Ennemie public numéro 1 | Erika

Age : 34 Messages : 191 Date d'inscription : 22/03/2012

    C'était une vie bien particulière qui s'offrait à Âlma depuis deux semaines. De simple lycéenne banale et invisible, Elle Greece était devenue l'ennemie public numéro 1 de Londres, se révélant être une ressortissante russe répondant au doux prénom de Dominika capable de kidnapper la fille d'ambassadeur qu'elle avait sciemment approché dans un but encore obscure pour l'opinion public. Elle avait tué un Lord, sur le toit de son immeuble, alors que ce dernier était venu sans arme afin de négocier. Comment elle s'était retrouvée sur ce toit, d'ailleurs, alors même que les forces de police pensait l'avoir piégée dans son studio. Dans l'intervention, trois autres policiers avaient trouvé la mort, sans raison apparente. On pensait donc qu'elle avait des complices, mais combien ? Et puis, il y avait ces indices qui laissaient penser qu'une balle de sniper l'avait touchée en pleine tête. On avait cependant trouver aucun corps.
    Bref, son histoire était sur toutes les lèvres et sa photo sur tous les postes de télévisions. Et ça la mettait hors d'elle. Le pire étant de devoir « tuer » son identité avant même d'avoir pu l'explorer autant qu'elle l'aurait souhaité. Si elle l'avait pu, elle aurait tué une deuxième fois Caeso... et même une troisième.
    Il avait fallu improviser. D'abord, s'improviser une nouvelle identité, avec les moyens du bord. Étant donné la situation et son état d'esprit, la démone avait fui tout le monde, n'avait demandé aucune aide. C'était peut-être de la fierté mal placée, mais elle ruminait du matin au soir et ne se voyait pas demander à Laurys de l'aider sur ce coup là. Surtout qu'il devait avoir ses propres problèmes à gérer sans qu'elle ne l'embêtât avec une histoire de vengeance deux fois millénaires.

    Finalement, elle était devenue Moira Keith, une adolescente difficile toute droit venue d'Écosse. Comment elle était arrivée à Londres, personne ne le savait. Était-ce son vrai nom, le mystère demeurait entier. Elle était une enfant paumée, une sacrifiée du système qui parvenait à s'en sortir sans que personne ne sût vraiment comment. C'était parfait, c'était commode, personne ne s'étonnait de la voir fuir les forces de l'ordre, pas même les forces de l'ordre d'eux-même. Elle s'était parfaitement intégrée au paysage des défavorisés de Londres, si bien qu'elle aurait pu y avoir vécu toute sa vie.
    Pour autant, elle n'était pas restée uniquement pour devenir une délinquante. Il y avait la guerre, bien entendu, mais plus précisément, il y avait Hannah et Erika. Et cette dernière, à qui elle avait promis quelques cours d'auto défense, méritait qu'on s'intéressât à elle. Aussi, elle avait fini par lui envoyer un message (via un téléphone voler, sinon, ça n'aurait pas été drôle). Quelques mots lapidaires, un lieu et une date. Et comme signature, un simple « Elle ». Cela lui avait fait mal, d'une certaine façon. Elle Greece était morte.
    Et c'était comme ça que la démone s'était retrouvée, sur le toit d'un immeuble, à attendre la rock star.

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Dire que je m'étais fait du soucis pour Elle était un euphémisme. Les médias s'étaient déchainés la concernant et je ne comprenais pas qu'elle ai pu commettre une erreur. On parlait de trucs absolument déments, dignes des romans les plus fous d'espionnage et d'action. On en aurait d'ailleurs fait un bon film. Un Lord anglais respectable et respecté avait été assassiné sur le toit d'un immeuble, la police avait encerclé le bâtiment et Elle s'en était sortie, naturellement. C'était une démone âgée. Très âgée. Elle en avait vu d'autres, elle ne risquait rien, elle ne pouvait pas être morte... C'était idiot hein, parce que je ne la connaissais pas tant que ça, mais fallait croire que combattre ensemble créait des liens, que ça rapprochait. Et j'aimais bien Elle en fait, elle était fun. Âgée mais fun, contrairement à beaucoup de démons de son âge. J'étais sûre que c'était le genre de nana avec qui je pouvais m'éclater sur une piste de danse avec de la techno à fond, à sauter comme des folles... Ouais, je la considérais déjà comme une copine.

Alors forcément, être sans nouvelles m'avait plongé dans l'inquiétude. Freddie était là et m'épaulait, m'apprenant ce qu'il savait, me rassurant sur le sort de la démone, elle devait se cacher, elle ne pouvait pas se laisser avoir si facilement... Mais les jours défilaient sans nouvelles, jusqu'à ce que je reçoive un message minimaliste, mais d'Elle. Owi ! Elle était vivante et elle me donnait rendez-vous. Elle allait donc bien et moi, j'étais dévorée du curiosité.

Quand je rejoignis le lieu du rendez-vous, Elle était déjà là. J'avais grimpé les escaliers menant au toit et débarquais, tout sourire, portant un jean et une chemise, avec une veste en cuir. Des bottes complétaient le tout. Mes cheveux étaient attachées en un chignon fait à l'arrache, accroché avec un stylo. Un look de jeune étudiante, loin du maquillage et des vêtements gothiques que je pouvais porter. J'avançais vers la démone et la pris dans mes bras, spontanément :

- Oh, je suis contente de te revoir ! Il court tellement de rumeurs à ton sujet ! Bon sang, Elle, que s'est-il passé ?

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    Dire que Moira — il allait falloir s'habituer à ce nouveau nom — était d'humeur maussade était un euphémisme. Par dessus tout, elle n'avait aucune envie de répondre à la moindre question, c'était encore trop frais et si, sans l'ombre d'un doute, elle en rirait dans deux siècles, pour l'heure elle continuait de jongler péniblement avec les conséquences. Mais les conséquences de quoi ? De ses erreurs ? Sans l'ombre d'un doute, elle avait commis des erreurs. C'était sans doute cela le pire, se sentir piégée comme une débutante. Ce fut donc une démone passablement bougonne qui accueillit sa cadette sur un toit quelque part à Londres. Sans un mot, Moira se leva pour l'accueillir, sans le moindre mot, et s'approcha pour la saluer. Son regard n'était pas le même que la dernière fois, on voyait bien que toute cette situation la contrariait. Le pire, sans doute, était de sentir l'âme de Hannah lui échapper. Maudit soit Caeso.
    L'attitude chaleureuse de la demoiselle parvint cependant à la dérider ; au fond, la scandinave restait elle-même, qu'elle fut Elle ou Moira. Poussant un léger soupir, elle rendit son étreinte à la star avant de lui faire la bise. Peut-être pas aussi chaleureusement qu'on aurait pu s'y attendre, mais avec l'ombre de son sourire jadis si naturel. « Ah, il fallait que tu la poses, cette question, hein ? » demanda-t-elle non sans un regard torve. Se rendant compte qu'elle devait être légèrement ridicule, elle ne put retenir un sourire. Un vrai, cette fois. Erika était la première personne à qui elle parlait réellement depuis trois semaines. Au fond, cela lui faisait du bien. C'était facile, d'être une solitaire, quand on possédait toutes les cartes. Quand on se débattait en silence pour trouver une solution à un nœud de problèmes, un peu de compagnie pouvait faire le plus grand bien. « C'est une longue histoire, mais je vais bien. Quoique. J'ai encore quelques migraines... Je crois que je n'avais jamais mis aussi longtemps à guérir complètement. Mais c'était aussi la première fois qu'on me transperçait la tête. » Pensivement, elle caressa sa joue à nouveau intact, juste à l'endroit où il y avait eu, un moment, un trou béant. Haussant les épaules, elle reprit l'air de rien : « Au fond, l'histoire est tragiquement simple. Plus on vit vieux, plus on a de chance de se faire des ennemis acharnés. Il se trouve que je n'avais pas autant de marge de manœuvre que j'aurais pu l'espérer pour gérer celui là. »
    Et ce serait tout, du moins pour le moment. Elle avait beau apprécier Erika, en tout cas pour une démone et, à plus forte raison, pour une démone qu'elle connaissait à peine, toute cette histoire touchait au début de sa vie immortelle. En d'autre terme, il faudrait plus de quelques cours pour en venir aux vraies raisons qui avaient fait d'Elle Greece l'ennemie public numéro un de la capitale. « Bien. Tu es prête ? Aux dernières nouvelles, tu es venue ici pour apprendre à te battre, non ? » De nouveau fermement installé sur ses lèvres, le sourire quasi légendaire de la démone encouragea sa congénère.

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- Attends, tu crois vraiment que tu pouvais y échapper ? Merde Elle, tu disparais et tout un tas de rumeurs circulent sur toi, tu laisses des morts derrière toi, tu déchaines les médias humains... Tu crois vraiment que l'on pouvait se voir comme si de rien n'était ?

Non mais Elle déconnait ou quoi ? Je m'étais inquiétée moi ? Et naturellement que je voulais de ses nouvelles, que je voulais savoir où était la vérité, ce qu'il s'était passé! Pour une démone de son âge, laisser un tel bordel était bizarre quand même. Je la sentais différente de la dernière fois. Sans doute à cause de sa situation. Mon sourire mourut quand elle répliqua en plaisantant qu'elle avait encore des migraines alors qu'elle s'était prise une balle dans... dans la tête. Je blêmis même, alors qu'une image sordide s'imposait à mon esprit. La tête d'Elle qui explosait... Ecoeurant. Je n'étais pas démone depuis assez longtemps pour avoir expérimenter plein de morts différentes. Pour y être habituée.

Mais Elle se montra assez... laconique. Finalement, elle n'expliqua rien, juste qu'elle avait commis une erreur.

- On pourrait dire aussi que les vieux pèchent par arrogance, non ?

J'avais insisté sur le vieux. Pour plaisanter, bien qu'elle soit ancienne. Pas vieille, ancienne, mais d'apparence aussi jeune, voire davantage même que moi. Je me demandais si je saurais atteindre son âge un jour moi-même. Si même elle avait risqué sa vie après tant de siècles d'existences, qu'est-ce que je pouvais bien faire pour sauver ma peau, moi, minable petite démone de 21 ans ? Franchement ? Mais Elle passait déjà à autre chose, me demandant si j'étais bien là pour apprendre. Je souris naturellement :

- Oui, il me semble.

J'hésitais, avant de reprendre :

- Elle, si tu as de vrais soucis... t'es pas toute seule tu sais ? J'ai une dette envers toi et Freddie aussi, par extension... Je sais, c'est pas beaucoup, mais bon... Voilà, j'arrête d'en parler, on apprend quoi maintenant ?

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    « J'avais un vague espoir, pour être honnête, » répliqua-t-elle en se grattant distraitement la nuque. Les cheveux gras, c'était bon pour le personnage, mais à porter, c'était vraiment désagréable. « Crois-moi, je me serai bien passée de toute cette publicité. Mais vois-tu, on ne choisit pas toujours. » Elle était bien placée pour le savoir, c'était bien elle qui avait été attaquée en pleine rue londonienne. Bien entendu, les deux situations n'étaient pas comparables, parce que dans le cas de Moira, il n'y avait aucune place pour le hasard.
    Comprenant qu'elle n'y échapperait pas, la démone décida de dresser un portrait rapide de la situation... qui se révéla, au final, plus proche de l'esquisse que du dessin fini. Avec ironie, Erika décida de plaisanter plutôt que de s'en offusquer et cette attitude plut à Moira. Elle n'aimait pas qu'on la pressât de questions ; c'était le meilleure moyen de se heurter à un mur ou, pire encore, de la voir détaler sans se retourner. Laurys pouvait attester, lui qui avait plusieurs fois tenté de comprendre pourquoi elle abandonnait tous ses éveillés à sa garde. Il n'avait jamais obtenu de réponse. Peut-être maintenant Iago pourrait lui amener une piste, avec sa petite bassesse, il avait la première pièce du puzzle à ce sujet. Le salaud.
    « Peut-être, » répondit-elle avec un sourire. Elle aurait aimé que ce fut si simple, que son orgueil seul fut en cause. Mais la vérité était qu'elle avait été faible. Elle avait refusé de sacrifier une âme humaine parmi les plus belles qu'elle avait vu ces derniers siècles. Elle avait décidé de se battre et de rompre une promesse vieille de deux mille ans, pour Hannah. Parce qu'elle voulait son âme. La voilà, la vérité. Et Erika s'étonnait que la démone ne crachât pas le morceau.
    Désirant recentrer la conversation sur ce qui l'intéressait vraiment, à savoir l'auto-défense, Moira lui demanda si elle était prête à répondre. Erika lui fit un léger espoir en acquiesçant... avant de revenir à la charge. Timidement, en rebroussant chemin à peine son assaut terminé, mais le « mal » était fait. D'un autre côté, elle était franchement adorable et la démone ne pouvait pas vraiment lui en vouloir. « La dernière fois que j'ai fait un pari de ce genre, je l'ai amèrement regretté, mais voilà ce qu'on va faire. Si tu arrives à me prendre mon bonnet, je te raconte ce que tu veux savoir. » Elle lui lança un regard dur. « Mais je te préviens, si tu répètes le centième de ce que je te dirais dans ce cas là à Freddie ou à n'importe qui d'autre, je risquerai de devenir méchante. » Le message était passé, aussi la démone se détendit à nouveau et lui fit un petit sourire provocateur : « On va pouvoir estimer un peu ta vitesse, comme ça. Prête ? C'est toi qui donne le top départ »
    En réalité, Moira ne doutait pas une seule seconde de l'échec d'Erika, mais c'était un bon moyen de la motiver.

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- Je m'en doute.

Que tout cela la contrariait, devoir changer de vie, d'apparence, se faire discrète, alors même qu'elle avait surement pas accompli ce qu'elle avait débuté au lycée. jeune lycéenne forcée de soudainement tout lâcher, accusée de trucs totalement extravagants. Et pourtant, bien moins que la vérité finalement. S'ils avaient su ce qu'était réellement ce règlement de compte... Cela me fit sourire intérieurement. Cela dit j'avais posé une question, j'escomptais bien une réponse, qu'elle me livra à sa façon, c'est à dire sans rien m'apprendre vraiment. Je plaisantais à ce sujet, sur l'arrogance des plus âgés d'entre nous, mais je ne reçus qu'une réponse vague à nouveau et haussais les épaules. Je savais quand je n'obtiendrais rien et là, il semblait bien que ce soit le cas, j'allais devoir faire le deuil de ma curiosité. Je n'obtiendrais pas d'autre réponse satisfaisante pour le moment, tant pis.

Elle m'aiguilla alors sur l'entraînement et je l'assurais une dernière fois de mon soutien, voire de mon aide, si cela n'était pas complètement dérisoire et ridicule qu'une gamine comme moi puisse être utile à une démone de sa trempe. Enfin, c'était dit, je ne reviendrais pas dessus. Elle ne se moqua pas, mais me proposa au contraire un marché, un défi. Je la regardais avec surprise. Lui prendre son bonnet en échange de réponses ? Oui, c'était honnête, même si je me doutais que je n'y arriverais jamais. Elle était plus rapide et plus rusée que moi, et c'était perdu d'avance, mais je décidais de rentrer dans le jeu.

Avant qu'Elle ne me menace de devenir méchante si je répétais ce que j'apprenais. J'en restais bouche bée, surprise de cette menace à laquelle je ne m'attendais pas. Avant de hocher la tête simplement.

- Je ne dirais rien.

Ni à Freddie, ni à personne, consciente que ce serait un secret, un don, une preuve de confiance qu'elle me ferait. Et j'y étais sensible. Elle se détendit de nouveau et je souris à mon tour, retrouvant son sourire malicieux avec plaisir.

- Prête.

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    Trois, deux, un... L'image de Moira disparut simplement ; un instant, elle était là et le suivant, Erika n'avait face à elle que le vide. C'était là une vitesse dont la rockstar ne pourrait que rêver, dans un premier temps, mais il était important qu'elle sût que c'était possible et à sa portée. Car, au final, qu'avait Moira de plus qu"Erika, sinon des années d'avance ? L'image de la démone se stabilisa derrière son élève et l'apparition lui fit un sourire provocateur, comme pour l'inviter à se ruer sur elle. Si la princesse des ténèbres avait été attentive, elle avait pu sentir le déplacement de Moira, à défaut de le voir. C'était à ce genre de perceptions qu'elle allait devoir s'ouvrir si elle voulait avoir la moindre chance d'arracher son secret à la scandinave. « Tes yeux sont tes ennemis, Erika. Ils te trompent, parce qu'ils ne sont pas assez vifs. Mais tu as d'autres moyens de me trouver. »
    L'aura. Cette empreinte si particulière, contre laquelle un immortel ne pouvait rien. Il y avait bien quelques exceptions à cette règle, mais c'était souvent incroyablement contraignant. Dans tous les cas, Moira n'avait pas ce genre de pouvoir.
    Le jeu commença vraiment et, naturellement, Âlma adapta sa vitesse à celle de son élève. Elle dosait sciemment, toujours un peu plus que celle qui lui courait après. Elle offrit son bonnet aux illusions de réussite d'Erika, parvenant toujours à sortir du piège qu'elle créait elle-même in extremis. Et puis, quand elle fut sûre que l'anglaise se concentrait tellement sur son couvre-chef qu'elle en avait presque oublié qu'il était porté par quelqu'un, elle la frappa. Juste assez fort pour la repousser, pas assez pour la blesser ou même la gêner vraiment longtemps, mais tout de même, elle frappa l'épaule d'un coup de pied précis et sans appel.
    « La prochaine fois, je frapperai plus fort, prévint-elle. » Elle esquissa un sourire qui se voulait encourageant. « N'hésite pas à me rendre la pareille, si tu en as l'occasion. Ton objectif, c'est mon bonnet. Tes moyens ne connaissent aucune limite. Si tu dois me tuer pour le récupérer, fais-le. Tu n'as rien à gagner à ne pas le faire. »
    Le jeu se teintait soudainement de réalité. Avant de reprendre, comme s'il ne s'était jamais arrêté.

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Ah d'accord...

Elle bougeait tellement vite que je ne pouvais même pas la voir se mouvoir. Embêtant pour essayer de lui piquer son bonnet. Je savais bien qu'elle m'avait lancé un défi impossible, mais de là à ne même pas pouvoir la voir bouger... C'était vraiment chaud. Rien ne m'avait préparé à ce genre d'entraînement, on n'apprenait pas ça à l'école. J'avais apprit des ruses pour approcher les gens, pour qu'ils me fassent confiance, pour les tromper, mais niveau combat, c'était la misère.

La voix d'Elle s’éleva derrière moi et je fis volte face alors qu'elle m'enjoignait à ne pas faire confiance à mes yeux mais plutôt à mes autres sens... Euh... Quels sens ? Genre mon instinct ? La leçon était un poil trop rapide tout à coup, comment voulait-elle que je réussisse ce coup là ?

- D'autres moyens ?

Bon, on se concentre. Je ne voulais pas la décevoir. Surtout pas. Bizarrement, l'estime d'Elle m'importait réellement. Je sentais que Elle n'était pas à fond, alors qu'elle ralentissait, me laissant des opportunités, que je n'arrivais même pas à saisir. C'était vraiment, mais alors vraiment rageant. A chaque fois, j'étais à deux doigts d'y arriver, mais à chaque fois, je ratais ma cible alors que Elle riait, s'amusant de ma déconvenue. Je fus vite en sueur. Et soudain, je pris un coup de pied dans l'épaule qui me fit reculer, abasourdie tant je ne m'y attendais pas. Je levais un regard surpris vers la jeune femme et vieille démone.

- Je savais pas que tous les coups étaient permis, mais d'accord.

Bon, cela dit, plus facile à dire qu'à faire... Je me massais l'épaule, douloureuse, avant de l'observer. Je fermais les yeux un instant, me demandant si j'allais réussir à sentir Elle et en effet, je sentais bien quelque chose... Cette aura propre à tout être angélique ou démoniaque, qui permettait de savoir quand on croisait un autre immortel. Cela dit, ça ne m'aidait pas beaucoup...

Je repartis à l'assaut, plus féroce qu'avant. Elle ne me loupa pas, frappant de nouveau et je chutais au sol cette fois, sans me relever, épuisée... Et quand Elle approcha, je frappais dans son tibia en espérant la surprendre et enfin approcher ce fichu bonnet.

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    Elle devait bien reconnaître une chose : elle abusait légèrement. Pas volontairement, du moins pas totalement, mais elle trouvait dans cette petite séance d'entraînement un bon défouloir pour évacuer sa frustration des dernières semaines. Du coup, la démone devait le sentir passer, Moira ne faisait pas preuve d'une pédagogie particulière. C'était, il fallait le dire, un bon moyen de tester les limites de son élève et donc de mieux la connaître.
    Si bien que quand la rockeuse resta allongée au sol, après un nouveau coup, la scandinave ne sut si elle était surprise, déçue ou frustrée. Surprise et déçue parce qu'elle avait cru la demoiselle bien plus résistante. Elle ne l'avait certes pas épargnée, loin s'en fallait, mais tout de même... Elle jeta un rapide coup d'œil sur l'écran de son portable et remarqua qu'elles avaient bougé pendant plus de trente minutes. Bon, peut-être que c'était normal, après tout, elle ne devait pas avoir l'habitude. Frustrée parce que, avec le calme qui revenait, c'était sa frustration qui surgissait. Sans un mot, elle s'approcha, légèrement sur la défensive tout de même. « Eh bien, Erika, qu'est-ce qui t'arrive ? »
    Vint le coup bas — mais audacieux — qui frappa durement le tibia de la démone. Surprise malgré elle, Moira flancha légèrement et Erika se rua à l'assaut de son trophée. Le temps ralentit jusqu'à presque se figer et Moira eut tout le temps de lire la détermination dans le regard de sa jeune élève. Elle voulait réussir, elle brûlait de réussir. Pourquoi ? Pas pour connaître les secrets de son professeur, comprit-elle. Non, c'était l'envie de bien faire, d'écouter et de se dépasser. De ne plus jamais revivre ce qu'elle avait vécu ce soir là. Les doigts de Moira s'enroulèrent pourtant autour des poignets de son agresseur et les deux femmes se retrouvèrent, nez à nez, momentanément soudées et immobilisées. « C'est exactement ça. » Erika devait enrager, sa main droite était à quelques centimètres à peine de sa cible. « Quand ton adversaire est plus fort que toi, trompe-le. Mais évite de faire la morte, il n'y a souvent que dans les mauvais romans et les films à l'eau de rose que faire la morte fonctionne. Un ange ne prendra pas ton pouls, il t'arrachera le cœur avant que tu ne te réveilles. »
    Elle la lâcha lentement et reprit : « Allez, je sais que tu en meures d'envie. Pose moi donc une question, tu l'as bien méritée. Mais choisis bien, ce sera peut-être la seule. »

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Je ne voyais vraiment pas comment réussir à avoir le bonnet d'Elle. Ou Moïra. Enfin, peu importait le nom, elle était plus expérimentée, plus rapide que moi, je n'avais aucune chance et surtout, elle était loin de me ménager. Je me demandais si Laurys serait un professeur plus clément. Freddie avait voulu me fourrer entre les pattes du général de Satan, mais ce n'était peut-être pas une excellente idée pour une débutante comme moi. Déjà que là, je morflais grave avec Elle, qui pourtant, retenait ses coups et testait ma rapidité et m'enseignait à me fier à mes autres sens sous forme de jeu, alors avec un démon qui dirigeait une armée... Je serais morte. Ah voilà, en fait, Freddie voulait se débarrasser de moi, j'avais compris !

Alors je décidais de ruser, profitant d'un autre coup, pour ne pas me relever, attendre qu'elle s'inquiète et s'approche, baissant légèrement sa garde en pensant son élève trop fragile, pour finalement tenter de lui arracher mon trophée. Je la frappais au tibia. Tous les coups étaient permis, non ? C'était elle qui l'avait dit ! Et bien soit, je la prenais au mot ! Je bondis et tendis la main vers le bonnet... Qui m'échappa malgré tout. Parce que Moïra me bloqua, ses doigts s'enroulant autour de mon poignet, me coupant net dans mon élan. Et sa force était impressionnante, alors que je cessais pour la regarder tandis qu'elle me disait que c'était exactement cela.

Sauf que faire la morte n'était pas une bonne idée avec un réel adversaire, qui ne chercherait pas à savoir si j'allais bien comme Elle, mais qui voudrait juste terminer le boulot, une ruse qui ne fonctionnerait pas donc. Elle me relâcha et je me frottais machinalement le poignet.

« Je me suis adaptée, je savais que toi, tu ne chercherais pas à me tuer, puisque tu m'enseignes le combat et je me suis dis, que tu pourrais te demander si j'étais si fragile que ça, ce qui te ferait cesser les coups, pour t'inquiéter de mon sort. Face à un autre adversaire, qui voudrait me tuer, je n'aurais sans doute pas pris le risque de le laisser approcher si près, je ne suis pas assez rapide pour avoir le temps d'anticiper un arrachage de cœur dans les règles de l'art. »

Elle me dit alors que j'avais quand même le droit de poser une question, une seule, et que je devais bien choisir.

« Qui était cet homme pour qui tu as fait tomber ta couverture et mis ta vie en danger Elle ? »

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    « Eh bien, je dois dire que c'est une réponse tout à fait satisfaisante, » répondit la démone avec un sourire quand Erika lui expliqua sa démarche. S'adapter, c'était bien là la première règle de survie et il semblait que sa jeune élève l'avait bien comprise. Pour se faire pardonner de ses traitements un peu rude autant que pour encourager la demoiselle, Moira décida de lui accorder une question — décidément, le jeu des questions/réponses semblait être un de ses passe-temps favoris — et elle ne put qu'esquisser un sourire torve quand le couperet tomba. « Tu sais profiter des opportunités que l'on t'offre, à ce que je vois. »
    Pendant quelques secondes, Erika put craindre de voir son droit à une réponse bafouée ; puis, finalement, la principale concernée poussa un léger soupire et haussa les épaules. « Très bien, très bien. Il s'appelle Cæso et lui et moi... eh bien, disons qu'on se connaît depuis très longtemps. » Elle marqua une pause mais un coup d'œil à Erika lui apprit qu'elle n'avait quasiment aucune chance de s'en sortir avec une explications aussi vague. « À l'époque, nous étions vraiment en guerre avec les anges. Les petites escarmouches d'aujourd'hui n'ont rien à voir. Nous nous affrontions sans cesse et, eh bien, les démons étaient plus ou moins en train de perdre depuis plusieurs années. Cæso était un prisonnier de valeur, parce qu'il connaissait presque tous nos secrets. Il ne nous a jamais trahi, mais son courage a eu un prix : pendant près d'un siècle, nous avons tenté de le libérer mais chacune de nos tentatives s'est soldée par un échec... et tout ce temps là, nous savions qu'il était torturé, poussé à bout. Il ne s'en est jamais remis. » Marquant une pause, elle chercha à déchiffrer les émotions de son élève. Regrettait-elle de ne pas avoir vécu à cette époque ? Peu probable. Essayait-il de deviner le quand ? C'était certain, mais Elle n'en dirait rien pour le moment. Finalement, elle poursuivit : « Finalement, les anges nous ont un jour débusqué et je fus l'une des rares survivantes. J'ai alors fait la chose la plus stupide qui soit, j'ai foncé dans le tas, profitant de leur soudaine euphorie. Ils avaient gagné, pensaient-ils. J'ai réussi à leur arracher Cæso, mais il était trop tard, il n'était déjà plus lui-même. Je devais avoir quatre-vint ans de retard, facilement. » Un pauvre sourire se dessina sur ses lèvres alors qu'elle ajoutait finalement, avec une douceur révélatrice : « Il m'a accusé de notre défaite et a promis de me tuer un jour. »
    Voilà, Erika connaissait toute l'histoire. Voulant terminer sur une note plus joyeuse, Moira eut un petit rire. « Comme tu peux le voir, il n'a toujours pas réussi son coup. »
    Balayant les potentielles questions d'une Erika sans doute insatisfaite — il restait bien des zones d'ombre dans son récit, mais c'était prévisible — elle s'écarta soudainement de la jeune démone, déclarant par la même occasion la reprise de l'entraînement. « Continuons. Je veux que tu te donnes à fond. Ton objectif est le même. Tes atouts n'ont pas changé. Ta vitesse, ta réflexions et tes sens. À partir de maintenant, je ne veux plus que tu te laisses frapper. Tu vas esquiver mes attaques ou les arrêter. » Et sans lui laisser le temps de poser des questions, elle lui fonça dessus, amorçant un geste pour la frapper au plexus.
    Erika put alors se rendre compte que son mentor adaptait ses mouvements aux exercices. Moira était globalement plus lente ; cela ne voulait pas dire que lire et anticiper ses attaques devenaient un jeu d'enfant, mais après leur première passe, la démone avait une relative bonne idée du niveau de son élève et s'adaptait.

    Une heure — particulièrement studieuse et donc harassante — plus tard, Moira signifiait la fin de l'exercice et, par la même occasion, de se premier entrainement.

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Un sourire presque enfantin fleurit sur mes lèvres alors qu'Elle jugeait ma réponse satisfaisante. Je m'étais adaptée à mon adversaire, tout simplement et je n'aurais sans doute pas eu le courage de tenter ce genre de manœuvre avec un réel ennemi, qui n’en aurait rien à fiche de savoir si j'étais KO ou pas. S'il était un tant soit peu intelligent, il m'embrocherait sans trop s'approcher. La vie n'était pas un film. Dans les films, il fallait toujours que le méchant parle pendant une éternité et laisse passer sa chance de buter le héros. Cela ne se passerait pas ainsi. Il me faudrait réfléchir et agir vite, voire instinctivement.

Elle me proposa alors de lui poser une question et il ne me fallut pas bien longtemps pour la trouver. Quand j'avais une idée en tête, je ne l'avais pas autre part pour rester polie et je n'avais pas eu entière satisfaction de son explication vague du début de notre entraînement. Elle commenta en disant que je savais profiter des opportunités, mais n’en dit pas davantage pendant un moment, à tel point que j'eus envie de lui rappeler sa promesse.

Seulement, elle finit tout de même par parler, m'avouant que l'homme s'appelait Caseo et que c'était une vieille connaissance. Elle me dévoila comment ils s'étaient connus, comment il avait été fait prisonnier pendant des décennies, se faisant torturer par les anges, cela le rendant fou. Jusqu'à ce qu'elle risque sa vie pour le sauver, mais trop tard, alors qu'il reportait sa haine sur elle. C'était totalement ridicule d'ailleurs, mais allez savoir comment pouvait réagir une psyché malmenée. En le sauvant, Elle s'était faite un ennemi terrible... Regrettait-elle son geste maintenant ? Se disait-elle que cela aurait été plus simple de le laisser croupir ?

Elle se força à sourire en disant qu'il n'avait toujours pas réussi et je lui rendis son sourire, un peu plus pâle cependant. Mais Elle était maligne et ne me laissa pas l'occasion d'ajouter quoique ce soit, qu'elle reprenait déjà ses assauts, me donnant un nouvel objectif : esquiver ou bloquer ses attaques. Et elle entra dans sa danse avant que j'accepte, me forçant à reculer et à deviner ses coups. Elle était moins rapide qu’auparavant, me restant, avant de monter la difficulté en fonction de mes résultats. Malheureusement, je ne réussis pas à éviter tous les coups et finalement, je finis par tomber à genoux, à bout de souffle, quand la séance fut terminée, alors que je découvrais de nouveaux muscles, qui hurlaient de douleur. Je haletais, trempée, épuisée. Un bain, je voulais un bon bain chaud...

Je levais les yeux vers Elle ou Moïra, qu'importait le nom, attendant son verdict après cette première heure, en espérant ne pas l'avoir trop déçue par mes performances un peu médiocres selon moi. Je n'étais clairement pas une guerrière et je pourrais bien acheter le costume de Xéna pour faire plaisir à Freddie, j'étais loin de savoir combattre comme elle.

Age : 34 Messages : 191 Date d'inscription : 22/03/2012

    « Contente d'en avoir fini ? » taquina Moira avec bonne humeur, quand Erika se laissa tomber à genoux. Diantre, elle ne s'était pas attendu à ce que cette petite séance d'entraînement la mît d'aussi bonne humeur, mais quand on voyait la détermination d'Erika, on ne pouvait que relativiser ses propres problèmes. La demoiselle avait cru mourir, attaquée par deux anges, et son envie de ne plus jamais être une victime était comme... motivante. Ou inspirante. Dans un cas comme dans l'autre, c'était rafraîchissant.
    Il était évident que la démone avait bien mieux supporté la petite séance que sa congénère, mais cela ne l'empêchait pas de marquer l'effort. Elle était essoufflée et en sueur, au même titre qu'Erika. La seule différence était qu'elle restait debout. « Il va falloir travailler ton endurance. Ton endurance et ta vitesse, ce sont là tes deux meilleures armes. Certains immortels négligent ces deux qualités pour développer un quelconque pouvoir... À mon avis, ils perdent au change. » C'était là une pensée assez marginale dans les hautes sphères immortels. Après tout, il n'y avait pas un « Grand » qui n'eut pas son talent exceptionnel. Elle n'avait pour elle que sa vitesse, son endurance et sa force mais elle s'estimait adversaire redoutable pour n'importe lequel de ses magiciens tout de même. Quand on se battait avec elle, on n'avait pas forcément le temps de faire joujou avec la magie. « Tous les soirs, je veux que tu te réserves une bonne heure pour courir. Nous avons beau être des démons, pour devenir plus fort, il faut travailler dur. Nous ferons une petite séance toutes les semaines au moins... Et quand tu seras prête, nous pourrons passer à l'arme blanche. J'ai peur de ne pas être une professeur compétente pour les armes à feu, » confessa-t-elle avant de marquer une pause et de reprendre, avec une certaine douceur : « Tu t'es déjà liée, Erika ? Il faudra le faire. Éveiller les mortels, c'est bien, mais sa vraie puissance, un démon la tire des humains avec qui il se lie. »
    On leur apprenait sans doute cela, à l'école, mais Moira n'aurait pas été surprise de la voir désarçonnée. Elle n'avait sans doute jamais imaginé le lien comme un pur moyen de devenir plus puissante. Elle s'était peut-être imaginée que tous les démons choisissaient leurs liens selon des affinités particulières, qu'ils ne choisissaient que « l'élu ». La vérité, tout du moins aux yeux de Moira, était toute autre. Elle se souvenait parfaitement du premier homme avec qui elle s'était liée, poussée par Flavius. Un romain, un soudard mais certes mais un guerrier aguerri. Quand elle avait dévoré son âme, elle avait beaucoup appris. « Rassure-moi, Freddie ne va pas chercher à te mettre des bâtons dans les roues ? »
    Et après, on se demandait pourquoi Elle avait fui toute sa vie les relations sérieuses avec des immortels.
    Se rendant soudainement compte qu'elle manquait encore de pédagogie, Elle esquissa un sourire qui vint atténuer la dureté de ses propos. Après s'être concentrée sur l'avenir, elle pouvait faire un rapide point sur le présent et, plus particulièrement, sur ce qu'elle avait pensé de sa prestation. Elle aurait dû voir cette lueur pleine d'espoir qui brillait dans son regard ; l'envie d'être félicitée, tout simplement. Erika restait jeune et à la recherche d'une confiance en elle. « Dans tous les cas, ce que tu m'as montré là est plus qu'encourageant. Ta détermination est assez impressionnante, je dois dire. Tu n'as pas songé un seul instant à abandonner et c'est exactement de ça dont tu as besoin. Le reste, tu peux l'obtenir, mais la volonté reste la seule arme qu'on ne peut pas t'arracher. »

Age : 40 Messages : 151 Date d'inscription : 01/12/2010

« Oui, je n'aurais pas tenu 5 minutes de plus. »

Et je n'exagérais même pas... Franchement, j'étais épuisée. Vraiment épuisée. Comme rarement depuis que j'étais devenue une démone. Elle m'avait poussée dans mes retranchements, me forçant à puiser dans mes forces et mes ressources. Et encore, je savais qu'elle n'y était pas allée à fond, ce qui n'était pas fait pour me rassurer... Elle me dit alors que j'allais devoir travailler mon endurance et ma vitesse, que cela seraient ms meilleures armes, davantage qu'un pouvoir quelconque. Oui, sans doute, mais d'ici à ce que je sois capable de pouvoir être efficace, il allait se passer des années, voire des décennies...

« Ça t'a prit combien de temps pour être performante ? »

Elle pensait que les capacités physiques valaient un quelconque pouvoir. Je ne savais pas si je pensais comme elle. Je n'avais jamais vraiment réfléchi à la question. Il y avait les vieux démons, au sommet de l'échelle et il y avait moi, petite novice, talentueuse pour bénir, mais si jeune encore, tout en bas. Elle me donna alors la suite du programme : une heure tous les soirs à courir... Je lui jetais un regard interloqué. Courir ? Mais je pouvais voler, non ? Cela dit, je ne l'interrompis pas alors qu'elle me disait qu'il fallait nous entraîner dur. Que plus tard, j'apprendrais à manier une arme blanche. Pour les armes à feu, ce ne serait sans doute pas avec elle. J'apprendrais autrement, pas grave, cela était moins noble mais pratique quand même pour gagner du temps.

Elle me demanda alors si je m'étais déjà liée et je secouais négativement la tête. Je savais comment on pactisait, mais je ne l'avais jamais expérimenté jusqu'à maintenant. Elle m'encourageait plutôt à le faire, disant que cela rendait plus puissant encore.

« D'accord. »

J'avais une foule d'informations, j'emmagasinais, mais j'y réfléchirais sans doute à tête reposée une fois chez moi, coulée dans un bon bain chaud... Et si je demandais à Freddie un petit massage ? Oh oui, c'était une idée plus que séduisante ça. Elle me questionna alors concernant mon petit ami justement et je pris le temps d'y songer, avant de secouer la tête.

« Aucune idée. Il peut toujours essayer cela dit. Je n'ai jamais dis que j'écoutais tout ce que l'on me disait et quand je veux quelque chose, je l'ai. »

Freddie ou pas. Il n'avait pas à me dicter ma vie, même si j'étais reconnaissante de tout ce qu'il avait fait pour moi. Mais cela ne faisait pas de moi sa chose. Ni son esclave. Je restais libre de mes actes. Elle me félicita alors de ma prestation et je soupirais de soulagement.

« Merci. »

Pour les encouragements, pour les leçons, pour le temps perdu avec moi. Pour à peu près tout en fait.

« Et maintenant, je vais aller délasser mes muscles malmenés dans un bon bain chaud... je ne savais même pas que certaines parties de mon anatomie pouvaient être aussi douloureuses. »

Je souris légèrement, avant de me relever.

« J'attends de tes nouvelles pour la prochaine séance. Et je me planifie la séance de jogging. A bientôt Moïra. »

Et je quittais ainsi la démone millénaire, rêvant juste de me délasser. Et de m'effondrer d'épuisement.

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