Ciel est fâché, Ciel va taper [Azraëlle]

[Si y'a des incohérences dis-le-moi, je changerai =p]

Ces deux derniers jours, je remarque que Wilhelmina se comporte de façon plutôt étrange. Avant avant-hier, en me réveillant, je me suis aperçu qu'elle ne se trouvait pas dans sa chambre, ni nulle part dans le manoir ; mais Iago m'a rassuré en me disant qu'elle était tombée malade et qu'il avait dû l'amener d'urgence à l'hôpital. Je sais comment il aime bien s'occuper de ma sœur et au départ, je ne me suis pas trop inquiété à ce sujet. Wilha est restée auprès des médecins et des infirmières pendant au moins vingt-quatre heures, jusqu'à ce que mon démon la ramène à la maison. Je l'ai accueillie d'un vague sourire fermé (Dieu sait comment je déteste sourire), m'attendant à ce qu'elle me fasse remarquer - comme à l'habitude - à quel point je devrais me forcer un peu plus pour afficher mon contentement. Cependant, dès qu'elle a franchi la porte d'entrée, elle m'a à peine regardé et s'est immédiatement glissée dans sa chambre. Depuis, ma jeune sœur ouvre à peine la bouche, elle qui normalement adore poser des questions et contester tous mes ordres. En plus, elle passe la moitié de la journée à dormir, et quand elle est réveillée, elle reste enfermée dans sa chambre à faire je-ne-sais-quoi. Une fois, j'ai ouvert la porte sans frapper, juste pour m'assurer qu'elle allait bien, mais elle m'a crié toutes sortes d'insultes non fondées. Iago m'a ensuite empêché, par tous les moyens, de retourner dans la chambre de ma sœur, et ne cessait de dériver le sujet quand j'insistais pour qu'il s'enlève de mon chemin. Il a beau me répéter que ce sont les effets de la médication qu'elle a dû subir, je commence à me douter que quelque chose ne tourne pas rond. Pour qu'il agisse ainsi, la situation concernant Wilha pourrait être plus grave que ce qu'il me raconte. Comme je l'ai dis, je sais qu'Iago ferait tout pour protéger Wilha... mais cela ne veut pas dire qu'il l'a réellement amenée à l'hôpital. Je pourrais bien l'obliger à me dire la vérité, mais ce serait un si gros gâchis d'utiliser un ordre absolu pour cela ! Alors je vais enquêter. Tout seul, de mon côté. D'ailleurs, aujourd'hui, j'ai envoyé Iago faire quelques achats à Paris pour remeubler le salon près du hall d'entrée. Je lui ai promis que j'irai à l'école pendant la journée, pour qu'il n'ait pas à s'inquiéter de ce que je ferai. Il ne devrait pas revenir ici avant ce soir, donc je pourrai agir selon mes envies...

Il est dix heures du matin, mon serviteur a quitté le manoir il y a à peine vingt minutes. Bien sûr, avant de partir, il m'a laissé mon petit déjeuner - des crêpes aux bleuets avec un coulis au chocolat et un verre de lait - dans le frigidaire et m'a écrit une note avec les instructions pour faire réchauffer mon assiette dans le four. Je ne fais jamais mes repas (ni le ménage, ni les commissions...), parce que je déteste avoir à tout faire lorsque j'ai un majordome qui ne sert qu'à ça. Mais quand il le faut, je sais me débrouiller seul... ou presque. Je grimace, parce que je viens de me brûler en voulant sortir l'assiette du four. Puis je m'énerve parce que le couteau qu'Iago m'a fournit avec le reste n'est pas coupant (c'est un couteau à beurre), et je n'arrive pas à trancher correctement mes crêpes. Il a d'ailleurs caché les couteaux à viande pour ne pas que je me coupe ><"

Une fois que j'ai fini, je laisse le tout sur la table, et monte me brosser le dents. Je suis déjà habillé, le toutou a pris le temps de me vêtir quand je me suis levé. Je regarde froidement mon reflet dans le miroir puis quitte la salle de bain pour me diriger vers la chambre de ma sœur. J'ouvre doucement la porte, passe ma tête dans l'embrasure et réalise qu'elle est encore sous les couvertures en train de dormir. Je me faufile jusqu'à son chevet, m'apprêtant à la réveiller pour pouvoir lui parler. Comme elle est couchée sur le dos, je passe tendrement ma main sur son front et envoie ses cheveux d'or sur le côté pour dégager son visage.

- Wilha ? que je murmure de façon presque inaudible.

Évidemment, ce n'est pas suffisant pour qu'elle ouvre les yeux, mais elle bouche la tête et ses lèvres sont maintenant entrouvertes. J'ouvre la bouche pour m'apprêter à dire quelque chose d'autre, mais Wilha m'en empêche : elle se met à son tour à marmonner, dans son sommeil.

- A...aa... eel... aah...

Je vois ses sourcils se froncer tous seuls. Ce qu'elle dit est incompréhensible, mais je continue à tendre l'oreille.

- A... azra... elle-tha... natos. Elle... non... ioshu...a.

Je crois que mon cœur s'est arrêté de battre. J'ai entendu un nom. Est-ce que je viens de rêver ? J'ai entendu Azraelle Thanatos, suivi de Ioshua, le surnom "humain" de Iago. Je ne connais pas de Azraelle... mais elle doit forcément avoir un lien avec tout ça. Je me lève pour partir, mais la main de Wilha m'attrape le poignet. Elle ouvre légèrement les yeux, à demi réveillée.

- Non, dors, que je lui souffle fermement.

Je m'éclipse de la chambre sans plus attendre et m'en vais fouiller dans le bureau du démon. Je sais qu'il possède un référencement de noms en tous genre, même ceux d'inconnus qu'il n'a rencontrés qu'une fois. Cette liste doit bien se trouver à quelque part dans toute cette paperasse. Je fouille parmi les documents des classeurs et parmi les bouquins à la reliure de cuir, mais je ne trouve rien. Je sors papier après papier sans prendre la peine de remettre les choses à leur place. Frustré, je donne un coup de pied sur le bureau de bois : c'est une liste à laquelle j'ai normalement accès, mais c'est seulement lorsque j'en ai réellement besoin qu'elle est introuvable ! C'est alors que je me rappelle que je l'ai dernièrement consultée pour y inscrire les coordonnées d'une fille à l'école, et que je l'ai laissée dans ma chambre. J'y cours immédiatement.

C'est en fait un carnet de notes, que je retrouve sur mon propre bureau de travail. Je cherche rapidement dans la section des A pour voir s'il n'y aurait pas une "Azraelle", mais je ne trouve rien. Je vais dans les T, mais il n'y a pas non plus de Thanatos. Je me mords la lèvre inférieure en faisant rapidement aller toutes les pages, et je finis par atterrir dans les C, où il n'y a pas beaucoup de noms. Celui qui me saute aux yeux est Clara, parce que c'est Iago qui l'a écrit, et il l'a visiblement raturé pour griffonner AT au-dessus. Est-ce une coïncidence ? Possiblement. Mais je n'ai pas d'autres pistes, alors je note l'adresse et demande à mon chauffeur de m'y conduire.

- Monsieur Iago a insisté pour que je vous conduise à l'école, peu importe vos protestations, me répond-t-il humblement.

Je suis énervé et lui hurle que j'en ai rien à foutre : c'est moi le maître, et c'est moi qu'il doit écouter. Je le menace de le renvoyer s'il ne me conduit pas tout de suite à l'adresse que je lui ai indiquée et il cède en hochant la tête. Le trajet se fait dans le silence et l'impatience.


* * *
J'arrive devant une agence de casting. Sans m'efforcer de me montrer plus doux auprès de mon chauffeur, je lui demande effrontément de vérifier s'il ne s'est pas trompé d'adresse. Il m'assure que nous sommes bien au bon endroit et me dit que je n'ai qu'à vérifier moi-même si je ne le crois pas. Je sors de la voiture en claquant la porte.

Une agence de casting. Alors quoi, le truc louche, c'est qu'Iago a en fait voulu faire de Wilha une célébrité ? J'accélère le pas et pénètre dans le petit immeuble. Je traverse le hall d'entrée sans même remarquer le décor autour de moi. Au moment où je m'apprête à emprunter un corridor, une voix m'arrête, celle de la secrétaire sans doute.

- Désolée mon garçon, tu ne peux pas te rendre plus loin comme ça. Est-ce que je peux t'aider ?

- Je cherche... Clara, lui dis-je, ayant d'abord hésité sur le prénom à employer.

La secrétaire me dévisage longuement.

- Il n'y a personne qui s'appelle Clara qui travaille par ici. C'est ta mère ? répond-t-elle.

- Il y a une Azraëlle ? j'essaie alors.

- Pardon, qui ?

Je pousse un soupir exaspéré.

- Personne, que je souffle avant de me mettre à courir dans le corridor interdit.

Je ne sais pas où aller, je ne sais pas qui chercher. Mais je finirai bien par trouver.

[T'as vu comme je t'influence, t'as fait ton premier paragraphe au présent 8D ]

L'ange enlève ses lunettes avec un sourire aux lèvres, dévoilant ainsi ses iris étincelants de plaisir. Si elle est surprise ou encore nerveuse de me voir ici - ce qui m'étonnerait - cela ne paraît pas le moindrement. Elle me donne plutôt l'impression d'être heureuse de me voir ! Ce qui serait logique, car à sa place, si j'étais le grand méchant loup, je serais bien ravi de voir ma proie venir à moi d'elle-même... Enfin, maintenant que je suis là, je ne peux plus reculer, peu importe les craintes qui commencent un tout petit peu à naître dans mon esprit. Il est vrai que, de mon côté, je n'ai pas du tout pensé au fait que je pourrais la rencontrer. Je prends silencieusement une belle inspiration pour ne pas laisser mes peurs prendre le dessus. Quand elle m'invite à pénétrer dans son bureau, j'hésite une courte seconde. Oui, elle pourrait me séquestrer, me torturer, voire me tuer... Malgré tout, je me résous à mettre les pieds dans la pièce, car il y a un petit quelque chose au fond de moi qui me convainc (irrationnellement) qu'Azraëlle ne me fera pas de mal. Si je veux découvrir ce qui se passe avec Wilha, je dois absolument tenter ma chance.

Je m'installe sur l'une des chaises devant son bureau tandis qu'elle prend place dans son grand fauteuil. Comme il ne sert à rien de paraître stressé, je me mets à mon aise en appuyant mon dos sur le dossier et en croisant mes jambes. J'ai l'air plus détendu et sûr de moi de cette façon.

- Et maintenant ? Je suis toute ouïe, me dit-elle sans la moindre agressivité.

On dirait presque que je ne suis qu'un banal client venu tenter sa chance pour apparaître dans un photoshoot quelconque. Sauf que ce n'est pas le cas. Je prends tout de même le temps de penser à ce que je vais dire, à trouver les bons mots pour m'exprimer. J'ai souvent vu Iago faire cela : au lieu de cracher tout ce qui lui vient par la tête, il reste calme et posé et emploie les mots justes. Ça doit être un truc de grands. Si je compte en arriver à mon but avec cette femme, je me dis que je dois essayer, le plus possible, d'y aller avec le fonctionnement des adultes. Alors malgré la frustration que je ressens, je regarde Azraëlle droit dans les yeux et lui réponds - presque - tranquillement (parce qu'il y a quand même une pointe d'énervement dans ma voix):

- Je veux savoir ce que tu as fait à ma sœur.

Paf, direct au but. Je n'aime pas tourner autour du pot.

[ même pas vrai >< ]

Avait il peur ? Etait il effrayé ? Je me doutais que son protecteur avait du lui faire une leçon express a mon sujet. Bien que ce cher Iago semblait faire beaucoup de mystère hors, les secrets sont ce qu’ils sont, trop manipulables.

« Ta sœur… »

Je me penchais en avant, croisant mes doigts, posant mon menton sur ceux-ci. Sur mes lèvres dansait un léger sourire, comme une complicité qui n’existait pas entre nous.

« Sais tu quel est la signification de mon prénom, Ciel ? Oui. Je me doute que oui et bien il se trouve que parfois je vais a l’encontre de son essence. Que serais tu prêt a faire si l’être auquel tu tiens devais te quitter pour toujours ? Sans doute a pactiser avec le diable. »

Répondis je doucement, dans un souffle en plissant les paupières. Je déformais la vérité comme je l’entendais, ah…la faiblesse des mystères. Tu en fais beaucoup trop pour ton propre bien Trésor. Un léger rire m’échappa tandis que je me laissais aller en arrière, déposant délicatement mon dos sur le dossier du fauteuil.

« Ce n’est sans doute pas ce à quoi tu t’attendais je suppose. »

Remarquais je dans un délicieux sourire amusé. Allons, allons, l’ange de la Mort qui sauve une vie…et pourtant, je ne mentais pas. Pas tout a fait du moins, tout était une question de point de vue.

« Mais chaque acte a une raison. A ton avis, que m’a-t-il donné ? »

Il ? Son cher toutou bien sur. Je sous entendais, plaçais mes pions et même si cette visite était dépourvue de préparation et totalement imprévue, l’expérience des siècles passés me permettait d’agencer les mots et les soupirs avec minutie.

C'est court et nul, pardon T_T

Elle s'installe en déposant ses coudes sur son bureau, se penchant un peu vers l'avant pour ne pas avoir à parler fort, et me pose une question à laquelle elle connaît déjà ma réponse. La signification de son prénom ? Oui, elle a raison ; je suis bien au courant. Il vient d'Azraël, l'ange de la mort. Le serviteur de Dieu qui collecte les âmes des hommes, qu'ils aient été bons ou mauvais... Mais bon, l'heure n'est pas à la leçon de religion. Je m'attarde plutôt à sa deuxième interrogation, qui fait glacer mon sang dans mes veines.

- Que serais-tu prêt à faire si l’être auquel tu tiens devais te quitter pour toujours ?

L'être auquel je tiens... Wilha ? Ce que je serais prêt à faire si elle devait me quitter pour toujours ? Je ne réfléchis même pas à ma réponse. Tout. Je ferais tout pour la sauver. Je serais même prêt à...

- Sans doute a pactiser avec le diable.

J'allais dire, mourir pour elle. Mais je fronce les sourcils : oui, je pactiserais avec le Diable sans hésitation. C'est déjà ce que j'ai fait avec Iago lors de l'incendie... et je me doute qu'elle le sait bien. Mais où veut-elle en venir ?

- Ce n’est sans doute pas ce à quoi tu t’attendais je suppose. Mais chaque acte a une raison. A ton avis, que m’a-t-il donné ?

Merde. Je suis confus. Je n'arrive pas à lire entre ses phrases, je ne comprends pas ce qu'elle veut me dire. Je n'arrive pas à décoder ses insinuations... Merde, quoi ! Je commence à être nerveux, je sens mon cœur frapper contre ma poitrine. À mon tour, j'avance mon tronc vers l'avant, essayant tant bien que mal de me maîtriser.

- Dis-moi... ce que tu as fait à ma soeur !

Je donne un coup de poing sur la table. Ce qu'elle a fait à Wilha... c'est tout ce que je veux savoir, bordel !