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| À la guerre comme à la guerre ( Blake&Liam ) | |
| | Auteur | Message |
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Alice Manet Live, laught, L0VE
Age : 30 Messages : 386 Date d'inscription : 30/11/2010
| Sujet: À la guerre comme à la guerre ( Blake&Liam ) Lun 4 Avr - 12:08 | |
| Le réveil sonna bien trop tôt à mon goût. Pour quelqu’un qui s’était couchée à deux heures du matin, un bip incessant à sept heures était bien plus qu’agaçant. Je me tournai en grognant pour l’arrêter, me heurtai à une masse informe que je devinais être Blake, et laissai faire. Blake avait l’air aussi perdue que moi et, d’un commun accord, elle débrancha le réveil et nous nous retournâmes dans le lit, chérissant notre sommeil plus que tout autre chose.
Quelques secondes plus tard, je me relevai en sursaut. Évidemment, c’était pour ça qu’on avait mis le cadran ! On voulait absolument se lever, c’était très important – surtout pour Blake, mais j’aimais bien l’idée d’embêter quelqu’un. Je la poussai pour la faire réagir, ne récoltai qu’un grognement étrange et résolu de la pousser en bas du matelas.
- Lève-toi Blake ! On a Hartwood ce matin !
Elle se leva avec le même empressement que moi, ce qui m’arracha un rire. De bon matin comme ça, j’aurais dit qu’on pouvait ressembler à des mannequins qui avaient passé la nuit dehors à se faire courir après par des zombies. Le plus magnifique ? Le maquillage qu’on n’avait pas enlevé hier soir. Enfin, les cheveux en pagaille, ça s’attachait et ça se brossait très facilement, et ma mère avait une bonne crème démaquillante. Quinze minutes plus tard, on était plus que présentables et je volai deux muffins sur la table pour manger en chemin, si on ne voulait pas être trop en retard à l’école. Il serait toujours temps de se brosser les dents avant le cours, ou, au pire, de mâcher une gomme à la menthe.
Le trajet jusqu’à l’école n’était pas particulièrement long, mais on avait réussi à manquer l’autobus, alors on allait devoir y aller à pieds. Juste quelques minutes de plus. Ma main chercha celle de Blake – ma copine – et la serra fort. Je me doutais qu’elle appréhendait le retour dans la classe de Liam Hartwood. Cela faisait plusieurs cours qu’elle manquait, après tout. Mais je serais là pour la soutenir et, par-dessus tout, faire chier ce connard qui avait violé ma meilleure amie.
Il nous resta finalement dix minutes une fois rendues à l’école avant la première sonnerie, ce qui était parfait. Un petit tour à la salle de bain, un autre aux casiers pour prendre nos livres et nous étions prêtes à affronter l’ennemi.
La classe était déjà ouverte et la plupart des étudiants s’y trouvaient déjà, mais le professeur n’était pas là. C’est Blake qui le vit la première, à la moitié du corridor, et je lui souris. C’était l’heure de lui faire regretter de ne pas être une certaine Alice Manet. Comme prévu, Blake se logea dans mes bras et nos lèvres se collèrent pour un long baiser langoureux. Nous ne nous arrêtâmes pas, même en sentant la présence d’Hartwood juste derrière nous.
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| | | Blake Earl
Age : 32 Messages : 502 Date d'inscription : 07/02/2011
| Sujet: Re: À la guerre comme à la guerre ( Blake&Liam ) Lun 4 Avr - 13:37 | |
| Je bougeais énormément quand je dormais, et par voie de conséquence, j'avais l'habitude de tomber du lit - ça m'arrivait à peu près une fois sur deux. N'empêche que ça me réveillait toujours aussi efficacement, en tout cas bien plus efficacement qu'un imbécile de réveil que j'avais débranché en poussant un grognement sonore après qu'Alice m'ait roulé dessus. Hé, elle était légère peut-être, mais moi je n'étais pas bien épaisse non plus ! Cependant, alors que nous nous étions de nouveau fourrées sous la couette telles des marmottes cachées dans leur terrier, moi collée à son dos rassurant, elle m'avait balourdée par terre sans plus de cérémonie.
Elle dut comprendre d'où venait le regard noir que je lui lançais, parce qu'elle me rassura aussitôt en me rappelant pourquoi on était nécessairement obligées de se lever. Nan mais quelle idée de jouer les commères jusqu'à deux plombes du mat' un dimanche soir, aussi... Enfin, on n'avait pas que joué les commères. On avait aussi diablement profité de la bouche de l'autre, parce que même si c'était un jeu, même si on n'était pas vraiment amoureuse de l'autre, il fallait bien avouer qu'on aimait s'embrasser. Moi, en tout cas, j'aimais l'embrasser. Ça me faisait un bien fou - surtout quand on réfléchissait à la personne qui avait eu cet honneur juste avant elle.
Cependant, ses paroles me réveillèrent plus sûrement que le réveil que j'avais balancé au sol en tirant trop violemment sur la prise. Je me levai d'un bond et sautai sur mes fringues, en prenant soin d'éviter le miroir. Alice se chargea de me faire comprendre à quoi je ressemblais par un rire foutrement moqueur que je lui rendis de bonne grâce, parce qu'elle avait bien l'air aussi shootée que moi. Nous nous préparâmes avec l'enthousiasme de deux adolescentes allant à leur première boum, néanmoins, lorsque nous nous mîmes à courir à travers Londres, un muffin nous déformant les joues, je commençai à ressentir une petite pointe d'appréhension. Le même genre d'appréhension qui vous tord le cœur juste avant les examens. Ou une représentation de théâtre. Enfin, je stressais à bloc, quoi. Ça faisait presque trois semaines qu'il m'avait embrassée, et une de moins que je lui avais juré qu'il ne me reverrait plus. Reparaître devant lui, c'était comme admettre une défaite, comme une bataille perdue. Et puis je l'avouais (ou pas d'ailleurs), j'avais peur de son regard, peur qu'il ne me fasse perdre les pédales. Il comprendrait forcément où je voulais en venir, c'était flagrant, tout ce que je voulais, c'était que ça le fasse réagir. Même si je n'obtenais pas le résultat escompté, je voulais pouvoir me moquer de lui à loisir, et ça ne servirait à rien s'il restait indifférent. Le contact d'Alice serrant ma main me fit du bien, et je me concentrai sur sa poigne.
Nous n'étions pas nombreux dans les couloirs du lycée, presque tout le monde était entré en classe alors que la sonnerie avait retenti. Je jetai un rapide coup d'œil dans la classe, constatai qu'il n'était pas encore arrivé, et me crispai brutalement lorsque je le vis à mi-chemin, s'approchant vers nous, vers moi. Instantanément, je me collai à Alice, cherchant son contact si rassurant, ses lèvres chaudes, souples, si douces, si douces, comparées à celles qui m'avaient agressée il y a peu. Je ne jouais même pas la comédie. Et réaliser que finalement, j'avais bel et bien encore peur de lui me dégoûtait. Je ne voulais pas qu'il puisse m'effrayer !
Je me laissai aller dans les bras d'Alice, petit à petit, et je ne la lâchai que lorsque mes muscles furent totalement détendus. Nous nous décidâmes enfin à entrer dans la salle de classe. Sous le regard particulièrement agacé de Hartwood. Rien de plus. En même temps, je n'espérais pas le faire sortir de ses gonds pour si peu. Il avait l'habitude avec moi. Nous nous assîmes côte à côte et je sortis mes affaires, prenant un stylo, ouvrant mon cahier, puis saisissant la main d'Alice sous nos tables. Je la pressai à lui faire mal. Les chuchotements qui couraient sur ce qui pouvaient bien m'avoir pris ces derniers temps allaient bon train, et tout cela faisait obstinément remonter à la surface ces souvenirs que je revivais presque chaque nuit. Mais je ne me laisserais pas atteindre aussi facilement. Enfin, j'espérais.
Je ne notai rien de tout le cours, me contentant de dessiner vaguement sur mon cahier. Et sur la table. Et sur le bras d'Alice, traçant quantité de cœurs stylisés de diverses manières. Nous ne cessions de faire des commentaires à mi-voix, éclatant de rire sans aucune gêne lorsque l'une de nous disait une plaisanterie. En somme, je me comportais comme je m'étais toujours comportée en cours de lettres ; ignorant ostensiblement ce que le professeur disait, et vivant ma petite vie sans me soucier de l'endroit où j'étais.
Fallait bien admettre qu'il avait un sang-froid à toute épreuve. Parce qu'il ne réagit aucunement pendant toute l'heure, se contentant de prononcer sèchement nos prénoms lorsque nous riions un peu trop fort. J'aurais voulu surveiller son expression lorsque, nous fronts collés l'un à l'autre, penchés sur un poème qu'Alice improvisait sur une feuille de brouillon, nous nous embrassâmes discrètement, juste un baiser de rien du tout, comme les gosses en faisaient à l'école primaire, mais néanmoins le genre de choses qu'on ne fait en cours que si on a l'intention de se faire virer quelques jours. Mais nous étions au fond de la classe, et j'étais trop concentrée sur Alice pour réussir à saisir son expression. Lorsque la sonnerie retentit, Alice et moi nous levâmes immédiatement alors qu'il avait à peine fini de parler, et nous jetâmes vers la sortie en riant, sous le regard amusé des autres élèves qui avaient suivi le mouvement et empêché Hartwood de finir sa phrase. Ah ah ah ! Dis ce que tu veux sur moi, crois ce que tu veux sur ta capacité à faire fantasmer les élèves, mais ce sera toujours moi qu'ils préféreront ! Alors va te faire voir au pays des poneys !
Je crus que je l'avais trop habitué à ce genre de comportement. Je crus qu'il nous laisserait nous en tirer ainsi, beaucoup trop facilement pour ce que nous avions fait. Aussi un immense sourire s'étala sur mon visage lorsque j'entendis sa voix nous harponner alors que nous passions la porte de la salle. Nous cessâmes immédiatement d'avancer et nous rapprochâmes de son bureau, un air absolument angélique peint sur le visage. Rien ne laissait transparaître la crainte que j'avais de le savoir si proche de moi, sinon la force avec laquelle je broyais la main d'Alice. | |
| | | Liam Hartwood
Age : 39 Messages : 208 Date d'inscription : 08/02/2011
| Sujet: Re: À la guerre comme à la guerre ( Blake&Liam ) Lun 4 Avr - 20:45 | |
| « Alice, Blake. »
Pas besoin de « puis je vous voir toutes les deux. » pas de « restez cinq minutes. » juste leur deux prénoms balancés comme un coup de tonnerre. Je n’avais pas élevé la voix, je n’avais pas besoin de ça en général. Seule l’intonation suffisait et surtout le fait que je savais parfaitement qu’elles n’attendaient que ça. Un demi sourire vint errer un instant sur mes lèvres, jouant entre ironie et agacement avec peut être un soupçon de dégout. Non pour elles, mais pour moi, seulement mes pensées étaient si atrocement retranchées derrière mon visage de marbre qu’il était difficile de le discerner. Trop d’habitude. Celle de cacher ses faiblesses, celle de cacher sa douleur autant physique que morale.
Une sale habitude.
D’un trait de stylo rouge, je barrais une phrase totalement chimérique et sans sens sur une copie. Lever les yeux ? Non. Je n’avais pas besoin de ça pour les imaginer parfaitement. Elles m’avaient attendu, bien sagement dans les couloirs. Une absence de trois semaines….trois et une réapparition étrange, des mains scellées et crispées, mains que je voyais sans peine rien qu’en levant les cils.
« D’une que vous vous bécotiez dans les couloirs ne me pose pas vraiment de soucis, j’ai l’esprit assez ouvert mais je vous prierais de respecter le règlement de l’école qui vous demande expressément d’avoir un comportement décent entre ses murs. »
Ton linéaire, sans tressaillement, sans expression. A quoi t’attendais tu ? Des cris ? Une crise de jalousie ? Peut être aurais je pu l’être, sans doute même, mais quelque chose m’apaise, m’apaise parce que ce n’est pas un homme. Certains le prendrait comme une trahison, moi pas, étrangement non, cela me laisse presque indifférent. Presque car indifférent, je ne pourrais jamais totalement l’être
« Et avant que tu ne parte dans des spéculations puériles Blake, je ne fais que souligner un point du règlement intérieur qui vous vaudra un ou deux jours de mise a pied si il n’est pas respecté. »
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| | | Alice Manet Live, laught, L0VE
Age : 30 Messages : 386 Date d'inscription : 30/11/2010
| Sujet: Re: À la guerre comme à la guerre ( Blake&Liam ) Lun 4 Avr - 21:54 | |
| Je tiens à dire qu’Alice s’auto-censure, les amis. La vulgarité que vous retrouverez dans les phrases qu’elle lance à Liam sera en Français. Ce sera en italique, même !
Le cour le plus amusant de ma vie. Sans Blake, les trois dernières semaines avaient été très longues parce que je n’avais personne avec qui parler et passer le temps. Là, la seule chose à laquelle je pensais, c’était quelle connerie on pouvait bien sortir. On dessinait, parlait, riait, ses lèvres se posèrent même sur les miennes, légères, et j’aurais souhaité qu’elles y restent. C’était assez bien, en fait, d’embrasser une fille. Ça goûtait bon, souvent le gloss, mais c’était plus doux et plus agréable qu’embrasser un gars, qui s’efforçait le plus souvent d’enfoncer sa langue en mission de spéléologie dans votre gorge.
Nos noms dans sa bouche sonnaient comme la pire des choses. Ouais, j’avais l’impression que rien ne comptait à ses yeux, qu’on était de la petite vermine et qu’on aurait mieux fait de disparaître de sa vie. Quand même, on reste calme, un bel air sage sur nos visages. Comme si je pouvais être totalement crédible avec les quelque trente-trois cœurs que j’ai de dessinés sur mes bras. Merci à Blake, au moins elle avait du talent artistique, c’était plutôt beau, mais quand même ridicule quand on fait face à un homme comme le professeur Hartwood.
- Notre comportement était très décent, connard Hartwood. On s’embrassait, comme n’importe quel couple de l’école que vous n’avez jamais averti ! Enfin quoi, on s’embrassait, on était loin de baiser.
De toute façon, il ne pourrait pas nous faire renvoyer sans risquer l’incident diplomatique. On n’aurait qu’à aller raconter notre histoire de discrimination aux médias, qui adoraient ce type de reportages où on opprime les faibles et les minorités. Pas encore adultes, du sexe faible sous l’opprobre d’un homme, un couple homosexuel dont un des membres était, en plus, français. Raciste, homophobe, misogyne, sans oublier sa tendance pédophile, bref, son compte était bon. Et ça me faisait vraiment marrer. En fait, ce que j’aurais vraiment mais vraiment aimer, c’est que l’autre laisse les émotions remonter à la surface, même si j’avais l’impression qu’il ne le faisait jamais. Voir s’il était jaloux, si ça l’excitait. Sait-on jamais, peut-être qu’il aurait aimé se joindre à nous. Deux enfants pour le prix d’une… Allez savoir, je ne comprenais pas les pédos, après tout.
Comme pour souligner mes propos, ma main quitta celle de Blake pour se poser juste au-dessus de ses fesses. Mon sourire s’intensifia. Je n’en avais rien à faire, moi, de ce qu’il pouvait dire. Comme si cette école ne se foutait pas de ma gueule de toute façon. Je laissai quand même Blake répondre, parce que je savais qu’elle en brûlait et c’était quand même son combat, pas le mien.
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| | | Blake Earl
Age : 32 Messages : 502 Date d'inscription : 07/02/2011
| Sujet: Re: À la guerre comme à la guerre ( Blake&Liam ) Lun 4 Avr - 23:36 | |
| Visage froid et insensible, regard qu'il ne daignait même pas lever sur nous. Peu m'importait, de cela j'avais l'habitude. C'était son autre attitude que je craignais, l'attitude qui risquait fort de me faire péter un plomb, celle où il me regardait avec l'air de se foutre copieusement de ma gueule, celle où il affichait sa supériorité par rapport à moi, pauvre petite adolescente dopée aux hormones et encore trop sensible. Celle où ce sourire narquois étirait ses lèvres et me menaçait à chaque seconde, me murmurait que d'un instant à l'autre, il pourrait revenir posséder ma bouche.
Je remarquai soudain qu'il était l'un des seuls profs à ne pas parler à sa française d'élève à une allure d'escargot. Mais au fond, je me disais que c'était sans doute plutôt parce qu'il s'en foutait qu'Alice la comprenne. Nous étions clairement en position de faiblesse, cependant, je ne pouvais m'empêcher de sourire très largement aux mots de ma petite amie. OK, j'étais une quiche en français. Néanmoins, je croyais me souvenir que professeur ne se disait pas connard. Ah ah. J'espérais juste pour elle que Hartwood ne parlait pas cette langue. Sa main au creux de mes reins me raffermit et m'aida à garder mon aplomb. L'air absolument angélique, j'enchaînai, tout à fait consternée et désolée :
- Oh, non, Alice, il a raison ! Nous n'aurions vraiment pas dû faire ça, c'est tellement déplacé ! Jamais je ne saurais m'excuser assez !
Et une petite courbette, une ; une révérence à la Juliette, que j’avais répétée des centaines de fois l’année dernière, et qu’il reconnaîtrait parfaitement.
- D'ailleurs, professeur, puisque vous semblez si bien connaître le règlement, j'ai une question à vous poser : que deux élèves s'embrassent dans le couloir est indécent, nous nous sommes mis d'accord sur ce point. Et un professeur qui embrasse une de ses élèves, vous croyez que ça vaudrait un ou deux jours de mise à pied ?
Je n'avais pas voulu être si brutale, pas dès le début, mais tant pis, les hostilités étaient lancées. Enfin, franchement, c'était follement amusant ! Le soutien d'Alice me donnait des ailes. il ne me faisait plus peur, je voulais juste l'enfoncer le plus possible. Je voulais qu'il regarde en face ce qu'il m'avait fait et qu'il s'aplatisse en excuses devant moi. Hein, Hartwood, qu'est-ce que tu as à répondre à ça ? Alice, elle, elle ne m'a pas violée dans le couloir. Avec elle, j'étais parfaitement consentante. Ça va, pas trop blessé dans votre ego surdimensionné ?
Au fond, très au fond, une voix me disait que c'était moi qui étais bien présomptueuse de vouloir présumer de ses pensées ainsi, mais j'en avais franchement rien à battre. Ce n'était pas ça qui allait m'empêcher de m'amuser ! Ce qu'on lui avait déjà dit, et tout ce qu'on lui dirait encore, il l’avait très largement mérité, de bout en bout, tout ce que je voulais, c’était qu’il s’en rende compte et l’admette. Sans vraiment croire qu’il s’excuserait un jour, même si ç’aurait été absolument délicieux – encore que, il l’avait fait il y a deux semaines, mais entre-temps d’autres révélations avaient eu lieu – je voulais au moins le voir réaliser ce qu’il avait fait. Le voir admettre que le problème venait de lui, et pas de moi. | |
| | | Liam Hartwood
Age : 39 Messages : 208 Date d'inscription : 08/02/2011
| Sujet: Re: À la guerre comme à la guerre ( Blake&Liam ) Mar 5 Avr - 6:16 | |
| « Dans notre société actuelle, Alice, l’homosexualité, bien que dédiabolisée depuis dix ans, dérange toujours les mœurs de la bonne société ou de la société tout court qui refuse ce qui est considéré comme anormale – Commençais je en rayant encore une mauvaise réponse, ne levant même pas les yeux – Ainsi donc, il se peut que certains parents d’élève voit tout ceci d’un mauvais œil et fasse pression sur la direction, si toi, tu peux éviter le renvoi, serait ce le cas de Blake ? Ou alors la mettre dans cette situation t’indiffère totalement, au cas où, considère que je ne t’ai rien dit. »
Je fronçais légèrement les sourcils en regardant plus attentivement ma copie en court de correction. Etonnant ce que les jeunes de maintenant pouvaient inventer. Je n’ai pas réagis a l’insulte, trouvant plus amusant de faire celui qui ne l’avait pas comprit. Pourquoi insulter quelqu’un qui ne peut même pas apprécier le mot ? J’avais a faire a deux gamines ecervelées ne trouvant rien de mieux que cela pour tenter de me destabiliser. Je retins un sourire en entendant la voix de Blake s’elever. Attaque frontale prévisible. Aussi déposais je en un geste lent la copie que je tenais pour prendre la suivante, répondant tout simplement a sa question.
« Après une enquête minutieuse menée par l’inspection académique et si les fait sont prouvés, le professeur en cause risque le renvoi. »
Parler ainsi ne me posait pas de problèmes particulier, même si mon esprit regorgeait d’autre songes, plus abstrait, plus absents. Les mots « enquête » et « preuves » n’étaient pas dit au hasard. Même si Alice soutenait son amie, elle venait tout juste de se décrédibiliser au beau milieu du couloir. Regrettais je ce que j’avais fait ? Dans un certain sens oui, mais quelque part, en moi, régnait en maitre un sourire.
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| | | Alice Manet Live, laught, L0VE
Age : 30 Messages : 386 Date d'inscription : 30/11/2010
| Sujet: Re: À la guerre comme à la guerre ( Blake&Liam ) Mar 5 Avr - 19:53 | |
| Blablate tant que tu veux, de toute façon j’étais hétéro jusqu’au bout des doigts. À moins que Laurys ne soit une femme, mais j’en doute franchement. Ah, Laurys. Il verrait clair dans mon plan, comme Liam semblait voir clair dans celui de Blake. Je l’avais supplié trop souvent pour qu’il puisse me croire. Un rire, c’est tout ce que j’aurais. Il s’imaginerait que je m’ennuierais de tout ça avant lui. Il avait probablement raison. J’aimais les bras de Blake, mais il n’y avait rien au monde que j’aimais autant que les bras de mon démon.
- On ne peut nous renvoyer pour cause d’homosexualité. C’est dans la charte. Par contre, la pédophilie, c’est répréhensible.
J’imite son air dédaigneux à la perfection, plissant juste assez le nez pour qu’on remarque à quel point je trouve répugnant la façon dont 1) il traite ses élèves en général 2) il traite Blake, MA meilleure amie, MA copine. Elle n’a rien demandé, elle. Pas demandé en tous cas qu’un débile sans sentiments essaie de la bécoter ! Non mais, franchement, je voulais bien qu’elle soit canon la petite anglaise, mais je ne voyais absolument pas comment un adulte ( même aussi jeune et bien foutu que lui ) puisse être attirée par quelqu’un de si jeune, de si perdu que ma douce amie. Elle était tellement faible en ce moment, ensevelie sous des milliers de sentiments contradictoires. Tout ce que je voulais, c’était l’aider, comme elle m’avait aidée à la mort de Giulia. C’était naturel.
Du reste, il pouvait penser ce qu’il voulait des enquêtes mais…
- C’est plutôt facile à prouver. Qui ne croirait pas la pauvre amie de Blake qui l’a eue en larmes dans ses bras parce qu’elle s’était fait violée, hein ? Qui n’interpréterait pas vos paroles comme une demande camouflée de ne parler de cela à personne, sous peine de représailles ? Il n’y a rien eu, ce n’était pas un baiser, arrête d’y penser. Et qui n’a pas remarqué que Blake, même si elle n’a jamais aimé les cours, sèche systématiquement votre cours depuis qu’elle a été seule avec vous ? Étrange. Et malheureusement pour vous, monsieur, on a tendance à croire plus facilement les pauvres victimes avec les joues pleines de larmes que les bourreaux qu’elles regardent.
Je me demande s’il regarde bien ses copies. Comment on peut corriger en ayant des filles qui l’accusent de viol ? Comment reste-t-il calme ? Je ne comprends pas cet homme. Pas certaine non plus que je veuille le connaître. Et puis, après tout, les incultes qui ne comprennent pas le français ne méritent aucunement mon attention !
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| | | Blake Earl
Age : 32 Messages : 502 Date d'inscription : 07/02/2011
| Sujet: Re: À la guerre comme à la guerre ( Blake&Liam ) Mar 5 Avr - 21:10 | |
| La conversation était écrite d'avance. Nous savions pertinemment tous les trois ce que le prochain acteur allait dire. Nous n'étions pas deux élèves désireuses de faire tourner un prof en bourrique, nous étions trois comédiens récitant leur texte et sachant parfaitement ce que serait la prochaine ligne. C'en était presque pathétique - mais je m'en contrefoutais totalement. J'étais rendue à un stade où le pathétisme avait été dépassé depuis bien longtemps. Le jeu, finalement, n'était pas de sortir la réplique qui clouerait le bec à l'autre. Le jeu était de parvenir à briser son masque. C'était possible, je le savais. Même en continuant à dévider ses mensonges, il pouvait faiblir. Je l'avais expérimenté, c'était même cette fêlure dans sa voix qui m'avait fait dire ce que je n'aurais jamais dû lui dire. Je voulais y parvenir aujourd'hui. Restait à trouver comment. Je n'étais pas sûre que l'accumulation d'accusations suffise, il était après tout pertinemment au courant de toutes les menaces qui pesaient sur lui. Avait-il deviné que je comptais ne rien faire finalement ?
Eh oh. Non non non, je ne comptais PAS ne rien faire ! Maintenant que j'avais le soutien d'Alice, j'avais l'impression que plus rien ne m'était impossible. Cet étau qui m'enserrait le cœur avait disparu lorsque je lui avais tout révélé et qu'elle m'avait crue sans discuter. Enfin, disparu... Il s'était pas mal atténué, déjà. Alors, avec son témoignage, pourquoi ça ne fonctionnerait pas, hein ? Disons... Disons que ça dépendrait de sa réaction aujourd'hui. S'il m'emmerdait trop, s'il faisait trop l'innocent, il le paierait très cher. Et là, au bout d'une minute de conversation lourde d'ironie aussi discrète qu'un éléphant en tutu, il était franchement mal barré.
Ah, ce que je pouvais aimer ma petite amie ! Elle pensait exactement pareil que moi. La seule différence et le très net avantage, c'est qu'elle ne craignait aucunement de le dire à voix haute. Moi, même si je me détestais pour ça, j'avais encore peur, ou plutôt de nouveau peur, peur des représailles que je risquais en le menaçant trop. C'était comme ça qu'il avait toujours fonctionné avec moi, œil pour œil, dent pour dent, et je ne tenais absolument pas à subir sa vengeance à présent que ce n'étaient plus des misérables heures de colle. Alice me permettait de lui balancer à la figure tout ce qui restait bloqué derrière mes lèvres prisonnières des siennes durant mes cauchemars. Et cependant, il restait obstinément indifférent. Son sang-froid aurait franchement été impressionnant si je ne l'avais pas autant haï. J'étais strictement incapable d'éprouver un quelconque sentiment positif envers quelqu'un que je détestais, c'était ainsi, et cela fonctionnait également dans le sens inverse. Hartwood n'était ni beau, ni remarquable, ni séduisant dans son inaccessibilité, tout comme Alice ne serait jamais prétentieuse ou insolente.
Ses paroles faisaient malgré tout remonter beaucoup trop de souvenirs à la surface, et j'avais du mal à rester impassible. Je fronçais les sourcils, invoquant la plus minuscule parcelle de mon talent de comédienne, me refusant au moindre signe de faiblesse. Pour cacher mon trouble, je collai mon flanc à celui d'Alice, glissant à mon tour ma main sur ses hanches. Elle me stabilisait, m'aidait à tenir. Alice, ma chère Alice, tu es divine, ma sauveuse.
- Alice, décidément, tu te trompes encore. Il n'y a vraiment rien eu. Ces malheureuses victimes n'oseraient pas contredire leur bourreau ! Ce n'était pas un vrai baiser !
Le rire ouvertement moqueur pointait sous mes paroles, cependant je le refoulai. Ma voix cynique se fit plus dure tout à coup, abandonnant tout faux-semblant, alors que mes yeux verts brillaient d'un éclat qui aurait pu mettre le feu à la salle.
- Vous voulez qu'on vous montre ce qui s'est passé ? Peut-être qu'en le voyant de l'extérieur, vous saurez mieux estimer si c'était réellement un baiser ou pas !
J'improvisais totalement. Je ne sais pas trop ce qui m'a pris de sortir une chose pareille. Toujours est-il que j'ai fait pivoter Alice sur elle-même, l'ai plaquée contre le mur en la maintenant par l'épaule, et ai posé violemment mes lèvres sur les siennes, exactement comme il l'avait fait avec moi. Je détestais avoir cette drôle d'impression d'être lui, j'avais le sentiment d'abuser d'Alice autant qu'il avait abusé de moi. Et puis en fait, je m'en foutais. Au fond, peut-être que ça le ferait vraiment réaliser. | |
| | | Liam Hartwood
Age : 39 Messages : 208 Date d'inscription : 08/02/2011
| Sujet: Re: À la guerre comme à la guerre ( Blake&Liam ) Mar 5 Avr - 21:41 | |
| « Dans la charte de ? L’exhibitionnisme est répréhensible Alice . »
La petite française attaquait comme un chien attaque un aveugle fleurant bon le steack, avec autant de panache et de classe qu’un mendiant en collant. Finalement, je levais les yeux sur elle. Juste Alice. Plongeant dans la couleur de ses iris sans une once de honte ou de peur alors qu’elle continuait tranquillement, tellement sûre de sa victoire, tellement sûre de ce qu’elle ne pouvait même pas comprendre. Même si Blake répondit en ironisant, ce qui ne lui allait pas d’ailleurs, je ne déviais pas mon regard, souriant juste un peu alors que je répondais sereinement.
« Une pauvre amie qui perd tout sens commun puisque petite amie de celle-ci. Une parole prise avec prudence sans doute, dis moi Alice, Outreau te parle-t-il ? Toi qui est française…N’était ce pas des enfants pleurant ? Sanglotant ? N’ont-ils pas mentit a la demande de leur parent ? Oh et n’était ce pas le comportement d’Ingrid ? tu sais ta camarade de classe qui s’imaginait avoir une liaison avec moi ? Le Conseil Académique n’a-t-il pas prouver le contraire ? Tu m’accuse de viol, soit…Apporte moi des preuves concrètes pas des on dit…. »
Je lui souris lentement, sans ironie, sans amusement, juste lassé avant de retourner a ma copie, traçant un trait rouge sang sur la pureté de cette copie. Avais tu besoin d’appeler des renforts ? pourquoi ? Pourquoi ? Je crevais de lui poser cette question. J’avais besoin de savoir, de comprendre. Besoin de la regarder et pourtant, je ne bougeais pas. Continuant ma tache comme si de rien n’était. Qu’elle la plaque contre le mur, qu’elle l’embrasse, qu’elle l’aime…Et durant une seconde, je jalousais atrocement Alice…Pouvoir serrer son corps, accueillir ses lèvres…Avoir ses sourires…Mais non, mon regard reste tel que, rivé sur ma copie, sur ma correction…
« Vous pouvez disposer. »
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| | | Alice Manet Live, laught, L0VE
Age : 30 Messages : 386 Date d'inscription : 30/11/2010
| Sujet: Re: À la guerre comme à la guerre ( Blake&Liam ) Mar 5 Avr - 23:38 | |
| - La charte de...fait la petite narratrice canadienne n’ayant aucune idée des chartes en France, mais au Canada les Droits et Liberté ça compte *PAN*
Je souris brièvement aux paroles de Blake. Une flèche lancée à tout hasard, mais ô combien juste par ailleurs. Je décide d’ignorer les paroles du professeur, de ne pas tenir compte de ses exemples. Les erreurs du passé n’ont pas à être les nôtres. Je me battrai jusqu’au bout pour aider la seule véritable amie que j’aie. Mon ton d’ailleurs n’a plus rien d’agressif lorsque je lâche une malencontreuse phrase, il est innocent, apeuré, faible. Un enfant qui ne comprend pas, voilà tout. Loin d’une capitulation, juste l’incompréhension, l’espoir peut-être d’une réponse claire.
- Alors dites-moi, monsieur, si cela est faux, pourquoi vous ne pouvez regarder Blake.
J’hoche la tête. Quelle réponse donner ? C’est la pure vérité. Un coup d’œil à l’arrachée, au moins, par pitié une réaction. Mais non, rien, le vide, le néant. Je sens Blake le dévorer du regard, je la sens chercher la preuve de son mal. Liam Hartwood est un diable qui ne ressent rien. Je le déteste pour cela. Je l’aurais adoré si jamais il n’avait pas fait mal à ma douce chérie. Mais il est l’ennemi, il a tord. Aussi je ne peux en vouloir à Blake de me plaquer contre le mur soudainement.
C’est ainsi ? Que ça c’est passé. C’est pire, je pense, d’être coincée entre du béton et des lèvres. Le contact ne me dérange pas, mais il m’a surprise, et je l’aurais repoussée si ce n’était pas elle qui l’avait entrepris. Je sais ce qu’elle fait, et je vais l’aider comme je le peux. En gardant un visage torturé, parce que je n’ai aucun mal à imaginer comment j’hairais cela de la part de quelqu’un que je ne peux pas blairer. Pauvre, pauvre amie. Je te comprends tellement.
Et il ne réagit pas ! Rien, pas de sourire, pas de grognement, pas l’ombre d’un regret. Invisible, insaisissable. Il est l’ombre. Judas avant St-Pierre. Ce qu’on ne peut contrôler, car il est maître de jeu : il sait tout à l’avance, possède une réponse à tout. Comme il aurait fait un bon méchant, comme il se serait bien entendu avec Lecter. Prévisible.
Prévisible, prévisible, si prévisible. Qu’est-ce qui ne le serait pas ?
- Si cela n’évoque rien professeur, peut-être que seule la domination vous montrera le supplice de Blake.
J’ose. Pour la protéger, pour leur montrer à tous. Liam ? Je veux sa surprise, son ire, qu’il admette que c’est mal. Si ce n’est pas Blake, si c’est moi, alors il sera encore plus brutal. C’est elle qui l’amuse. Blake ? Lui montrer que je suis prête à tout pour elle. Qu’il ne la touchera plus jamais.
Oui j’ose. Lui montrer l’effet de son viol, si minime qu’il soit. J’attrape sa copie, la chiffonne, la tire au loin. Stupide note quand on parle d’une chose si grave. J’ai envie de repartir vers Blake en tremblant, mais les yeux froids me retiennent. Et je force ses lèvres comme elle a forcé les miennes, comme il a forcé les siennes.
Car ça, il ne l’avait pas prévu.
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| | | Liam Hartwood
Age : 39 Messages : 208 Date d'inscription : 08/02/2011
| Sujet: Re: À la guerre comme à la guerre ( Blake&Liam ) Sam 9 Avr - 20:34 | |
| En vérité, j’en ai assez de leur provocations puériles. De leur idiotie. J’ai envie de me lever, de ranger mes affaires et de les laisser a leur stupidité mais je ne le fais pas. Non, je les ignore, je les pousse a la faute. Même la phrase d’Alice ne reçoit pas de réponse. Juste un infime mouvement des yeux vers le ciel. Elle n’a rien et elle espère. Jouer a ce jeu est aussi immature qu’un nouveau né. J’ai trente ans bientôt. J’ai vécu la douleur. La souffrance. La haine. La passion. L’amour sans doute un peu. Que peuvent elles m’apprendre ? Rien. Mais je me concentre sur Alice, parce que c’est ce qu’il faut faire pour ne pas voir la peur emplir son regard, pour ne pas voir sa bouche se tordre dans un rictus de dégout. Alice maudit ma froideur, elle ne sait pas qu’elle ne peut pas m’atteindre, pas comme elle.
Et la pointe de mon stylo voit s’échapper sa victime et si je hausse un sourcil de surprise, je ne bouge pas pour autant, me contentant de lever la tête sur Alice. Quelque part, elle avait raison, je ne m’attendais pas a ça. Pas a ce baiser qui me laissait de glace. Immature. Puéril. Ce n’était pas celui d’une femme faite et elle ne rencontra que mes lèvres closes, que mon regard glacial dans le sien. Je ne la repousse pas, je ne l’attire pas contre moi. Aurait elle embrassé David de marbre que cela lui aurait fait le même effet. Alors même qu’elle s’acharne sur mes lèvres avec une inutilité pathétique, mes iris glissent doucement et se pose sur Blake. Il y a sans doute de l’ironie dans leur creux et comme un regret. Pas celui d’avoir volé ses lèvres parce que ça, je ne le pourrais pas, mais celui que ce ne soit pas elle qui ai décidé de me défier.
Finalement, Alice se recula et mes yeux se vrillèrent aux siens. Posément, je me lève, contourne le bureau, déployant une silhouette imposante malgré sa finesse. Je me plante devant Alice, je la toise un instant…Et puis :
« Pathétique et inutile, Alice. »
Assénais je sans une once de moquerie, non, juste un froid terrible et creux. Non elle ne m’a pas troublé, elle ne m’a pas vexé, pas agacé, pas énervé, juste rendu un peu plus nostalgique des siennes…Je me détourne sans un mot de plus, regagnant ma place dans un soupir et revient sur mes copies.
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| | | Blake Earl
Age : 32 Messages : 502 Date d'inscription : 07/02/2011
| Sujet: Re: À la guerre comme à la guerre ( Blake&Liam ) Sam 9 Avr - 23:57 | |
| Ses paroles me dégoûtaient. Tellement, tellement ! Au fond, lorsqu'on y regardait mieux, il avouait franchement le crime dont on l'accusait, Alice et moi. Un viol, pourquoi pas, mais prouve-le. Faudrait peut-être qu'un jour quelqu'un lui explique que même si rien ne prouvait la culpabilité de quelqu'un, cela ne le rendait pas innocent pour autant. Aux yeux des ignorants, il resterait innocent, mais plus jamais il ne le serait, à ceux d'Alice, aux miens... et aux siens. Est-ce qu'il s'en contrefichait ou est-ce qu'il peinait à se regarder en face ? Je savais que parfois, son indifférence n'était qu'un masque, de la à dire lorsqu'il dissimulait des émotions ou lorsqu'il était réellement insensible à ce qui se déroulait autour de lui... Ça, j'en étais incapable. C'était peut-être ça que je voulais : qu'il prenne conscience de sa culpabilité. Et surtout, que cette culpabilité le fasse souffrir. Oui, c'était ça le plus important. Qu'il souffre, autant que moi.
Mais il ne fait rien, ne montre rien, RIEN ! Foutu connard ! Il nous ignore totalement, il nous jette, il nous montre que nous ne sommes vraiment que des insectes à ses yeux. Ce n'est pas humain d'être aussi impénétrable. Qui pourrait rester de marbre dans une situation pareille, hein ? Pas moi, surtout pas moi. Peut-être que je le jalouse un peu de se contrôler si bien, au fond, moi qui en suis proprement incapable et multiplie toutes mes émotions par dix, cent, mille.
Je cesse d'embrasser Alice. Rageuse. J'en frapperais presque le mur du poing, je suis pathétique à sentir ainsi des larmes de colère me monter aux yeux. Je le hais, seigneur que je le hais ! Je me retourne vers lui. Prête à envoyer dinguer toutes ses foutues copies par terre. A le prendre par les épaules et le secouer, le remuer, le forcer à réagir. Mais Alice est plus rapide que moi. Je plaque mes deux mains sur ma bouche quand je la vois forcer un prof, et de surcroît un prof comme Hartwood, à l'embrasser. Mes yeux verts s'ouvrent grands et s'écarquillent. Et je suis incapable de réagir.
Je voudrais l'empêcher de faire ça - parce que pour moi embrasser ce type ne peut être qu'un véritable supplice, quel qu'en soit le contexte. En même temps, je suis bien heureuse qu'elle le fasse ; je la bénirais presque. Qu'il voie un peu ce que j'avais subi ! Même si ça ne pouvait pas lui faire le même effet qu'à moi, au moins ne pourrait-il plus refouler la vérité quand à ce qu'il m'avait fait subir ! Et puis je vois ses yeux glacés, à lui, quitter Alice du regard et venir me chercher. Les prunelles gelées heurtent le feu émeraude, et je ressens comme un choc au plus profond de moi-même. Il ignore totalement Alice. Il reste focalisé sur moi alors qu'une de ses élèves est en train de l'embrasser après l'avoir assuré qu'elle s'arrangerait pour le faire tomber pour viol. J'ai la drôle d'impression que... C'est indéfinissable.
Si j'osais, je dirais qu'il revit notre baiser à travers celui-ci. Et qu'il regrette. Qu'il me regrette. Sans doute aurait-il préféré que ce soit moi qui lui rende la monnaie de sa pièce. Pas sans doute, en fait. C'est évident. Et là, alors que nous nous fixons droit dans les yeux, je sais qu'il sait que j'ai compris tout ce qu'il pensait à l'instant.
C'est assez horrible, mais à l'instant, je suis heureuse. Pas seulement parce que je suis désormais certaine d'avoir raison. Je suis heureuse parce que je sais maintenant que je ne suis pas une de ses lubies. Pourquoi il s'accroche à moi, je n'en sais rien, ce que je sais, c'est que malgré son masque, il se languit bel et bien de mes lèvres. Qu'ai-je fait pour mériter un tel honneur ? Allez savoir ! Je m'en serais bien passée !
Malgré tout, mon ego, lui, se gonfle d'orgueil au fond de ma poitrine.
Je me réveille en même temps qu'Alice se détache de lui, mais je suis incapable de bouger, pétrifiée. Je m'en veux affreusement d'oser pouvoir me sentir satisfaite d'une chose pareille. C'est sa voix qui me réveille. A peine a-t-il fini sa phrase que je me jette sur Alice, l'emprisonnant dans mes bras et glissant mon visage dans son cou.
- Fallait pas... Fallait pas !
Je réalise brutalement que je pleure. Mon souffle et mes larmes emmêlent ses cheveux qui se collent à ma bouche. J'ignore complètement le prof, je ne veux plus le faire réagir. Enfin, plus aujourd'hui. C'est que pour le coup, rien que pour me contrarier, il serait capable d'enfin ôter son masque maintenant ! Et merde, voilà. Alice était plus importante.
- Je t'aime, chérie. Fallait pas faire ça. Ça va ? Ça va ?
Je presse mes lèvres contre les siennes, une fois, deux fois, pour conjurer le sort. Et puis brusquement, je ne peux plus cesser de l'embrasser. Je pleure et je l'embrasse. Et je la serre à l'en étouffer. | |
| | | Alice Manet Live, laught, L0VE
Age : 30 Messages : 386 Date d'inscription : 30/11/2010
| Sujet: Re: À la guerre comme à la guerre ( Blake&Liam ) Dim 10 Avr - 0:42 | |
| Dégeulasse, abject, dégoûtant, horrible, ignoble, infect, malpropre, nauséabond, pourri, repoussant, répugnant, salaud, sale. Tout ce qu’un baiser ne devrait pas être. Mais avouons-le, je n’ai que faire de cet homme. Ses lèvres ne m’attirent pas, son corps ne me fait pas vibrer. Tout au plus ai-je accordé des regards à sa beauté, comme toutes ses étudiantes, avant de m’en retourner vers celui qui faisait battre mon cœur à cent milles à l’heure. Je n’étais pas blessée comme n’importe qui l’aurait été. J’étais déçue qu’il n’essaie pas de me repousser, ce qui m’aurait donné raison. Un rictus sinistre, c’est tout ce qui s’échappe.
Je ne l’aime pas. Je le déteste. Je voudrais qu’il s’excuse à Blake, pour le mal qu’il lui a fait. Pour le reste, qu’il porte plainte contre moi si ça lui chantait, je ne m’en porterais pas plus mal. Ce n’était pas lui, évidemment. Rien ne le touchait. Tout passait cent pieds au-dessus de sa tête. Étrange. Je m’en retourne, haussant les épaules à sa réplique attendue. Au moins j’avais essayé de lui montrer ce que c’était que de se faire mettre une langue dans la bouche sans en avoir envie. Pas ma faute s’il était trop bizarre pour le reconnaître. Trop bizarre pour être touché.
Qu’il s’enfonce son stylo dans le ventre, que l’encre rouge se mélange à son sang de salopard, ouais.
Mes bras se referment sur la taille de ma protégée et la serrent aussi fort que possible, aussi fort qu’elle le fait. Ses cheveux me chatouillent terriblement, mais je suis trop touchée pour même penser la repousser. Je la retiens autant que possible, et tant pis si mon chandail est mouillé par ses larmes. Doucement, en gardant une main contre ses reins, j’essuie les larmes qui laissent des traînées sur ses joues. Je lui souris doucement et murmure des paroles réconfortantes.
- Shh, shhh. Je l’ai fait de bon cœur, si seulement ça avait pu t’aider.
Je m’assure que l’autre connard ne m’entende pas. Pas de défaite avouée. J’avais essayé, ça avait merveilleusement foiré. Les enchères augmentaient, voilà tout. Je répondais avec ardeur à ses baisers, ses lèvres vingt fois plus chaudes que celles du professeur. Plus douces et agréables. Je les accepte, mais l’étreinte n’est pas désespérée. Elle est ce qu’une étreinte devrait être. Aimante, réconfortante. Autant pour Blake que pour moi. Je souris finalement.
- Je t’aime aussi.
En Français. Elle sait ces mots et ça sonne plus sincère à mes oreilles. Des milliers de façon de dire je t’aime dans ma langue, une seule dans la sienne. Comme si l’amour d’une mère et celui d’un malade mental était le même. Il n’empêche, je sais ce qu’elle veut dire, et je caresse ses cheveux et son dos avec tendresse tandis que nos lèvres s’entremêlent, cerises et cannelle. Je ris doucement en posant ma main sur sa joue, enfant plus qu’adulte, immature certes, mais comme je m’en fichais de l’être. Mineure et tellement libre. Je repris, plus fort, entre deux baisers.
- Je vais bien, ma douce. Souviens-toi, c’est Roméo qui crève en premier de toute façon.
Je me retiens à grand peine de mettre les mains dans les poches de mon jeans et d’aller m’accoter, désinvolte, au mur. Même s’il ne réagira pas plus, je suis fière de ma pique. Je fais un clin d’œil à Blake avant de poser mes lèvres contre son cou, étouffant un rire triste.
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| | | Liam Hartwood
Age : 39 Messages : 208 Date d'inscription : 08/02/2011
| Sujet: Re: À la guerre comme à la guerre ( Blake&Liam ) Dim 7 Aoû - 22:46 | |
| Imbéciles. Toutes les deux n'étaient que des idiotes. C'était ainsi. Que croyaient elles ? Que pensaient elles ? C'était tellement idiot. J'eus un sourire mesquin. Blake pleurait, je n'aimais pas ses larmes mais en cette minute, elles me laissaient insensible. Il n'y avait qu'elle que je voulais. Elle le savait. Inconsciemment, elle le savait. Qu'avait elle essayé de faire ? Pourquoi provoquer une colère qu'elle ne saurait gérer ? Et cette imbécile de française, pourquoi suivait elle ? La connerie était elle contagieuse ?
Posément, je me levais, m'essuyant la bouche d'un revers de la main avant de ranger lentement mes affaires dans mon sac. Mes tourments dissimulés sous un masque de pierre et de granit. L'océan de mes yeux figé en une mer de glace, mesurant mes gestes avec une maitrise acquise au court des années. Je levais un instant les yeux, assistant a une scène pathétique digne des meilleurs dramas. Je refermai mon sac, inspirant doucement pour ne pas laisser la colère devenir trop visible, trop bouillonnante. Ma patience avait des limites et malheureusement, elles les frôlait.
Je glissais ma main dans ma poche, prenant mon sac de l'autre main et me dirigeai vers la porte avant de m'arrêter sur le seuil de ma classe. Jetant un coup d'oeil sur le spectacle pitoyable qu'elles me donnaient.
-Je vous souhaite une bonne fin de journée.
Un coin de ma bouche se releva brièvement, concentré d'ironie, de moquerie avant que je ne franchisse le seuil sans me retourner.
Décidemment...Ce n'était pas ma journée. | |
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