'avait détruite. Mon seul contentement, ma seule revanche, avait été de lui échapper.

Mais pour combien de temps? parce que là, je revenais clairement dans ses bras. Même si c'était pour me venger, pour le mener en bateau, j'avais envie de lui, de ses attentions, de ses paroles pleines d'amour. Il était doué pour cela, je devais le reconnaitre. Il était doué pour mimer l'amour sincère. Voilà pourquoi je ne pouvais pas lui faire confiance.

Mais sa vie m'intéressait. Il me donnait accès à des souvenirs de son passé. Peut-être me manipulait-il, mais ces preuves là, étaient réelles, authentiques. Je ne pouvais pas le lui enlever. Aussi m'emparais-je de la boîte en fer avec les reliques de sa vie mortelle. Il avait été un voleur, crucifié et sauvé par Dieu. Je lui en demandai davantage et je crus percevoir une lueur de colère dans ses yeux. Parce que j'étais indiscrète? Pour une autre raison? Ses poings s'étaient crispés.

Je le dévisageais, sans rien oser dire. Il commença en me rappelant que l'époque n'était pas la même. J'avais du mal à l'imaginer en esclave. Il était si fier... Mais oui, c'était une autre époque. Néanmoins, il avait du être fier, malgré les chaînes, malgré les coups. J'avais l'impression que ce sujet lui était pénible. Vraiment pénible. Il se passa une main dans les cheveux et je restais muette, attendant la suite. Il me révéla alors être né dans une famille d'esclaves. Les Babyloniens, les Perses... Au delà de son histoire, poignante, je l'enviais d'avoir connu ces civilisations... Cela me faisait presque rêver, même si la vie à cette époque était rude. Je suis certaine que j'aurais pu passer des heures à le questionner sur ces civilisations. J'adorais l'histoire.

Mais quand il sortit un cylindre et le passa autour de son cou, comme un esclave, je ravalais mes rêves de cette époque là. Quelque chose me disait qu'il ne voyait pas les choses comme moi. J'étais en train de me laisser attendrir par ce qu'il avait été. C'était facile de haïr l'ange Gabriel. Plus difficile l'humain qu'il avait été. Cela expliquait en partie ce qu'il était aujourd'hui. Il termina rapidement, expliquant comment il était devenu voleur, puis assassin. Je n'arrivais pas à l'en blâmer. C'était terrible, mais je comprenais. Je restais sans voix alors qu'il me montrait le pieu qui l'avait tué et il s'éloigna pour reprendre ses esprits.

Je reposais la boite sur la table basse et me levais à mon tour, m'approchant de lui, pour me saisir de son poignet, observant la preuve de sa soumission à Dieu. Mon index redessina le motif.

- "Il y a des milliers de choses que je voudrais savoir."

Je descendis lentement vers sa paume. Il y demeurait une cicatrice, presque invisible. Je n'y avais jamais fait attention. Il fallait savoir qu'elle était là. Je frémis malgré moi en songeant à la souffrance qu'il avait du endurer.

- "Mais je commence à comprendre."

Un petit sourire naquit sur mes lèvres.

- "Notamment d'où vient ton arrogance."

Ma main vola vers ses mèches blondes et j'y enfouis mes doigts.

- "Après tout ce que tu as vécu, en sachant ce que tu es, je me demande bien ce que tu as pu trouver à une gamine dans mon genre. Trop sage, trop lisse, sans attrait... Pas d'histoire bouleversante, pas de souffrance."

J'avais capté toute son attention c'était plus que certain. Mon humanité semblait l'attirer plus que mon amour pour elle. Une bonne chose. Prendre en pitié celui que je fus était bien, cela me rendrait la tache plus facile. Quoi qu'elle l'était déjà. Elle reposa alors la boite sur la table basse, se relevant alors pour me rejoindre. C'était dure de manipuler alors que votre esprit était encore empreint de haine. Comment avais-je pu être si … Si ignoble, si insignifiant ? J'haissais toujours ce que je fus, cela n'avait pas changer. Plus de deux millénaire de puissance, d'assurance ne pouvait rivaliser avec ce que j'avais été. Je restais l'amélioration d'une loque …

Elle me saisit le poignet, me tirant violemment de mes obscures pensées. Laissant glisser ses doigts sur le fin tatouage scellant mon amour pour dieu. Elle ajouta alors qu'il y avait des milliers de chose qu'elle voudrait savoir. J'avais donc saisit son âme et son coeur grâce à cette malheureuse histoire de ma vie… Et puis ses doigts se dérobèrent jusqu'aux reliques de ma mort. Les fines cicatrices qui marquaient l'impact des pieux sur ma chaire.

Soufflant alors qu'elle commençait à comprendre, ce fut bien elle qui saisit mon attention à cet instant. Observant son sourire naitre sur le magnifique visage qu'elle portait. Elle ajouta qu'elle comprenait d'ou venait mon arrogance. Non Erika, ça tu ne pouvais le comprendre. Personne ne pouvait saisir les raisons de mon comportement. Même moi, même dieu en n'étions incapable. Ce n'était pas toi qui y arriverait. Et puis ta main s'encra dans mes cheveux. Ne bougeant pas, je me soumis à ta force.

Elle me posa alors une question à laquelle je ne m'étais pas du tous attendu. Pourquoi elle ? Une fille sans histoire, sage, candide. Bonne question ? Car je me posais exactement la même question. Pourquoi m'acharner sur elle. Le fait qu'elle soit un bon coup n'était pas une raison. Enfin bref. Il ne me fallut pas très longtemps pour trouver une réponse ce fut presque naturelle. Répondant malgré moi à sa question.

— Justement, c'était la liberté de ton passé qui m'a attiré. Aucun poids, juste un passé, un passé que tu avais maitrisé.


Baissant alors les yeux, je me mis à jouer nerveusement avec mes doigts. Avant de les refermer sur ma paume. Comme-ci une émotions soudaine venait de m'envahir. Tremblant momentanément. J'essayais de chasser les images de mon passés. Il me fallut plusieurs minutes avant de reprendre.

— On veut toujours ce que nous n'avons pas eu. Tu as eu une enfance, une famille pour te soutenir. J'étais jaloux de ça. J'aurais voulu une enfance et toi tu l'avais eu.

Soufflant de nouveau, je n'avais toujours pas remonter la tête. Comme honteux des sentiments qui me traversait. Honteux de ce raisonnement. Je ne pouvais pas dire si cela était de la manipulation pur. Au fond, dès que mon humanité entré en jeu, j'avais un peu de mal à garder mes esprits. Je repris alors.

— C'est l'idée de pouvoir respirer au travers de toi qui t'as rendu si unique. Idée de gagner une chose que je n'avais jamais eu… Mais j'ai tous gâcher, tu étais trop fragile, cette candeur faisait de toi quelque chose de vulnérable dans mes mains.

Relevant alors les yeux, je les détournais presque automatiquement. Figeant mon regard sur cette boite. Comme hypnotisé par ce qu'elle renfermait. Mes poings se fermèrent automatiquement lorsque je la vis. Comment pouvais-je être si vulnérable à mon passé ? Comment était-il possible que quelqu'un comme moi soit si … Faible. Peut-être parce qu'humain, je le fus. Un misérable. Fermant les yeux avant de secouer brutalement la tête. Je retrouvais enfin le regard de Erika.

— Tu m'as dit que tu avais des milliers de choses que tu voudrais savoir… Quelles sont-elles ?

Les sentiments qui l'agitaient en cet instant n'étaient pas feints. De cela j'étais certaine. Je sentais sa haine, son dégoût, son mépris pour ce qu'il avait été. Il se jugeait bien durement, plus durement que je ne l'aurais fait. Il avait été esclave, il était devenu voleur pour tenter de comprendre, assassin pour tenter de survivre. Je ne pouvais pas le haïr comme il se haïssait. Il n'avait été rien pendant sa vie humaine et était devenu extrêmement puissant par la grâce de Dieu. Arrogant, il l'était, sans doute pour ne plus jamais ressembler à l'homme qu'il avait été, pour l'enterrer pour de bon et ne plus jamais être faible.

Je m'étais emparé de son poignet, caressant d'un air songeur sa soumission à Dieu. Le seul ange à ne pas avoir été béni... Gabriel était si puissant que j'en avais le tournis. Que pouvais-je bien faire contre un être tel que lui? J'étais si jeune, si inexpérimentée. J'étais devenue Princesse des Ténèbres à une vitesse folle, élève surdouée et attentive. Mais je restais jeune. Et peu puissante comparée à lui. Je ne parviendrais jamais à le détruire, ni à le faire plier. Alors à quoi bon continuer? A quoi bon jouer? Pourtant, il avait des faiblesses. Soigneusement cachées, mais présentes. Et s'il tombait vraiment amoureux de moi? Quel pouvoir j'aurais alors sur lui. Il ramperait pour moi, pour un regard et je lui rendrais au centuple la souffrance qu'il m'avait infligée.

Mais ces belles résolutions vacillaient dangereusement alors que je découvrais l'homme. Il le haïssait, moi, il m'émouvait. Je tombais de plus en plus amoureuse. Si seulement j'avais pu perdre mon cœur en même temps que ma vie. Qu'il cesse de battre et de me trahir ainsi.

J'effleurai les stigmates de sa mort. Une mort horrible, dégradante. La même que le Christ. D'après les légendes. Avait-il seulement existé? Je souris doucement, réellement. Avant de lui demander ce qu'il avait pu trouver de si intéressant chez moi qui n'avais aucun passé difficile, aucun charme. J'étais si banale, si insignifiante. Il en avait côtoyé des beautés. Des filles au charme suave, ténébreuses, mystérieuses, sensuelles, aguicheuses. Je n'avais rien été de tout ça. Et si justement c'était de pervertir une jeune vierge qui l'avait excité?

- "Je n'ai rien maîtrisé du tout... J'ai juste eu de la chance de naître dans la bonne famille à la bonne époque."

Je n'avais pas maîtrisé mon présent avec lui, ni mon futur en me suicidant. Il semblait encore sous le choc de ses révélations sur son passé et j'attendis qu'il se reprenne, calmement, sans le presser. Nous avions tout notre temps. Je restais muette quand il m'avoua avoir été jaloux de ce que j'avais eu. Je fronçai alors les sourcils, avant de lâcher un peu durement :

- "Alors tu as décidé de me détruire par jalousie?"

Oui j'étais trop fragile et oui, il m'avait détruite sans pitié entre ses mains faites pour provoquer le chaos et la destruction. Je n'avais pas su résister à cela. Était-il sincère en disant vouloir respirer à travers moi? Ou bien n'était-ce qu'une folle envie de piétiner un bonheur qui lui avait été refusé? Le savait-il seulement lui-même? Il détourna le regard et le posa sur la boite métallique alors que ses poings se refermaient convulsivement à cette vue. Il changea brutalement de sujet, me demandant quelles questions j'aurais aimé lui poser. Trop pour être dénombrées.

- "Tu as traversé les époques. Tu as vu naître et disparaître des civilisations. Je n'ose même pas imaginer ce que ton cerveau, tes souvenirs, peuvent avoir engranger comme données précieuses sur notre monde. Quelques part, je t'envie. D'un autre côté, je te plains... D'avoir vécu tout ce temps comme tu l'as fait. A détruire, à servir Dieu fidèlement... Seul. Toujours seul. Et ce pendant 2500 ans."

Je marquai une petite pause. Ma main caressa son beau visage et je repris, dans un murmure :

- "Ton armure est épaisse et impénétrable. Je me demande qui saura passer outre. Tu m'assures que moi, j'ai réussi, mais je n'en suis pas convaincue."

Un petit sourire ourla mes lèvres.

- "Personne ne t'approche. Tu diriges. Tu contrôles. Tu détruis."

Elle m'affirma qu'elle n'avait rien contrôlé. J'en doutais fort. Rien contrôlé c'était finir aux services d'un autre. Ce plier en quatre sans jamais réussir à le satisfaire. C'est pendre un peu plus sa dignité. C'est se retrouver face au mur sans en avoir finir. Mais je la laissais croire. Après tout pourquoi la contre dire alors qu'elle ne pouvait imaginer. C'était hors de sa porter que de comprendre correctement celui que j'avais été. De même pour celui que j'étais. Je lui échappé totalement et elle ne pouvait y faire.

Manipuler ce n'était pas être mielleux et gentil continuellement. C'était montrer des failles inexistante, se montrer destructeur par moment. Ainsi lui laisse-je croire que la jalousie avait pu causé sa perte. Trouvant amusante cette réaction futile. Oui je t'avais détruit, mais pas par jalousie. Par envie, pas ennuie. Quoi de mieux qu'une gamine buvant vos paroles pour finir la journée. Je n'avais pas à me justifier. Le reste de mon monologue le ferait à ma place. Excuse, regret, des émotions qui m'étais étrangère. Et puis je lui offris une nouvelle occasion d'assouvir ses besoins de réponse. Lui offrant alors plus de 2500 ans d'histoire et de souvenir.

Ses deux première phrases me firent sourire, je n'avais fait que les traverser. J'y avais imposé ma signature. Et pour ce qui était des civilisations disparue... J'étais le responsable pour quelques unes d'entre elle. Mais bon, je n'allais pas t'avouer que j'avais causer la chute des romains par ennuie. Mais une chose était bien vrais. J'avais bien plus d'informations, de souvenirs, d'image du passé que n'importe qui d'autre. Et puis elle m'avoua qu'elle m'enviait, mais aussi qu'elle me plaignait. Dieu m'avait tous donné, je ne pouvais lui tourner le dos. Il avait fait de moi une légende, un mythe que tout le monde connaît même les plus incultes des mortels. J'étais devenu un symbole de puissance et de respect et ce uniquement grâce à dieu. C'était un miracle qu'il m'ait porté secours.

Oui je fus seul et je le serais toujours. Personne ne m'a percé, pourquoi m'encombrer de quelqu'un n'ayant aucune connaissance à mon sujet ? Et puis elle caressa mon visage avant de reprendre. Tu avais raison de dire que mon armure était impénétrable. Tu n'avais fait que te cogner contre elle. Mais ça, tu ne devais pas le savoir. Tu avais donc un minimum de raison. Oui je dirigeais, oui je contrôlais et bien évidement que je détruisais.

— Si j'étais si fier et si dominant, crois-tu que je t'aurais juré fidélité pour le mois à venir.


Souriant brutalement, j'encrais mon regard au sien.

— Je le jure devant dieu Erika et je le jure devant Satan. Cela fait 2500 ans que je refuse la soumission, si j'accepte ta domination ce n'est pas pour passer le temps ou par ennuie.


Je ne détournais pas le regard. Elle devait comprendre que je ne mentais pas. Que j'étais sur et certain de ce que j'avançais.

— Si je le fais c'est uniquement, car je t'aime et que ma soumissions n'est rien face à ce que tu pourrais provoquer.


Prend confiance. Tu m'as déjà pris en pitié, maintenant je dois remettre ma soumission à dieu en question. Accepter ce Satan qui me fait bien rire. M'offrir corps et âme à tes décisions. Tu devais en être aussi sure que je le paraissais. Je ne reculerais devant rien pour te faire céder. Je m'amusais terriblement et des jouets comme toi est assez rare en ce moment.

— Mets-moi à l'épreuve si tu le souhaites. Dirige moi, contrôle moi, détruits moi. Je m'en fiche, tant que je peux t'avoir à mes côtés !


La voix pleine d'émotions difficilement contrôler. Et puis, je baissais le regard. Honteux d'être ce que j'étais face à elle . Du moins en apparence ma chère !

Je pris le temps d'assimiler ses paroles. Aurait-il accepté d'être à mon service pendant ce mois s'il était si fier et si arrogant? Oui. Il en aurait été capable. Soit par amour sincère, soit par manipulation retorse. Je ne savais pas jusqu'où il était capable d'aller pour atteindre un objectif, mais je me doutais qu'il n'avait que peu de limites. Il me promit alors qu'il ne faisait pas ça par jeu, par ennui. Il le jura. Mais quelle valeur pouvait bien avoir sa parole? Pouvais-je m'y fier? C'était un ange. Les anges étaient tous de sacrés menteurs. Noyée dans son regard, je buvais ses paroles et j'étais incapable de détourner le mien. J'avalai péniblement ma salive, avant de rétorquer :

- "Et que pourrais-je bien provoquer?"

Je ne voulais pas répondre à ses autres questions. Celle-là, en revanche... Elle me laissait de l'espoir. J'étais stupide de me nourrir de cet espoir. S'il se foutait de moi... Je ne m'en remettrais pas. J'avais un mois pour l'attacher à moi, pour lui rendre ma présence indispensable. C'était faisable. Je pouvais y arriver. Il me proposa alors de faire ce que je voulais de lui. Absolument tout. J'ouvris de grands yeux surpris devant sa proposition. Non. Ça je ne pouvais pas. Je n'étais pas mauvaise, je n'étais pas capable de m'humilier ainsi. Je voulais son amour. Pour ensuite pouvoir en jouer. C'était trop tôt.

- "Je ne suis pas un ange Gabriel."

Je m'emparai de son menton et le levai pour qu'il puisse me regarder.

- "Que gagnerais-je à faire de toi mon esclave et à te replonger 2500 ans en arrière? Crois-tu vraiment que tu supporterais de faire tous mes caprices? De redevenir cet homme que tu haïssais, que tu méprisais?"

Je le lâchai et me levais, me dirigeant vers la boite en métal et m'emparant du collier d'esclave, caressant l'intérieur, pensive, avant de finalement, revenir vers lui. Je refermai le collier autour de son cou, avant de reprendre, mortellement sérieuse :

- "Accepteras-tu le collier de servitude? Et pourquoi pas l'agrémenter d'une longue chaine que j'attacherais au pied du lit pendant un mois? Qu'en dis-tu?"

Elle posa la question qui semblait tant l'obnubiler. À savoir ce qu'elle pourrait détruire. Ce quelle pourrait maîtriser de moi. Voilà donc ce qui t'intéresser vraiment en moi. Les failles que tu pourrais exploiter. Erika était bien plus proche de moi qu'elle n'acceptait de le croire. Sauf que sa force venait d'émotion aussi fragile et dangereuse que l'amour et l'espoir. Moi je la tirais de la haine et de la domination que j'imposais aux autres. Deux sources différentes qui influaient directement sur la réussite de nos manoeuvres. Je réussissais inlassablement, tu échouais lamentablement.

Et puis mon cerveau se mit à réfléchir aux réponses possibles. Que pourrais telle bien provoquer... Jouer sur les sentiments, jouer sur la violence qui pourrait découler d'un tel échec. Considérer donc que l'échec serait le résultat. Il ne fallut pas longtemps pour formuler une réponse des plus réel.

— Je ne sais pas vraiment. La destruction peut-être ... ou la disparition de toute motivation... Je ne pourrais te répondre que lorsque je serais face au mur ou au bord du gouffre.

C'était supporter l'échec la vrais question. L'échec serait-il une chose possible ? Je n'avais jamais échoué. Persévérant jusqu'à la réussite. Je ne m'appelais pas Azraëlle, je ne tuais pas dès qu'on s'opposé à moi. Je m'acharnais et c'est justement cet acharnement qui m'a rendu patient aujourd'hui. Ce qui fait que face à Erika je gagnerais sans me vendre stupidement. Enfin je l'espère. Je devais lui reconnaître un certain talent à faire douter les autres. J'avais moi-même quelques doutes face à toute cette niaiserie. Serais-je entrain de baisser ma garde face à elle ? Non, cela n'était pas acceptable.

J'enchaînais alors sur mon désir de la voire me détruire en preuve de bonne volonté. Et sa réponse me fit sourire. Elle n'était pas un ange .... Si seulement elle savait ce que c'était d'être un ange ... Je sentis alors sa mains s'emparer de mon menton, le relevant, nos regards se rencontrèrent alors.

Ce qu'elle dit me captiva un moment. Elle avait vraiment eu pitié de l'homme que je fus ... parfait ! Cela excusez celui que j'étais aujourd'hui. Du moins à ses yeux. C'était ça de gagné. Une belle victoire. Une grosse victoire même. Restant muet je la suivis que regard lorsqu'elle se leva. S'empara alors du collier qui m'avait asservi. Revenant vers moi, elle le referma autour de mon cou. Acte qui eut le mérite de me tendre. Je n'aimais pas ce contact. Je me répugnais à un points. Du moins, mon humanité me répugnait. Elle reprit alors. Aussi sérieuse que moi à présent.

Me demandant si je l'accepterais, lui et les chaînes qui allait avec. Me redressant brutalement, j'avais le regard aussi sombre que les pensées qui traversé mon âme. impossible mentir sur cela. Je finis par me lever, le retirant brutalement, avant de le jeter sur le canapé. Me retournant alors vers elle, le visage contrarié.

— Non, pas plus qu'une chaîne à mes pieds. Je te mentirais à te dire que j'aimerais une telle chose. Je mentirais si je disais que j'accepterais.

Marquant une pause, je m'avançais brusquement vers. M'arrêtant à quelques centimètres d'elle. Mon souffle frappant sa peau. Mon regard s'apaisa doucement. Comme-ci la raison m'avait retrouvé.

— Mais je mentirais aussi en disant que je ne le méritais pas. Après ce que je t'ai fait, une soumission complète n'est qu'une pâle compensation.

Franchissant les derniers centimètres qui nous séparaient encore. Je posais mon front sur le sommet de sa tête. Retrouvant peu-à-peu une respiration normale. Je finis par embrasser son front, lentement, doucement, avant de me séparer d'elle. Presque à contre coeur. Baissant de nouveau les yeux, je mis plusieurs mètres entre nous. Histoire de la laisser respirer à nouveau.

— Tu comptes bien plus que je n'ose me l'avouer. Cela en devient même dangereux pour moi, j'ai presque peur de ce qui se tisse entre toi et mon coeur... Mais quitte à me brûler les ailes. Autant le faire avec toi.

Je ne répondis pas. Que répondre à cela d'ailleurs? Pourrais-je provoquer la destruction de Gabriel? Moi, la petite démone de même pas trois décennies, avais-je le pouvoir de détruire l'archange de presque trois millénaires? Non, je ne pensais pas avoir cette force, ce pouvoir, même si c'était grisant. Combien de fois avais-je rêvé de le séduire, de le voir offert, sur un lit, pour lui enfoncer un poignard dans la poitrine et en arracher le cœur? Beaucoup trop, mais cela n'était que fantasme et je doutais d'avoir le cran nécessaire pour préméditer ainsi un meurtre. Surtout le meurtre d'un homme que j'avais aimé. Que j'aimais toujours. Même s'il ne me méritait pas, même si c'était un cavaleur, un assassin, et un menteur.

Son histoire personnelle m'avait touchée. Je cherchais son regard alors qu'il le dérobait à mes yeux. Empoignant son menton pour confronter nos regards. Il sourit quand je lui affirmais ne pas être un ange. Je n'étais pas faite pour la destruction, ce n'était pas mon destin et pas ce à quoi j'aspirais, contrairement à lui. Il avait failli me détruire, il y était même parvenu, selon un certain point de vue. Pouvais-je lui rendre la monnaie de sa pièce? Le faire souffrir au centuple? Lui rendre ses coups?

J'eus alors une idée et je le lâchais pour aller chercher son collier d'esclave. Sans faiblir, je le lui passais autour du cou. Ce qui ne lui plut pas. J'avais compté sur cette réaction épidermique de sa part. Concernant son humanité, au moins, il ne semblait pas capable de mentir. Il pouvait ressentir des émotions violentes et ne pas savoir les dissimuler. Intéressant. Ton humanité était-elle ton talon d'Achille mon amour? Implacable, je lui demandai s'il supporterait collier et chaîne. L'humiliation.

Il se leva brusquement, le regard tourmenté. Agité par des sentiments violents. Je restais face à lui, sans bouger, alors qu'il ôtait le collier et le jetait. Non, il n'aimait pas cela et ne l'acceptait pas.

- "Reviens-tu sur ta parole?"

Il l'avait dit : il était à moi pour le mois à venir et prêt à faire tout ce que je voulais. Refuser cela revenait à trahir sa promesse. n'avait-il donc aucune parole? C'était sans doute cruel de le forcer à se souvenir de sa servitude, à me servir de ça... Mais nécessaire. Il s'avança vers moi et je retins un mouvement de recul, tenant bon face à lui alors qu'il s'apaisait. Avouant qu'il le méritait. Je répondis froidement :

- "Je trouve aussi."

Il posa alors son front contre le mien, si proche. Ma raison vacilla. Mes résolutions s'effondrèrent. Il me troublait trop, réflechir et garder la tête froide quand il me touchait m'était impossible. Comme je le haïssais d'avoir ce pouvoir là sur moi! Il m'embrassa le front et mon cœur palpita. Trop tôt, il s'éloigna de moi, me laissant démunie. Son aveu me fit fondre, mais je fis semblant de ne pas être touchée.

- "Tu as raison d'avoir peur."

Moi, je m'ouvrais trop facilement aux autres et j'en avais souffert terriblement. Lui, il n'aimait que lui et ne laissait personne l'approcher. Il était seul et ne souffrait pas de la trahison. Personne n'avait d''emprise sur lui. Finalement, qui avait raison? Quel était le meilleur comportement à adopter? Je me rapprochai de lui, ma main se posant sur son cœur qui battait régulièrement.

- "Parfois, je me dis que je ferais mieux d'apprendre à ne plus rien ressentir. A enfermer mon cœur à double tour et à devenir comme toi, exempte de tout sentiment qui rend faible."

Je marquai une pause, avant de sourire en coin :

- "Mais devenir comme toi serait mourir."

Je n'aurais alors plus aucune valeur, plus aucun sens moral. Ce ne serait plus moi et il aurait gagné.

Elle me piégea durant quelques secondes. Le temps de me demander si je revenais sur mal parole. Putain de passé qui me faisait faire des erreurs. Je devais redevenir calme et lui porter le coup de grâce. Ce qui allait la faire tomber pouvait me faire tomber moi aussi. Et de très haut. Je devais souffler et remettre de l'ordre dans mes pensées. Alors, sans la regarder. Je lui répondais. Aussi calmement que possible.

— Non.

M'avançant vers elle, je lui avoua que je le méritais. J'avais déjà trop payer durant mon humanité. Je ne pouvais plus être puni. Je n'avais pas vécu durant vingt ans, j'avais le droit de reprendre ce qu'on m'avais volé. Certes, c'était 2500 ans de reprise de pouvoir, mais si je me sentais toujours aussi frustré en pensant à mon humanité, cela voulait dire que 2500 ans n'était pas assez. Non, j'avais besoin de récupérer, encore.

Je l'a senti tendu lorsque je m'approchais d'elle. Je lui faisais bien plus d'effet qu'elle ne voulait se l'avouer. Elle m'était dépendante. Alors, sa remarque me fit sourire. Mais ça elle ne le vit pas. J'avais mon front contre le sien. Patient, je lui offrais quelques minutes de répits contre moi. La laissant s'habituer, laissant son corps s'emballer face à ce que je lui provoquais. Et puis je lui embrassais le front, finissant par la quitter, imposant une distance de sécurité. Je savais que son coeur me pleuré déjà. Il me voulait il me désirait. Alors je lui avouais avoir peur des sentiments qui m'habitait. Et elle se cru forte de me dire que j'avais raison de les craindre.

Parfait. Doucement, elle se laissait prendre au piège. Doucement elle m'offrait son âme. Elle s'approcha de moi avant de poser une main sur mon coeur. Sentant le battement régulier de se dernier. Non, je n'étais pas aussi fragile que toi. Je résistais contrairement à toi. Elle m'avoua qu'elle pensait souvent à m'imiter. Enfermer tous sentiments inutiles. Tout ce qui rendait faible. Mais il fallait le faire lorsque nous étions vivant pour réussir. Chose que tu n'avais guère fait mon amour.

Souriant alors, elle conclut par le fait qu'être comme moi revenait à mourir. Oui plus ou moins. Si l'on considérait que les sentiments humains était un poids, si l'on considérait que tous ce qui nous rendait humain nous rendait faible et qu'en oublié l'existence nous tué... Oui, cela revenait à mourir... Mourir sous les plaisirs les plus impures.

— Ce n'est pas un don d'être froid et distant, c'est une malédiction.

Je refermais alors ma main sur la sienne. Sentant au travers les battements régulier de mon coeur.

— Car au moindre relâchement ... On sombre dans l'inconnue, dans des émotions si étrangères qu'elles vous tuent réellement.

Lâchant sa mains, je ne me détachais pas de son contacte.

— Fait de moi ce que tu veux...

Il avait promis, n'est-ce pas? Il avait promis de faire ce que je voulais, même si cela devait l'humilier. J'en jouais, lui demandant s'il revenait sur sa parole. Il hésita... c'était imperceptible, mais il réfléchissait et il finit par me répondre que non, il ne revenait pas sur sa parole. Vraiment? Il s'approcha de moi alors, m'avouant avoir mérité que je le traite de façon humiliante après ce qu'il m'avait fait subir. Ça, c'était un euphémisme. Mais il avait trop d'emprise sur moi et je perdais de mes envies de méchanceté alors que j'étais collée contre lui, son front contre le mien, mon corps épousant le sien. J'avais tellement envie de lui que j'aurais pu en hurler de frustration de m'imposer cette torture. Torture nécessaire cependant. Je n'étais pas une proie facile, je ne voulais plus l'être, plus jamais. Qu'il aille donc au diable! Ou à Dieu plutôt.

Ce qu'il fit en me lâchant, me laissant seule et fragile. J'avais froid sans lui. j'avais mal sans lui. Va-t-en! Laisse-moi... Reviens! Sers-moi... je ne savais plus, mon cœur me trahissait, mes sentiments, perfides émotions qui m'empêchaient de réflechir m'handicapaient. Je me rapprochaient, posant une main sur son cœur, calme, régulier, quand le mien s'affolait. S'il m'aimait comme il le disait, s'il me désirait, celui-ci ne devrait-il pas tambouriné? Ne devrais-je pas le sentir palpiter sous mes doigts? Ce cœur froid que je saisirais un jour de sa poitrine béante? Ce cœur qui me revenait de droit...

Il emprisonna ma main dans la sienne, disant que ce n'était pas un don, mais une malédiction. Je levais le regard vers lui.

- "Si ton âme était si froide et distante, tu n'aurais pas à craindre de plonger dans l'inconnu."

Je souris doucement.

- "Peut-être essaies-tu de te convaincre du contraire, mais ton humanité n'est pas morte... Tu l'as brimée, enfermée, pour ne plus jamais ressentir, mais tu le dis toi-même : au moindre relâchement, tu seras vulnérable."

Et quand ce jour arriverait, je serais là, à contempler la déchéance de la main de dieu qui me suppliera de ne pas partir. Oh, c'était un rêve que j'avais fait tant de fois, un rêve de vengeance, parfait, si on exceptait le fait que je ne serais sans doute pas capable de lui faire autant de mal... C'était pathétique. Pitoyable. Désolant. Il me lâcha la main, me disant alors de faire de lui ce que je voulais. Je souris alors, conservant ma main sur sa poitrine et le faisant reculer jusqu'au lit où je le fis asseoir.

- "Tu sais pertinemment ce que je veux de toi. Je n'essaierais même pas de le nier."

Je lui attrapais le cou et me penchais vers lui, lui assurant une vue plongeante sur mon décolleté mais ne le lâchant pas des yeux :

- "Comment peux-tu susciter autant d'émotions contradictoires en moi? Comment est-ce que je peux avoir autant envie de te sentir gémir sous mes doigts, de frémir sous tes caresses et de t'arracher le cœur et de le piétiner, en juste châtiment de tes crimes?"

Ma main agrippa ses cheveux, le faisant lever la tête sans aucune douceur, alors que je caressais sa mâchoire de l'autre, sensuelle, joueuse.

- "Prends garde Gabriel... Je suis peut-être totalement folle de toi, mais je ne me laisserais pas humilier une seconde fois. Ne joue pas avec moi... Ne me manipule pas. Ou tu le regretteras."

Menaces dérisoires dans ma voix. Cela devait le faire rire intérieurement s'il se fichait de moi. Comment moi, une petite démone novice, pouvais-je bien le punir de se jouer de moi? Mystère... J'avais plus d'un tour dans mon sac. Je pouvais le piéger, réellement. Le rendre dépendant de moi, lui apprendre à aimer quelqu'un d'autre que lui-même. Et s'il se retournait contre moi... Non, plus jamais l'humiliation, même si le tuer signerait mon propre arrêt de mort. Je lui lâchais la nuque, le poussant à s'allonger sur le lit, avant de poser un genou sur le matelas et de ramper vers lui.

- "As-tu envie de moi Gabriel? As-tu au moins été sincère avec moi quand tu me désirais?"

Lui révéler des failles, la laisser croire en des songes. Elle en tirait des conclusions, pensant tenir la une arme contre moi. Mais si je t'ai dit qu'une humanité me tuerait, crois-tu vraiment avoir une chance de m'abattre ? Crois-tu avoir la force de m'abattre avec ? Non, tu n'en seras pas capable et ce, tant que tu m'aimerais. Tant que tu seras persuadé au fond de ton coeur de mon amours pour toi. Mon humanité n'est pas morte selon toi ? Voyons, Erika ... Cela faisait des millénaires que je n'avais plus ressentis la moindre émotion humaine. Oh bien sur, je savais les imiter à la perfection. Je savais en jouer comme personne.

Pas étonnant que je sois enseignant dans cette noble matière qu'est la manipulation. Vivre dans le faux, et faire croire aux autres que cette réalité n'est pas un songe ... Mais ... Ne serais-ce pas Erika ma dernière victime à s'être laissé prendre dans mes filets ? Cruelle comédie n'est-ce pas ? Je n'avais rien enfermée, j'étais mort depuis longtemps et je me haissais d'avoir vécu. Oui, j'avais tué mon humanité si pitoyable qu'elle ne mériterait aucune histoire. Alors non, sache que je ne me relâcherais jamais. Ma chute n'était pas pour aujourd'hui. Désolé Erika, tu allais devoir attendre.

Je lui affirmais qu'elle pouvait faire ce qu'elle voulait de moi. Elle sourit alors, laissant sa main sur mon torse avant de me faire reculer, puis m'asseoir sur le lit. Elle me dit alors que je savais pertinemment ce qu'elle voulait de moi. Oui Erika je savais, tu le hurlais depuis le début de notre rencontre. Même un sourd et un aveugle l'aurais compris.

Elle m'attrapa alors le cou, m'offrant une vue plus qu'agréable de son décolleté. Pourtant je relevais les yeux vers elle. Calme et stoïque. Elle me demanda alors comment je pouvais susciter autant d'émotion en elle. Comment je pouvais la faire m'aimer et m'haïr en même temps. C'était simple, si je te faisais ressentir autant de chose c'est que j'étais le maître de ton esprit et de ton coeur. Tu étais mienne depuis longtemps. Et ça, tu luttais contre avec une détermination égale à celle d'un étudiant un jour de grand soleil.

— Peut-être parce que je suis prit entre ces même feux Erika.

Agrippant alors mes cheveux dans un acte de violence non dissimulé. Tu me releva la tête, caressant ma mâchoire du bout des doigts. Tu étais fichu ma belle. Ce que tu disais n'avait aucun sens. Comme tes gestes. C'était perdu d'avance mon amours. Comment veux-tu que je prenne garde alors que tu avoues toi-même être folle de moi. Comment sembler crédible lorsque tu me dis de ne pas jouer, ni te manipuler. Mais Erika, c'est déjà le cas ... Dommage que tu ne le comprennes pas !

— Erika, je suis souvent impatient ... Crois tu que je me donnerais à toi aussi longtemps ? Ce n'est pas un jeu Erika ...

Me poussant alors sur le lit, tu finis par m'y rejoindre. Te déplaçant avec sensualité vers moi. Me demandant alors si je te désirais, si j'avais été sincère avec toi. Pourquoi es-tu si facile à piéger Erika ? Pourquoi es-tu si naïve ? Cela en devient trop facile, beaucoup trop.

— Erika ... Ne me crois pas si stupide. Je ne nierais pas mon envie de toi, mais je sais pertinemment que tu joues en ce moment même. Je te désire, mais je ne me fais aucune illusions ...

Me redressant légèrement, je te fixais dans les yeux d'un regard tendre. Tendresse mimé, bien évidemment.

— Tu n'as cessé d'habiter mes pensées depuis que je te connais Erika ... Et cela ne cessera pas.

Etait-ce donc si stupide de vouloir être aimée à ma juste valeur par l'homme qui m'obsédait? oui, sans doute, surtout quand cet homme était un Séraphin deux fois millénaire qui s'appelait Gabriel et était connu pour séduire ses futures bénies, avant de les abandonner. Maintes et maintes fois, Freddie m'avait mis en garde et pourtant, alors qu'il me faisait miroiter un avenir tous les deux, un amour de sa part pour moi, une blessure profonde que je lui aurais infligé et qu'il aurait cherché à fuir, je ne pouvais m'empêcher d'espérer, espérer que Freddie se trompe, espérer être celle qui réussirait à faire fondre ce coeur de glace à se faire aimer de cet homme pour ensuite pouvoir lui rendre la monnaie de sa pièce.

Encore eut-il fallu qu'il m'aime réellement, même si ses discours et ses attitudes ne semblaient pas mentir... Encore aurait-il fallu que je sois capable de faire du mal à quelqu'un que j'aime, chose dont je n'étais absolument pas certaine.

Et je jouais de lui, de son désir, du mien alors que je me consumais, je n'arrivais pas à réflechir, je lui posais des questions sans queue ni tête, je m'en rendais bien compte et chaque réponse de sa part était du miel à mes oreilles. J'avais tant envie d'y croire. Et je me sentais si stupide de fondre quand ma raison me hurlait qu'il se foutait de ma gueule, une fois de plus, qu'il était un expert en manipulation, qu'il pouvait avoir n'importe quelle fille d'un sourire et de quelques paroles mensongères.

Avec une force que je ne me connaissais pas, je le lâchai et m'écartai de lui de plusieurs pas, mettant de la distance entre nous. J'avais froid soudainement, loin de sa chaleur, mais je devais me montrer inflexible.

- "Vraiment? C'est ce que nous verrons Gabriel. Un mois pour me prouver que tu m'aimes. Un mois pour me montrer que tu as changé. Un mois pour me convaincre que tout ceci n'est effectivement pas un jeu. Le tien."

Je fus satisfaite de constater que ma voix ne tremblait pas. Je fis demi tour, douloureusement, avant de quitter sa chambre, retournant dans la mienne et m'effondrant soudain, prise de frissons incontrôlables, tant tout ceci me dépassait...

Un mois...

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