Avec ou sans bulles ? | Raphaël

Bon sang ! C'était quoi son prénom a lui ? Bof, aucune idée et c'était pas ce qui m'avait interéssée chez lui. Là, il pionçait, comme tout les mecs après s'être envoyé en l'air, ça m'arrangeais, j'avais horreur des adieux. Il avait été performant, doué et c'était tout ce que je voulais savoir de lui, le reste, je m'en fichais.

J'appliquai un soupçon de rouge a lèvre, me recoiffai tranquillement avant de quitter la chambre d'hôtel sans un mot. Tiens, j'aurais pu laisser un billet pour service rendu non ? Cette idée me fit pouffer tandis que je vérifiais que ma robe était remise a sa place et que je n'avais aucune trace sur le corps.

Bon, s'éclipser ainsi d'une soirée huppée donnée par la marque Dolce Gabanna était risqué, mais là, je m'en fichais, j'avais appliquer a la lettre ce que j'avais décidé et ils n'avaient qu'a pas faire cette soirée dans un grand hôtel londonien. Ma libido était revenue a la normale et même que le sourire. Non enfait, rien de telle qu'une partie de jambe en l'air pour se remonter le moral. Après tout, ce n'était pas que l'apanage des mecs si ? Bref, je revins dans la salle principale, souriante avant de m'approcher d'un serveur déambulant avec un plateau de champagne. J'avais soif et j'en chippai une avant d'appercevoir Emily près du bar. Emily était une autre comédienne mais pas tout a fait dans le même registre que le mien. La pauvre était cantonnée aux rôles de petite grue qui ne comprenaient rien a la vie. Bon, comme moi j'avais pu être la pétasse éternelle remarquez. Bref, j'aimais bien Emily et surtout la tête qu'elle fit en me voyant arrivée. Evidemment que j'avais quitté la série, rien de plus normal lorsque l'on était soudainement propulsée au sommet lorsqu'un réalisateur tel que Cameron vous prenez dans son film. Un petit merci a mon connard de manager en passant hein. Enfin, j'allais l'apostropher lorsqu'un gugus connu ni d'Eve ni d'Adam trouva sympa de traverser ma trajectoire sans se faire remarquer. Résultat, une belle chemise couverte de champagne, des flashs de partout et un verre vide.

La présence des journalistes m'empêchait de lui faire comprendre par a+b qu'il fallait qu'il fasse gaffe, au contraire, je lui offris mon plus beau sourire et une mine contrite.

-"Je suis vraiment désolée ! Je ne vous avais pas vu !"

En fait non, quoique...En levant les yeux, j'eus devant moi le genre de type dont toutes les filles rêvent voyez vous. Grand, bien fait, le cheveux sombre, le regard profond et un air très surpris sur le visage. Environ mon âge certainement, tiens peut être quelqu'un de sympa au final. J'ouvris rapidement ma pochette de soie pour chercher mes mouchoirs avant de lui en tendre deux.

-"Il faut essuyer maintenant, sinon, cela va tacher."

Ah les mondanités, rien de plus ennuyeux. J'en avais soupé au cours de ma longue vie, mais j'avais toujours plus ou moins gravité autour des puissants, me faufilant dans leur intimité, leur devenant indispensable par mes conseils et ma façon de déployer mes tentacules autour d'eux. Comme une araignée qui tissait patiemment ses fils. Les puissants étaient des marionnettes, des marionnettes que j'offrais à la lumière, quand moi, je me contentai de l'ombre. Mais il fallait entretenir ses relations. Même si je jouais les lycéens, je prenais mes précautions pour continuer à faire tourner mes affaires. Et je ne pouvais que m'estimer heureux de pouvoir passer d'un état à l'autre avec une aisance naturelle.

Ce soir, c'était soirée Dolce&Gabbana. Il y avait tout le gratin, les vedettes, les riches anglais du coin. J'avais revêtu un costume, le portant de façon nonchalante. J'avais abandonné la veste, pour ne conserver que le pantalon noir à pinces et la chemise bordeaux, retroussée sur mes avant bras, alors que la cravate était dénouée et les premiers boutons de mon col défaits sur ma poitrine. J'avais mes entrées dans n'importe quel lieu londonnien et chic. Chic et moins chic d'ailleurs. Je connaissais bien les quartiers mal famés.

Tout ce qui était trafiques en tous genres ne m'étais pas inconnu. J'avais mes propres réseaux, mes informateurs, mes larbins. c'était pratique d'avoir ce genre de mainmise sur une ville.

Soudain, une blondinette surgit et renversa sa coupe sur ma chemise. Et les flashs des photographes ne tardèrent pas à immortaliser la scène. Ah mademoiselle était donc connue. Et effectivement, quand je pus voir son visage alors qu'elle faisait bonne figure, il ne me fallut pas longtemps pour trouver ce visage familier. Je l'avais déjà vue. Actrice il me semblait. Petite actrice d'ailleurs, pas encore la grande vedette. Peut-être ne le deviendrait-elle jamais d'ailleurs. Beau brin de fille, attention à ne pas se cantonner dans le même genre de rôle de garce potiche.

Mais surtout, elle puait le Séraphin à 15 km. Donc en plus, un de mes collègues lui tournait autour. Intéressant. De quoi réveiller mon intérêt et balayer ses excuses d'un sourire charmant.

- Oh, ce n'est rien, j'aurais du regarder où j'allais.

Elle sortir des mouchoirs de sa pochette et me les tendit pour essuyer.

- Je crains fort que cela ne suffise pas à effacer les tâches.

Cependant, j'essuyai du mieux que je pouvais... Avant de la regarder et de mimer un instant de réflexion, avant de sourire, comme pris d'une illumination :

- Ça va faire cliché, mais j'ai l'impression de vous connaître... Votre visage m'est familier...

Les actrices avaient souvent un ego bien développé. Ne pas la reconnaître de suite me laissait une marge de manœuvre et de quoi la jauger. Mais avouer que je connaissais son visage la flatterait.

Ca c'était le moins que l'on pouvait dire. Fallait ouvrir les yeux mon grand ! Bon, je n'allais pas l'agresser devant le parterre de journalistes, enfin, journalistes, un bien grand mot pour la tripoté de furoncles plutôt adepte de feuille de choux, j'imaginais déjà les titres demain. Je soupirai légèrement. Si Gabriel lisait ce genre de torchon, il ne manquerait pas de me voir en compagnie de ce jeune homme, la chemise tachée de champagne. Mais j'étais trop de bonne humeur pour que cela me contrarie voyez vous ! Bref, je reportai mon attention sur mon vis à vis.

-"Et bien disons que la faute est partagée, ça vous va ?"

Un délicieux sourire plissa mes lèvres avant que je ne fouille dans ma pochette a la recherche de mes mouhoirs, histoire de réparer les dégâts. Sauf qu'il y avait peu de chance pour que la chemise n'en ressorte pas foutue. Pensez vous ! De la soie !

-"Et bien je vous la ferait nettoyer, je vous dois bien ça."

Et puis il fallait bien que l'équipe de blanchisseuse de Gabriel serve a quelque chose non ? J'éclatai de rire a la phrase suivante. C'était totalement bateau ça ! Mais d'ici quelque temps, tout le monde connaitrait mon nom, aussi ne fus je absolument pas vexée de ces quelques mots qui ressemblaient plus a tentative de drague maladroite qu'autre chose. Il faudrait qu'il revoit sa technique.

-"Un beau cliché oui, mais si vous êtes adepte de torchon tout juste bon a servir de ramasse épluchure, oui, il est possible que vous ayez déjà vu mon visage, a moins que vous ne soyez le genre de type a adorer les soap opéra. Par contre, le votre m'est totalement inconnu, vous n'êtes pas dans le showbiz si ?"

Enfin, le monde des soaps c'était fini pour moi de toute façon. Ah pas de doute, l'avenir s'annonçait très très bien. Même si je le devais a un salopar égocentrique, ce n'était qu'un détail. Je penchai légèrement la tête sur le côté, glissant une étincelle amusée dans mes iris.

-"A mon tour de faire dans le cliché en vous invitant a prendre un verre avec moi pour me faire pardonner ma maladresse."

- Ça me parait un bon compromis.

Tous les deux fautifs et une chemise en soie foutue en l'air à cause d'une petite grue qui ne savait pas regarder où elle allait. Enfin, tant pis, ce n'était pas comme si je n'avais pas les moyens de m'en payer une neuve. Aimablement, je lui souriais et elle faisait de même. Nous n'étions pas seuls et je détestais me donner en spectacle. Je devais reconnaître quand même que mon agresseur était un beau brin de fille. Une jolie blonde aux yeux caramel et à la bouche pulpeuse. Mais bon, si à mon âge, je perdais la tête pour une belle fille, cela serait pathétique non ?

Elle fouilla dans son sac pour trouver un mouchoir et tenter de réparer les dégâts, mais j'étais moins optimiste qu'elle sur la réussite de son projet. Le champagne, ça tâchait, à moins d'avoir une bonne blanchisserie. Bah, ce n'était pas si grave.

- Si vous y tenez... Je ne suis pas à une chemise prêt quand même.

Sous entendu, j'ai de l'argent, je peux m'en fournir une autre facilement. En même temps pour être à cette soirée, il fallait avoir un peu d'argent n'est-ce pas ? C'était quand même préférable. Ne rentrait pas qui voulait. Je m'interrogeai alors sur son identité, osant le bon vieux cliché du je vous ai déjà vu quelque part, ce qui la fit rire. Qu'elle me sous estime donc et me pense emprunté avec les jolies filles. Je n'avais aucune envie de la séduire de toutes façons. Même si j'étais curieux de savoir quel Séraphin lui tournait autour. Qui sait ? Il pourrait être amusant de m'en mêler...

Elle me rétorqua alors que j'avais surement vu son visage dans quelques magazines de seconde zone ou à la télé dans un soap minable. Actrice donc, j'avais une bonne mémoire, même si c'était à peu près tout ce que je pouvais dire sur cette fille. Actrice de seconde zone. Pour le moment.

- Me voilà démasqué, j'adore les soap, mais ne l'ébruitez pas...

Je souris, amusé, alors qu'elle disait absolument ne pas me connaître.

- Et bien, je préfère l'ombre à la lumière. Non, je ne suis pas dans le showbiz, du moins, pas sous les feux des projecteurs, effectivement.

Elle m'invita alors à boire un verre. Une lueur espiègle s'alluma dans mes yeux bruns.

- Avec plaisir... Mais vous n'avez pas peur que ces charognards fassent de moi votre nouvelle conquête ?

Je faillis ricaner. Bien sur que non mon grand tu n'étais pas a ça prêt. Pour venir ici, il fallait soit être connu, soit être riche. J'étais plus ou moins l'un et l'autre, mais lui, si je ne le connaissais pas, c'était qu'il avait un portefeuille bien remplit. C'était plus de la politesse qu'autre chose et sans doute faire un peu chier Gabriel, même si le moyen était totalement débile, notons le. Mais pour ça, je pouvais compter sur les photos qui ne manqueraient pas de paraitre demain. J'imaginai déjà sa tête, ça serait hilarant ! Enfin bref, revenons a nos moutons. Enfin a notre beau brun.

Il me répondait avec humour, ça me changeait tiens ! D'habitude, on me faisait les yeux doux juste parce que j'avais une belle paire de fesses.

-"Alors ? Réalisateur ? Scénariste ? Producteur peut être ?"

Et là, il allait penser que je cherchais des soutiens. Ca aurait pu être le cas quelques années plus jeune mais maintenant, il me semblait que j'avais ce qu'il me fallait et qu'en plus, j'étais peids et poings liés par un foutu contrat de merde. Là, j'étais juste curieuse, mais qu'il pense ce que je voulais, je m'en fichais un poil en fait. Finalement, je le balayais d'un coup d'oeil aigue.

-"Quoiqu'héritier vous irait bien aussi."

Jeune blanc bec avec la fortune de papa a disposition en somme. Ma famille était riche aussi, mais je dois dire que malgré mes défauts, j'avais mis un point d'honneur a ne pas quémander le moindre argent a mon oncle. Non, je m'étais débrouillée et si en plus j'avais pu le faire enragé, c'était tout benef pour moi.

Je souris lorsqu'il accepta mon invitation et glissa, sans gêne, un bras sous le sien, haussant une épaule a sa remarque.

-"Une de plus, une de moins, au stade où ils en sont, j'ai couché avec tout Londres."

répondis je laconique, je m'en fichais pas mal en fait, je m'étais servit de cette excuse pour éviter de devoir habiter avec mon garde chiourne mais honnêtement, niveau conscience, je m'en contrefichais très largement. Je faisais ce que je voulais, point barre. J'entrainai donc mon compagnon vers une des multiples tables rondes, entourées de banquettes au cuir luxueux, chipai deux coupes de champagne sur le plateau d'un serveur ayant le malheur de me croiser et en tendit une au jeune homme.

-"Et vous êtes ?"

demandai je soudainement avec un léger sourire amusé. Non parce que je ne pouvais pas continuer a l'appeler beau brun ou petit cul voyez vous.

La petite curieuse. Je souris, ne lui répondant pas concernant mon métier. Je me demandais si cela l'intéressait juste pour la curiosité, ou si dans sa petite cervelle, elle se demandait déjà comment elle pourrait tirer profit de mon métier ou mon influence. Quand on était actrice de seconde zone, il fallait avoir quelques contacts, savoir jouer des coudes pour s'imposer, se hisser en marchant sur la tête des autres et au vu de la demoiselle, je ne doutais pas qu'elle n'était pas du genre à faire dans le sentimental. Elle devait écraser la tête de ses rivales avec son talon aiguille. Elle me regarda, critique, avant de proposer que je puisse être un riche héritier oisif. Une lueur malicieuse dansa dans mes iris sombres, alors qu'un sourire venait s'y greffer.

- Bingo.

Qu'elle me considère comme un jeune trou du cul qui vivait aux crochets de papa maman, je m'en contrebalançait totalement. J'étais ce qu'elle voulait que je sois au final. Même si ce n'était pas forcément élogieux. Elle me proposa alors un verre pour se faire pardonner et j'acceptai alors qu'elle se glissait sous mon bras. Je lui fis la remarque que j'allais passer pour son énième conquête et elle balaya cela d'un mouvement d'épaule.

- C'est le lot de toutes les jolies filles connues je suppose... Est-ce seulement vrai ?

Je lui adressai un sourire taquin. Je ne la prenais pas pour une Marie couche toi là, mais au vu de sa beauté, elle devait faire tourner pas mal de tête et il lui suffisait de claquer des doigts pour avoir n'importe quel homme à ses pieds. Elle m'entraina vers une table et une banquette, récupérant du champagne, avant de me le tendre en me demandant mon nom.

- Raphaël.

Pas besoin de lui fournir tout mon patronyme n'est-ce pas ? Puisqu'elle n'était pas intéressée par ce que je pouvais lui apporter.

- Et vous ? Encore navré de mon inculture, mais si j'ai déjà vu votre visage, votre nom m'échappe... Mais je ne doute pas qu'il sera sur toutes les lèvres un jour, n'est-ce pas ?

Sous entendu que mademoiselle allait percer au cinéma et passer de petite actrice à star...

Je haussai un sourcil. Jeune blanc bec ? Non, il dégageait une assurance trop mature pour appartenir a la race des m'as-tu-vu débile et prompt a dégainer la carte bleue pour impressionner un parterre de donzelles prêtes a écarter les cuisses en gloussant. Bon, que monsieur garde son mystère après tout, je m'en moquai légèrement. C'était de la curiosité mais je vivrais bien avec le fait qu'elle ne soit pas satisfaite. Alors je ne répondis rien, me contentant de sourire légèrement avant de m'emparer de son bras d'autorité, l'entrainant vers une table.

Un ricanement acceuillit sa question.

-"Voyons...Le fait que je n'ai pas mis ma main directement sur votre fondement est une réponse a elle seule je crois."

parce que ce genre de fille, croyez moi, ça n'avait pas besoin d'être subtile. Une ou deux allusions, une main au panier et hop ! In the Bed comme dirait Madonna. Le plus souvent, elles se faisaient sauter une ou deux fois, alléchées par des promesses que personne ne tiendrait. Non, je valais clairement plus que ça ! Mais ce qui me faisait flipper en ce moment était bien ce projet de film en Israël. Le role était puissant, porteur mais l'endroit...D'un geste de la main, je repoussai mes pensées un peu trop noire pour voler deux coupes de champagne et en proposer une a mon compagnon d'un soir tout en lui posant la question de son nom. Parce que bon, j'étais assez limité si je ne le connaissais pas.

-"Raphaël ? Sympa, ça fait archange."

Gabriel, Raphaël, rien que des "ël" en ce moment. Je devais les attirer, attendons Samaël, Raël, Azraël, Mickaël et on aura la totale ! Je bus une gorgée de champagne lorsqu'il me retourna la question. Je haussais une épaule.

-"Inculture, c'est vite dit, disons qu'il est plus facile de se souvenir d'un visage que d'un prénom et d'un nom. Naya. Je m'appelle Naya Criss."

Et on s'en souviendrait longtemps. Du moins, si ce foutu tuteur coincé tenait ses promesses évidemment. Je regardai ma coupe de champagne avant de lever un regard complice sur mon vis à vis.

-"Vous savez quoi ? On peut se trouver dans un hôtel cinq étoiles et trouver le champagne dégoutant. Vous croyez qu'ils sous traitent chez les américains ? Le français aurait été meilleur.."

Fis je avec du rire dans la voix avant de pencher légèrement la tête sur le côté.

-"Alors dites moi, qu'est ce que la maison Gabbanna vous a offert pour votre présence ?"

Parce qu'il ne fallait pas se leurrer, réunir autant de célébrité ou de riche magnat ne se faisait pas avec un sourire et un "s'il vous plait". Non, il fallait aligner en cadeau et autre. Publicité oblige et marketing toujours.

- Pas vraiment, vous pourriez être un tantinet plus subtile et élégante.

Je serais déçu en fait, que cette jolie blonde ne soit qu'une adolescente qui fantasme sur j'importe quel mec à peu près bien et les enchaine dans son lit, comme d'autres collectionnent des timbres. J'aimais les filles avec un minimum de classe en fait. Et Naya en avait, bien que cela ne soit pas tout à fait exploité. Il faudrait encore un peu de temps avant que ce diamant brut ne soit ciselé et que le canard devienne un cygne. Oh, elle était loin d'être vilaine ou repoussante, attention, là n'était pas ma pensée, mais elle était encore banale, quand elle pouvait devenir éclatante. Mais je ne serais pas celui qui la façonnerait. Quelqu'un avait déjà apposé sa marque sur elle et je ne pouvais nier être curieux à ce sujet d'ailleurs. Quel confrère, ou quelle consœur, avait jeté son dévolu sur cette starlette ?

Je lui livrai alors mon nom alors qu'elle me le demandais et ne retins pas un sourire amusé à sa remarque. Si elle savait à quel point elle touchait du doigt la vérité. Mais cela ne lui apparaîtrait que quand celui qui veillait sur elle l'aurait transformée en ange et qu'elle apprendrait alors à reconnaître les grandes figures angéliques, dont je faisais partie, en toute modestie.

- Je crois que c'est pour cela que j'ai été nommé ainsi.

Qu'elle croit donc à la folie des grandeurs de parents richissimes. Mes paroles n'étaient que vérités, mais à elle de savoir les interpréter, sauf qu'il manquait quelques éléments pour décrypter mon mystère. Et je trouvais tout cela très amusant. Je lui demandai son nom, m'excusant de ne pas me le souvenir et elle me le livra sans en prendre ombrage apparemment. Naya, donc.

- Très joli... Mais cela ne sonne pas très anglais.

Elle me fit alors la remarque que le champagne n'était pas des meilleurs malgré le luxe qui l'accompagnait et je hochai la tête en souriant.

- Tous les champagnes français ne sont pas de la même qualité.

Elle me demanda alors ce que Gabanna m'avait offert en échange de ma présence ici et je me fendis d'un nouveau sourire, malicieux, cette fois.

- Rien du tout. Je me suis incrusté dans la soirée sans le moindre remord, ni la moindre honte.

Ce qui était, encore une fois, totalement vrai. Je n'avais pas été convié au départ, mais je savais jouer de mes relations pour palier à cela et devenir qui je voulais.

- Et vous ? Deviendriez-vous la nouvelle égérie de la marque ? Votre beauté ne pourrait que flatter l'élégance de leurs produits.

-"Oui, je le pourrais effectivement, mais, sans vouloir vous vexer, a l'heure actuelle je n'ai pas en tête de vous séduire."

C'était dit avec un certain amusement, mais sincérité. Bon, ok, je ne pouvais pas nier qu'il soit diablement sexy et mignon, et n'importe quelle femme en aurait bien fait son quatre heure, seulement, le mien devait encore roupiller et je n'étais vraiment pas d'humeur sexe. J'eus un léger rire alors que je le comparais a un archange :

-"Quelle modestie !"

Ceci dit, Raphaël était un prénom commum, très beau et poétique mais que l'on rencontrait souvent. Le mien était plus rare mais je le devais a ma mère et il me fit remarquer le manque anglicisation de Naya. Je souris légèrement :

-"Je suis anglo-israëlienne et mon prénom a été choisit par ma mère."

Ce qui était totalement vrai d'ailleurs, mon père n'avait pas eu voix au chapitre ou presque. Cela dit, il avait aimé et moi, j'aimais les consonnances exotiques de mon prénom. Cela dit, on allait pas passer la soirée a parler prénom n'est ce pas ? Alors je préférais critiquer la qualité du champagne. Je froissai un peu le nez en une moue adorable et sceptique.

-"Ne me dites pas que ce genre d'établissement ne peut pas s'offrir un Veuve Clico si ?"

Néanmoins, je buvais, doucement et savourant tout de même le gout pétillant du champagne avant de carrément lui demander ce qui l'avait attiré ici. Sa réponse lui valu un coup d'oeil amusé.

-"Pique assiette professionnel ?"

On en croisait toujours de toute manière, il n'y avait pas de soirée hupée sans pique assiette. Quelque part, c'était eux faisait l'ambiance de la soirée. ma main balaya l'air d'un air désinvolte lorsque la question me fut retourner.

-"Oh moi, je m'en serais bien passé, mais selon mon agent, c'est une soirée incontournable et il s'est débrouillé pour que j'ai une invitation, sans compter que toute l'équipe du tournae est là aussi."

Sans compter que c'était la dernière fois que j'apparaissais avec eux, ayant brisé mon contrat pour voir un peu plus haut qu'un simple soap. D'ici peu mon nom apparaitrait au générique de choses bien plus grandes et cette idée me fit un peu sourire en coin.

Je pris un air faussement vexé alors qu'elle me rétorquait en riant qu'elle n'avait pas en tête de me séduire pour le moment.

- Quel coup dur pour mon ego d'homme courtisé par toutes les femmes qu'il rencontre !

Je portai la main à mon cœur de façon mélodramatique, avant de lui adresser un charmant sourire et une regard malicieux qui me faisaient paraître soudainement plus jeune. Espiègle, était le mot. Contrairement à beaucoup de mes compatriotes anges, je ne me la pétais pas en jouant les grands bonzes tibétains, ou en me nappant dans une arrogance horripilante. les autres anges ou séraphins ne me prenaient pas toujours au sérieux, voyant en moi un rigolo, un gars presque inoffensif... Quelle erreur, mais cela servait mes intérêts et je n'avais pas assez d'ego pour m'en sortir offensé et chercher à leur donner tort à tous prix. L'arrogance, la vanité, voilà ce qui pouvait faire tomber les autres... et moi ? J'avais beau chercher, je ne voyais pas de réel moyen de m'atteindre.

Je lui livrais alors mon prénom et elle fit remarquer que cela était le patronyme d'un archange. Je jouai là dessus, jouant sur les mots et je ris à son commentaire sur ma modestie ou du moins de ceux qui m'avaient nommé ainsi. Si elle savait...

- C'est ma qualité première !

Nouveau sourire charmeur, enfantin quelque part. Absolument pas calculateur ou manipulateur. Cela aurait été trop facile si on pouvait deviner mes intentions du premier coup d’œil. Je luis fis alors remarquer que Naya n'était pas très anglo-saxon et elle me révéla être à moitié israëlienne.

- Ah ! Je comprends mieux ce charme un peu exotique qui se dégage de vous dans ce cas.

Et ceci, dit sans arrière pensée ou sans vouloir la flatter outre mesure. Naya attirait le regard, elle avait déjà attiré un séraphin... Et maintenant deux, même si je n'avais aucune envie de la ravir à un collègue. Après, tout dépendait du collègue.

- Alors ils sont pingres.

Le champagne n'était pas le meilleur que j'ai bu dans ma vie. mais je souris qu'elle le remarque :

- Amatrice de champagne ?

Ce n'était pas une boisson forcément très anglaise, ni très répandue ici, mademoiselle Criss avait-elle des goûts de luxe avec sa petite notoriété montante ? Elle me demanda alors en quelle qualité j'étais là et je rétorquais que je squattais allègrement la soirée, ce qui sembla l'amuser.

- Bingo ! Pas trop déçue ?

Je m'enquis alors de la raison de sa présence ici, mais c'était juste pour se montrer, selon son agent. Avec l'équipe de tournage. Un sourire en coin recourba mes lèvres.

- Dites-moi tout, quels sont vos projets ?

J'éclatai de rire. Mais bien sur, je venais d'égratigner son égo. Non quand même pas, ce n'était pas parce que moi, il ne me venait pas d'idée libidineuses en tête quand je le regardais que ce n'était pas le cas de la moitié des femmes présentes. J'étais persuadée que ce type n'avait absolument aucun problème de ce coté là.

-"Je suis sûre que vote égo n'est même pas égratigné ! A vu de nez, je dirais que vous êtes un type qui sait exactement l'effet qu'il veut faire."

Et ça, j'en étais convaincue, il me rappelait Gabriel d'ailleurs avec cette façon d'être, l'arrogance en moins, non parce que l'ego de mon gentil petit tuteur était aussi grand que la pyramide de Gyzed, c'était pas peu dire ! De quoi me taper sur le système d'ailleurs. Mais bon, je devais faire avec jusqu'a ma majorité, en attendant, j'étais coincée.

-"Ca je n'en doute pas !"

Fis je en répondant a son sourire qu'il avait, et ben ma foi, plutôt séduisant. Ouais alors si il se mettait en tête une offensive de charme, pas de soucis, la moitié des femmes de la salle tomberaient direct en extase. Ce serait marrant a voir remarquez ! Bref, je l'informais de ma double appartenance et hochai légèrement la tête avec un léger clin d'oeil amusé.

-"Vous avez tout compris. Mon père venait d'une famille plutôt coincée d'ici et, je dois dire que la première fois que je suis venue, j'ai eu envie de défriser tout ce beau monde."

Et pas que dans le bon sens du poil, mon oncle avait dût s'arracher le peu de cheveux qu'il avait sur le crâne avec moi et c'était bien fait. Je ne supportais pas qu'on m'enferme et lui, il ne savait faire que ça, dernière fourberie en date, me coller Gabriel dans les pattes, Alléluhuia ! Cela dit, je préférais me concentrer sur le champagne et la reflexion de mon compagnon me fit rire doucement.

-"Amatrice de bon champagne oui. Ma mère adorait littéralement et elle m'a apprit a l'apprécier. C'est un vin très prisé en Israël avec le Bordeaux mais je ne suis pas très vin rouge."

Expliquai je en portant une nouvelle fois ma coupe a mes lèvres avant de le traiter de pique assiette et d'affecter une moue déçue un peu trop exagérée.

-"Mais totalement, moi qui pensais discuter avec un invité de marque...Mon dieu ! Comment vais je m'en sortir ?"

Avant d'éclater de rire et de reprendre plus sérieusement.

-"Non, en fait, pas du tout, de toute façon, les piques assiettes ont bien raison de s'incruster."

Je haussai un sourcil lorsqu'il me demanda quels étaient mes projets. Bon, je n'avais pas de clauses de confidentialité donc cela ne me gênait pas vraiment d'en parler.

-"Mmmh..Un film d'auteur Israëlien pour enchainer avec la dernière production Luca."

Finis je par répondre avec un sourire en coin.

-"En fait, c'est la dernière fois que je me montre avec l'équipe de la série et je crois qu'ils m'en veulent encore un peu de les avoir planté, mais autant avouer que continuer comme ça n'était pas ensivageable, je veux autre chose que ça."

- Oh vous me prêtez là une sournoiserie qui pourrait être offensante vous savez ?

Je fis une petite moue innocente tout à fait convaincante, avant de sourire pour signaler que je plaisantais. En tous les cas, elle avait visé juste, incroyablement juste même. Oui, je savais quel effet je voulais donner, je savais exactement ce que je voulais susciter chez les autres et concernant Naya, ce n'était surement pas du désir, bien qu'elle soit fort jolie. Je voulais sa curiosité, je voulais son attention, je voulais sa sympathie. C'était parfait et cela semblait fonctionner pour le moment. A l'échange des prénoms, elle fit remarquer que le mien était quelque peu pompeux et je plaisantais sur ma qualité qu'était la modestie, ce qui sembla beaucoup l'amuser. Et mais elle avait intérêt à ne pas en douter ! J'étais réellement quelqu'un de modeste ! Enfin, la plupart du temps quoi... Comparé aux autres anges, ça ne faisait pas le moindre doute.

J'appris en même temps que la charmante et piquante Naya était à moitié israélienne et je compris ainsi mieux d'où venait ce petit quelque chose en plus qui attirait les regards. Qui avait attiré le mien et au moins celui d'un autre ange d'ailleurs.

- Vous êtes donc née là bas ?

J'émis un petit rire amusé.

- Effectivement, le changement a du être radical pour vous.

Entre les terres ensoleillées et arides et l'humide Angleterre, il y avait un fossé. Et je ne parlais même pas du mode de vie ou de pensée. Bien qu'il était tout à fait possible de s'amuser à Londres, il fallait juste connaître les bonnes adresses et fréquenter les bons milieux.

- Vous n'avez pas fréquenté les bons endroits et les bonnes personnes je pense. Pourquoi avoir quitté Israël si ce n'est pas trop indiscret ?

Pour faire carrière en Angleterre, en Europe ? Pour des raisons familiales ? Mais je comprenais mieux son goût pour le champagne si elle venait d'une famille aisée. Pourtant, c'était du côté maternel et donc en Israël que lui était venu ce goût. Tout s'expliquait finalement.

- Je préfère le rouge au champagne pour être honnête, mais c'est une affaire de goût.

Je trempai mes lèvres dans la boisson pétillante, devant reconnaître que ce n'était quand même pas le meilleure que j'ai pu boire dans ma très longue vie. Je lui appris alors ne pas être mannequin, ni acteur, ni producteur, juste un riche pique assiettes qui avait ses entrées un peu partout et je jouais là dessus pour l'amuser.

- Et en plus, on va vous prêter une idylle avec ce pique assiette. Que la vie est cruelle !

Je souris à son éclat de rire, avant de lui demander quels étaient ses projets. Elle répondit par un film d'auteur à Israël et une superproduction ensuite, ce qui me fit froncer les sourcils :

- Et bien... Voilà deux univers totalement différents.

Elle avoua que l'équipe devait lui en vouloir de ses rêves de grandeur et que c'était la dernière fois qu'elle paraissait avec eux.

- Il faut savoir être ambitieux et cela ne se fait pas sans quelques sacrifices. L'amitié n'a pas lieu d'être dans l'ascension, ni les remords.

Et je savais parfaitement de quoi je parlais, j'étais de cette engeance là après tout. Je levai alors mon verre et portai un toast en son honneur :

- A votre réussite alors !

-Ou pas ?

Répliquai je, taquine alors qu’il affectait un pauvre petit air contrit. J’étais trop habituée a la comédie pour m’y faire prendre mais quelque chose me disait que lui, il aurait fait un putain d’acteur des plus crédible. Il avait la gueule de l’emploi, de la prestance et ça ne m’aurait pas gênée de faire une petite scène un peu chaude avec lui. Je ne risquais pas une main aux fesses vicelarde quoi. Enfin bref, revenons a nos moutons tout mignons.

-Oui, mon père était diplomate, ma mère fille d’Ambassadeur. Comme quoi, c’est un monde assez fermé.

Je hochai légèrement la tête, encore amusée en revoyant la tête de mon abruti d’oncle lorsque j’avais débarquée, fraîche, pimpante et bien décidée a mener ma vie comme je l’entendais, envoyant chier ces préceptes de bonne conduite en allumant une clope sous son nez. Fallait pas déconner !

-Ah…La question a mille livres…

Soupirai je avec un demi sourire avant de reprendre presque indifférente alors que ce n’était pas le cas, vraiment pas le cas. La mort de mes parents me pesait encore, je revoyais souvent le sourire de ma mère, ces chamailleries amoureuses avec mon père.

-Ce qu’il y a de dangereux en Israël se nomme des attentats palestiniens. Alors lorsque je me suis retrouvée orpheline, on m’a envoyée vers un parent proche, sous entendu, Lord Criss, membre éminent de la Chambre des Lords.

Ricanai je en dosant l’ironie qui s’entendait dans ma voix mais elle s’effaça vite lorsque j’évoquais le gout prononcé de ma mère pour le champagne, goût qu’elle m’avait légué d’ailleurs. Foutu champagne de moyenne qualité ! C’était une gageure surtout dans ce genre d’endroit. Poisse de poisse !

-Vin rouge ou champagne, ce sera toujours français !

Et là-dessus, il chassa sans difficulté toute mes sombres pensées en me faisant rire. Pique assiette de luxe ! Rien de moins !

-Un pique assiette plus que séduisant, donc je pense que j’y gagne quelque part.

Répliquai je avec un petit clin d’œil amusé. Ben oui quoi ! Autant que ce soit avec quelqu’un de photogénique non ? C’était très sympathique de discuter avec lui finalement, il avait de l’humour, de la répartie, n’était pas trop moche a regarder, en deux mots, il sauvait ma soirée.

Mes doigts se crispèrent un peu sur mon verre.

-Et deux défis de taille ! Mais cela ne m’a jamais fait peur. Mon garde chiourne tient a s’assurer des cordes que possède mon arc. Il a raison dans un sens, le film d’auteur attirera un autre public que celui d’un blockbuster qui catalogue bien trop vite. Cela m’évite le cliché. Même si ça me coute de le dire, c’est une manœuvre intelligente de sa part.

Et croyez moi, ça m’arrachait la langue de l’avouer !

-De toute façon, marcher sur les autres est une pratique courante dans ce milieu et je ne me laisserais pas marcher dessus, j’ai horreur de faire la carpette.

Assurai je avec une étincelle sombre dans mes yeux. Oh que non, je ne me laisserais jamais marcher dessus, tout comme je n’écarterais jamais les cuisses pour un rôle. Je connaissais mon potentiel, restait a ce que celui-ci soit enscencé.

Je trinquai joyeusement avec mon acolyte :

-Si vous êtes sage, je vous filerais des pass pour les premières, je vous dois ça au moins, vous avez le mérite de tuer mon ennui voyez vous.

J'émis un petit sifflement admiratif alors que Naya me répondait que son père était diplomate et sa mère ambassadrice. Et bien, si elle me prenait pour un riche héritier oisif, elle n'était pas en reste en fait. La jeune actrice était née dans des draps de soie. Elle devait donc tout connaître de ce milieu, même s'il devait être quelque peu différent à Israël. Je lui demandais alors tout naturellement pourquoi elle était partie pour s'exiler en Angleterre et la réponse ne tarda pas à tomber et à figer quelque peu mon sourire charmeur. Ah, c'était à cause d'un drame personnel. Ses parents avaient été tués dans un attentat et elle avait été exilée à Londres, chez un proche parent, soit son oncle, un Lord, excusez-moi du peu.

- Désolé, je suis trop curieux.

Et je refermais ainsi la parenthèse de son passé et de sa vie en général, préférant m'attarder sur nos goûts luxueux, notamment en matière de bon vin. C'était quand même là, le début de cette conversation qui avait dévié sur ses déboires personnels. Mais je préférais la légèreté aux drames, aussi préférais-je y revenir et laisser le passé au passé. Je fus flatté qu'elle me trouve séduisant. Sous le terme pique assiette, certes, mais je n'y accordais aucune attention. Elle avait des yeux pour voir et bon goût, c'était tout ce que je notais.

- Ah, si j'avais été moche, vous auriez vite trouvé un prétexte pour me fausser compagnie, c'est noté.

Je l'interrogeai alors sur ses projets personnels, surpris d'apprendre qu'elle en avait deux et de dimensions totalement différentes. Un blockbuster qui en ferait une actrice renommée, mais pas forcément talentueuse et un autre film, intimiste, qui permettrait de révéler son jeu d'actrice, si du moins, elle en avait un, ce dont je ne pouvais pas juger.

- Votre garde chioune... Je ne sais pas qui c'est, mais vous n'avez pas l'air de le porter dans votre cœur.

Quant au fait d'écraser les autres pour se hisser vers le haut, ça je ne me faisais aucune bile pour cette demoiselle que je classais dans les arrivistes. Pas étonnant qu'elle ai attiré l'attention d'un ange. Je trinquai alors à sa réussite et elle me promit des pass pour les premières de ses films.

- Attention, ce n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd, je saurais me rappeler à votre bon souvenir si vous m'oubliez !

-"Evidemment ! Il faut bien que je prenne soin de ma réputation."

Riai je tranquillement, sachant qu'il n'en penserait pas un mot. Certes, il était plus qu'agréable a regarder, mais je devais bien avouer qu'il avait un petit truc en plus qui le rendait charismatique. Ah, quel dommage qu'il ne soit pas acteur, il aurait été superbe ! Mais bon. au delà de cela, il était délicat, il n'avait pas insisté sur le sujet de mes parents et c'était pas plus mal, je n'aimais pas en parler de toute manière.

Bref, je préférai parler de mes futurs projets. Gros projets d'ailleurs ! Le film intimiste comme le blockbuster serait épuisant, je m'y étais préparée, sans même le dire a Gabriel qui pensait que je végétais, adepte du péché capital de Paresse. Ce n'était certes pas vrai. Je fréquentai depuis quelque temps une salle de sport qui avait vu mes visites augmenter. Je tenais a ma forme physique en quelque sorte. Je ris avec ironie lorsqu'il parla de mon cher tuteur adoré.

-"Gabriel a le don de me hérisser le poil avec sa façon de tout vouloir contrôler et régenter. Malheureusement, il a de bons reflexes, pas moyen de lui coller un cendrier a la tête et je parle même pas de ses chevilles aussi grosses qu'une mongolfière."

Ce qui me donnait régulièrement envie de le tuer, soyons honnête. Je faisais ce que je voulais, toujours et cet imbécile avait décidé que tout cela était fini. Résultat, je me retrouvai a devoir vivre chez lui. Poisse.

D'un mouvement de tête grâcieux, je rejetai une mèche de cheveux derrière mon épaule, éloignant le sujet de mon tuteur loin de mes pensées ou sinon, je risquais de devenir un peu trop cynique. A la place, je préférai offrir une place VIP a mon nouvel ami. Je ris.

-"Oh, je sais tenir mes engagements, mais pour ça, voyez vous, il va me falloir votre adresse..."

Je lui jetai un coup d'oeil malicieux avant de reprendre en mimant une certaine fièreté.

-"Admirez la manoeuvre pour avoir votre numéro."

Ce n'était pas de la drague, plutôt du badinage amusé. J'aimais bien quoi ! Ca me changeait. Oh et puis j'avais bien le droit de me faire des amis, il ne manquaerait plus que l'autre m'as-tu-vu décide de mes fréquentations !

- Ah la réputation... Elle peut faire un homme et le défaire tout aussi rapidement... Un outil à savoir manier pour connaître la gloire. Ou vouer un ennemi à la déchéance.

Je souris, trempant les lèvres dans mon champagne, malicieux et à la fois terriblement sûr de ce que je disais. Mon regard était espiègle, mais il contenant une expérience bien déroutante pour mon jeune âge apparent. Et je savais exactement de quoi je parlais, les rumeurs étaient une arme délicieuse à manier et j'en avais usé maintes fois lors de mon existence, bâtissant et détruisant des hommes de pouvoir ainsi. Il suffisait d'alimenter les ragots, de fabriquer de fausses preuves aussi légères soient-elles et c'en était terminé ! Adultère, couardise, malversation... Il y en avait pour tous les goûts. Ces grandes époques me manquaient. Il me faudrait me rapprocher d'hommes de pouvoir dans les décennies à venir tirer les ficelles de ces faibles marionnettes me manquaient de trop.

Je me demandais si Naya avait une vision aussi aiguisée du métier que moi. De ce qu'il fallait ou non faire pour être une étoile montante. Ou pour n'être qu'un rebus dont personne ne voudrait. Je la devinais intelligente et manipulatrice. Ambitieuse au point d'écraser tout obstacle gênant sous la pointe de son talon aiguille. Elle ferait surement un bon ange, en la façonnant un peu. Et c'était sans doute ce que se disait l'ange qui l'avait pistée.

Elle me parla alors de ses projets, encouragés par son manager qui la hérissait, mais qui était de bon conseil. En entendant le prénom de Gabriel, mon attention s'accrut alors qu'elle m'en faisait un très bon portait qui me fit sourire.

- Je ne sais pas si c'est le prénom qui veut ça, mais je connais un Gabriel qui est exactement comme vous le décrivez.

L'archange se serait-il intéressé à la jolie Naya ? En parlant d'adresse quasiment surnaturelle, plus l'empreinte angélique qu'elle avait sur elle, c'était plus que plausible. Sans compter l'arrogance. Du Gabriel tout craché. Elle m'offrit alors une place pour son prochain film et cela m'amusa fortement. Si c'était vraiment Gabriel l'ange qui l'avait prise pour cible, ce serait plus qu'amusant de lui faire savoir que j'avais de bonnes relations avec sa Naya. j'étais un grand gamin, je n'y pouvais rien. Elle me fit remarquer que pour tenir sa promesse, il lui faudrait mon adresse ou à défaut mon numéro de téléphone et je ris devant la manœuvre pour m'extorquer mon numéro.

- J'admire, j'admire. Et ça marche.

Je lui livrai mon numéro, la laissant le rentrer dans son portable.

- Aurais-je le droit d'avoir les coordonnées d'une future star internationale ? Promis, je ne le donnerais à personne !

Un demi sourire se dessina sur mes lèvres, hochant imperceptiblement la tête, je répondis avec un rien de malice dans la voix.

-« Il vaut mieux savoir s’en servir effectivement, surtout dans mon métier, comme les rumeurs, autant d’armes plutôt efficaces. »

Ce que je faisais, principalement pour me protéger moi-même, évitant avec assez d’habilité de me mettre dans ses situations épineuses, prêtant a confusion ou dangereuse. Rien que le fait d’avoir déménagé chez Gabriel était un putain de nid a emmerdes. Il le savait, il s’en fichait. Bon sang ! Il fallait vraiment que j’arrête de penser a lui sinon, les envies de meurtres deviendront réalité et là, j’avoue qu’il n’y a pas mieux pour se faire griller. Imaginez les gros titres ! « Crime passionnel dans la Jet Set londonienne ! »

Merci mais non merci, déjà, je ne voyais pas ce que venait faire le mot passionnel dans le tas. Quand je dis qu’il me faisait de l’effet, c’était plutôt le contraire, même si, objectivement…Euh non, en fait, je ne pouvais pas être objective, c’était sans doute le plus chiant dans cette histoire. Je jetai un coup d’œil en coin a mon compagnon, levant ma coupe en marmonnant un :

-« Si son nom commence par un D et finit par un A, je pense que nous avons une connaissance commune. »

Et franchement, c’était pas le truc qui m’enchantait le plus dans cette affaire. Déjà qu’il y avait une chance sur deux pour qu’une superbe photo de moi tentant d’éponger la chemise de Raphaël risquait de se trouver a la UNE d’un torchon...Je sentais poindre les ennuis sur le coup. Mais ne parasitons pas cette soirée avec ce genre de considération et puis, disons le, si Raphaël pouvait lui servir a enquiquiner ce foutu tuteur, elle n’allait pas se gêner pour le faire. Voilà, c’était décidé, Raphaël allait être son tout nouveau copain dérangeant ! Ou pas. Elle ne pouvait pas vraiment s’avancer mais disons que ce genre de revanche puérile lui faisait du bien parfois. L’envisager oui, la mettre a exécution, ça dépendait beaucoup de ses humeurs.

Mais pour commencer, autant avoir son numéro et je le fis avec un amusement certain, songeant qu’on devait le lui demander plus souvent qu’a son tour. Remarquez, je n’avais pas en tête de finir au lit avec, enfin pas pour le moment disons, mais qui sait.

Je ris légèrement tout en sortant mon portable, notant le numéro et l’entrant en mémoire.

-« Oh je vous fais confiance pour ça »

Je terminai ma coupe, la déposant sur un meuble quelconque sans plus m’en préoccuper avant de regarder mon comparse avec un air songeur.

-« Vous savez que vous feriez un acteur superbe ? Si on passe sur la plastique, j’ai l’impression que vous êtes plutôt doué pour la comédie. Ca ne vous a jamais tenté ? »

Je regardais la jeune femme d'un air appréciateur... Pas pour sa plastique, superbe, mais qui ne m'attirait pas spécialement. Des belles femmes, j'en avais vu défiler plus qu'à mon tour et ce n'était pas spécialement ce que je recherchais chez une femme... Non, ce n'étaient pas ses courbes qui m'intéressaient, mais sa façon de penser et je devais reconnaître que cette fille était une sacrée petite maligne... Elle avait un regard lucide sur le milieu dans lequel elle évoluait et je ne décelais aucune trace de naïveté pour de candeur, alors qu'elle était bien jeune pour être si lucide. Je comprenais de plus en plus ce qui avait pu pousser un ange à se pencher sur son cas. C'était un joyau, encore brut, mais qui ne demandait qu'à être taillé par un orfèvre. Et ce serait alors une pierre magnifique. Il y avait quelques anges féminins qui avaient mon respect. Pas beaucoup. Mais Naya pourrait en faire partie dans quelques années. Dommage qu'elle ai déjà été ciblée. Mais nous allions vite nous revoir, même si elle l'ignorait encore.

- J'aime votre lucidité et votre façon de voir les choses.

Je n'étais pas vraiment cynique, ni même blasé. Malgré mon âge, j'étais encore capable d'enthousiasme et de réelle joie, non connotée lassitude. C'était une capacité que j'espérais ne jamais perdre. Qui me permettait aussi de pouvoir jouer les lycéens sans éveiller le moindre doute... Je tendis l'oreille, intéressé, quand elle parla de son manager. Je ne fus pas long à faire le lien entre cet homme qui l'insupportait et l'archange Gabriel. Ce qu'elle me confirma en me donnant la première et la dernière lettre de son nom de famille. J'éclatai d'un rire joyeux. Oh le petit coquinou ! Il avait enfin déniché une fille qui en valait à peu près la peine ! Il serait amusant de lui faire comprendre que je savais qui il avait approché... Que j'avais discuté avec sa petite protégée. L'abandonnerait-il comme les autres celle-là ? Quelque chose me disait que non. Mais s'il le faisait, c'était un sacré crétin et je me ferais un plaisir de prendre sa place.

- Je crois que nous parlons de la même personne... Même son nom est pompeux, vous ne trouvez pas ?

Ma journée s'était brusquement éclairée. Apparemment, Gabriel n'était pas dans le coin, dommage, j'aurais adoré le narguer. Nous sympathisions déjà. Je me demandais ce qu'elle penserait de moi quand elle saurait que j'étais un archange et que je savais depuis le début à quoi elle était destinée... Je le découvrirais bien assez vite sans doute. Elle me demanda alors mes coordonnées et nous plaisantâmes sur sa technique d'approche. Je lui assurai alors que je ne communiquerais son numéro à personne. Elle rit, posant sa coupe, avant de devenir plus sérieuse, m'examinant pour finalement décréter que je ferais un très bon acteur.

- Vous trouvez ?

Pas seulement pour le physique, mais aussi pour jouer la comédie.

- Non, cela ne m'a jamais effleuré... Pour être honnête, j'ai toujours préféré l'ombre à la lumière. Il y a des personnes qui sont nées pour être sur le devant de la scène, comme vous et d'autres qui trouvent leur compte à l'ombre des puissants. Comme moi. Mais je suis flatté. Je saurais m'en souvenir si l'envie me prend d'être sous les feux des projecteurs.

Je sentis alors mon portable vibrer dans ma poche et le sortit, fronçant les sourcils en voyant l’appelant. Mes affaires ne pouvaient pas attendre. Je soupirai, laissant sonner, avant de m’emparer de la main de la jeune femme.

- Hélas, je vais devoir écourter cette discussion. Les meilleurs choses ont une fin. A bientôt Naya.

Je baisai sa main de façon aristocratique et désuète, lui lançant un regard charmeur dans le même temps, avant de lui fausser compagnie, certain de la revoir rapidement, et sans doute déjà ange. Gabriel n’était pas du genre à attendre bien longtemps.