Besoin de toi [Sasha]

J'avais vécu un véritable enfer ces 24 dernières heures. J'avais failli perdre Aaron et j'avais passé toute la nuit à l'hôpital, ayant trop peur que son cœur ne s'arrête vraiment et que rien ne puisse le faire repartir. Nous nous étions endormis Sorcha et moi, dans un des fauteuil, blottis l'un contre l'autre, elle lovée contre moi. J'avais tardé à fermer les yeux mais je savais que les machines me réveilleraient si Aaron faiblissait aussi réussis-je quand même à grappiller deux malheureuses heures de sommeil. Espacées sur plusieurs heures. Tout cela me ramenait à l'hôpital, quand nous nous étions réveillés Sorcha et moi, quand les médecins nous avaient annoncé, la mine sombre, que nos parents n'avaient pas survécu. Quand j'avais apprit que mes rêves de sportifs étaient définitivement morts. Que les mains de Sorcha ne récupéreraient jamais leur dextérité. Nous étions orphelins... Terrible douleur, inénarrable souffrance.

Je me réveillai en sursaut, désorienté, avant d'aviser le lit d'Aaron, de sentir cette odeur propre aux hôpitaux. Je regardais l'horloge murale. 6h30. J'avais mes épreuves à 8h. Je ne pouvais pas les louper. Je me levais, dérangeant Sorcha qui se réveilla à son tour. Je devais rentrer à la maison, me doucher et aller passer mes épreuves. Sorsha vint avec moi. Je saluais Aaron, espérant de tout mon coeur que c'était juste un au revoir et pas un adieu.

Nous rentrâmes, je pris une douche, me changeai, ignorant superbement notre tante et notre cousine, qui ne s'étaient même pas déplacés. Ma cousine me fit une remarque sur ma mine défaite et je lui lançai un regard assassin. Sorcha m'agrippa la main, sentant que j'allais sortir quelque chose de désagréable et cinglant et je me retins donc, me contentant de fuir ces deux pestes, embrassant ma sœur avant de partir passer mes matières. Sans avoir la tête à ça.

En fait, je ne pensais qu'à Sasha toute la journée, lui envoyant même un message pour lui dire que je passerais sitôt que je serais libre. Je croisais Blake et Alice qui me trouvèrent la mine défaite également, mais je me contentait d'arguer une sale nuit. Ce qui était la vérité. Je fumai plus que d'habitude, je ne mangeai pas de la journée.

Si bien que quand je me retrouvai devant la porte de Sasha vers 17h30, je n'avais rien avalé depuis la veille au soir, je n'avais dormi que deux heures, et d'une sommeil agité et j'avais un magnifique mal de crâne qui pointait. J'avais appelé rapidement Sorcha qui m'assura que l'état d'Aaron était stable. Je la priais de m'appeler si jamais quelque chose changeait.

J'avais désespérément besoin de Sasha. Besoin de craquer. Cesser de sembler calme pour rassurer Sorcha, mais pouvoir laisser libre court à ma terreur de perdre Aaron. La porte s'ouvrit sur Sasha qui arborait un grand sourire, commençant à me demander comment ça s'était passé, avant de s'interrompre brutalement en avisant mon visage fermé. Sans un mot, j'entrais, refermant la porte derrière moi, avant de prendre Sasha dans mes bras et d'enfouir mon visage dans son cou, en quête de sa chaleur de son réconfort... J'eus un soupir tremblant. Je n'allais pas tarder à ouvrir les vannes, la fatigue n'aidant pas.

Mon téléphone bipa peu de temps avant que je ne parte bosser. Et croyez le ou non, j’adorais ce que je faisais, même si pour le moment, le boss distillait les responsabilités au compte goutte. Me frustrant un peu. Kieran avait raison, j’avais soif d’apprendre. Que ce soit de lui ou d’autre. Je voulais rattraper ces années perdues, devenir quelqu’un dont il pourrait être fier. Mais il me manquait. On avait décidé de ne pas se voir le temps que durerait ses épreuves. Alors le promettre était une chose, tenir sa promesse une autre. Je me languissais de sa voix tout les soirs au téléphone. De sa présence aussi qui creusait un grand vide en moi par son absence. Mais j’avais promis et je savais que je le faisais pour lui. Il devait avoir son année, devenir ce qu’il voulait être, alors….Une ou deux semaines sans le voir, ce n’était pas la fin du monde quand même. Cependant, je fus surprise de voir son message. Ses tests étaient déjà finis ? Je fronçais un peu les sourcils assise a ma batterie, les cheveux retenu par les épingles que j’avais pu sauver de la dernière fois. Cela me semblait bizarre mais après tout, je n’avais jamais réellement été a l’école alors je ne savais pas ce qu’il s’y passait. Logique. Mais le taff m’attendait. L’horloge ne tourna jamais aussi lentement que ce jour là et je crois que Freddie fut surprit de me voir partir limite 5 minutes avant l’heure, mais il ne dit rien. Me souhaitant une bonne soirée

Le trajet jusqu'à chez moi me parut long aussi. Mais je le passais sur un petit nuage. Mince ! Je remontais mon pantalon, j’avais vraiment du mal a me faire a ses jeans qui laissait le ventre a l’air. Mais j’avais promis a Kieran que je ferais des efforts alors j’en faisais. Il n’empêchait que c’était une torture ce truc ! Bref, je parvins jusqu'à chez moi, me débarrassant de ce foutu jean avant d’enfiler un pantalon de jogging trois fois trop large mais gardant le petit débardeur a bretelles fines. Et j’attendis. Non sans m’occuper. J’avais un concert dans peu de temps alors j’écoutais les morceaux qu’il me fallait savoir par cœur, arrêtant fréquemment le mp3 pour écouter le silence. A la trezième fois, j’entendis distinctement un coup donné a la porte. J’eus tot fait de balancer le lecteur sur la table basse, de me lever et d’aller ouvrir, un énorme sourire sur le visage.

Je savais que Kieran commençait ses épreuves aujourd’hui et, franchement, je ne m’attendais pas a le voir mais je n’allais pas m’en plaindre…Sauf que mon sourire mourut subitement. Il avait les yeux cernés. Le teint pâle. Les yeux hantés. Terriblement. Et je crois que c’est cela qui me frappa. Ses yeux. Si bouillonnants. Douleur. Souffrance. Desespoir.

« Kieran ? »

Je n’eus pas le temps de dire un mot de plus qu’il me prit dans ses bras, me confirmant que quelque chose n’allait pas et que cela n’avait rien a voir avec son bac. J’avais ouvert les bras a son approche et mes doigts se glissèrent dans ses boucles alors qu’il soupirait contre mon cou. Il n’allait pas bien. Je le sentais a la tension de ses épaules, a son corps qui frémissait contre moi et mon cœur se fendilla doucement. Je n’aimais pas le voir ainsi mais je ne dis rien, le serrant contre moi, caressant ses cheveux avec douceur. Il parlerait sans que je n’ai besoin de le questionner, je le savais, en attendant, il pouvait se gorger de moi, pleurer contre moi ou rire contre moi. J’acceptais toujours tout de lui. Etait ce sa sœur ? Son cousin ? Parce que je doutais que ses épreuves aient une telle influence sur lui a ce point. Je lui embrassais la tempe.

Parle moi.

Elle, c'était tout.

Ses mains apaisantes dans mes cheveux, douce caresse qui me donna envie de pleurer. Ces foutues larmes que j'avais retenu toute la nuit, toute la journée. J'étais un mec, pleurer n'était pas dans mes habitudes, même si ces derniers temps, cela m'arrivait trop souvent à mon goût. Mais j'avais de bonnes raisons. Je sentis ses lèvres sur ma temps et je soupirais de nouveau, me redressant pour lui prendre la main et l'entrainer sur les coussins, me laissant tomber sans grâce, complètement mort de fatigue, épuisé par mes émotions trop violentes. Je ne lâchais pas sa main alors que je calais mon dos contre le mur, fermant les yeux, tourmenté par cette migraine naissante.

- "C'est... Aaron."

Ma voix n'était qu'un murmure. Un murmure mourant, un filet de voix ténu. Je n'avais guère prononcé plus de 10 mots depuis ce matin.

- "Hier soir, alors qu'on révisait, il a eu un problème... Il a perdu du sang, beaucoup trop... Oh mon dieu Sasha, si tu avais vu cette flaque de sang dans l'entrée... Il... Il a quitté la maison, je ne le trouvais plus. J'ai rien fait Sasha, je suis resté figé. Et mon oncle est arrivé, il n'a rien fait. Son fils avait disparu en se vidant de son sang et IL NE FAISAIT RIEN. Je l'ai cherché partout, avant que l'hôpital nous appelle. Il a failli mourir cette fois, son cœur s'est arrêté de battre plusieurs fois... Il a fait un arrêt devant nous, alors que nous étions dans sa chambre."

De nouveau, je me blottis contre elle, soudain tremblant. La terreur rétrospective, l'afflux de souvenirs qui me torturaient.

- "Je ne pourrais pas revivre ça Sasha. Je ne pourrais pas le voir mourir, le perdre lui aussi. Mais je ne pourrais pas l'abandonner maintenant, le laisser mourir seul, dans l'indifférence de sa famille."

Je n'avais pas été aussi mal depuis bien longtemps. Je m'en voulais de lui infliger ce spectacle peu reluisant. J'allais surement me haïr plus tard de m'être montré si faible, mais Sasha était différente. Elle était mon amie, en plus de tout le reste. Je m'étais allongé, posant ma tête sur ses genoux, retenant à grand peine ces larmes qui m'étouffaient et finirent par couler en silence.

- "Je ne pouvais pas flancher avec Sorcha. J'ai du faire semblant, encore, de maîtriser la situation, mais elle me file entre les doigts... Aaron s'en va et je ne peux pas le retenir. Comment je vais vivre avec ça?"

J'achevais d'une voix tremblante :

- "Si tu savais comme j'ai besoin de toi."

Il me lacha, m’entraina vers les coussins, ne lâchant qu’un mot, un prénom.

Aaron…

En un éclair, je me souvins de son cousin. Un peu fou, un peu largué. Il avait aimé la fête, la folie des soirée underground. Il s’était laissé aller, débridé. Je continuais a lui caresser les cheveux, assise prêt de lui. Touchée par sa douleur qui s’échappait de ses yeux si sombres. Iris qu’il me cacha alors que ses lèvres déversaient ce qu’il avait vécu la nuit dernière. Je me mordis la lèvre, mes prunelles envahies de sa douleur, de ma douleur a le voir ainsi. Je l’aimais tellement que je ressentais ce qu’il ressentait. Comme un miroir. Sa souffrance était la mienne. Il me conta sa nuit et je crispais les doigts autour des siens, encouragements silencieux a ce qu’il continue a me parler. Puis il me chercha, moi, ma chaleur, mon soutient et de nouveau je l’entourais de mes bras, les lèvres perdues dans ses cheveux, fermant les yeux alors qu’il me racontait sa peur, sa souffrance.

Il s’allongea, posant sa tête sur mes genoux alors que je dévorais son visage des yeux. Il était perdu, il souffrait et je me sentais si inutile, seulement capable d’effacer doucement les larmes qui coulaient sur ses joues, seulement capable de l’écouter, sans dire un mot. Seulement capable d’être là si il avait besoin de moi. Seulement ça. Et j’avais l’impression que ce n’était pas assez. J’aurais voulu être plus que cela, même si ce n’était pas possible.

« Tu le feras. Juste parce que lui ne peut pas vivre, tu le feras pour lui. »

Murmurais je doucement, je n’avais jamais été totalement confrontée a la mort quelque part. La mort d’un proche. Et si Adam mourrait ? Que deviendrais je alors ? Je n’osais imaginer ça. C’était pas possible. Dans ma tête, il était immortel. Eternel. Mais c’était se leurrer n’est ce pas ?

Je me penchais, baisant ses lèvres rendues salées par ses larmes. Il pouvait être faible, fort, souriant, rageur, j’aimais tout cela de lui.

« Kieran…je te l’ai dis, je serais là. »

J’avais un sourire un peu tremblant, j’aimais qu’il se repose sur moi, qu’il ose pleurer devant moi alors que tant ne voulait paraitre qu’homme viril et insensible.

« Je peux pas le sauver de la mort, ni même effacer ce que tu ressens, je me sens inutile. Mais je serais toujours là si tu as besoin de moi. J’aime pas te voir souffrir, j’ai l’impression d’avoir aussi mal que toi. »

Et c’était vrai, j’avais la sensation de souffrir pour lui, mais c’était sans doute normal.

« Laisse lui le souvenir d’un sourire Kieran. »

Je lui déballais tout. Absolument tout. Peut-être de façon décousue et pas forcément dans le détail, mais l'essentiel y était pour qu'elle comprenne. Je lui avais avoué qu'Aaron était malade, qu'il avait un cancer en stade terminal. Alors que je parlais de son hémorragie, de mon angoisse, de la longue veille à l'hôpital, de son arrête cardiaque, elle devait deviner comme j'avais peur de la mort d'un proche. Comme n'importe qui bien évidemment, mais cela m'avait touché déjà tellement violemment que je ne me sentais pas prêt à endurer cela de nouveau, un an seulement après la perte de mes parents. Elle savait tout de moi, mes forces comme mes faiblesses, mes failles, ma culpabilité dévorante. Tout.

Je me confiais à elle comme je n'osais pas le faire avec Sorcha. Parce que j'étais son grand frère, parce que je devais prendre soin d'elle, parce que je ne concevais pas de montrer ma fragilité à celle qui l'était tout autant. Je lui avais déjà avoué que je n'avais pas fait de conneries parce qu'elle était là et que je ne ferais rien tant quelle aurait besoin de moi. Un aveu stupide, qui avait du lui faire terriblement peur. Peur que je ne me supprime effectivement quand elle volerait de ses propres ailes.

Pourtant, aujourd'hui, j'avais Sasha. Sasha était mon avenir. Sorcha, mon passé et mon présent, mais tôt ou tard, elle vivrait sa vie. Ce qui était parfaitement normal. La mienne n'avait plus eu de saveur. Jusqu'à Sasha. Mon amie, ma confidente, mon amour, mon amante. Tant pis si je paraissais faible devant elle, elle m'aimait avec mes qualités et mes défauts. J'étais trop entier. Elle aimait. J'étais trop sensible, elle adorait.

Je me blottis contre elle, posant ma tête sur ses genoux, fermant les yeux pour calmer le martèlement de mes tempes. Je me sentais nauséeux. j'aurais voulu dormir, oublier, pouvoir me réveiller et surmonter tout cela. Pouvoir plaisanter avec Aaron malgré tous ces tuyaux qui le maintenaient en vie, rassurer Sorcha et lui dire que je serais toujours là, que j'essuierai ses larmes et ferais renaître ses sourires.

Et pour accomplir ces miracles, j'avais besoin de recharger mes batteries auprès de la présence forte et rassurante de Sasha. Apaisante.

Je lui demandais comment j'allais pouvoir vivre avec ça. Question délicate, que je n'aurais pas du poser à ma petite amie qui n'avait pas à supporter mes états d'âme et mes accès de mélancolie. Pourtant, elle répondit, du mieux qu'elle put. Vivre pour Aaron. Oui, sans doute. J'avais réchappé à un accident mortel. La vie était un don précieux. Sorcha ne cessait de le dire. Mourir alors qu'Aaron, lui ne demandait qu'à vivre... Je ne pouvais pas faire ça. Sasha avait raison. Je sentis soudain ses lèvres sur les miennes et je rouvris péniblement les yeux. Ma vue était rendue trouble par les larmes.

- "Tu es déjà là."

Je savais pouvoir compter sur elle. Son aveu me fit mal et je me redressais doucement.

- "Je suis désolé de t'imposer ça. Je ne veux pas que tu souffres. Je ne savais pas vers qui me tourner, j'avais besoin d'évacuer toute cette... pression."

J'eus un petit sourire désabusé.

- "C'est ce que je fais... Aaron prend tout cela avec un certain humour... Alors je fais de même. On se taquine tout le temps. même dans une situation aussi dramatique. J'aimerais lui dire que je l'adore et que je ne veux pas qu'il parte, mais j'ai l'impression que cela serait égoïste quand lui fait tout pour être fort et ne pas nous entraîner là dedans. C'est lui le plus concerné. Je dois respecter ses volontés."

Je soupirais, affichant un sourire tremblant. Doucement, je m'emparais de sa nuque, l'attirant vers moi pour l'embrasser.

- "Je t'aime tellement Sasha..."

Je le laissais tout me dire. J’acceptais les mots comme ils venaient, comprenant a quel point il pouvait avoir peur, avoir mal. Et je l’avouais, je n’aimais pas le sentir ainsi, perdu. Il venait vers moi, comme pour rechercher une force qu’il n’avait plus et je la lui offrais tant qu’il le voulait même si je me sentais quelque part inutile a ne pas pouvoir soulager sa peine. Je ne pouvais que l’épauler, sans forcément trouver les bons mots d’ailleurs.

Il avait les yeux voilés de larmes contenues malgré celle que j’avais effacé de ses joues. Il se redressa et je secouais doucement la tête a ses mots.

« T’as bien fait, ne t’inquiètes pas pour moi. C’est juste que je me sens parfois inutile s’tout. Je suis contente que tu sois venu. »

Même si j’aurais préféré d’autres circonstances que la maladie de son cousin. Un cancer. Cela devait être terrible. Vraiment. Je caressais la commissure de ses lèvres, tordues en un rictus amer alors qu’il continuait. Et moi aussi je souris doucement.

« Rien ne t’empêche de lui dire que tu l’aime tu sais. Dédramatiser ou nier les choses, c’est pas toujours la meilleure solution. J’me doute qu’il veut pas que vous souffriez mais c’est inévitable quelque part alors pourquoi attendre de regretter des mots que tu n’as pas voulu dire quand tu peux encore le faire ? »

Murmurais je doucement en réponses, glissant mes doigts au milieu de ses boucles en bataille, scrutant son visage tiré, pâle, défait. Mes paumes glissèrent sur ses joues alors qu’il m’embrassait. Doucement, avec un désespoir que je ne pouvais pas totalement effacer.

« Repose toi sur moi tant que tu en auras besoin, Kieran. »

Moi aussi je l’aimais. Tellement. Et je savais qu’il serait là aussi si un jour je n’allais pas bien. Si un jour je venais a flancher, a trébucher et me blesser. Je voulais être là pour lui. Mes bras se nouèrent autour de sa nuque tandis que j’enfouis mon nez dans son cou, le serrant fort contre moi.

Je hochai doucement la tête. Elle était contente que je sois venu, même pour partager un fardeau dont elle se serait bien passée. Elle n'était pas inutile. Non, loin de là, elle était mon refuge, une petite bulle où rien ne pouvait m'atteindre, où je me ressourçais doucement. Ses doigts effleurèrent le coin de mes lèvres et je fermais les yeux sous cette douce caresse. Je ne ressentais pas de désir, même si je frémis. J'avais besoin de sa tendresse, j'étais trop mort pour autre chose, une première.

- "Peut-être..."

Ouais, peut-être que je devais lui dire que je tenais à lui et que j'étais heureux de le connaître, d'avoir partagé son quotidien, sa vie pourrie pendant quelques mois. Qu'il avait été comme un frère. Qu'il comprenne que même si son père, sa belle mère et sa belle sœur l'évitaient, Sorcha et moi, nous le trouvions formidable. Et que nous allions le regretter. Ou comment bien plomber l'ambiance.

Je l'attirais à moi et l'embrassai avec un désespoir palpable, me raccrochant à elle comme un naufragé à une bouée de sauvetage. Elle était mon point d'ancrage. Ses mains glissèrent sur mes joues. Avant d'attraper ma nuque alors qu'elle se serrait contre moi, me permettant de me reposer sur elle tant que je le voudrais. Je baissai la tête, caressant sa tête de la joue, respirant son parfum.

- "J'espère pouvoir te rendre un jour le 10e de ce que tu m'apportes..."

Si elle savait... Elle ne pouvait pas se douter de tout ce qu'elle était pour moi. La lumière, l'espoir, le refuge... Tellement, tant et plus encore. Mais elle rétorquerait que ce n'était rien.

- "Tu aurais de l'aspirine encore? J'ai passé une sale nuit et pas assez dormi. J'ai l'impression que mon cerveau va exploser. Avec tout ce que j'ai en tête en plus... J'espère ne pas avoir trop foiré mes épreuves aujourd'hui..."

Le bac semblait si trivial quand une vie était en jeu. Mais ma vie continuait, devait se faire et je ne pouvais pas perdre une année supplémentaire.

Pas peut être. Il fallait qu’il le fasse parce que lorsque son cousin mourrait, alors il regretterait de ne lui avoir rien. On avait toujours ce genre de remords. Des tonnes de « si seulement… » s’écoulant avec les larmes devant un cercueils. Oh, il y avait toujours la prière mais ce n’était pas la même chose. Vraiment pas.

« Fais le Kieran. »

Pour ne pas le regretter plus tard. Même si il pensait que c’était égoïste, idiot, que c’était comme reconnaitre cette mort que l’on refusait. La nier ne servait a rien hélas. Il soupirait contre moi alors que je l’attirais plus prêt, même si j’étais petite a coté de lui, il pouvait s’épancher sur moi, me laisser porter durant quelque temps ce qui le minait. Si je pouvais faire cela pour lui, c’était déjà bien. Je souris doucement.

« Tu le fais. »

Même si il ne s’en rendait pas vraiment compte. Tout ce que je faisais, je le faisais pour lui, il me donnait envie de voir plus grand, de vivre plus grand, de regarder plus loin. En vérité, il m’avait ouverte au monde sans même s’en rendre compte. Je hochais la tête a sa demande, il avait l’air si malheureux, si fatigué, si…Je me levais, lui prenant la main et le poussant a se lever a son tour, puis, je le conduit a mon lit, l’obligeant a s’y allonger avant de repartir vers la cuisine en faisant un crochet par la salle de bain. Quelques secondes, plus tard, j’étais de retour, posant un verre d’eau et un cachet blanc sur la table de nuit. Puis, je grimpais a mon tour sur le lit, adossant un oreiller au mur pour m’y appuyer avant de l’attirer contre moi une fois qu’il eut avalé son cachet.

« Ne t’inquiètes pas, je suis sure que tout s’est bien passé. Repose toi un peu… »

Murmurais je en passant mes doigts dans ses cheveux dans un mouvement lent, doux. J’espérais qu’il ne s’était pas planté mais vu son état, cela était illusoire. Enfin, Kieran était intelligent, je le savais, sensible aussi et si il avait trouvé le courage d’aller a ses épreuves malgré tout, il avait trouvé celui de les réussir. C’était aussi simple que cela. Mes persiennes étaient a moitiés fermées, ce qui laissait baigner la chambre dans une obscurité relative.

« Dors, je vais veiller sur toi. »

Un sourire, mince, mais réel, dansa sur mes lèvres alors que Sasha m'exhortait à vraiment dire à Aaron ce que j'avais sur le cœur. D'accord, je le ferais. Et j'avais intérêt à me magner, étant donné le peu de temps qu'il nous restait. Qu'il lui restait sur cette terre pourrie. Parfois, j'en venais à maudire Dieu de pouvoir faire des choses pareilles. De permettre qu'un jeune homme puisse mourir à l'aube de sa vie. J'étais souvent en colère et je ne trouvais aucun réconfort dans la religion. Perdais-je la foi? Après ce qui m'était arrivé, c'était probable. Et logique.

- "D'accord."

Oui, je le ferais. Je me blottis contre elle, elle contre moi, et je lui avouais que j'aurais aimé pouvoir lui rendre ce qu'elle me donnait, ce qu'elle m'apportait. Comme je m'y attendais, elle répondit que je le faisais déjà. Peut-être... Même si je n'avais pas besoin de la porter à bout de bras comme elle faisait en ce moment avec moi. Mais je lui avais fait entrevoir un autre avenir. Un autre monde. Un futur. Ce n'était surement pas rien.

Je lui demandais alors de quoi soigner ma migraine. Elle se leva, mais m'entraina avec elle. Je me levais à regrets, pas décidé à bouger. J'étais vraiment abruti de fatigue, à tel point que j'en titubais. A moins que ce ne soit qu'une impression. Elle nous emmena dans sa chambre et je m'allongeai, retirant mes chaussures au passage, tandis qu'elle revenait avec de l'eau et un cachet. Je m'en emparai et le prit, buvant toute l'eau du verre. Sasha s'était installée sur le lit, s'adossant au mur, ses oreillers derrière son dos. Doucement, je vins contre elle alors qu'elle m'attirait dans ses bras et je posai ma tête sur son bassin, mon bras s'enroulant autour de ses hanches. Voilà, maintenant j'étais bien, plus apaisé, moins anxieux. Elle me rassura sur mes examens et j'eus l'ombre d'un sourire.

- "C'est idiot de s'en faire pour ça alors qu'Aaron a faillit mourir, non?"

Mais c'était ma réalité, mon quotidien, mon avenir. Malgré tout. Le mouvement de ses doigts dans mes cheveux était berçant, hypnotique et je lâchais doucement prise alors qu'elle m'assurait qu'elle veillait sur mon sommeil. Je le savais. Je sombrai finalement, dans un sommeil de plomb. Un sommeil réparateur.

Et j'émergeai, complètement paumé, dérangé par la sonnerie de mon portable. Un message. Encore hagard, je farfouillai dans la poche de mon jean, récupérant le téléphone, le cœur battant. Pourvu que ce ne soit pas une mauvaise nouvelle... Mais non, c'était juste Sorcha qui me tenait au courant, que l'état d'Aaron était stable. Je soupirai de soulagement, avant de regarder l'heure. J'avais grappillé trois heures de sommeil. Mon mal de tête s'était un peu calmé. Et Sasha était toujours à la même place. Je me redressais, souriant légèrement, avant de caresser sa joue et d'embrasser ses lèvres.

- "Je ne sais pas comment tu fais... Je dors si facilement avec toi. Tu es mon attrape-rêve."

Pas de cauchemars, pas de rêves non plus. Juste l'oublie délicieux et reposant. Et j'aurais sans doute dormi longtemps si Sorcha ne m'avait pas envoyé un SMS.

- "C'était Sorcha. L'état d'Aaron est stable."

Bien calé contre moi, il soupira, enfin apaisé, du moins je l’espérais. J’aimais qu’il vienne chercher refuge prêt de moi, j’aimais être importante a ses yeux. C’était un sentiment nouveau que je découvrais avec lui. Il fit de l’ironie en parlant de son bac, c’est vrai que ça pouvait paraitre dérisoire a coté de ce que traversait son cousin, mais il devait aussi penser a lui. Je n’étais pas insensible loin de là, mais j’étais sans doute plus réaliste quelque part. Aaron se mourait, il n’y pourrait rien, mais lui, il avait une vie a construire, a bâtir.

« Non c’est normal et tu dois pas culpabiliser pour ça. Fais ce que tu peux tant qu’il vit encore mais n’oublie pas que tu as ta propre vie a faire, Kieran. »

C’était peut être dur comme parole, mais c’était la vérité. Et ma main ne cessait ses allers venues dans ses cheveux, en caressant la douceur alors qu’il s’endormait doucement, calmement. Il n’avait plus jamais fait de cauchemars avec moi du moins. On avait rarement dormit ensemble, mais a chaque fois, il dormait vraiment. Sans sursaut, sans larmes, pas comme la première fois qu’il s’était assoupi chez moi, totalement bourré.

Je crois que je finis moi aussi par m’endormir, la main perdue dans ses boucles et c’est son téléphone qui me fit ouvrir les yeux alors qu’il bougonnait en cherchant l’appareil dans ses poches. Je le regardais faire, les yeux un peu embrumés avant qu’il ne soupire de soulagement. J’avais sentit la tension de son corps, il avait craint des mauvaises nouvelles, je le sentais. Je souris a sa remarque.

« Mieux qu’un gros nounours ? »

Le taquinais je mais j’étais heureuse qu’il dorme si simplement avec moi, si naturellement. Ses lèvres étaient fraiches et il semblait vraiment reposé, pour le peu qu’il ai dormit. Il m’informa de l’état de son cousin et je souris plus largement.

« Ce n’était peut être qu’une crise plus violente que les autres. Qu’on dit les médecins ? »

Demandais je en le regardant plus sérieusement, passant ma paume sur sa joue rêche d’un début de barbe.

- "Bien mieux..."

Je souris et l'embrassais alors doucement, amoureusement, tendrement, sans la fougue que je pouvais parfois avoir. Pas encore bien réveillé, pas vraiment la tête à ça non plus, en vérité.

- "Et plus sexy..."

Je fis cependant la moue, avant d'ajouter, faussement critique :

- "Quoique avec le pantalon de jogging XXL..."

Bon d'accord, je n'étais pas totalement faussement critique, puisque je ne trouvais pas ça sexy du tout, mais en même temps, elle était chez elle, elle n'allait pas se promener en nuisette pour me faire plaisir. En plus, j'y aurais été complètement insensible. Quand je disais que ma libido était 6 pieds sous terre... Je l'informais alors de l'état d'Aaron. C'était le centre de mon univers en ce moment et je ne vivais qu'en fonction de son état, de ses constantes vitales. Sasha sourit à son tour, rassurante, douce. Sa main se posa sur la joue, rendue rêche par le début de barbe qui s'y installait. Mais mon sourire disparut alors que je mettais l'oreille dans mon dos, m'adossant comme elle, le regard dans le vide.

- "Que ce n'est plus qu'une question de semaines... Il a trop tiré sur la corde, trop profité et a affaibli son organisme plus rapidement que s'il s'était tenu tranquille... S'il reste à l'hôpital, dans une bulle, il aura quelques semaines. S'il sort et continue ses conneries..."

Je ne terminais pas ma phrase. C'était assez explicite. Mais je ne pouvais pas le juger. Il avait le droit de vivre le peu qu'il lui restait comme il le voulait. C'était son choix, on devait le respecter. Il mourrait de toutes façons, alors autant s'amuser non? Jusqu'à la prochaine hémorragie massive, jusqu'au prochain arrête cardiaque dont il ne reviendrait pas.

- "C'est son choix. Je ne sais pas ce que je ferais à sa place... Il n'a personne qui compte sur lui... Ses parents, ma cousine... Ils attendent la délivrance. Sorcha et moi, nous nous suffisons. Pour qui ferait-il attention?"

Je haussais une épaule. Dans son cas, pour Sorcha, pour Sasha, j'aurais tout fait pour tenir le plus longtemps possible je crois. Dieu fasse que je n'ai jamais à vérifier cela. Je ne pouvais pas les laisser toutes les deux.

- "Et voilà, je m'apitoie encore. Désolé. C'était philo aujourd'hui, ça doit me donner le spleen."

Je tentais un sourire, avant d'écarter mon bras de mon corps, invitant Sasha à venir se nicher contre moi.

- "Alors, comment se passe ton boulot?"

Il était plus tendre que fougueux avec moi et je n’en étais pas vexée. Même si cela faisait plusieurs jours que je ne l’avais pas vu, qu’il ne m’avait pas touchée, j’aimais aussi sa tendresse toute simple, comme maintenant et je souris contre ses lèvres alors qu’il me disait plus sexy qu’un ours, oui j’espérais quand même. Par contre, j’eus une petite moue a sa remarque sur mon pantalon.

« J’suis a l’aise dedans et les mauvaises habitudes ont la vie dure, tu le sais. »

Et déjà qu’il ne se plaigne pas, je faisais l’effort de m’habiller comme une fille, même si des fois il y avait des discordances dans ma tenue, j’essayais d’arrêter de bouffer mes mots et tentait, mais là, je désespérais d’y réussir, d’avoir des manières un peu plus féminines. Bref, ce n’était pas vraiment le sujet et je me mordis la lèvre a voir son air s’assombrir alors qu’il avait l’air plus joyeux avant. Je hochais doucement la tête avant de la poser simplement sur son épaule. Oui, Aaron vivait comme si chaque jour était le dernier.

« Il vit comme ça, c’est vrai, je l’avais déjà remarqué. Il n’a peur de rien et pourtant, il craint la mort comme n’importe qui…Je ne le connais pas très bien en fait. Mais je pense que je ferais pareil. Je veux dire, je t’ai toi, j’ai Adam, mais je ferais quand même comme lui. Parce que rester dans une bulle a l’hopital, c’est être séparé de tous, on rallonge la vie oui, mais on la rallonge d’une manière cruelle si tu veux mon avis. »

Mais je ne jugeais pas Aaron la dessus, il vivait comme il l’entendait, poursuivit par le spectre de la mort. Je finis par me blottir contre Kieran, fourrant mon nez contre son épaule parce qu’il m’avait tellement manqué. Quelques jours, ce n’était rien a l’échelle du temps mais j’avais l’impression que cela faisait des siècles que je n’avais sentis son odeur. Je ris doucement, la philo avait bon dos quand même.

« Mmmh…Plutôt bien. C’est reposant d’avoir des horaires fixes pour une fois et puis, je suis mieux payée. Quoique, comme on sait pas si je suis réellement majeure, Freddie a dit qu’il ne pouvait pas me faire de véritable contrat pour l’instant. Mais pour ce que j’en sais, il est content, il dis pas grand-chose en fait. Et tant qu’il dit rien, c’est que ça doit aller. Je suis cantonnée au courrier et a la réception des clients pour le moment, c’est a peine si j’ai le droit d’effleurer des yeux le matos qu’il a. Je suis un poil frustrée quand même, en matière d’audio, c’est le top. »

Finis je par dire avant de piquer sa nuque d’un baiser mutin.

- "J'ai bon espoir qu'elles disparaissent totalement d'ici quelques temps."

De toutes façons, je n'étais pas fan du jogging à la base. Je trouvais çà informe, absolument pas classe, passe-partout. Pas féminin le moins du monde. Je n'aimais pas les nanas qui passaient leur vie en survêtement et baskets. Je les aimais plus distinguées. Quand Sasha s'habillait pour moi, c'était souvent simple, un slim, un t shirt, mais cela suffisait à la rendre élégante. Mais même elle ne rendait pas un jogging classe, désolé. Enfin, ce n'était qu'une question de goût, juste que je n'aimais pas trop.

Nous parlâmes d'Aaron, inévitablement et je répondis à sa question concernant son pronostic. Du mieux que je pouvais et sans le juge,r ni désapprouver son comportement. Je le comprenais, simplement, j'étais incapable de me mettre à sa place et de savoir ce que moi, j'aurais fait. Sasha m'avoua qu'elle réagirait comme Aaron. Ça ne m'étonnait pas vraiment... Adam, moi... Nous étions capables de nous débrouiller seuls, même si son absence nous tuerait. Mais moi, j'avais Sorcha, jamais je n'aurais pu partir... j'aurais surement tout fait pour rester, le temps de la guider et l'amener à se débrouiller seule, avant de lâcher prise... Mais dans une bulle, impossible de boire, de fumer, de faire la fête... De profiter de la présence et du corps de celle qu'on aimait... C'était vraiment discutable.

Je l'invitais à se caler contre moi et elle ne se fit pas prier, alors que je m'excusais d'être de si mauvaise compagnie, mettant mes pensées hautement philosophiques sur la matière que j'avais passé aujourd'hui. Assez parlé de moi. Je m'intéressais à elle. J'avais déjà été assez égoïste comme ça. Elle avait décroché un job, un job stable, pas trop mal payé et qui lui plaisait. A cause ou grâce à moi, en fait. Puisque je lui avais ouvert les yeux sur d'autres perspectives d'avenir. Je souris à son enthousiasme, amusé de la voir frustrée de ne pas pouvoir faire plus. Son baiser me fit rire légèrement, m'apaisant.

- "Tu es en période d'essai, il te jauge... Il te donnera plus de responsabilités quand tu auras fait tes preuves. C'est normal. Ne t'inquiète pas, ça va venir, je n'ai aucun doute sur tes capacités. Il va te remarquer."

Comment ne pas la remarquer d'ailleurs? Doucement, je retirais mon bras de derrière sa tête, me redressant pour venir me positionner en face d'elle, assis sur mes talons. Je m'emparais de son menton et embrassai doucement ses lèvres. Son petit baiser, bien qu'innocent, avait réveillé des envies que je pensais totalement mortes quelques minutes plus tôt. Mais j'étais moins fatigué, moins stressé... Et elle m'avait manqué. Je reculais alors, mes mains s'emparant de ses hanches pour soudainement, la tirer vers moi, la faisant passer d'une station assise contre le mur à allongée sur le lit, un sourire qui en disait long sur les lèvres. Avec envie, ma main caressa son épaule, descendant la bretelle de son débardeur. mes lèvres effleurèrent la peau dénudée, douce, attirante.

- "Comment ne pourrait-il pas te remarquer..."

Bon Kieran n’aimait pas le jogging. Pourtant, j’étais bien dedans et chez moi, j’avais tendance a privilégier mon confort plutôt qu’autre chose. Je ne pouvais même pas dire que je ne l’attendais pas en plus, mais je n’étais pas prête pour les nuisettes et autre dessous sexy. Ca viendrait sans doute un jour mais en attendant, je fis une petite moue a son air sceptique avant de lever les yeux au ciel, un rire aux lèvres. Ca va, ce n’était pas la mer a boire ! J’avais tout de même un petit débardeur au dessus, moitié moitié quoi !

Il m’invita contre lui et je me précipitais contre son épaule, savourant sa présence apaisante. Une semaine, c’était énorme en fait ! Ou alors j’étais sacrément amoureuse. Deuxième option je pense. Et je ris a sa question tout en y répondant. Freddie était un mec bizarre, un peu distant mais sympa avec un look que même moi je savais pas que ça se faisait encore. J’avais d’ailleurs glissé quelques piques a ce sujet et, apparemment, je n’avais pas fait mouche. Il était bizarre, jeune mais me faisant l’effet d’avoir vécu dix vies. Mais je me plaisais dans ce boulot, même si, comme je le disais a Kieran, je devais me contenter du courrier en rêvant de tripoter son matos.

Mon impatience le fit rire et je fus heureuse d’entendre ce son. Ses nuages semblaient se dissiper doucement, lentement et même si je ne pouvais pas totalement effacer la blessure que serait la perte de son cousin, j’espérais l’alléger, juste un peu du moins. Je fronçais le nez.

« Tu crois ? Tu sais qu’il travaille pour un tas de trucs ? des films, des documentaires, même que certains groupes de musiques font appel a lui pour du remixage. Qu’est ce que j’aimerais m’occuper de ça ! »

Parce que je n’oubliais pas ma passion première, la musique. J’adorais littéralement. Kieran se redressa me forçant a bouger et j’émis un petit son plaintif et soupire de contentement sous ses lèvres. Et puis il devint petit cri de surprise en sentant ses mains sur mes hanches et mon soudain changement de position. J’eus un rire léger en lui ouvrant les bras, sentant ses lèvres sur mon épaule. Son sourire me faisait immanquablement chavirée, je n’y pouvait rien. Il avait toujours ce petit effet sur moi…Je fermais les yeux, aspirant ses caresses avec avidité. Je soupirais d’aise.

« Tu m’as manqué, Kieran. »

Même si je savais que son bac restait la chose la plus importante pour le moment, que je devais m’effacer, il me manquait terriblement. Mes mains se perdaient dans ses boucles tandis que mes reins se creusaient doucement.

« Une semaine, c’est si long sans toi… »

J'étais bien, calé ainsi contre les oreilles, Sasha blottie contre moi. Mes angoisses s'étaient amoindries. J'avais toujours peur pour Aaron, bien évidemment. C'était une angoisse qui ne me quittait jamais vraiment. Qui ne me quitterait jamais, jusqu'à ce qu'il ne disparaisse véritablement, laissant alors un grand vide derrière lui. Nous avions frôlé sa mort la veille. Ce n'était que le début de ces alarmes... Jusqu'à ce qu'une crise ne l'emporte définitivement loin de nous. Mais Sasha avait raison, je ne devais pas penser à cela. Je devais me concentrer sur ma propre vie, sur celle de Sorcha, sur notre avenir, en laissant le passé derrière moi. Un passé trop lourd à porter parfois, mais allégé depuis que je connaissais Sasha et que je partageais tout avec elle.

Je cessais de me concentrer sur moi, pour lui demander comment se passait son travail. Elle avait lâché ses petits jobs épuisants pour quelque chose de plus stable. Elle se lançait dans la vie active comme une femme, plus comme une adolescente qui essayait de vivoter. Elle avait fait des choix. Les bons, il me semblait et elle savait pouvoir compter sur moi. Elle appréciait son nouveau boulot, mais était frustrée d'être cantonnée aux travaux ingrats et peu intéressants. Je tentai de la rassurer. Elle aurait accès à plus de responsabilités quand elle aurait fait ses preuves et je n'avais pas de doutes sur ses capacités. Elle me fit un petit topo de tout ce que faisait on patron, de quoi la faire rêver.

- "Ça viendra. Juste un peu de patience, jeune fille!"

Ou beaucoup de patience, tout dépendait du patron et de son degrés de confiance envers les stagiaires. Certains laissaient les stagiaires toucher à tout, leur apprenaient plein de choses, d'autres s'en foutaient totalement. Mais Sasha n'était pas timide, elle saurait se faire remarquer sans être trop audacieuse.

En parlant de patience... je n'en avais plus aucune et ses petites caresses anodines réveillèrent mes pulsions. Je pensais ne pas avoir la tête à ça et bien quelques heures de sommeil et une fille géniale semblaient faire des miracles. Malicieux, je me redressai, tirant Sasha par les hanches pour la faire allonger et l'attirer vers moi. J'embrassais son cou alors qu'elle refermait ses bras autour de moi et qu'elle m'avouait que je lui avais manqué... Qu'une semaine, c'était long.

- "Je sais... Encore quelques jours et je serais tout à toi."

Le bac serait terminé, je serais en vacances. Elle me verrait davantage, même si je devrais prendre garde à ménager du temps pour Sorcha, surtout avec la vie d'Aaron qui ne tenait plus qu'à un fil.

- "En attendant, je vais te donner un avant goût du programme qui nous attend..."

Je ris doucement, commençant à la déshabiller, faisant de même, la couvrant de baisers, de plus en plus enflammés, jusqu'à me perdre en elle, jusqu'à retrouver ce moment de plénitude qui me manquait tant la plupart du temps. J'étais drogué du sexe avec elle.

Et c'est à regret que je la quittai, rentrant chez moi pour y retrouver ma soeur, pou recueillir ses peurs, ses doutes, lui offrant une présence solide, portée par Sasha.

[FINISH]

» I still love you (Sasha)
» Sasha "Blue"
» Un peu d'intimité [Sasha]
» Depuis quand tu mets du 36 ? [PV Sasha]
» Résultats et libération! [Sasha]