Nom complet : Elle se souvient de son prénom, Hedda. Le reste a été pris par le temps. Elle a porté un nombre incalculable de patronyme... elle se fait en ce moment appeler Elle Maria Greece (Elle M. Greece, un jeu de mot que bien peu d'anglais devinent).
Âge : Elle est plus vieille que le christianisme. Autant dire qu'elle ne répond plus à la question quand on lui pose.
Sexe : Femme.
Nationalité : Ancienne scandinave... devenue citoyenne du monde bien avant que la notion de mondialisation n'existe.
Emploi : En ce moment, lycéenne.
Description mentale : Il peut paraître étrange de vouloir décrire la psyché d'une créature qui a survécu à tant d'âges. Elle est née alors que le fer commençait à peine à être dompté pour former des épées. Maintenant, l'ordinateur perce partout dans le monde. L'humanité a fait tellement de chemin et elle n'est pas restée traînée en arrière.
Aussi, sa mentalité est totalement en phase avec le vingt-et-unième siècle.
Elle a énormément voyagé, appris des centaines de langues, pour autant de culture qu'elle a pris le temps de connaître et d'apprivoiser. Elle a vécu énormément de vie humaine, changeant de nom à chaque fois, pour son plus grand plaisir. Elle aime se fondre dans le paysage, faire oublier qu'elle n'a pas toujours été là. Elle aime la sensation de faire parti d'un tout, tout en sachant qu'elle est au delà de tout ça... Elle ne joue pas la lycéenne, l'artiste de rue, la génie précaire parce qu'elle regrette sa vie humaine. Elle ne le fait pas non plus dans un quelconque but inavoué. Elle le fait parce qu'après toutes ses années, « devenir quelqu'un » est toujours aussi agréable. Elle aime la vie que lui a offerte Isaac.
Il n'y a rien d'étonnant, dès lors, qu'elle rende ce qu'on lui a offert. Ses éveillés sont nombreux, ils viennent de tous les horizons et ont tous un point commun... Ils ne l'ont jamais connu après leur mort. Elle aime trop sa « solitude » pour s'attacher à un éveillé faisant ses premiers pas d'immortel. Si le Seigneur du Matin a fondé une école, ce n'est pas pour rien.
Sa relation avec le Pacte est légèrement différente. Ici, il ne s'agit pas d'un don... mais d'un acte incroyablement égoïste, qu'elle assume pleinement. Quand, au hasard de ses vies mortelles, Elle rencontre un humain qui la touche, la transporte, lui fait ressentir des choses oubliées, elle se lie à lui. Ainsi, à la fin de sa vie, il ne fait plus qu'un avec elle et elle le garde toujours avec elle. Pour ces gens, nulle vie immortelle, nulle éveil n'est promis, car leur beauté vient du fait qu'ils sont éphémères. D'une certaine façon, elle les élit. Ils deviennent elle, mais elle devient aussi eux.
Il convient de s'attarder sur la façon dont elle influence le monde. Elle a tenté, une fois, de diriger l'Histoire. Les répercussions de son acte n'en finissent pas de la surprendre. Depuis ce triste épisode, elle ne fait plus que souffler les idées, et se plait à regarder les créations qui en germent. Qu'elles soient bonnes ou mauvaises, elle reste de la main de l'Homme.
Au fond, elle ne leur souhaite rien de plus que de prendre leur destinée en main.
Description physique : Elle est une... vampire.
Devant cette affirmation un brin provocatrice, il convient de relativiser. Non, Elle ne boit pas le sang de ses victimes ; oui, Elle peut sortir à midi en plein été et survivre à l'agression des rayons du soleil. Pour autant, il y a plusieurs détails qui la rapprochent des créatures diaboliques présentées dans les différentes séries qui pullulent de nos jours.
Tout d'abord, elle est très, très, très... très âgée et ça ne se voit absolument pas. Du haut de son mètre soixante trois — elle le sait bien, elle sort de la visite médicale obligatoire — elle regarde le monde avec une éternelle frimousse de presque-adulte. Elle est une belle blonde, sans la moindre ride, sans le moindre bouton. Le pire, c'est qu'elle présente souvent au monde un sourire réjoui qui la rajeunit encore. Alors, quid des deux millénaires ? Il est difficile de le soupçonner sans la connaître, vraiment la connaître.
Ensuite, elle est rapide. Du genre très rapide, à pouvoir faire le fameux coup du « Tu te retournes mais, manque de bol, je suis déjà devant toi ». Elle est agile, aussi. La gymnastique n'a que peu de secrets pour elle, elle saute, elle bondit... une vraie anguille. Pour couronner le tout, sa force n'est pas celle que pourrait laisser présager son apparence. Il n'y a pas un mortel qui peut la battre au bras de fer. Mine de rien, passer autant de temps à fortifier un corps naturellement supérieur, c'est payant. De plus, ses nombreux éveils et pactes lui ont donner une vitalité des plus revigorantes. alors, oui, elle n'est pas pyromancienne, elle n'y connait rien en télékinésie et la lecture des entrailles de poulet lui donne juste envie de vomir. Mais au corps à corps, elle est une adversaire redoutable pour n'importe quel immortel qui se présente.
Petit détail qui tue : ses yeux deviennent noirs quand elle s'énerve. Vous voyez Vampire Diaries ? Bah c'est pareil. Elle a cru qu'elle allait tuer les scénaristes de la série quand elle a vu les premiers épisodes.
Histoire : Il disait s'appeler Isaac et venir d'une ville très lointaine, au sud, appelée Jérusalem. Une ville où il faisait chaud. C'est la première chose qu'il leur a dit. Ensuite, il leur a parlé de ses coutumes, de ces êtres ailés qui le pourchassaient. Ils ont cru qu'il était fou et l'ont tué, pour le sauver. Quand il est revenu, indemne, la chaman a affirmé qu'il était un messager de Loki, le Menteur... Qu'il était mauvais et dangereux, mais qu'il ne pouvait être chassé. C'aurait été s'attirer les fureurs du Fourbe. Alors ils l'ont accepté, l'ont traité avec autant de respect que de méfiance, de mépris que d'admiration.
«
Je ne me souviens que de la neige, » avait un jour affirmé Elle à un de ses liés, quand ce dernier lui avait demandé de lui raconter son histoire. Ce n'était pas vrai. Si le blanc manteau du grand pays scandinave était ce dont elle se rappelait le plus facilement, elle gardait aussi dans sa mémoire le visage de la chaman, sa mère, de son père qui alors, était chef de son clan, de Isaac aussi. Elle se souvenait de sa voix, de la douceur de sa peau, du goût irréel de ses lèvres. Elle se souvenait avoir été amoureuse, comme une mortelle pouvait l'être d'un être comme lui.
Il était resté longtemps. À son arrivée, la petite Hedda n'avait qu'une dizaine d'année. Huit ans plus tard, il n'avait pas pris une ride et elle était dans sa couche. Elle ne savait plus si elle avait tout fait pour s'y glisser ou s'il l'y avait entraînée. Ce n'était guère important, au fond ; elle se souvenait très bien avoir été heureuse, épanouie. Son clan avait fini par accepter Isaac, malgré son prétendu lien avec le divin.
Et puis un jour, pour une raison qu'elle a depuis longtemps oublié, d'autres clans sont venus et en l'espace d'une nuit, ils étaient tous mort et Isaac... seul Isaac sait ce qu'il advint d'Isaac.
Combien de temps Hedda resta-t-elle morte ? Là encore, elle n'en savait rien. La seule chose certaine était que la lune était haute quand on lui avait coupé la gorge et qu'elle se levait à peine quand elle se redressa. Ses vêtements étaient plein de sang, sa tête tournait et autour d'elle, il n'y avait que la mort. Elle chercha, longtemps, le corps des siens. La tête de son père n'était plus là, mais elle put offrir une sépulture décente au reste de son corps. Sa mère était, quant à elle, totalement absente... mais ce n'était guère étonnant. Tuer une chaman était un crime, puni des Dieux. Ils l'avaient emmenée, elle leur appartenait, désormais. Et il n'y avait rien qu'Hedda pût y faire.
Elle erra longtemps, sans véritable but, cherchant à comprendre
pourquoi. Elle aurait dû mourir, cette nuit là. Il n'y avait rien qui expliquât sa survie. Rien, sinon celle d'Isaac, huit ans plus tôt.
Comme il lui avait dit venir d'une ville nommée Jérusalem, loin au sud. Elle partit donc au sud, sans la moindre idée de ce qu'elle était réellement. Il lui fallut dix ans, pour faire ce fabuleux voyage. À l'époque, il n'y avait pas des cartes comparables à celles qu'on connaît aujourd'hui. Il n'y avait pas de routes toute tracée. Tout était beaucoup plus sauvage. Qu'importait, ces dix années lui donnèrent le goût du voyage. Elle était libre, totalement libre... et se sentait si puissante, comme si rien ne pouvait l'atteindre. Elle découvrit bien vite qu'elle n'était plus la même. Elle pouvait tenir plus longtemps sans manger ou dormir, elle était plus rapide, plus agile et surtout, surtout, elle
soignait. C'était une folie, et pourtant, c'était. Elle devint guérisseuse. Elle devint chanteuse. Elle devint danseuse. Si au début, elle ne pensait qu'à la fameuse Jérusalem, très vite la ville devint secondaire.
L'important était le voyage.
Quand finalement, elle y posa un pied, elle n'était définitivement plus la même. En dix ans, elle avait vécu plus que bien des hommes en une vie. Tout était tellement plus... facile, apprendre, retenir, imiter, améliorer. Et comme Isaac avant elle, elle semblait figée dans le temps. Elle approchait de la trentaine mais son corps était encore selon d'une jeune femme sortant de l'adolescence et entrant timidement dans l'âge adulte. Elle avait longtemps imaginé Jérusalem. Isaac avait refusé de lui décrire la ville, prétextant que les steppes glaciales scandinaves n'avaient rien à envier à « la décadence du genre humain ». Force était de constater que ses tentatives de visualiser la ville était un cruel échec. Mais elle ne s'attarda pas sur ce petit détail, car moins d'une heure après son arrivée, un garde romain l'accosta et elle découvrit qu'elle n'était pas seule.
Il ressemblait à n'importe quel humain, mais Hedda savait qu'il n'en était rien. Il était différent, comme elle... non, pas comme elle. Il émanait de lui une impression de danger et de violence qu'elle n'avait jamais ressenti chez personne. Il lui parla dans la langue locale, qu'elle ne maîtrisait qu'à peine, aussi répondit-elle en latin. Il portait, de fait, les couleurs de Rome. Il éclata de rire avant de lui répondre enfin. Son discours, en substance, pouvait se résumer ainsi : « Les tiens ne sont plus les bienvenus ici depuis longtemps, gamine. Soit tu es courageuse, soit tu es stupide. » Le fait qu'elle n'eut aucune idée de qui étaient les siens ne sembla pas l'atteindre, et le coup d'épée qui suivit voulait dire que cela ne changeait rien pour lui, au fond.
Il était rapide. Plus qu'elle. Il était fort. Plus qu'elle. Il était dangereux, très dangereux. Telle était donc sa récompense, pour avoir parcouru de haut en bas une grande partie du monde connu ? La mort et rien de plus ? Car si elle parvint à lui tenir tête un temps, il était clair qu'elle ne pourrait réaliser cet exploit longtemps. C'est alors qu'il apparût de nulle part. Un voleur, un manant, Elle n'aurait su le dire. Il jaillit dans son champ de vision si vite qu'elle crut à un mirage et repoussa son agresseur, qui hurla de rage. Lâche sans doute, mais surtout désireuse de continuer à vivre, la jeune immortelle courut aussi vite qu'elle le put, les laissant à leur affrontement. Le voleur ne mit pas longtemps à la retrouver et, quand il l'interpella et qu'elle le reconnut, elle ne put que baisser honteusement la tête. Il l'avait sauvée et elle l'avait abandonné à son sort. Voyant sa mine défaite, il éclata de rire et lui dit de le suivre.
Il s'appelait Flavius et venait de Rome. Il lui raconta tout. Ce qu'elle... ils étaient, ce qu'était le garde. Il lui parla des anges, des démons, de Dieu et de Satan. Il lui parla de la Grande Extinction. C'était parce que les immortels étaient encore rares, supposa-t-il, qu'elle avait pu vivre aussi longtemps dans l'ignorance. Il lui conta la guerre, les atrocités commises. Il lui parla des mensonges, la convainquit de ses vérités. Quand il eut fini son histoire, le soleil s'était couché et levé deux fois. Quand il eut fini son histoire, Hedda était convaincue. Surtout quand il lui affirma que s'il était venu à sa rescousse, c'était parce qu'il avait
senti qu'on avait besoin de lui. L'œuvre de Satan ? Aucun n'osa le dire mais tous deux le supposèrent. Le Seigneur du Matin d'alors semblait bien plus présent et proche de ses serviteurs. Il était temps, avait-il dû penser, que sa démone lutte pour sa cause.
Ensemble, ils devinrent l'épine douloureuse dans le pied de l'armée angélique. La plupart des gradés romains de la ville étaient des anges. Ils se spécialisèrent dans les attaques discrètes et furtives, tuant parfois, manquant de mourir souvent. Mais qu'importait, ils luttaient. Ce n'était pas une vie, juste de l'adrénaline... et c'était bon, d'une certaine façon. Flavius apprit à sa protégée l'art de l'escrime, du vol, de la voltige. Il n'était pas beaucoup plus âgé qu'elle — peu l'étaient, en réalité, c'était une époque étrange où presque tous les immortels étaient... « jeune » — mais il était un véritable génie. Au cours des siècles, Elle a reçu de nombreux compliments quant à son « incroyable intelligence »... S'ils avaient connu Flavius, elle serait passé pour l'idiote du village. Chaque attaque, cependant, était comme un coup d'épée dans l'eau. Les démons n'étaient guère nombreux, en ce temps là, dans cette région du monde. Il préférait s'occuper de régions moins dangereuses, de populations plus réceptives.
C'est alors qu'elle croisa la route d'un petit enfant qui, perdu dans les ruelles de la ville. Venu de nulle part, l'idée s'imposa à elle et sans même consulter Flavius, elle la mit en branle. Le prenant sous son aile, elle le conduisit au temple où, disait-il, il devait se rendre avec sa mère et son père. Elle lui parla d'un nombre étonnant de choses et fut ravie de voir qu'il retenait tout. Ce gamin était un génie... cela tombait bien.
Finalement, quand elle le présenta au temple, il suivit ses conseils. Il parla de ce qu'elle lui avait dit, au mot près, et de là naquit la légende de l'enfant dissertant avec les prêtres.
Avec Flavius, elle partit ensuite avec le petit Jésus et ses parents dans la province de Nazareth, malgré les réticences du démon. Hedda, qui se faisait désormais appeler Âlma, réussit pourtant à le convaincre et ensemble, ils instruisirent celui qui deviendrait la Christ. Quand il eut trente ans, ils le ramenèrent à Jérusalem.
Le plan de la scandinave était simple : au lieu de lutter contre les croyances des Hommes, qui malgré eux les enchaînaient aux anges, il fallait les orienter vers une nouvelle voie. Le message de paix et d'amour de Jésus devait être un nouveau commencement. Malheureusement, si les célestes furent un temps complètement désemparés par cette nouvelle approche, leur réaction fut à la hauteur de leur réputation.
Jésus trahit.
Après de longs débats, les deux démons en étaient venus à la conclusion qu'il aurait été dangereux de raconter la vérité à Jésus. Le risque qu'il se retournât contre eux était trop grand. Aussi, quand le brave homme fit la rencontre de véritables anges, il tomba à genoux, les larmes aux yeux. Jusqu'à la fin, les protecteurs du Messie avaient réussi à les tenir éloignés. Mais ce n'était pas assez. Dès lors, Jésus fut complètement hors de contrôle. Il rejeta ses mentors et organisa, sur l'ordre de ses nouveaux maîtres, le Cène. Il bénit, puis crucifié. Il réapparut à ses disciples qui se dispersèrent aux quatre vents pour raconter ce qu'ils avaient vu.
Et puis, les anges le tuèrent, parce que son rôle n'était qu'éphémère.
Flavius mourut, lui aussi, en sauvant Elle comme à son habitude.
Il fallut de longues années à la démone pour se remettre de cette cruelle « défaite ». Force était de constater, avec le recul, qu'elle était en grande partie coupable. Sa précipitation à agir, son refus de raconter la vérité à Jésus, elle avait tout gâché. Néanmoins, Elle n'était pas du genre à se morfondre des siècles durant. Elle avait apprécié Jésus, elle avait été plus proche de Flavius que de n'importe qui, mais elle fit pourtant son deuil de ces deux hommes. Désormais, quand elle repense à cette triste période, c'est un mélange de nostalgie pour une période à jamais perdue et de honte pour s'être fait ainsi avoir par les troupes angéliques. Elle ne ressent aucune culpabilité.
Après cet épisode, elle se fit la promesse de ne plus jamais intervenir directement dans les affaires humaines. Elle réfléchit longtemps à la façon dont elle pouvait aider l'Humanité sans être hantée par les répercussions de ses échecs. Le christianisme prenait à peine son envol, porté par la foi inébranlable de ses adeptes et les menaces des anges qui voyaient là un moyen de porter la foi de leur Dieu hors des frontières Israëliennes, que naissait à peine le
Voile Blanc et son principe fondateur.
Pendant deux mille ans, elle parcourut le monde. Lunatique, elle pouvait passer un siècle à lutter pour le salut de l'Humanité et ensuite enchaîner les vies humaine, avant de disparaître totalement une ou deux décennies. Quand elle repérait un humain qu'elle jugeait digne de servir sa cause, elle l'approchait et le convainquait de
travailler au Salut des Hommes. Elle se présentait comme une membre du Voile, montait une lettre bien particulière dans lequel était écrit un simple message.
Trouve-le et convaincs le de nous suivre. Elle passait ensuite plusieurs semaines avec lui, agissant à la façon des cultes à mystère : un secret après l'autre, jusqu'à ce qu'elle l'élève au rang de membre. Elle lui comptait des merveilles, racontait les actions passées, fournissait des preuves. Et quand elle voyait des étincelles briller dans ses yeux, elle lui confiait la tâche de rendre le monde meilleur, jusqu'à ce que le Voile ait besoin de lui.
Le pire, c'est que la plupart du temps, ça fonctionnait.
Durant deux millénaires, elle ancra son réseau, l'observa grandir, faiblir, frémir. Elle le guida de loin, offrant par moment la motivation qui pouvait manquer. C'était une entreprise passionnante. Elle voyageait, énormément, rencontrait une multitude de gens. Et quand la fatigue la prenait, elle s'arrêtait quelques années, se fondait dans la communauté choisie, avant de la quitter sans regret.
Entre ses liens, ses pactes et ses « recrutements », elle eut donc une vie bien remplie. Vivant en marge de la communauté démoniaque, elle eut tout de même l'occasion de se faire quelques connaissances. Si bien que pour les siens, elle est une sorte de fable. Il y a ceux qui doutent de son rôle dans la naissance du christianisme. Il y a ceux qu'elle amuse, son habitude de se mettre à l'écart étant vu comme un aveu de honte et de faiblesse. Il y a ceux, enfin, qui veulent tout simplement la tuer pour sa trahison. Ces derniers sont tout de même heureusement assez rares. Dans tous les cas, il est difficile d'ignorer son existence : cela fait plus de deux milles ans qu'elle nourrit les rangs de la Salvare.
Depuis quelques jours, elle a posé son bagage à Londres, à se chercher un lycée pour se poser un petit peu.
- Spoiler:
Fonctionnement du Voile Blanc :
Son réseau est incomparable et unique. Ses membres sont innombrables et partout. Ils peuvent être riches comme ils peuvent être pauvres, influents ou insignifiants. L'important n'est pas là. Ils ont tous en commun de vouloir changer le monde, pour quelque chose de mieux. Ils s'y emploient autant qu'ils le peuvent, mais en toute discrétion. Il n'y a pas de stratégie globale, pas d'ordre direct. Les membres savent qu'ils ne sont pas seuls, mais ignorent tous des autres. L'appartenance au Voile Blanc est héréditaire, le membre transmet sa foi et sa connaissance à ses fils et filles, et uniquement à eux. Conjoints, amis, qu'importe, ils doivent taire ce secret. Il n'y a pas de recrutement spontané, Elle est la seule à décider. Ensuite, la lignée s'éparpille, et ainsi grandit le réseau. Comme pour mieux masquer les pistes, le Voile ne porte ce nom qu'en Europe. Ailleurs, le nom diffère, pas le fonctionnement.
Les ordres sont donnés par le biais d'enveloppes, au contenu souvent lapidaire et concis. Le but est de laisser libre le receveur d'ordres. Elle ne fait que mettre dans leur main une idée qui, pense-t-elle, peut changer quelque chose, à eux de voir ce qu'ils en font.
Très souvent, pour ancrer la foi dans les cœurs, Elle pousse ses membres à former des groupes. L'histoire s'en souviendra surtout comme diverses sectes à l'influence plus ou moins marquées.