Un étrange rebondissement | Elle

« Elle. Elle Greece. Âlma est morte depuis tellement longtemps maintenant, » répondit calmement la concernée, sans lâcher la porte. Elle savait qu'il viendrait, tôt ou tard. Avec les affrontements qui s'intensifiaient, avec sa liée dans son lycée, avec l'agression d'Erika, c'était inévitable. Elle aurait cependant préféré que cela arrive plus tard. Douce utopie, Laurys avait cette mauvaise manie d'en savoir trop et trop vite. « Entre, je t'en prie. »

S'effaçant enfin pour laisser passer son visiteur imprévu, elle referma la porte derrière lui et ne put retenir un léger sourire. « Tu pardonneras le bazar, mais étant donné que des immortels dans ton genre n'ont eu de cesse de me tomber dessus depuis mon arrivée, je n'ai toujours pas rangé. »

Elle n'avait pu s'empêcher de glisser un petit commentaire sur sa présence, mais ce n'était pas tant contre lui qu'elle en avait que contre sa propre idiotie. Pourquoi avait-elle choisi Londres, après tout ? Ou plutôt, pourquoi n'avait-elle pas fait quelques recherches sur la ville avant de s'y rendre ? Elle n'aurait sans doute eu aucun mal à remarquer la présence d'autant d'éternels ; elle n'avait pas vu une telle concentration depuis le Vatican des Croisades. On ne l'avait plus appelé Âlma aussi souvent en aussi peu de temps depuis... Jerusalem et l'an 1. Cependant, comme elle changeait de nom tous les trois ans ou presque, les Immortels avaient eu tôt fait de lui attacher celui que lui avait donné Flavius, peu avant les événements qui l'avaient rendu tristement « célèbre ».

« Prends la chaise devant le bureau, l'invita-t-elle en parfaite hôte. Sinon, tu peux toujours jeter ton dévolu sur le lit »

Elle en avait presque honte ! Dans la pièce principale, qui servait de cuisine–chambre–bureau, il y avait des piles d'un peu de tout un peu partout : vêtements, bibelots en tout genre, appareils numériques divers. Chaque jour, elle se disait qu'il fallait vraiment qu'elle prenne le temps de ranger tout ça et chaque jour, elle oubliait ou manquait de courage. Si bien que maintenant, elle ne les voyait même plus.

« Tu veux des pâtes ? J'étais en train de m'en faire cuire un peu. » demanda-t-elle quand il se fut installé.

« Elles viennent de la supérette du coin, désolée de te décevoir. Cuite en 3 minutes, elles sont parfaites pour mon emploi du temps actuel... » répondit-elle, alors qu'elle retirait la casserole de sa plaque et sortait un egouttoire. Tu es arrivé vraiment au bon moment. »

La seconde d'après, elle reposait une casserole toujours pleine de pâtes mais débarrassée de son eau devenue inutile, avant de fouiller dans ses placards et d'en extirper deux assiettes aux couleurs vives, une indigo et une bleu ciel. Avec bonne humeur, elle servit deux portions généreuses avant de s'approcher de son invité.

« Tiens, lui dit-elle en lui tendant l'assiette bleue et une fourchette, bon appétit. Tu peux te servir du bureau comme table, si tu veux. » Pour sa part, elle s'assit en tailleur sur son lit, posant ses pâtes sur ses jambes et esquissant un sourire avant de commencer à manger. « Pour le café, tu devrais trouver ton bonheur. Après tout, certaines choses ne changent pas, malgré les apparences. »

Et Elle ne faisait pas exception, du moins le sous-entendait-elle. Et la démone n'avait jamais tourné le dos aux siens quand ils avaient vraiment eu besoin d'elle.

« Un peu de sel, peut-être ? »

-Sacrilège.

Répliquai je avec bonne humeur. Vivre tant et tant et s'acheter des pâtes a la supérette. Diantre ! Deviendrai je archaïque ? Cette idée m'amusait un peu, je devais bien l'avouer. Malgré les ans, nous étions obligés de nous adapter au risque de nous affaiblir. Alors certes, mon éducation était d'un autre temps, mais mes méthodes étaient celles de ce siècle.

-Merci.

L'assiette fumante entre les mains, je soufflai doucement dessus avant de la poser sur le bureau, comme elle m'y avait invité, jouant un peu avec la fourchette pour refroidir le met brûlant. Je savais me contenter de peu et même si j'appréciais le luxe que pouvait m'offrir cette vie, je n'en oubliais pas pour autant ce que fus mon existence avec ma rencontre avec Satan. Je pris une fourchettée avant de secouer doucement la tête, prenant la peine d'avaler :

-Non, ne te dérange pas, c'est parfait comme cela.

Mon regard erra un instant sur l'environnement, m'amusant légèrement du désordre.

-Voilà un masque qui me surprend un peu, qu'est ce qui t'a donc poussée a devenir une lycéenne ? Tu risque de t'ennuyer légèrement a l'école non ?

L'amusement pétillait dans mes iris avant que je ne l'informe avec aimabilité.

-Autant te le dire tout de suite, tu risque de rencontrer ma protégée, si ce n'est déjà fait.

Oh Alice ne risquait rien avec Elle, j'en étais conscient, mais la politesse et le respect me poussait a faire ce genre de confidence. Je touillai doucement mes pâtes.

-Tu sais que ton arrivée coïncide avec l'émergeance de trouble dans la ville ?

Une lueur étrange dansa un instant dans mes iris et je repris :

-Au vu de tes réflexions précédentes, je suppose que tu sais que Londres regorge de...Personnalitées parfois dérangeantes non ?

C'était quand même pratique, de vivre au XIX^e siècle. Trois minutes et on pouvait manger quelque chose de chaud, de bon et qui tenait au corps. Elle se souvenait de certains hivers où elle ne mangeait que deux ou trois fois par semaines... Elle avait été heureuse, alors, d'être une démone.

« Je fonctionne comme ça. Je choisis une perspective et j'en explore toutes les facettes. Il n'y a pas deux mois, j'étais une enfant rebelle dans un quartier difficile. » Elle marqua une pause, prenant le temps de se remémorer son aventure. « Je pense être parvenue à améliorer leur quotidien, au moins un peu. Enfin, tu dois déjà le savoir, j'imagine que tu as pris le temps d'interroger Adamus. »

Elle lui jeta un regard entendu agrémenté d'un petit sourire. Avec le temps, elle avait fini par comprendre comment le choix de Satan fonctionnait. Il fouinait. Adamus était un adolescent, de seize ans à peine, un polonais qui n'avait pas su trouver sa place dans un pays en pleine transformation. Elle l'avait éveillé puis amené à la Salvare, sans prendre le temps de passer le bonjour. À quoi bon ? Tout ce qu'elle pourrait dire, le démon nouveau-né le pouvait aussi. Suivre les déplacements de Elle n'était pas une tâche difficile pour Laurys, elle déposait à la porte de l'école trois ou quatre nourrissons par décennies dans le pire des cas.

Elle avait englouti la moitié de son assiette que son invité n'y avait à peine touché, aussi se força-t-elle à ralentir. Elle en profita pour le détailler un peu et esquissa un nouveau sourire. En effet, il ne faisait pas à sa place. Ce n'était pas sa faute, cependant, peu d'étudiante de terminale accueillait un homme d'affaire — ou équivalent — chez elle.

« J'ai en effet fait la rencontre d'Alice. J'aurais sans doute été moins contrariée si j'avais su dès le départ que tu étais son Pactisant. »

Elle garda pour plus tard la présence d'un archange comme camarade de classe de sa liée. De toute façon, connaissant Laurys, il n'était pas sans l'ignorer. S'en mordait-il les doigts ? La démone s'étonnait qu'il laissât la jeune française évoluer si proche de l'ennemi. Comme s'il avait lu dans ses pensées — c'était peut-être possible, en plus, il n'y avait que lui qui savait quels dons lui avait donné le Matin — il orienta la conversation vers les sujets qui fâchaient. Elle ne put que hausser les épaules.

« Je suis blonde, pourtant... difficile de me confondre avec un corbeau. Mais faut-il vraiment s'en étonner ? Autant d'immortels, tous ennemis, qui cohabitent dans un si petit espace ? Il fallait que ça éclate, à un moment ou à un autre. J'aurai préféré que ça n'arrive pas justement quand j'arrive. » Ce que Elle ignorait était que les fameux troubles ne se limitaient pas à la sympathique bourgade londonienne. On comptait des victimes dans le camp démoniaque un peu partout dans le monde. « J'étais avec une jeune démone nommée Erika quand cette dernière s'est faite attaquer. Nous avons réussi à maîtriser ses agresseurs : deux bénis d'une certaine Alix... elle-même une fille d'Azraëlle. M'est avis que l'ange de la mort fait joujou avec des tensions plus vieilles qu'elle. »

Elle marqua une pause, picorant désormais dans son assiette de pâtes sans vraiment s'y attarder. Elle n'avait plus faim.

« J'imagine que tu es au courant, mais il y a un archange qui hante les couloirs du lycée d'Alice. »

-Adamus...mmh..prometteur comme chacun des tiens, bien qu'il regrette la présence de son mentor.

Ce n'était pas a proprement parlé une critique ou même un reproche. Juste un fait et cela s'entendait dans ma voix. Je ne désespérais pas de voir un jour Elle prendre soin elle même de ses Eveillés, mais pouvait on changer quelqu'un d'aussi agée ? Peut être pas, mais j'étais un optimiste.
Un sourire mêlant excuses et malice ombra mes lèvres au reproche a peine voilé.

-Je n'ai pas pour habitude de le crier sur tout les toits. Il est déjà rare que je contracte, autant ne pas trop attirer l'attention sur Alice.

Et donc sur moi. Alice restait un moyen de pression, même si je la gerais plutôt bien. je n'étais pas homme a céder devant la panique ou la colère sans règles. J'étais la reflexion plus que l'action. On pouvait parfois me penser innofensif mais ce n'était pas le cas. Je bougeais mes pièces lorsque j'avais toutes les cartes en main, tout simplement.

Cependant, le badinage n'avait qu'un temps et je plongeai directement au coeur du problème, mangeant avec un appétit grandissant malgré le noeud qui pouvait me nouer l'estomac.

-Je serais d'accord avec toi si il n'y avait les Puissances dans cette ville justement qui empêche tout débordements généralement. Mais cela ne se limite pas a Londres hélàs, je reçois des rapports alarmants d'un peu partout. J'ai organisé la protection des plus jeunes et des plus fragiles mais il est difficile de prévoir les prochains mouvements.

Mon regard s'affina doucement.

-Je connais Erika de réputation, elle avait été repérée par Gabriel si je ne m'abuse puis soustraite a son influence. Aux dernières nouvelles, elle serait plutôt proche de Freddie Wood. Je ne sais pas quoi en penser pour le moment, je me contente d'observer...Mais ce que tu m'apprends au sujet d'Alix m'inquiète un peu plus. Il n'est pas dans les habitudes d'Azraëlle de placer ses Bénies sur le devant de la scène justement. D'autant plus qu'elle semble avoir disparue de la surface de la terre. Impossible de savoir où elle se trouve en ce moment, même si je la savais ici il y a quelque mois encore. Iago s'est un peu frotté a elle.

Ce qui avait eu le don de m'amuser sans que je n'intervienne cependant. Si l'un ou l'autre mourrait de ces affrontements, cela serait une perte évidemment car j'appréciais le démon, mais si il pouvait me débarrasser de cette épine...Enfin, tout ceci était d'un ambroglio un peu délicat a défaire.

-Peut être a-t-il fini par la détruire, ce que je lui souhaite.

Mais je n'avais rien entendu s'en approchant et a moins de poser directement la question a Iago...Peut être lui rendrais je visite d'ailleurs.

-Raphaël oui, je le sais. Ce qui m'arrange, je l'ai sous les yeux en permanence, c'est très pratique. Gabriel est plus délicat a surveiller.

Répondis je tranquillement avec un léger sourire en coin. Certes, cela pouvait passer pour quelque chose de parfaitement inconscient venant de quelqu'un d'autre, mais de moi...Cela voulait dire tout autre chose.

Elle ne broncha pas quand Laurys lui parla d'Adamus et des regrets de ce dernier quant à l'absence de celle qui l'avait éveillée. Elle ne fit pas mine, non plus, de se défendre ou d'argumenter ses choix. Cette conversation était un peu leur leitmotiv, ils l'avaient eu si souvent. Aux yeux de Elle, c'était un cadeau qu'elle leur faisait, autant à elle qu'à eux, ses éveillés. L'aurait-elle pu, elle les aurait abandonné au milieu des mortels. Malheureusement, on n'était plus au lendemain de l'Extinction et si elle avait pu vivre dix ans dans l'ignorance sans jamais rencontrer une aile blanche, elle savait très bien que l'époque ne s'y prêtait plus. Ils perdaient, avec cette opportunité, la possibilité d'ouvrir leurs yeux d'eux-même, de découvrir à leur rythme, de s'émerveiller de ce qu'ils étaient capables, de tester leurs limites ; d'apprendre, tout simplement, par eux-même et de se forger leurs propres opinions. Au moins, en les abandonnant à l'école, elle leur offrait un cadre moins strict, une foule de points de vue et la chance de décider ce qu'ils voulaient en retenir. Se mêler de leur éducation, à ses yeux, ne revenaient qu'à leur imposer sa propre vision, même sans le vouloir. Et puis, il fallait reconnaître que son tempérament ne se prêtait pas du tout à ce genre d'exercices. Malgré son grand âge, elle restait et resterait l'élève. Apprendre, elle savait. Enseigner... Elle était trop libre pour cela.

Ainsi était Elle : pleine de bonne volonté et incroyablement égoïste. Les deux à la fois, sans concession.

« La vielle pie a peut-être reçu des ordres. » La chose était rare, pas impossible. « J'ai été voir Iago, justement — les deux angelots avaient les mêmes renseignements que toi — et il ne s'est pas vanté d'avoir tuer la grande Azraëlle. Or, nous connaissons tous les deux Iago. »

Elle agrémenta sa remarquer d'un léger sourire qui flotta sur ses lèvres avant de disparaître derrière une fourchette pleine de pâtes. Ça refroidissait déjà.

« Si je n'avais pas mis autant d'effort dans la création de Elle Greece, je serai déjà repartie. Mais j'imagine qu'il est trop tard, désormais... Et puis, je n'ai jamais vraiment eu l'occasion de faire connaissance avec Raphaël, autant en profiter. »

Elle marqua un temps d'arrêt, esquisser un de ses éternels sourires. Sa mauvaise humeur semblait déjà s'être envolée et, posant son assiette sur sa couette à côté d'elle, elle captura le regard de Laurys.

« Si tu me disais ce que tu attends de moi, hein ? »

Un rire discret passa la barrière de mes lèvres. Vieille pie...Je n'étais pas sûr qu'Azraëlle apprécie la comparaison mais la question ne se posait pas de toute manière. Je ne comprenais pas sa disparition, elle me semblait...illogique. Des années d'observation, voir des siècles m'avait quelque peu habitué a ses agissements, même si elle demeurait imprévisible sur un champ de bataille, disparaitre ainsi n'était pas vraiment dans sa nature, surtout si ça s'agitait. Je haussai les épaules.

-Tu as peut être raison.

Par contre, j'éclatai franchement de rire lorsqu'elle renchérit sur ce cher Iago.

-Oui, je doute que sa fierté lui tiendrait la langue, on l'aurait certainement sut.

Mais je n'aimais pas ça. Gabriel et Raphaël étaient en ville c'était une certitude, que je ne sache pas où ce trouvait la troisième tête de cette hydre m'inquiétait légèrement. je posai un regard tranquille sur la démone, esquissant un sourire en coin.

-Peut être, mais tu sais aussi bien que moi que la guerre nous rattrape toujours, même si tu te plais a vivre en marge. Il n'y a que ta puissance qui te le permette. nos jeunes sont un peu trop...perdus pour leur part.

Elle eut fini son assiette bien avant moi, mais j'avais pour habitude de savourer et de prendre mon temps. Cela ne me gênait pas vraiment. Une lueur malicieuse passa dans mes iris.

-Allons Elle, tu devrais me connaitre depuis le temps non ? En vérité, ton...masque s'avère plutôt intelligent. Tu peux approcher les anges sans vraiment les craindre. En fait, j'aimerais que tu sois mes yeux et mes oreilles. Ce qui m'inquiète est que ces...Actions n'ont pas l'air organisées stratégiquement. Gabriel et sa clique préfèrent bien souvent étêter plutôt que de s'en prendre au bas de l'échelle. Hors là, ce n'est pas le cas. Si tu pouvais, ne serait ce que tâter le terrain du coté de nos chers Archanges...Evidemment, je ne te force en rien, tu le sais, si tu refuse, cela restera ton choix, mais il se peut que tu y sois entrainée malgré toi.

Malgré elle et la gravité de la situation, Elle ne put retenir la lueur malicieuse qui dansa au creux de ses iris.

« Tes yeux et tes oreilles, hein ? Ne le sommes-nous pas tous déjà un peu ? » demanda-t-elle, taquine.

La demande de Laurys n'était guère surprenante. Elle ne se sentait pas supérieure à ses pairs, ne jugeant ni l'âge ni la puissance qui constituaient, à ses yeux, deux repères dangereux et imparfaits. Pourtant, elle savait très bien qu'elle était capable de tenir tête à un archange — elle l'avait déjà fait, après tout — et de prendre la fuite si la situation tournait mal.

« Gabriel m'adore déjà et il y a des chances que Raphaël se réjouisse de mon arrivée sur son territoire, de toute façon. Je peux bien te rendre ce petit service. »

Pour l'heure, la démone demeurait persuadée que la disparition d'Azraëlle était liée avec toute cette histoire. La coïncidence était trop belle pour qu'elle fût le fruit du simple hasard. Alors, certes, la méthode était étrange mais sans doute savait-elle ce qu'elle faisait. Peut-être le but était de frapper un grand coup, d'affaiblir la base, d'ébranler, d'apeurer. De montrer qu'ils demeuraient là, puissants et implacables et qu'il était vain d'espérer pouvoir se protéger d'eux. À moins que leur Dieu ne se fût lassé de ce statu quo qui s'était lentement installé.

Elle garda ses réflexions pour elle, laissant le français terminer son plat. Si elle y pensait, alors Laurys y avait pensé avant elle. Après tout, il y avait fort à parier qu'il en savait plus qu'elle.

« Donne moi ça, lui intima-t-elle quand il eut terminé. Tu comptes répliquer ? Frapper leurs jeunes ? J'imagine que ta riposte ne se limite pas à envoyer fureter une jeune adolescente, hum ? » demanda-t-elle pensivement en déposant les assiettes dans l'évier. Diantre, qu'il était petit ! Déjà, on n'en voyait plus le fond.

Délaissant cette tâche mondialement redoutée qu'était la vaisselle, elle s'affaira à tenir sa promesse. Elle vida ses placards jusqu'à trouver ce qu'il lui fallait et elle prépara son fameux café, en silence pour changer. Pour cette tâche critique, la démone avait besoin de concentration et, surtout, c'était une façon de rendre hommage à un de ses Liés. C'était ce jeune homme dont l'histoire avait oublié le nom — mais surtout pas elle — qui lui avait appris comment faire. Quand elle disait qu'elle gardait pour elle toutes les personnes qui avait uni leur âme à la sienne, jusqu'à la voir complètement assimilée, ce n'était pas des paroles à la légère. Elle les retrouvait au travers de ces gestes simples, de ces héritages si précieux. Il lui suffisait de fermer les yeux pour sentir ses mains chaudes sur son ventre et son souffle sur sa nuque.

Il ne fallait pas s'étonner, après, qu'elle fut toujours tout sourire.

« Et voilà ! s'exclama-t-elle finalement en rejoignant la Rochelle avec deux tasses. Comme promis. »

Après l'avoir servi, elle goûta son œuvre et son sourire s'accentua encore. Par tous les diables de l'enfer, ce qu'elle pouvait détester le goût du café.

Ah ! Elle me ravissait d'une certaine manière. malgré son âge, elle savait encore vivre. Je n'avais que sept cent ans, c'était bien peu comparé a certain, mais parfois, j'avais le goût de l'ennui sur la langue. Si Alice n'était pas, où serais je ? Je n'étais pas suicidaire néanmoins, mais j'avais sans doute perdu la superficialité d'Elle.

-Oui et non. Disons que je sais quelles questions poser.

Ce qui n'était pas faux. Je manipulai pour savoir ce que je voulais savoir. Ne posant jamais de question directe, bien trop suptible pour cela, mais je ne m'embarrassais pas de cela avec Elle. Trop âgée pour s'y laisser prendre sans doute. Et puis, cela serait insulter son intelligence. Amusé, je la laissai me débarrasser avant de la regarder me faire son fameux café. Café qu'elle n'aimait pas d'ailleurs.

-Tu devine juste, mais je manque d'éléments. Pour l'heure, je ne peux qu'activer le protocole de protection et je déteste être sur la défensive. Mais non, je ne frapperais pas leur jeunes aveuglément, ce serait me ranger a leur honneur. Non, je frapperais directement a la tête et je pense savoir de qui il s'agit. Reste a connaitre la position des Séraphins.

Murmurai je doucement, soufflant avec délicatesse sur le café qu'elle venait de me tendre, en humant l'odeur riche et adorable. J'aimais le café, terriblement. Ma seconde faiblesse après les playstations peut être. Mais ma plus grande faille demeurait Alice. Je trempai les lèvres dans la boisson d'ébène.

-Par Satan ! Je sais que tu n'apprécie pas le gout du café, mais tu le fais magnifiquement bien.

Il en fallait peu, pour rendre un Élu de Satan heureux. Des pâtes, une tasse de café et Elle avait l'impression que son sourire s'élargissait un peu plus, que ses épaules se détendaient légèrement et que sa voix résonnait plus calme. C'était subtil et peut-être se faisait-elle des idées, mais après tout sa position n'était pas enviable. Elle savait Laurys être un homme d'honneur prenant sa tâche à cœur. Chaque démon qui avait été tué depuis l'attaque d'Erika devait être comme un échec pour lui, une blessure qu'il dissimulerait mais qui n'en était pas moins brûlante.

Elle le plaignait, sincèrement. Elle n'était pas attirée ni par le pouvoir ni par la gloire, celle d'avoir été éveillée par le Malin lui-même lui semblait trop lourde à porter pour apporter quoique ce soit.

« Tu pourras chercher sans crainte. Je me chargerai des archanges, quitte à les occuper s'ils se mettent à bouger. »

Ce n'était pas des paroles en l'air et son regard le démontrait clairement. Elle pouvait être légère, un peu folle et superficielle, mais on ne pouvait la résumer à cela. Le visage qu'elle présentait désormais à son « supérieur » — quoique la hiérarchie chez les démons n'avaient rien à voir avec celle des anges — était grave. Elle savait très bien qu'elle était seule et qu'elle parlait de tenir tête à potentiellement deux, voire trois dans le pire des cas, adversaires mortels. Elle ne s'aveuglait pas sur ses chances de réussite, pas plus qu'elle n'était suicidaire et elle éviterait d'en arriver là. Mais s'il fallait, pour permettre aux siens de gagner cette guerre qu'on leur déclarait, faire front, elle le ferait.

Elle posa un regard sur son café encore fumant et sourit de nouveau. Qu'aurait-il pensé de tout cela ? Il ne l'avait jamais vu se battre, n'avait jamais vu cette facette de sa personnalité. Elle doutait sincèrement qu'il eût apprécié.

« Je finis toujours ma tasse, dit-elle en retrouvant sa bonne humeur. S'il est si bon, le jeter serait un crime, n'est-ce pas ? »

Elle redevenait égale à elle-même.

Laurys était parfois un démon étrange, Elle n'avait jamais pensé le contraire. Après tout, n'était-il pas le Choix de Satan lui-même ? Pourquoi le Malin avait posé son regard sur ce français en particulier demeurait un mystère, mais pas plus épais que celui qui entourait Gabriel. Qu'avaient donc ces deux là, de si spécial, de si redoutable ? La démone n'en savait rien. Pas plus qu'elle ne savait quelle était précisément la nature de la relation qu'ils entretenaient avec leur « père ». Dans tous les cas, cela devait bien justifier une ou deux bizareries de temps en temps. Mais le voir l'allumer, là comme ça, sans explication... C'était peut-être un peu trop.

Haussant un sourcil interrogateur devant son étrange comportement. Elle avait bien noté que l'éclat froid de son regard dénotait avec les mouvements suggestifs de son corps, mais elle ne comprenait pas les raisons de son petit jeu. Elle envisagea même — oh, pas longtemps — que c'était là sa façon de la remercier.

Toujours assise en tailleur, Elle demeurait donc dans l'attente, cherchant à fouiller dans son regard pour mieux tenter de percer à jour ses motivations. Peine perdue, mais l'intensité du regard qu'elle lui lança aurait sans doute pu être interpreté comme celui d'une jeune femme terriblement amoureuse. Il se pencha sur elle, posant ses mains de chaque côté de son corps et elle recula imperceptiblement la tête avant de se ficher. Peu importe ses motivations, les deux immortels se connaissaient désormais depuis assez longtemps pour qu'il n'y ait aucune ambiguité entre eux.

« Et quelles sont-elles ? » demanda-t-elle, se faisant presque langoureuse alors que sa main droite caressait doucement la nuque du démon, l'attirant presque contre elle. Il voulait jouer, hein ? Elle ne se laissa même pas troubler par sa question, l'embrassant comme s'il était le seul homme qu'elle eut jamais aimé et qu'elle aimerait jamais avant de se reculer et de lui lancer un regard brûlant. « Je crois, mon cher, que tu devrais suivre ton instinct. »

Se disant, elle passa ses bras autour de son cou et le fit basculer sur le lit, se hissant au dessus de lui avec un sourire énigmatique aux lèvres. S'étirant, féline, elle fit mine de se pencher pour lui donner un nouveau baiser, avant de se redresser. Elle caressa doucement sa joue, avant de se relever et de s'approcher de la fenêtre, commençant à déboutonner son chemiser de façon suggestive. Elle tira les rideaux sans même les regarder avant de se retourner.

« Avoue. Depuis notre première rencontre, tu rêves de faire ça. »

Elle ne semblait pas contrariée, elle ne rougissait même pas alors qu'elle remettait de l'ordre dans sa tenue.

« Bon, raconte moi tout. Qu'est-ce qui te fait croire qu'on me surveille ? »

« Ce n'est pas du tout l'ambiance que je pensais trouver, fit-elle remarquer non sans esquisser un sourire torve. Je dois être maudite, ou quelque chose comme ça. »

Ce qui était assez ironique, au final. N'était-elle pas un être démoniaque, voué aux flammes capricieuses de l'enfer ? N'importe quel prêtre lui aurait confirmé qu'elle était maudite, qu'elle le découvrît après deux milles ans d'existence aurait constitué, pour eux, une magnifique preuve de l'aveuglement des fidèles de Satan.

« Comment as-tu deviné ? » demanda-t-elle sans honte. Ce n'était pas comme si elle avait l'habitude d'être espionnée, bien au contraire. D'ordinaire, c'était elle qui fouillait dans la vie des gens, fouinait sans se soucier de leur vie privée et agissait en conséquences. Elle mettait un point d'honneur pour ne pas se faire repérer et, par voie de conséquence, attirer l'attention. « Tu es un homme plein de ressources, le complimenta-t-elle avant d'ajouter, taquine : Et tu n'embrasses pas trop mal. »

Néanmoins, et malgré son éternelle bonne humeur, Elle n'aimait pas du tout l'idée d'être observée. Instinctivement, elle n'avait qu'une envie : mettre la main sur l'impudent qui avait osé violé son intimité et lui passer l'envie de recommencer.

« J'ai bien peur que la pauvre Elle ne survive pas aussi longtemps que je l'avais prévu. Je ne suis pas là depuis plus de deux semaines et déjà, des gens me surveillent. » Elle sourit, pleine d'auto-dérision. « Je vais devoir redoubler d'efforts pour expliquer mes très probables fréquentes absences, en plus. Empêcheuse de tourner en rond est un rôle qui me sied bien, mais qui ne va pas trop avec l'image d'adolescente sérieuse que je destinais à Elle. »

Pour l'heure, la guerre grondait toujours. Quand elle rugirait, ce serait folie que de continuer à se rendre en cours comme si de rien était. Surtout que sa présence risquerait, alors, de mettre ses camarades de classe en danger. Elle, comme Laurys, savait très bien qu'ils n'hésiteraient pas à faire sauter un lycée s'ils avaient quelque chose à y gagner.

« Quand les choses s'accéléreront, il faudra penser à mettre Alice à l’abri... Mais je ne t'apprends rien. »

Ce n'était pas une question.

« Pourquoi pas, après tout. Ça ajouterait même un plus au personnage... Mais j'ai peur que ça fasse presque trop avec ce que j'ai déjà prévu. » Elle esquissa une légère moue pensive avant de hausser les épaules. « Laisse moi réfléchir quelques jours, ça ne presse pas de toute façon. Je te redirai ça. »

Elle fronça les sourcils quand ils parlèrent d'Alice et de l'attitude à avoir à son égard. Certes, dans la plupart des cas, les démons faisaient ce que leurs liés leur demandaient — surtout parce qu'ils les choisissaient avec soin — mais Elle n'était pas certaine que céder aux caprices d'une adolescente était la meilleure attitude à adopter.

« Il n'y a pas que sa sécurité, il y a celle de ses camarades de classe. Tu sais aussi bien que moi que les Séraphins ont les moyens de tuer un mortel, peu importe où il se cache, et qu'espérer qu'ils restent sage parce que tu entoures ta protégée de boucliers humains est un brin naïf, non ? »

Certes, pour le moment, la situation ne l'exigeait pas. Les séraphins restaient discrets, de ce qu'Elle avait compris. Ils attaquaient dans le dos, sans doute en surnombre, ils tuaient sans laisser de trace et en faisant attention à ne pas laisser traîner de saletés derrière eux. Mais la démone gardait en mémoire des événements sanglants où ils n'avaient pas fait montre d'autant de minuties. Le séraphin était une machine à tuer en puissance, à ses yeux, qui ne demandaient qu'une excuse pour se déclencher.

« Tu pourras toujours la garder enfermée dans sa chambre, » proposa-t-elle, conciliante et en toute innocente. C'était sans savoir tout ce qu'ils pourraient y faire. « Moi-même, je ne m'attarderai pas. Dans tous les cas, Raphaël sera une balise de détresse qu'il faudra scruter avec attention. Mais sérieusement, Laurys, est-ce que tu veux qu'Alice soit la première victime d'un changement de tactique imprévue ? »

Il y avait peu de chance qu'un séraphin n'osât attaquer quelqu'un sur le territoire d'un archange sans lui en toucher deux mots avant.

« Un jour, il faudra détruire ce foutu Mur et convaincre les deux Idiots de nous forcer à nous battre sur ses ruines, » marmonna-t-elle avec humeur. « Ça rendrait les choses bien plus simples. »

Au final, malgré toutes ses qualités, Laurys n'était bien qu'un homme. Et, de ce fait, il était capable d'avoir autant de subtilité qu'un éléphant dans un magasin de porcelaine.

« Fuir, moi ? » demanda la jolie démone en plissant les lèvres. Passait encore qu'il la jugeât faible, surtout qu'elle était d'accord avec le vieil adage qui disait que « l'union faisait la force ». Mais fuir ? Si on oubliait le débat de philosophie de comptoir qui tournait autour de son incapacité à s'installer durablement quelque part, Elle ne fuyait pas. « Je parlais du lycée, tête de nœud. Bien sûr que je ne vais pas vous laisser en plan alors qu'une guerre se prépare. Simplement, je n'ai pas envie que ma présence dans un lycée plein d'innocentes têtes blondes ne poussent les méchants à des solutions un brin extrême. Je laisse traîner mes oreilles le temps qu'il faut, et je trouve une autre couverture ensuite. »

Et le pire, c'est que ça le faisait rire ! Ah, le maudit, elle en venait à croire qu'il l'avait exprès. Avec le temps, et leurs très nombreuses conversations — à un moment, ils se lançaient dans de longs et tortueux débats sur les droits et devoirs des démons presque à chaque fois qu'elle ramenait un nouvel élève à la Salvare — il était devenu expert en la matière.

« Passons, » proposa-t-elle en retrouvant sa bonne humeur. Elle n'aimait pas qu'on remette en cause sa loyauté. Cette dernière avait trop souvent été remise en cause, surtout après les fameux événements de Jérusalem. Alors, certes, elle n'en faisait très souvent qu'à sa tête et ce n'était pas rare de passer un siècle sans la voir, mais quand elle apprenait qu'on avait besoin d'elle, elle venait. Le tout était de réussir à la mettre au courant.

Retrouvant son sourire, elle s'étira. « J'ai d'autres ordres, général ? »

-Tu es susceptible Elle, en cela tu es bien une femme, néanmoins, je m’attendais a un peu plus d’imagination venant de toi. Tête de nœud…vraiment.

Répondis je en secouant doucement la tête, faussement déçu avant d’esquisser un sourire en coin proprement malicieux. Je savais retrouver une âme d’enfant parfois, même si tout cela était rare. Je n’étais vraiment moi-même qu’avec Alice. Elle seule savait ce qui dormait en moi.

-Non, ils ne chercheront pas de solutions extrêmes pour t’avoir Elle, il n’y a aucune gloire a t’abattre avec l’aide d’autre. Mais je comprend ce que tu cherche a me dire.

Mais les humeurs d’Elle vibrait a son diapason, s’allégeant presque aussitôt. Je ne me lassai pas de ces changements, même si elle n’arriverait jamais a la cheville d’Alice a ce niveau

-Te voir est toujours un régal, le savais tu ?

Dis je malicieux, même si le sujet ne s’y prêtait pas. J’avais tant a faire et si peu de temps. Pourtant, je ne pouvais faire comme si de rien n’était, ma priorité restait les miens. Je leur devais protection mais je savais qu’ils ne seraient rien face a mon cœur. L’ amour était dangereux, trop dangereux mais si improbable qu’y céder se faisait en douceur, sans même que l’on ne s’en rende compte.

Glissant les mains dans mes poches, je souris a la démone qui me faisait face.

-Non, je te demande déjà beaucoup malgré ce que tu peux en penser.

Je m’approchai d’elle et déposai un baiser presque trop léger sur ses lèvres avant de me redresser avec un clin d’œil.

-Il parait que j'en rêvais.

Puis, je tournai la tête vers la fenêtre, l’iris bleutée de mes yeux se contractant de fureur rentrée, glaciale même.

-Je me charge de ta petite épine, sois tranquille, personne n’aura le temps d’apprendre où tu te trouve.

Puis mon regard revint au cœur du sien, grave.

-Vraiment, je te remercie et je sais pouvoir compter sur toi, n’en doute pas, j'aimerais pouvoir compter sur Iago aussi, mais sans doute serait ce trop lui demander. Surtout appelle moi en cas de problème, je ferais mon possible pour t’en sortir.

Puis, j’inclinai doucement la tête avant de me diriger vers la porte d’entrée. J’avais quelque chose a faire et ce quelque chose ne s’en relèverait pas.

Et ce n'est que maintenant que tu t'en rends compte ? eut-elle envie de demander, histoire de bien enfoncer le clou. Ce n'était pas assez évident, qu'elle était une femme ? C'était si facile, d'être susceptible. Mais il n'était pas dans le caractère de Elle d'être rancunière.

« Tu aurais préféré tête de linotte ? » demanda-t-elle avec un petit air renfrogné. Ce qui la rendait, soit dit en passant, adorable.

Il avait beau lui assurer que les anges ne tenteraient rien contre elle qui pût ternir leur victoire, Elle était tout de même persuadée qu'en pleine guerre, le tableau de chasse importait beaucoup moins. Surtout, il suffisait d'une exception pour confirmer cette règle déjà bien fébrile et elle ne désirait pas la mettre à l'épreuve plus que nécessaire. C'était à ses yeux la meilleure chose à faire, surtout que cela la ferait plus ou moins disparaître des radars. Une lycéenne est facile à trouver, il suffit d'attendre devant sa salle de cours. Mais une Elle qui se cache et attaque au moment opportun, c'est légèrement plus difficile.

Ils tournèrent néanmoins et ensemble la page de ce petit incident. La démone retrouva bien vite son sourire et les compliments de Laurys le rendirent plus éclatant encore. Le vil charmeur, il savait bien se faire pardonner. Modestement, elle exécuta une parfaite révérence comme on aurait pu en voir à la cour du Roi de France ; cour qu'elle avait un temps fréquenté, d'ailleurs, elle aussi avait cédé aux appels du luxe une ou deux fois.

« Tout le plaisir est pour moi. »

Elle opina simplement du chef quand il lui affirma que sa tâche était on ne pouvait plus suffisante. Elle n'allait pas s'en plaindre, après tout.

Il la rejoignit et elle haussa un sourcil tout en esquissant un nouveau sourire, pressentant ce qui allait suivre. Et en effet, les lèvres du démon vinrent confirmer ses doutes. Elle eut presque envie de l'empêcher de fuir, de lui rendre son baiser et de voir sa réaction. Après tout, pourquoi n'y aurait-il que les hommes pour jouer à ces jeux là ? Elle n'en fit rien cependant, le laissant se redresser sans heurt et le fixant avec des yeux pleins de malice.

« D'accord. Je vais faire en sorte d'attirer son regard, histoire que tu puisses t'approcher encore plus facilement. » Et sa voix riait de concert avec ses lèvres. Pour conclure l'entrevue, elle lui ouvrit la porte et lui donna une claque sur le fessier alors qu'il sortait de chez elle. « Allez, file, va. Tu vas être en retard. »

Refermant sa porte derrière elle, Elle retira son haut, ne gardant qu'un simple soutien gorge pour cacher ce qui devait l'être. Quelques secondes avant que Laurys ne quittât l'immeuble, elle tirait les rideaux pour offrir cette innocente vision à son indiscret voisin.

La suite, seul le Choix de Satan pourrait la raconter.