Yeroushalayim, I hate you [Pv Naya]

Je me forçais a rire avec bonne humeur, simulant parfaitement un état d’ébriété avancé. Seul un coup d’œil averti aurait put flairer la supercherie. En l’occurrence Gabriel qui ne me laissa pas savourer ma mini victoire en se glissant sur la banquette, prenant un air presque grivois pour murmurer a mon oreille. Mes doigts se crispèrent sur mon verre. Comment ça il est l’heure ? Ici ? Maintenant ? Il déconnait là non ? Cependant, je dissimulai mon trouble pour prendre peindre une petite moue amusé sur mon visage, comme si il venait de me chuchoter des propositions indécentes tout en glissant un coup d’œil sur mon voisin. Sous entendu, ces projets le concernait. Intérieurement, c’était autre chose. Je ne pouvais pas…Pas…Pas faire ça ici ?! Ni sans m’y être préparée ! Un léger tremblement agita ma main et je la cachais sous la table. Du calme, du calme. Ca ne servait a rien de paniquer. Ce n’était pas vraiment les tuer n’est ce pas ? Bien au contraire. C’était juste leur offrir l’immortalité…enfin, je veux dire, c’était comme un jeu vidéo, il suffisait d’user d’une vie pour revenir non ?

J’inspirai profondément, serrant les dents devant la sensation froide qui me parcourait. Tuer. Rien que ce mot me foutait les pétoches, en serais je seulement capable ? Il le faudrait bien hein ! Oh et puis, c’était pas vraiment les tuer merde ! Néanmoins, je fusillai discrètement Gabriel des yeux. Il savait ce qu’il faisait ce con ! J’en étais persuadée. Il savait où il m’emmenait et ne me laissait pas le choix. Il me testait avec son air goguenard qui me donnait envie de lui arracher les yeux et je savais…Que je n’avais pas d’autre solution que de lui obeir.

Finalement, je me penchai vers l’oreille de mon voisin de droite, susurrant tout bas ce qu’il rêvait de m’entendre dire, tout en me dégoutant de devoir le faire, mais soyons honnête, je ne pouvais pas le tuer là, devant tout le monde. Son pote nous observait avec un demi sourire et j’aurais sans doute dût m’en méfier de ce sourire. Mais pour le moment, j’étais trop obnubilée par ce que je m’apprêtais a faire pour véritablement bien interpréter ce sourire.

Un clin d’œil lancé avec en fond des promesses luxueuse, je me levai, me payant le luxe et le foutage de gueule de baiser les lèvres de Gabriel au passage, ça t’apprendra !

-« Je vais me rafraichir Bébé, je reviens.

Avant de me glisser avec grâce en plein milieu de la foule des danseurs, drogués et autre. L’autre me suivait de prêt et je sentais l’anxiété commencer a montrer le bout de son nez. Putain ! Tuer merde ! Et comment ?! A main nues ?! Connerie ! Quoique…Gabriel m’avait dit que je serais plus forte…Assez pour maitriser un mec a moitié bourré ? Oui, sans doute..peut être…Alors j’allais l’étrangler, oui, c’était parfait ! Donc au lieu de me diriger vers les toilettes, je bifurquai vers l’entrée de service, passant la porte et je n’eus pas a attendre longtemps pour sentir deux mains sur mes hanches et une légère poussée vers un mur. Encore moins de temps pour qu’une bouche se pose avec la délicatesse d’une vache sur mon cou.

-« Hey, doucement mon grand ! »

Gloussai je en le repoussant quelque peu, une moue adorable sur les lèvres, une attitude franchement séductrice…a contre cœur notons le…Bon comment le prendre ?

-Ok, chérie, ce sera comme tu veux !

Et il bavait cet abruti ! Finalement, j’aurais peut être moins de scrupules a l’étrangler…Je levai un index avant de le baisser en direction de sa braguette.

-« Je me demande si tu as ce qu’il faut pour faire comme je veux… »

Susurrai je d’une voix langoureuse qui augmenta si c’était encore possible, la pression sanguine sur le principal cerveau de ce…ce…pauvre type. Ni une ni deux, il s’empressa de déballer…Mon dieu ! c’était dégueulasse ! Gabriel allait franchement me le payer ! Mon index vint tapoter ma lèvre.

-« Wouah ! Et ben dis donc ! »

Impressionnée ? Que dalle. Non en fait, je me demandais comment j’allais pouvoir poser mes mains autour de sa gorge sans qu’il ne se débatte de trop…Hum…Lentement, je déboutonnai ma chemise et là, je dois dire qu’un soudar aurait certainement eut plus de classe parce que ma gentille petite proie me sauta littéralement dessus et commença a promener ses mains moites sur ma peau. Misère ! Bon, remarquez sur le coup…J’entourai soudainement sa gorge de mes doigts, serrant violemment. Mais il se cambra, me forçant a réaffermir ma prise pour finir par le plaquer contre le mur et accentuer la pression, serrant les dents parce qu’il n’avait pas l’air de se laisser faire…J’appuyais, j’appuyais si fort que je sentis sa traché céder et il s’écroula me laissant essoufflée, incrédule…Enfin jusqu'à ce qu’une exclamation paniquée ne me parvienne. D’un bon, les yeux aggrandit, je me retournai pour me trouver nez à nez avec le comparse de ma pauvre victime…Je crois que là, je n’ai pas réfléchis, lui fonçant dessus avant qu’il n’ai le temps s’enfuir. Je paniquai. Si je le laissait revenir dans le Club, il hurlerait au meurtre ! Ce n’était pas envisageable ! Emportée par mon élan, je le percutai avant d’envoyer avec brutalité son crâne heurté le mur. Un craquement écœurant retentit dans la ruelle, provoquant un haut le cœur que je contins. Nom de…Son crâne ouvert laissait presque entre voir la cervelle et un violent tremblement s’empara de moi. Je reculai, vacillant un peu avant de buter sur Gabriel, levant un regard un peu trop grand, un peu trop perdu sur son visage….Non, finalement…Ce n’était pas facile de tuer…Même si c’était pas pour de vrai…J’allais vomir…Songeai je en plaquant une main sur ma bouche, résistant vaillamment…

-« Content ? »

Croassai je en ne me sentant pas bien du tout tout a coup….

J’aurai pensé qu’elle se défendrait davantage, mais non, elle accepta, préparant son piège avant de me sortir une vieille excuse. M’embrassant furtivement elle partit, suivit de très près pas son chien. Fermant alors les yeux, je sentis l’autre partir et ça, ce n’était pas franchement la meilleure chose. Un à la fois, c’était une chose, les deux d’un coup, pas sur que cela passe. Je me levais donc, m’assurant que rien nous appartenant était resté. Et puis je m’assurais qu’aucune caméra ne fonctionnait. Il fallait savoir brouiller les pistes.

Sortant alors, j’arrivais pile pour voir Naya défoncer le crâne de notre deuxième ami. Joli, très… Et comme je l’avais prévu, son humanité fut assez présente pour la faire vaciller. Dégoutait, elle se retourna pour me découvrir et la… Je crus un instant qu’elle allait craquer. Mais non, elle garda la tête froide, me demandant même si j’étais content. Je la regardais sans réagir, me limitant à la regarder à la sonder. Mon regard dévia sur l’homme au crâne défoncé, il commençait déjà à se régénérer, nous n’avions plus rien à faire ici. Nous les retrouverions bien assez vite, du moins, je les retrouverais.

Alors, toujours silencieux, je la pris dans mes bras. Simplement, sans d’autres pensées que de la maintenir contre moi. Déployant mes ailes dans un souffle, je la cachais derrière mes plumes blanches aux reflets de puretés. L’isoler du monde, de tout ce qui venait de se passer. J’éprouvais le besoin de la sortir de son état.

Déployant à nouveau mon plumage immaculé, je nous fis décoller, volant vitre, très vite si bien que nous avions changé de continent en moins de quelques minutes. La maintenant toujours fermement contre moi, je nous fis atterrir sous une cascade, du moins, c’est moi qui reçus l’eau. Naya était déjà à l’abri derrière mes ailes et seules quelques gouttes la touchèrent. Nous étions en Nouvelle Zélande, l’air était chaud, mais respirable. La cascade donnait sur un lac légèrement éclairé par le soleil levant. Glissant ma main sur son menton, je le relevais légèrement vers moi.

« Non, je ne suis pas content, mais fier… »

Mes ailes s’écartèrent d’un coup, laissant l’eau nous tomber dessus. Le courant n’était pas très fort, c’était même sans doute une simple rivière, mais c’était assez pour remettre les idées en place. Me détachant d’elle, mes ailes disparurent dans mon dos alors que je lui disais, totalement sérieux.

« Tu béniras les trois prochains et je les tuerais, même avec toute la volonté du monde, tu ne tiendras pas… Beaucoup n’aurait déjà pas tenu. »

Je ne la regardais plus, non, je fixais le paysage, me demandant pourquoi j’étais aussi tendre avec elle… Pourquoi ?

En vérité, je crois que je m’attendais plus a un sourire arrogant et goguenar qu’un silence seulement rompu par ma respiration saccadée, incapable que j’étais de reprendre un souffle serein, tranquille. Le craquement du crâne de ce pauvre type ne cessait de résonner dans mon esprit, lugubrement. Je me demandait un instant si il allait aussi hanter mes rêves ! Bon sang ! Même en sachant qu’ils ne mourraient pas réellement, pas vraiment, c’était un choc. Je m’étais toujours considérée comme une fille un peu fofolle sur les bords mais qui savait ce qu’elle voulait, capable d’écraser les autres pour avoir ce qu’elle voulait mais jamais, non jamais je ne m’étais imaginée en tueuse et c’était plus qu’un choc en vérité.

J’avais envie de vomir tant mon estomac se tordait dans tout les sens mais je me retins, difficilement, mais je le fis, je ne savais même pas où je tirais cette ressource étonnante. Je tremblai sans vraiment pouvoir m’arrêter et je sursautai violemment lorsque je sentis les bras de Gabriel autour de moi. J’aurais aimé le repousser et l’insulter de tout les noms, parce qu’après tout, tout ça, c’était de sa faute ! Mais je n’en fus pas capable, m’appuyant au contraire contre lui en retenant un sanglot né de mes propres gestes. Je frémis en sentant la caresse de ses ailes autour de moi, comme pour me cacher du reste du monde et je lâchai un hoquet, refusant de me laisser aller aux pleurs. Je n’avais plus pleuré depuis la mort de mes parents, je n’allais pas briser cette promesse maintenant.

Je sentis a peine mes pieds décollés du sol, n’ouvrit même pas les yeux, me contentant de m’accrocher au tee short de Gabriel sans même me soucier d’où nous allions. Il me sembla que le vol ne dura guère, je ne sentais que le vent frais sur mon visage, la douceur des turbulences avant qu’une musique naturelle ne me parvint. Des gouttelettes d’eau frappèrent mon visage, me forçant a ouvrir les yeux pour découvrir l’écrin blanc des ailes de Gabriel autour de moi. Il faisait chaud mais je continuais de frissonner de froid. Gabriel me força a le regarder s’avouant fier de moi. Au moins, lui l’était, parce qu’en ce qui me concernait... Mais je me rendis compte que je voulais qu’il soit fier de moi, j’ouvris la bouche…Mais…

Un cri de surprise presque ravi et pourtant tremblant m’échappa lorsqu’une trombe d’eau fraiche me tomba sur le crâne, ce qui m’empêcha certainement de répondre une belle imbécilité au passage, me remettant presque automatiquement les idées en ordre. Cela me fit un bien fou, étrangement, passé le premier moment de stupéfaction, je levai le visage pour laisser l’eau me couler dessus, tremper mes vêtements et apaiser les troubles de mon cœur alors qu’il me libérait de son étreinte.

Je plaquai mes bras autour de moi, frissonnant un peu sous la morsure fraiche de l’eau avant de m’approcher de lui et de les glisser autour de sa taille, posant ma tête sur sa poitrine. Il voulait m’épargner ? Cette idée me semblait si peu cadrer avec ce qu’il était…Si peu…

-« Non, j’y arriverais. »

Ou pas, mais je ne devais montrer aucune faiblesse. Pas la moindre. Sinon, je m’écroulerais. Je devais devenir ce qu’il voulait que je sois.

-« Tu m’as interdit de flancher. »

Et je voulais encore entendre la fierté dans sa voix. Avons que je devais être bien ébranlée pour avoir ce genre de pensée, non en fait, ce que j’aurais dût songer, c’était que je voulais devenir plus forte que lui et me défaire de son influence…Voilà ce que j’aurais dût penser.

J’avais eu raison de penser que cela lui ferait du bien. L’eau sembla apaiser pour un temps les blessures de son âme. Alors, après un moment, elle revient vers moi, glissant ses bras autour de ma taille avant de poser son visage contre mon torse. Attentif, je m’attendais à n’importe quoi venant de sa part, pourtant elle se contenta simplement de me dire qu’elle y arriverait. Me rappelant au passage que je lui avais interdit de flancher. C’est exact, mais la réalité du moment était bien différente. Refermant lentement mes bras atour de son corps, je posais mon menton sur sa tête, le regard plongeait dans le vide.

« Je refuse que tu flanches pour t’habituer, pour que tu ne sois pas faible. Je ne m’attendais déjà pas à ce que tu ailles au bout des choses par deux fois… »

Soupirant lentement je repris.

« Si je ne t’avais pas imposé la chose, tu ne l’aurais pas fait… Maintenant que c’est fait, tu peux laisser à ton âme le temps de se durcir. »

Pensant alors à mes propres expériences, je la guidais.

« C’est comme un viole la première fois que tu ôtes une vie, tu te sens fragile, perdu, meurtri. Et puis après quelques temps, ton esprit guérit et tu prends conscience que ce n’était rien d’autre que l’exaltation profonde et parfaite de tes nouveaux instincts. »

Sauf que moi, j’avais du sang sur les mains avant de devenir un ange. J’étais déjà un meurtrier et devenir ange n’avait fait qu’empirer les choses. Je n’étais pas fier de mon humanité, je la rejetais complètement, je la haïssais. Mais je savais combien il était dur de s’en séparer. Et elle, elle qui était encore parfaitement innocente, elle ne pouvait faire face pleinement. Il lui fallait un temps.

« Laisses moi alléger ton âme Naya, ne t’impose pas plus que de raison… »

N’importe quel autre béni n’aurait pas eu cette faveur, mais elle si. Qu’elle s’estime heureuse et qu’elle en profite car je ne pouvais certifier que cela se reproduirait à nouveau. Qu’elle accepte simplement de s’arrêter là…

Se faire réconforter par une créature aussi mauvaise que le laissait entendre la réalité avait quelque chose d’étrange. D’iréel aussi. Mais je ne rechigna pas, après tout, c’était moi qui avait cherché cette étreinte, pas lui. Un besoin inconscient quelque part d’effacer mes propres actes qui m’horrifiaient d’une certaine façon. Nous étions élevés dans le respect de la vie, pas pour la détruire et pourtant, c’était ce que j’avais fait. Par deux fois. Un frisson me parcouru au souvenir de ce crâne qui se fend sous ma poussée.

Je voulais être forte, mais en même temps, je n’étais que trop consciente de ma faiblesse actuelle. Non, tuer n’était pas facile, pas facile du tout. Je pouvais faire ma fière, je n’en menais pas large dans l’instant. Je fermai un instant les yeux.

« Imposé… »

Ricanai je doucement, le mot était bien trouvé.

« Je n’ai pas le choix et je ne peux même pas dire que je n’en étais pas consciente lorsque j’ai accepté ton marché. »

Continuai je avec un sourire ironique. Très ironique, parce que la situation l’était. Se croire assez forte pour tuer, même si une partie de moi savait que ce n’était pas définitif, c’était comme si quelque chose se brisait soudainement. Ses mots s’imprimèrent en moi avec force, au fer rouge, parce qu’il avait raison. Je pouvais être choquée, horrifiée, je ne pouvais nier la sensation de pouvoir qui m’avait envahit lorsque la vie avait quitté ce pauvre type. C’était incroyable, comme si l’on était…Dieu d’une certaine façon, maitre de la vie d’un autre , jouir de pouvoir en disposer a loisir. Oui, quelque part, j’avais aimé ça.

« Je crois…Comprendre ce que tu veux dire. »

Etait ce là la part d’ombre qui hantait chaque homme ? Oui, sans doute. Mais ma raison m’empêchait de le reconnaitre pleinement. Cela me coutait de le dire, mais ce foutue séraphin avait raison. Sur toute la ligne. Et ça avait le don de m’agacer. Alors pourquoi je restai a ma place sans bouger ? Trop bien contre lui pour que ce soit honnête. Je n’aimais pas ça.

« D’accord. »

Répondis je vaincue parce que je ne me sentais pas la force d’accomplir encore un meurtre ce soir.

« Qu’est ce que je dois faire des deux premiers ? »

Parce qu’autant le dire, nous étions partis sans plus nous en préoccuper. Les pauvres ne devaient même pas savoir ce qui leur arrivait.

Je l’avais piégé, utilisant ses défauts contre elle, lui imposant de suivre mes décisions et le tout sans qu’elle ne s’en rende vraiment compte. Pourtant, en cet instant, alors que je la tenais contre moi, il n’y avait aucune manipulation, aucun mensonge. Juste la vérité, rien qu’elle. Je lui fis alors comprendre qu’elle ne devait s’aventurer à en tuer plus, car bien que cela soit une drogue, elle risquerait de se perdre à en jouir si rapidement. Et elle comprit.

Elle accepta de me laisser les tuer et je ne répondis rien. Elle me demanda alors ce qu’elle devait faire des deux premiers et malgré moi, un sourire sadique se dessina sur mes lèvres.

« Toi rien… »

Soupirant alors, je la lâchais alors que je me reculais de quelques pas.

« Tu dois comprendre que ce genre de création ne doit exister, ces mortels ne sont utile que lorsqu’on a besoin de puissance rapidement, mais leurs âme ne sont rien de plus. »

La regardant alors, mes yeux oscillaient entre douceur et noirceur.

« Ne t’occupes plus d’eux, je me chargerais de les retrouver et de les tuer… »

Et il n’y aura plus d’échappatoire possible. Une mort définitive et sans appel pour des sous hommes.

« Tu mérites de meilleur création que ces deux là. »

M’approchant à nouveau d’elle, je ne décrochais pas mon regard du sien.

« En fait, tu mérites la perfection absolue Naya. »

Elle qui était ma plus belle création, elle qui était puissante, magnifique et sublime. Elle méritait l’exaltation de la victoire, la jouissance de la gloire.

Comment ça rien ? Sur le coup, je crois que je ne compris pas vraiment ce qu’il sous entendait, ou peut être que je préférais ne pas comprendre. Tuer tout en sachant que l’on offrait beaucoup plus, c’était déjà une chose difficile a avaler, certes jouissive, mais difficile. Tuer pour vraiment tuer…Je crois que pour le moment, c’était très largement au dessus de mes forces. Le son de son cœur qui battait s’éloigna de moi et, par reflexe, je croisais les bras autour de ma taille. Après tout, il faisait froid non ? Ou alors, c’était tout simplement sa chaleur dont j’étais brutalement privée qui me manquait. Quitte a choisir, je préférais la première option. Et puis, j’étais trempée, par étonnant dans ces conditions. Trempée, perdue aussi, alors je n’avais pas d’autre choix que de me raccrocher a lui. Ce qui n’était pas une bonne idée, je ne devais pas perdre de vue ce que je souhaitais réellement. Une liberté si grande qu’elle n’aurait aucune limite.

« Qu’est ce que tu veux dire ? »

Je posai la question, mais dans le fond, j’étais d’accord avec lui d’une certaine manière. D’ailleurs, je me demandai comment je pouvais penser ainsi sans me sentir totalement nauséeuse. On parlait tout de même de la vie d’autre ! De jeunes certes totalement idiots mais tout de même ! Cette conversation était si irréelle que j’avais l’impression que quelqu’un d’autre la menait a ma place. Une partie trop sombre que je cachais depuis longtemps, née avec la mort de mes parents et le désir de vengeance, comme une colère qui n’a pas de fin. J’eus un léger hoquet.

« Les…Tuer ? Définitivement tu veux dire ? On ne peut pas les utiliser pour…Je ne sais pas moi ! Les basses besognes ? »

Je parlai rapidement, m’humectant les lèvres d’une langue nerveuse avant d’inspirer profondément, malgré moi apaisée par son compliment. Parce que s’en était un, déguisé oui, mais s’en était un..Ou alors j’étais en train de m’imaginer n’importe quoi, ce qui était possible aussi.

« Oui bon…Ils ne serviront pas a grand-chose, c’est un fait… »

Admis je en me terrifiant moi-même de penser ainsi, comme a des…Pions, remplaçables a volonté. Jetables. Je ne les connaissais pas vraiment, c’était vrai, je ne les aurais sans doute même pas regardé dans la rue, mais cela restait des êtres humains, des personnes comme…Non, pas comme moi. Moi, je n’étais plus humaine et je crois que c’était ça le plus difficile a avaler. Il m’était difficile de soutenir son regard. Pas quand il me regardait comme ça, comme si j’étais la huitième merveille du monde, comme si il n’y avait plus que moi et que les autres n’étaient plus rien. Il mentait. Ses yeux mentaient. Je le savais, mais je restais fascinée, hypnotisée même, autant par ses mots que par l’éclat de ses iris.

« Ne joues pas à ça avec moi, Gabriel. »

Ce jeu qu’il avait dût servir a beaucoup de filles dans mon genre. C’était cela qui me poussait a toute les dépasser, une à une, a être meilleure qu’elles, plus grande, plus belle, plus dangereuse. Mes lèvres s’étirèrent lentement.

« Tu risque un jour de regretter tes propres mots, tu le sais ça ? »

Repris je un éclat étrange dansant dans mes iris, entre colère et fanatisme, difficile a dire.

Posait-elle la question par simple ignorance ou voulait-elle croire qu’elle se trompait. Pourtant ses réactions m’indiquaient qu’elle avait compris. Son humanité parlait encore à sa place et elle refusait la réalité. Proposant une solution qui les épargneraient, une solution qui les sauveraient. Je refusais tous simplement de la tête, ne lui laissant entre voir aucune solution possible, sauf la mort.

Mon silence sembla la guider car d’elle-même, elle comprit qu’il serait inutile d’agir ainsi. M’approchant à nouveau, je lui fis comprendre qu’elle méritait mieux, qu’elle devait avoir mieux. Elle sortit alors les griffes, réagissant presque violemment à mes mots. Ne pas jouer avec elle ? Savait-elle seulement qu’aujourd’hui sous cette chute j’étais sans doute le plus sincère possible ? Le plus vrai ? Comprenait-elle cela ? Non, elle me voyait comme un prédateur et croyait encore que je la traitais comme les autres.

Mon regard s’ombra de noir alors que lentement un sourire malsain étirait mon visage. Elle avait faux et le problème était que justement elle se trompait, elle n’était pas rien.

« Et toi les tiens ! »

M’avançant vers elle, je la repoussais contre le mur avant de me saisir de ses poignets et de les coller contre la paroi. Le regard noir et menaçant je lui dis.

« Jouer avec toi ? Non Naya, je ne joue pas, pas depuis ce matin ! »

Faisant pression sur ses poignets je repris.

« Arrête de me croire assez idiot pour te prendre pour n’importe qui ! Tu n’es pas n’importe qui et je le sais parfaitement ! »

Lâchant alors ses poignet, je laissais glisser une main jusqu’à sa gorge, l’enserrant lentement tandis que je lui soufflais, presque dément.

« Tu es un déesse, la perfection, l’excellence. La personnification des plus beaux ouvrage…des plus belles créations… »

Mon visage s’approcha du sien, mes lèvres frôlant les siennes alors que ma colère redescendait lentement. Ma main libre vola alors sur ses hanches avant de les attirer contre moi.

« Ne fais pas l’erreur de croire qu’il m’est possible de te sous estimer… La perfection appelle à la prudence… »

Qu’elle ne fasse pas l’erreur de me sous estimer, vraiment, je lui déconseillais, car au vu des écarts de réactions qu’elle pouvait provoquer en moi… Elle n’était pas à l’abris du pire, comme du meilleur.

Je ne m’attendais pas a une réaction comme celle qu’il eut. A vrai dire, il n’eut pas vraiment a me pousser, je reculai d’instinct. Je reculai oui, mais j’affrontais son regard sans vaciller. Que je surveille mes paroles ? Pourquoi ? Etais je si bien dans le vrai ? La paroi rocheuse heurta mon dos sans réellement me faire mal. Les poignets prisonniers, je levai le menton. Défi ? Peut être, je ne savais pas trop en vérité. Provocation ? Certainement. Si il jouait. Pourquoi me soutenait il le contraire ? Combien en avait il envouté ainsi ? Beaucoup sans doute. Il était agé, sensuel, dangereux. Le type même capable de faire naitre dans le cœur des filles une passion coupable. Etait ce ce qui m’arrivait ? Non, je le refusai. Ce n’était pas ça, c’était mon goût pour la provocation, mon côté rebelle qui remontait.

Pourtant, c’était dangereux de le faire, aussi dangereux que sa main autour de ma gorge, serrant lentement. Je déglutis avec difficultés, refusant de détourner les yeux, l’affrontant au mépris de ma propre survie. C’était idiot, je le savais. Il pouvait me tuer d’une seule pression. Un désir fulgurant et pernicieux éclata dans mon ventre, me surprenant subitement. La situation ne s’y prêtait pas, il était plus violent que jamais et pourtant, il exsudait la volupté, me heurtant de plein fouet comme la caresse de ses lèvres qui me secoua, décuplant le feu qui brûlait en moi.

« Alors prouve le…Vas y, prouve le. »

Un demi sourire ombra mes lèvres alors que mon regard se faisait franchement arrogant.

« Si tu crois en tout ce que tu dis, prouve le. »

Un gant jeté a son visage parfait. Je n’aurais certainement pas dût. C’était dangereux pour moi. Une partie de moi le savait, l’autre plus rebelle et sauvage ne l’entendait pas de cette oreille. Elle défiait sans prudence, enivrée quelque part de son regard, de sa violence, de son corps contre le mien. Un jeu dangereux auquel je me livrais avec voracité, inconsciente des limites que je frolais, jouant avec lui, avec moi, sans connaitre tout les enjeux. C’était idiot de vouloir jouer avec quelqu’un beaucoup plus fort que soi.

« Prouve le que je suis si parfaite, prouve que je ne serais pas comme les autres, le fier Gabriel qui croit en moi, qu’il en fasse donc la preuve. »

Lui prouver ? Lui prouver qu'elle n'était pas comme les autres ? Elle attendait quoi là ? Que je lui offre plus que je n'avais jamais offert ? Toujours en quêtes de vérité, elle me provoqua une nouvelle fois, m'attaquant sans prendre en considération mes menaces. Savait-elle seulement ce qu'elle faisait ? Il n'y avait rien à prouver, car elle était parfaite et idiote pour ne pas me croire. Mes yeux s'obscurcirent alors que je sentais monter une colère froide. Elle voulait des réponses, de nouvelle réponse. La fixant à nouveau, je rompis la dernière séparation qui me privait de ces lèvres. L'embrassant farouchement alors que mes mains glissaient sous son haut. Le ôtant alors, je le laissais tomber au sol alors qu'une main glissait déjà sur le dessus de son jean. Caressant ses formes, flattant ses courbes.

Il y avait une certaine violence, tension dans mes gestes. J'étais plus instable que jamais à cette heure.

« Premièrement, je ne couche jamais deux fois avec la même personne … »

Ôtant alors mon propre t-shirt, je commençais à lui retirer son pantalon. La dominant toujours sans aucun remord, je disais vrai, la seule à faire exception était cette misérable Erika, mais elle… C'était juste que son entourage était sans aucun doute le plus prolifique en futur ange. Quoi qu'il en soit je n'avais jamais, ou presque, couché deux fois avec la même personne, femme ou homme, de grès ou de force.

« Deuxièmement, je n'accompagne jamais mes bénies ! »

Soufflais-je alors que je la dévêtis complètement. Ne lui laissant aucun répit. Lâchant enfin ses lèvres, je glissais la bouche le long de son corps, embrassant son cou, son ventre. Je me redressais alors avant de faire quelques pas en arrière.

« Troisièmement… Il suffit de te voir dans le plus simple appareil pour comprendre que tu n'es pas comme les autres… »

Revenant vers elle, je laissais glisser mes mains au creux de ses reins avant de l'attirer à moi. Je commençais à me calmer. Le problème étant qu'à présent j'avais envie d'elle, de son corps, de sa peau contre la mienne.

« Que te faut-il de plus ? »

Car je ne pourrais lui offrir tout ses désires. Il y avait des limites, des limites que je ne franchirais pas.

Le mot qui me brulait soudainement la gorge ne vit jamais le jour, retenu par mes lèvres humides et rougies. Que vouloir de plus sauf l'inaccessible ? Bonne question. Je ne savais pas ce que je cherchais a lui faire dire, lui faire avouer, c'était idiot, surtout que cela se retournait contre moi de manière violente et indécente. Le brasier qui animait mon ventre n'avait de cesse d'enfler; attiser par sa colère que je devinais derrière l'éclat fiévreux de ses iris. Ses lèvres que je sentais encore sur ma peau frémissante. La chaleur de son corps contre le mien. Je perdai peu à peu le fil de mes pensées, du pourquoi je lui en voulais soudainement au mépris de ma propre survie.

« Rien.»

soufflai je d'une voix enrouée d'envie, rauque de désir alors même que je m'étais promis qu'il n'y aurait pas de prochaine fois mais cela avait été illusoire de penser qu'une fois suffisait n'est ce pas ? Et ce constat avait le don de me faire grincer des dents, du moins aura le don de me faire grincer des dents, pour l'heure, mon regard luisait de convoitise, mes paumes fourmillaient de l'envie démente de les poser sur son torse nu et mon ventre hurlait son manque.

je retins un gémissement presque extatique alors qu'il m'attirait contre lui, imprimant ses courbes brutes et mâles contre les miennes, si avides. Etais je seulement convaincue ? Je n'en savais plus rien. Oui ? Non ? J'étais bien incapable de réfléchir, envoutée par sa sensualité diabolique. Mes doigts remontèrent sur ses épaules, en savourant la force.

« Non, en fait c'est un mensonge... »

commençai je langoureusement, la soie de ma cuisse remontant lentement vers sa taille. L'éclat brûlant de mes yeux révélait assez ce qu'il me fallait. Son étreinte, sa présence en moi.

« Prends moi, Gabriel, et j'aurais tout ce qu'il me faut.»

continuai je dans un souffle brûlant qui vint s'échouer sur ses lèvres.

Rien ? Vraiment ? J’avais du mal à la croire, surtout lorsque ses yeux brulant de désires rencontrèrent les miens. J’avais du mal à la croire lorsqu’elle gémit à mon simple contacte. Et j’avais raison de douter d’elle. J’avais raison de ne pas la croire. Car elle m’affirma que c’était un mensonge. Mes yeux descendirent un instant sur ses hanches aventureuses avant que mes mains ne les rejoignent pour les soutenir.

Elle n’avait pas besoin de le dire, j’avais compris son désir… Un désir terriblement proche du mien. Elle n’eut pas à me le dire deux fois. Me débarrassant de ce qui m’empêchait encore de la prendre, je finis par laisser glisser mes mains sur ses cuisses, les caressants. Je n’avais pas besoin d’attendre, j’étais prêt, tout comme elle.

Alors c’est sans aucune forme de cérémonie que je la pris. Sous cette cascade qui rendait les choses terriblement érotiques. Sa nature d’ange devait lui décupler tout les sens, et j’étais certain que ce qu’elle ressentait à présent était sans doute une première. D’autant que mon désir d’elle ne semblait décroitre tant mon corps ne cessait de bruler. Que m’avait-elle fait ? Etait-elle si parfaite que même moi ne pouvait lui tenir tête ? Non, lorsqu’elle était humaine je l’avais recadré plus d’une fois. Alors étais-ce sa vulnérabilité qui m’avait touché ?

Je ne saurais dire, une chose est sur, jamais je n’avais fait l’amour à une femme de cette façon. Jamais avec autant de passion, de désir, d’envie. J’avais l’impression que ma rage avait rendu les choses différentes. Plus puissante.

Baisant ses lèvres, je glissais de tant à autre sur son cou, y dessinant alors des arabesques du bout de la langue. Et puis sa poitrine … Arrogante, délicieuse… Je ne m’étais réellement pas trompé, elle avait tous d’une déesse… Vraiment tous.

Un grondement étouffé s’échappa, violemment, séduit lorsqu’il envahit l’antre de mon ventre. Presque brutal, mais je n’attendais pas de douceur, je n’en avais pas besoin. Trop vorace, trop avide, trop affamée pour quémander une tendresse trompeuse. Pas assez hypocrite pour le faire d’ailleurs. Oui, j’avais envie de lui, une envie quasi bestiale qui se déchainait sans que je n’arrive a la contrôler. Pendue a ses lèvres, creusant le dos pour l’accueillir plus profondément en moi, j’ondulais a son rythme, avec lui. L’eau qui coulait sur mon corps décuplait mes sensations, je n’étais que trop consciente de sa chaleur, de sa peau, du jeu de ses hanches entre mes cuisses, de ce plaisir qu’il me donnait. Ce n’était pas comme la première fois, non, c’était bien plus. Un déchainement de sens, un plaisir inouï qui me lacérait la chair.

Gémissante, je fourrageai ses cheveux, renversant la tête sous ses lèvres, m’offrant sans vergogne, sans pudeur, oubliant que c’était là une belle connerie, engloutie par le désir qui enflait, menaçant de me perdre définitivement. Même l’eau ne pouvait rafraichir ma chair enflammée. Quelque chose se jouait dans cet océan incandescent, mais je ne savais pas quoi et je m’en fichais. Aspirée par un tourbillon de sensations brutes, trop intenses, je hurlai lorsque la jouissance fondit sur moi, lorsqu’elle explosa si fort que je cru me briser, enfonçant mes ongles dans sa chair jusqu’au sang. Je crois bien que je perdis un instant connaissance, c’était idiot, ce n’était que dans les livres qu’on lisait ce genre de mièvrerie et pourtant, il me semblai soudainement que le monde c’était arrêté de tourner, fixe sur son centre alors que ma chair se disloquait sous la puissance de l’orgasme qui me secouait.

Je ne savais pas pourquoi, mais je savais que cette erreur là me serait fatale un jour. Peut être pas aujourd’hui, peut être pas demain, mais elle le sera, songeai je brusquement en m’effondrant contre lui, la peau secouée de violents frissons, la chair martyrisée par l’extase. Une erreur parce que maintenant, il n’y aurait plus que lui pour m’offrir cela, juste l’éclat du monde concentré au creux de mon ventre.

Une erreur…Mais aucun regret…

Si j’étais partie du principe de ne jamais coucher deux fois avec la même personne, c’était pour une bonne raison. Une fois, tous n’était que découverte, deux fois, le plaisir se renforce, ou se détériore. Et c’est au bout de deux fois qu’on peut réellement juger. Aujourd’hui, j’avais l’excuse de penser que nous avions couché ensemble deux fois, mais deux fois dans la même journée. Et puis elle avait changé entre temps… Ca compte si la mort sert d’arbitre ?

Quoi qu’il en soit lorsque je la sentis se tendre sous moi, lorsqu’elle se brisa son l’extase, je ne pus que la suivre. D’abord abrutis par la jouissance, je ne remarquais pas de suite qu’elle aussi avait été brisée. C’était improbable, impossible de ressentir cela ? En 2 500 ans, je n’avais jamais sentit mon être bruler ainsi ? Surement les conséquences de sa perfection. Je devais prendre mes distances, cela devenait dangereux pour moi.

Me libérant de sa prison de ses jambes, je compris assez rapidement qu’elle n’était pas en état de marcher. La prenant alors dans mes bras, je la déposais sur la berge avant de retrouver mes vêtements et disparaitre.

Je dus m’absenter une trentaine de minute et lorsque je reviens, j’avais des gens avec moi. Je n’avais pas changer d’idée, elles ne les tueraient pas, mais elle devait bénir histoire que je la laisse à Jérusalem et que moi… Je rentre à Londres pour me changer les idées.

Arrivant bien avant nos invités, je lui jetais des vêtements propre et sec au visage avant de dire avec autorité.

« Habilles toi, j’ai les trois derniers ! »

Vous connaissez l’expression faire une confiance aveugle ? Si on considère que les trois petits vieux le sont presque, cette expression prend tout son sens.

« Oh désolé, j’étais allé prévenir mon assistante que vous arriviez ! »
« Ce n’est pas grave, vous êtes déjà bien aimable d’accepter de nous faire visiter l’île ! Vous êtes un brave type ! »

Soixante ? Soixante-dix ans ? L’âge ou la moindre gentillesse et vous devenez un membre de la famille. Je m’avançais alors vers Naya avant de leur dire d’une voix faussement exagérer :

« Elle s’appel Naya, elle va vous encadrer pour la découverte du lac ! »

Puis à l’égare de ma création.

« Fais vite, nous devons rentrer avant la nuit… »

Sans pitié ? Oui possible. Mais j’étais agacé par mon propre comportement. Elle était exceptionnel, c’est un fait, mais de là à faire cette connerie … Non merci !

Au début, je crois que je n’ai pas compris. Pourtant, c’était idiot. Ne même pas savoir reconnaitre notre propre attitude en reflet chez un autre. Mais c’était ainsi, je n’ai pas compris, ou pas réalisé dirons nous. C’est mieux pour mon égo. Je m’étais allongée sur la berge, le corp comblé a outrance, un sentiment indéfinissable au creux du ventre, une vibration satisfaite, pleine et entière. Je n’avais même pas eu la force de m’offusquer de son départ cavalier. Non, je savourais juste les sensations qui parcouraient mon corps, le soleil qui le chauffait, le vent qui le caressait, hypersensible a tout cela, le ventre encore frémissant. Brisée était bien le mot. Je ne comprenais pas pourquoi mais c’était.

Non, en fait, j’ai réalisé a l’instant même où un tas de vêtements atterrit sur mon ventre, me faisant presque sursauter alors que je levai soudainement les yeux sur Gabriel. Combien de temps était il partit ? Impossible a dire, mais la sécheresse de son ton me heurta, assombrissant soudainement mon regard de colère, de rancœur aussi. Bravo Naya, on dirait bien que tu te fais traiter comme la dernière des putains. On s’en sert, on la jette. Pourtant, je ne pouvais m’en prendre qu’a moi-même, je savais qu’il mentait, sa vie n’était que mensonge. Non, je n’étais pas différente des autres, j’avais juste la chance de l’intéresser un peu plus, mais cela s’arrêtait là. Pas de quoi en faire un fromage, voilà, je m’étais faite avoir et il parait qu’il faut que ça arrive pour s’en rendre compte.

Je me saisis des vêtements, les enfilant en silence. Je ne lui accordais pas un regard, passant mes mains dans mes cheveux pour les remettre en ordre avant de voir arriver trois petits vieux. Je cachais habilement mon incrédulité, jetant un coup d’œil en coin a Gabriel avant de me fendre d’un beau sourire innocent qui ravit les papys. J’entrais dans la comédie, n’ayant guère le choix.

« Va te faire foutre, je sais ce que j’ai a faire. »

Sifflai je entre mes dents, arborant toujours un magnifique sourire alors que je le plantai là, m’avançant vers les grabataires, les saluant avec chaleur, prenant pour eux, l’image d’une petite fille laissée au pays.

« Venez avec moi, je connais un sentier sûr, je suis maladroite parfois. »

Riai je doucement en les invitant a me suivre d’un geste léger et aérien. Il ne me fallut pas beaucoup de temps pour les avoir. Un beau sourire, des anecdotes sur mon propre grand père, vraies ou non on s’en fichait, je n’arrivais pas a oublier l’amertume qui me faisait mal, évitant sciemment de regarder du côté de l’Archange. Pour eux, il n’était pas question d’un baiser, quoique…L’un après l’autre, pour des prétextes futiles, pour une main tendue, pour une histoire ancienne et attendrissante, pour le souvenir d’une épouse disparue, je leur baisai la joue. Doucement, comme un baume. Je ferais ce que j’avais a faire mais au fond de moi, il n’y avait qu’une seule promesse, puisqu’il en avait décidé ainsi, il en serait ainsi.

Une heure plus tard, nous revenions, riant et de bonne humeur, du moins en apparence en ce qui me concernait, je passai a côté de Gabriel.

« C’est fait. »

Dis je sèchement en le dépassant, continuant mon chemin sans même me retourner devant l’air incompréhensible des petits vieux. L’un d’eux demanda même a Gabriel si ils m’avaient vexée. Non. Pas le moins du monde, pas vous…Etrangement, je n’étais même pas triste pour eux. Ils avaient vécus longtemps, leur vie était derrière eux…Un moyen d’apaiser ma culpabilité ? Peut être, mais rien ne pouvait apaiser ma colère et ma haine soudaine, flamboyante. Je n’étais pas cette perfection qu’il voulait, je serais bien pire et il s’en mordrait les doigts.

Mon comportement avait clairement fait réagir Naya, car au vu de son comportement, j’étais certain qu’elle ma haïssait. Qu’elle fasse, avec ce qui c’était produit aujourd’hui, aucun doute qu’il valait mieux qu’elle ne cherche pas à revenir. Non, elle devait rester loin de moi sans pour autant m’échapper… Pourquoi je ne couchais jamais deux fois avec la même personne déjà ? J’avais joué avec le feu et je m’étais clairement brulait, à moi de faire en sorte que ses brulures ne deviennent pas des fardeaux…

Je la laissais donc partir, profitant de son départ pour retourner à Jérusalem et tuer ses deux premiers bénis. Et puis, alors que je venais tous juste de revenir, je la vis débouler comme une furie.

Ses trois nouveaux bénis se posèrent des questions et je les rassurerais en affirmant qu’ils n’étaient en rien responsables. Et puis la mort les embrassa. Les veillant jusqu’à leur réveil, je les tuais à nouveau, mais cette fois pour de bon. Le cœur, cet organe si fragile était notre unique faille.

Je m’assurais alors que Naya retourne bien sur le tournage et une fois que ce fut chose faite, je repris le chemin de Londres. Elle était assez grande pour s’en sortir et moi … J’avais visiblement du travail au vu des récents évènements. Je ne sais pas ou était passé Azraëlle, mais en tout cas, elle s’était barré au bon moment. Personne ne savait ou elle était, à croire qu’elle avait effacé toute trace de son passage. Elle avait souvent le don de m’agacer, mais je devais lui reconnaitre du talent.

Quoiqu’il en soit, je ne revis pas Naya du reste de son tournage. Je ne fis que lui envoyer des propositions de contact pour deux trois films, un autre pour un guest de série et un dernier pour devenir l’égérie d’une grande entreprise dont je ne citerais pas le nom. Me cacher derrière mon travail ? Avant je vous aurais dit non sans hésitation, mais là, je devais avouer que ce qui commencer à se tisser entre Naya et moi n’était pas dans mes habitudes, vraiment pas.