Freddie Wood - Derrière chaque ange se cache un démon

Emo. Oui, je crois que c’est le premier mot qui vient a l’esprit quand on me voit. Emo. Alors c’est craché sur un ton amusé, hautain, hystérique parfois par les jeunes filles en fleur pas tout a fait consciente de ce qu’est la virilité. Bref, je m’adapte a mon temps et je dois dire que le style Emo m’a plut par son décalage. Une manière comme une autre de ne pas faire comme tout le monde je pense, alors je soigne mes cheveux, laissant toujours une mèche pendre sur mon œil. J’arbore de superbes piercing a la lèvre et…ailleurs, mais ça…D’ailleurs, si on regarde bien, un de mes piercing arbore le symbole de Satan, signe de mon appartenance. Au creux de ma nuque, caché par mes cheveux, le symbole de Dieu. Un jour, j’irais me le faire enlever ou faire autre chose dessus, il me rappelle constamment ce que j’étais a ce a quoi j’ai tourné le dos. Seul hic dans mon style, c’est que je suis légèrement plus grand qu’un Emo de base, j’avoisine les 1m80 quand même, mais a part ça, je suis fin, assez du moins pour faire style. Cela ne m’empêche nullement de posséder des muscles bien dessinés et présent, même si je suis loin d’avoir les biceps d’un bodybuildé. Ce qui choque après le jean slim, ce sont mes yeux. Deux billes d’un bleu assez particulier. On ne pourrait pas les dire clairs mais pas foncé non plus, en plus, ils ont la particularité de changer de teinte selon l’éclairage. C’est assez sympa d’en jouer auprès des filles d’ailleurs, mais aussi de s’en servir pour intimider, ils ne sont pas nombreux ceux capable de le soutenir. Malgré mon air juvénile j’avoisine les 55 ans quand même et cela se sent dans ma façon de parler ou de réagir. Pareil, je dégage une maturité certaine et une assurance sans équivoque, prouvant assez que je suis un homme fait, même si mon apparence laisse penser le contraire, chose qui m’arrange parfois et dont j’abuse souvent. Mon visage pourrait être qualifié de beau, enfin, il apparait ainsi aux yeux des humains mais les femmes resteront toujours plus sensible a ce que je dégage. Autre petit détail, je fume. Un peu trop sans doute. Après tout, je suis mort alors qu’importe et puis la cigarette m’apaise, c’est réellement un plaisir, même si il est rare de me voir avec une cigarette a la bouche, ayant l’habitude de fumer tranquillement, en solitaire.

Alors là, y a du boulot ! Enfin, tout dépend la façon dont vous voyez les choses. Certains me disent tête de lard, rebelle a l’autorité et sans doute auront-ils raison. D’autre ne pensent pas grand-chose étant donné que je parle pas beaucoup et reste souvent dans mon coin. Mais ce qui revient souvent ce sont les mots « traitre » et « intrus ». Autant le dire, depuis que j’ai changé mon fusil d’épaule, je ne suis plus en odeur de sainteté. Les anges rêvent de m’étriper, surtout ce foutu Gabriel et les démons me regardent avec méfiance. En bref, je suis condamné a la solitude. Remarquez, au bout d’un certain temps on s’y habitue. Donc si avant j’étais tout de même un peu plus sociable, même si je restais une tête de con, maintenant, je suis une tête de con renfermée sur elle-même. Pourtant, j’aime encore bien avoir de la compagnie. Je suis quelqu’un d’ouvert, même si je n’en ai pas l’air, j’ai juste apprit a me protéger, me cacher derrière des voiles et il est difficile de les percer. Ma double formation a forger ma volonté aussi. Passer d’ange a démon n’est pas une chose aisée, je peux vous le dire. Je dois sans cesse lutter contre mes deux natures pour qu’elles ne forment qu’une seule entité. Je suis un Prince des Ténèbres et pourtant, ma part ange me torture parfois. Alors j’ai appris a la contrer, la forcer ce qui, je dois le dire, me dota d’une force de caractère peu commune. J’aime sourire, j’aime rire, mais je n’en ai que rarement l’occasion, sauf peut être avec Erika. Elle ne m’a jamais regardé bizarrement quand nous étions a l’école, cependant, je ne peux jamais m’empêcher de me demander si son intérêt est véritablement sincère. Peut être que oui, peut être que non, seul le temps pourrait me répondre alors je laisse faire. Pour l’instant.

Je suis né un jour de pluie et pourtant nous étions en plein été. Je suis venu au monde un 9 aout 1954. A cette époque, la vie était facile, l’homme découvrait le pouvoir de la consommation a outrance et aimait cela, il avait enfin accès a des produits jusque là considérés comme luxueux. Mon père n’avait pas fait de longue études mais possédait une volonté et un ambition hors normes. Il épousa ma mère a peine l’école finie, c’était une femme douce, un peu effacée, mais mon paternel lui doit une bonne partie de son évolution sociale. Elle la toujours soutenu, même lorsqu’il la trompé effrontément. Quelque part, il aimait ma mère car jamais il ne la quitta. Les premières années de ma vie se sont passées dans un petit appartement du centre ville, ce n’était pas Bizance et mon père peinait a joindre les deux bouts, jusqu’au jour où il monta sa propre entreprise. Si au début se ne fut pas évident de creuser sa place dans le milieu déjà bien encombré des loueurs de voitures, je dois dire que papa sur parfaitement se sortir du lot. J’avais 5 ans quand nous déménageâmes dans une banlieue huppée. Ma mère pouvait enfin s’offrir des toilettes griffées et mon père trouvait un plaisir inédit dans la pratique du golf. En bref, nous menions une vie bourgeoise et tranquille que même la guerre du Vietnam ou l’assassinat de Kennedy ne rompit pas. Sur moi, il n’y avait pas grand-chose a dire, j’étais fils unique, peut être un peu trop pourri gaté. Pourtant, mon père m’apprit très tôt les vertus du travail, il était hors de question que je devienne comme ces petits merdeux incapables de faire quoique ce soit avec leur doigts, attendant gentiment que tout leur tombe tout cuit dans le bec. Mon argent de poche ? Je le gagnait en tondant la pelouse, en repeignant la façade ou en lavant les voitures. L’été ? Je le passais dans la boite de mon père a conduire telle ou telle personnalités d’un lieu a un autre. Non on ne pouvait pas dire que mon enfance fut oisive. L’école ? Oh, je n’étais pas Einstein mais je me débrouillais.

Ma mère mourut la veille de mon 17 ème anniversaire. Comme ça, dans son sommeil. Maladie du cœur dit le médecin et je dois dire que j’eus du mal a surmonter cette perte. Mon père toujours absent, ma mère disparue, j’ai presque mal tourné, frôlant la décadence de la jeunesse huppée. Drogue, cigarette, alcool, sexe, je crois que durant cette période, j’ai un peu tout expérimenté. J’essayais d’oublier dans la fête a outrance. Mon père, incapable de me tenir, abandonna, se trouvant une maitresse régulière qui avait l’avantage de ne pas réclamer le mariage. Il compensait son absence par de l’argent, oubliant ses préceptes d’apprentissage. Mes résultats scolaires ont chutés sans espoir de remontée et j’eus un mal de chien a me faire accepté a l’université. Mais je me battis, faisant déjà preuve de cette volonté qui caractérisait mon père. J’arrêtais mes conneries, me rendant compte dans quel piège je tombais aveuglement. Mes fréquentations n’étaient pas des plus innocentes et la mort de Jonas fut comme un électrochoc. Overdose. Il agonisa durant des heures dans une ruelles putride a l’arrière d’une boite. Ses propres amis l’avaient sortit de là, le cachant dans cette rue glauque et étaient retournés d’amuser comme si de rien n’était, oubliant qu’il fallait appeler une ambulance. Oui, Jonas était mort comme un chien et cela me foutu une trouille bleue. Je ne voulais pas finir ainsi a mon tour. Alors j’ai tourné le dos a ses fréquentations, je me suis assagit, rentrer dans le rang m’est toujours impossible, mais au moins je me tiens a carreaux.
A force de travail, je fini par obtenir mon diplôme au sacrifice de soirée étudiantes et fêtes débridées, mais qu’importe en vérité. Seulement, j’ai trouvé le moyen de mourir le lendemain. C’était bête et idiot, un accident comme il en arrive tout les jours. Une belle chute dans les escaliers, sauf que mon cou n’y résista pas. C’était sans compter sur Alex. C’est qui Alex ? Alex c’était un de mes profs. Sympa, un peu dérangé et totalement décalé. Je l’aimais bien dans son style et lui aussi puisqu’il me bénit. Ca prête a sourire d’ailleurs. Mais la conception de l’ange et du démon par l’humain est terriblement fausse. Dans l’esprit du commun des mortels, c’est simple, l’ange est beau, miséricordieux et bon. Le démon est vil, sournois et manipulateur. Oui, alors on nait avec cette idée, on est élevé dans cette idée et un beau jour, nos croyances s’effondrent. En fait, les démons ne sont pas ceux que l’on croit.

J’atterris a la Lux Schola, école pour ange. Ca prête a sourire quand même non ? Alex avait fait de moi un futur ange, guerrier destiné a grossir les rangs de dieu. Mais Dieu n’est pas si misécordieux, je l’ai vite apprit. Il me suffisait de regarder Gabriel. Ah Gabriel ! Archange de son état, je me souviens a quel point il peut être diviniser dans la religion…Si les hommes savaient la vérité, peut être changeraient ils d’avis. Non notre cher archange n’est pas courageux et divin, c’est un putain de dragueur, un sale manipulateur et un arrogant finit. Entre lui et moi, ça n’a jamais accroché, mais il est l’exemple parfait de ce que sont les anges dans la réalité. Et dire que j’étais destiné a être l’un d’entre eux. Je me suis accroché et j’ai réussis. Ange. N’est ce pas fabuleux ? ouais, sauf que…Je n’aimais pas ces méthodes, je n’étais pas fait pour manipuler ainsi les hommes, pas pour les enrôler dans une guerre dont ils ne savaient rien. Grossir l’armée de Dieu pour qu’il puisse étendre sa domination…Alors je suis partit. Comment ? Par la fenêtre pourrait on dire. J’étais mort, bénit et ressuscité. J’étais dégouté, révulsé par cette désillusion d’ange a l’aura divine. J’ai retourné ma veste. Je suis peut être l’un des seuls a avoir trouvé le moyen d’entrer dans la Salvare. Si au début, on faillit m’arracher les ailes pour mon outrecuidance, un Prince fini par me donner ma chance. Me fit il confiance ou non ? Difficile a dire, mais il accepta de m’enseigner, m’apprit a éveiller les hommes a la vérité qu’était Dieu. Mais il fut peut être le seul a m’accepter tel que j’étais. Les autres me regardaient avec méfiance, s’attendant a ce que je les trahisse a tout moment. J’eus beaucoup de mal a suivre l’enseignement démoniaque, j’avais été formé a bénir, non a éveiller et pourtant, je m’agrippais, refusant de lâcher et même l’hostilité ambiante n’y changeait rien, bien au contraire. Mais il y avait Erika. Je ne sais pas pourquoi elle s’intéressait a moi, mais une chose était sure, elle fut l’une des rares a ne pas me coller l’étiquette indésirable sur le dos. On s’entendait bien, même encore maintenant remarquez. Nous avions en commun le dégout de Gabriel mais parfois, je me dis que seul mes dons l’intéresse réellement, un moyen de vaincre Gabriel et ainsi se venger. Je ne sais pas et elle cache bien son jeu alors je préfère me dire que c’est moi qui provoque son attrait, pas ce que je suis capable de faire. On est toujours resté en contact, même lorsque je quittais la Salvare avec le titre de Prince des Ténèbres sur le front. Mais même ça ne me fait pas gagner la confiance des autres. Je ne sais pas combien de siècles doivent encore s’écouler pour qu’enfin, je sois considéré comme un démon a par entière. Surement des millénaires.