Mais... C'est une robe! [Sasha]

J'émis un petit rire alors qu'elle me répliquait qu'elle ne connaissait que moi et que ce n'était pas vraiment le genre de soirée qu'elle fréquentait. Nous étions loin de l'Under, c'était un fait, même si, ici, les étudiants étaient également saouls, voire drogués. Mais ce n'était pas la même population, et il y avait quelque chose de plus... hypocrite ? En temps normal, tout ce petit monde était bien propre sur lui, faisant des étudiants modèles, mais dés que l'on pouvait se libérer de ces carcans... Bref, il y aurait de la viande saoule bien avant la fin de la soirée et il n'était pas question que j'en fasse partie. Parce que Sasha m'avait déjà vu totalement bourré et ce n'était franchement pas à mon honneur. J'avais l'alcool mélancolique et je ne voulais pas gâcher la soirée.

La façon qu'elle avait de jouer avec les mèches de ma nuque m'électrisait. Je pensais qu'elle n'avait même pas conscience du pouvoir qu'une simple caresse anodine pouvait avoir sur moi... C'était vraiment grave d'être dépendant d'elle à ce point. Elle me demanda alors pourquoi je ne lui avais pas parlé d'eux. Parce que je ne les connaissais pas assez, parce que je ne parlais pas vraiment de ma vie à la fac, en dehors des cours que j'avais à ingéré. C'était peut-être un tort... Pensait-elle que je l'excluais de ma vie ? La preuve en était que non puisque je m'affichais fièrement à son bras devant tous ceux que je côtoyais chaque jour.

- J'avoue, ils sont un peu barrés.

Oui, je rigolais bien de temps en temps et c'était presque bizarre de reprendre une vie aussi... normale. Cela ne faisait pas si longtemps que cela que mes parents étaient morts et pourtant, la vie reprenait le dessus, reprenait ses droits. Je culpabilisais moins à ce sujet, même si parfois, je me demandais si j'avais le droit à cette vie si normale, si j'étais moi-même normal de tourner la page... Je jetai un coup d'œil au petit groupe, alors que Sasha me faisait remarquer qu'il y en avait un qui me ressemblait.

- Ah bon ? Rassure-moi, je suis plus sexy quand même ?

Je souris, collant mon bassin contre le sien, plus taquin.

- J'ai du mal à faire confiance et du mal à laisser entrer des gens dans ma vie... Ça prend un peu de temps... Mais je crois que nous pourrons devenir vraiment amis.

De nouveau, j'esquissai un sourire un brin moqueur, avant de lui souffler :

- Avoue que tu es rassurée que je ne sois pas seul à me morfondre en cours et qu'en plus j'ai des copains masculins.

Parce que l'année précédente, je n'avais eu que Blake, puis Alice, dans une moindre mesure. De quoi être un peu jalouse, même si ce n'était pas vraiment son genre.

- Tss, le à tes yeux est en trop !

Je collai mon bassin au sien subitement, avec un petit sourire en coin. Bon, je plaisantais bien sûr, il y avait plus sexy, sans aucun doute. Bien que je n'ai pas à me plaindre, mais dans ce domaine, je n'avais pas besoin d'aller chercher bien loin pour trouver de la concurrence. Aaron était pas mal du tout dans son genre... Un miraculé, que je ne voyais plus beaucoup, malheureusement. C'était déjà difficile de voir Sasha, alors en ce qui concernait Aaron, Blake ou même Sorcha, c'était carrément un numéro de jonglerie... Oh, c'était juste le temps que je trouve mon rythme, mais nous étions déjà à noël quand même... J'espérais que cela ne durerait pas toutes mes années d'études, ou je risquais de péter un câble...

- Mais tu tiens absolument à ce que je me saoule ma parole ! Tu veux me voir me ridiculiser avoue !

Cela dit, l'idée était plus que plaisante... Réussir à conserver leur amitié, fêter ensemble la fin de ces années de galère et nous lancer dans la vie active... Quitter le lycée avait déjà été une sacrée étape de franchie... La fin d'une époque, le début d'une autre. Je n'étais plus un enfant, j'étais à la fac... Et je n'imaginais même pas ce que cela serait quand j'aurais mon diplôme.

- Pff, n'importe quoi !

Mon modèle masculin... Sasha n'était plus Blue et ne le serait plus jamais. J'en arrivais à me demander comment j'avais pu penser que c'était un mec, franchement. Parce que j'adorais son corps et il était indubitablement féminin.

- Crois-moi, tu es bel et bien une femme à mes yeux... Et une femme magnifique en plus...

Doucement, j'approchai mes lèvres de sa clavicule, la baisant avec passion, avant de remonter le long de la ligne fine de son cou, pour finalement m'emparer de ses lèvres.

- Tu seras toujours ma priorité, Sasha...

J'éclatai de rire quand elle me corrigea en insistant sur le fait que d'être sexy à ses yeux était bien suffisant. Tiens, se découvrait-elle des élans de jalousie, de possessivité à mon égard ? J'étais plus jaloux qu'elle ne l'était, je le savais et je détestais de voir des mecs tourner autour ou la regarder. Elle avait pu le constater avant que nous ne sortions ensemble, quand j'avais envoyé paître le mec qui l'avait draguée en boite. Pourtant, je n'avais aucun droit de le faire, puisque nous n'étions pas ensemble à ce moment là. Et depuis, j'étais farouchement possessif avec elle et si j'adorais sa petite robe, je fusillai du regard quiconque détaillait avec un peu trop d'intérêt ses jambes.

- Il parait ouais... Mais je crois que j'ai assez déconné pour avoir prit de l'avance sur mes potes.

Entre les soirées de beuveries, les filles faciles et même la drogue... Si un joint n"était pas très grave, j'avais tenté quelque chose de plus redoutable à laquelle Sasha avait vite mis le ola, avant qu'il ne soit trop tard et que je ne puisse plus en sortir. Les ombres de ces frasques n'étaient pas bien loin et il ne fallait pas grand chose pour que j'y bascule de nouveau, alors je préférais éviter toute tentation pour le moment. Sasha m'aidait à me reconstruire, mais c'était encore fragile, je le sentais, même si elle n'en avait peut-être pas conscience.

Je grimaçai quand elle parla de mon côté féminin.

- Alors là, du coup, je ne sais pas comment je dois le prendre...

Je plaisantais, bien évidemment, et notre relation était basée sur ce genre d'échanges légers, de taquineries, de conversations sérieuses, de complicité... Nous étions beaucoup l'un pour l'autre, nous remplissions bien des rôles : amis, confidents, amants, amoureux... Et amoureux, je l'étais plus que jamais, alors que je l'embrassais avec fièvre, ce qu'elle me fit remarquer en plaisantant...

- Hum ? Ah... Oui, c'est regrettable... Voilà de quoi préserver ta vertu de mes assauts.

Et tandis que nous parlions de mes études, je lui assurai qu'elle était bien le plus important. Sa demande me fit sourire.

- Promis. Je t'emmènerais où tu voudras. Je te dois bien cela pour la patience dont tu fais preuve avec moi... Je suis désolé de te négliger pour mes études, j'aimerais être davantage avec toi...

Je ne répondis rien. Le spectre de ma petite expérience avec la drogue planait entre nous et c'était un sujet que nous n'avions plus abordé. Elle était la seule au courant de cette connerie. je n'en avais parlé à personne, ni à Aaron, qui aurait peut-être compris pourtant, ni à Sorcha, qui elle, m'aurait démonté la tête pendant 3 heures en me citant tous les effets néfastes de la drogue. Alors même que je n'y toucherais plus jamais, mais ça, elle ne l'aurait sans doute pas compris tout de suite. Sasha savait ce que c'était, Sasha s'en était sortie et était sans doute plus intransigeante encore. Et je ne voulais plus jamais la décevoir.

Je l'embrassai alors, me moquant que nous soyons au beau milieu d'une piste de danse, avec tous les autres étudiants qui nous regardaient, faisaient de même ou s'en fichaient complètement. C'était moins trash que l'under, mais ce n'était pas puritain pour autant et les fêtes étudiantes dérapaient régulièrement que ce soit au niveau alcool, drogue, sexe ou violence. Alors je ne pensais pas que nous allions choquer qui que ce soit en nous... tripotant sur la piste. Même si je savais déjà que j'allais me faire charrier par mes potes de la faculté.

J'éclatai de rire quand Sasha me répliqua qu'elle allait finir par croire que seul son corps m'intéressait. Nous savions tous les deux que ce n'était pas le cas, puisque je l'avais aimée elle, avant d'aimer son corps, trop masculin à mon goût dans les premiers temps. Mais il fallait avouer qu'avec la féminisation de Sasha, oui, je l'aimais son corps mince et musclé comme il le fallait. Sasha ne serait jamais plantureuse ou voluptueuse, mais cela ne faisait rien, j'aimais son corps, je le vénérais, comme un temple sacré.

- Il n'y a pas que ça, mais tu sais que je l'adore.

Cela ne faisait pas de mal de lui rappeler que j'aimais ce corps qu'elle avait ignoré si longtemps. Parce que si elle n'était pas conscient de ses charmes, moi, je l'étais pour deux et je me plaisais à le lui réaffirmer. Elle me demanda alors de lui accorder une semaine entière quand j'aurais mon diplome, pour me faire pardonner de l'avoir ainsi négligée, ce dont je m'excusais sincèrement. J'en avais conscience. Sasha balaya mes excuses et je fis la grimace quand elle parla d'une petite ride importune quand j'étudiais.

- Tu n'as pas peur que je devienne vieux avant l'âge à ce rythme là ?

Sa main effleura l'endroit incriminé avant qu'elle ne m'embrasse tendrement. Elle me fit peur de ses inquiétudes me concernant et je souris doucement, pour la rassurer :

- Ça va. Ne t'inquiète pas, je gère plutôt bien. Je mange et je dors, plus qu'à une certaine époque.

Après l'accident où mes parents avaient trouvé la mort, cela avait été une autre paire de manche... Mais j'avais remonté la pente et là, j'avais un objectif en tête, ne petite amie géniale, un cousin miraculé et une sœur adorable. Je n'étais plus en droit de me plaindre.

- Et de toutes façons, je sais que tu seras là si jamais j'oublie de dormir ou manger.

Nous continuâmes à danser ainsi, tendrement, avant que le désir ne revienne alors que ses hanches étaient beaucoup trop collées à mon bassin, ses formes délicates imprimées contre les miennes... Avec un sourire entendu, je la regardais, avant de lui souffler les idées que j'avais derrière la tête à l'oreille. Elle me dévisagea, surprise, offusquée et amusée à la fois, avant que je ne m'empare de sa main et l'entraine à ma suite, afin de satisfaire cette envie pressante d'elle, envie qui trouva écho en elle... Nous étions décidément bien faibles l'un et l'autre et nous nous donnâmes l'un à l'autre, à la sauvette, dans les toilettes qui étaient pourtant très fréquentées, avant de reprendre le cours de la soirée, euphoriques, amoureux, avec l'impression que la vie était devant nous et que nous avions traversé le pire.

[TERMINE]