Stay with me tonight ( Emilia )

Je zappe. Il n’y a rien d’intéressant à la télévision, c’en est d’un pathétisme. Zap. Attaque d’ours. Zap. Émission policière. Zap. Téléjournal. Zap. Bugs Bunny. Zap. Quiz. Je finis par fermer tout bonnement l’écran, me calant un peu plus dans mon sofa, emmitouflé dans mon peignoir. Il n’est que dix-huit heures et je serais déjà prêt à aller au lit, pensez-donc. Un samedi soir, en plus, alors que normalement j’avais des tas de choses à faire. Je pourrais au moins m’essayer à la correction ou à la planification, mais le cœur n’y est pas. Je préférais me vautrer dans ma solitude, fixant le mur comme si c’était la chose la plus extraordinaire au monde.

J’aurais besoin d’une femme. Ou d’un homme, peu importe. Pourtant, depuis deux semaines, et même si l’envie n’avait pas manqué, je n’y arrivais pas. Je me prenais à les comparer, à souffler un autre prénom. Même leurs visages se changeaient lentement en le sien, proprement agaçant. Pourtant elle n’avait pas été mon meilleur coup, loin de là…trop passive, trop naïve. Alors pourquoi est-ce que je n’arrivais pas à me sortir Emilia Earl de la tête ?

Même là, alors que j’étais immobile, c’était à elle que je pensais. Ses douces mèches brunes qui chatouillaient mes épaules, ses mains délicates dans les miennes. Je pouvais encore sentir ses lèvres contre les miennes, la saveur sucrée de sa langue. Et je m’en voulais de penser ainsi à elle, parce que sa nuit été passée, sa chance avec elle. Je ne devais jamais la revoir, même si l’envie était forte, même si j’avais mal au ventre d’être loin d’elle. Je passai ma langue sur mes lèvres asséchées, trop perdu pour me lever et aller boire alors que j’en aurais bien eu besoin. Pourquoi ? C’était la seule question qui me venait à l’esprit. Pourquoi elle ? Cela ne m’était jamais arrivé auparavant. Était-ce parce qu’elle était la mère d’une de mes élèves ? Peut-être. Après tout, c’était la première fois que je brisais une de mes règles, peut-être que c’était pour ça que j’avais du mal à me comprendre. Mais non, je l’avais désirée et je la désirais encore. Ce n’était pas une nouvelle nuit qui allait tout changer. Je la voulais toute entière…je ne voulais qu’elle et je ne voulais pas qu’un autre homme puisse la toucher après moi. C’était une jalousie maladive, de la même sorte que j’avais eu à l’encontre d’Adam plus jeune. Adam qui embrassait toutes ces filles, chaque toucher plus douloureux pour moi. Mais j’étais amoureux d’Adam à l’époque.

Je ne pouvais décemment pas être amoureux d’Emilia. Je la connaissais à peine, nous avions plus parlé de sa fille que d’autre chose. Elle n’était qu’une conquête parmi tant d’autres, qu’une nuit de plus dans mon ballet effrayant. Pourquoi ? Je ne comprenais pas. Mais il fallait que j’en aie le cœur net. À toute vitesse, alors que j’avais à peine bougé depuis mon arrivée, je pris la direction de la chambre, m’habillai et ressortis en trombe. Je ne pris le temps que de m’arrêter pour acheter des fleurs et des sushis, souvenir de notre premier baiser. Allons donc, j’achetais des choses à une femme maintenant.

Mon cœur battait à tout rompre lorsque j’arrivai à sa porte. Je cognai et attendis qu’on vienne m’ouvrir, espérant que sa jeune fille ne serait pas présente. Je voulais être seul avec elle…Elle. Elle dont le prénom sur mes lèvres semblait si naturel, elle dont le parfum s’accrochait à ma peau. Elle dont les cheveux étaient plus beaux, plus soyeux que ceux de n’importe qui d’autre. Elle dont la fatigue m’émouvait, me la rendait vulnérable, si attirante parce que je voulais la prendre dans mes bras pour la protéger. Elle…Emilia.

La porte s’ouvrit sur mon sourire charmeur.

Elle était belle. Bien plus belle que toutes les autres femmes que j’avais vues cette semaine, beaucoup plus que celles que j’avais essayé d’emmener chez moi, sans jamais y parvenir. J’avais prétexté un mal de tête, une urgence médicale, un téléphone de ma mère. Aucune d’entre elles n’atteignait le dixième de la magnificence d’Emilia Earl. Même sans maquillage, même si elle n’était pas vêtue de vêtements griffés. Elle était belle au naturelle, un soleil qui me frappait pour m’émerveiller. Ma merveille…La mienne, celle qui était faite pour moi. Ses doux cheveux fraîchement lavés ondulaient sur ses épaules, brillants, et me rappeler de leur texture me donnait envie d’y enfouir mes doigts. Et ses lèvres, pleines, attirantes, que je rêvais de caresser. Je m’avançai pour entrer et la prendre dans mes bras comme j’en rêvais depuis une semaine, mais je me pris la porte en plein visage.

Je ne comprenais pas. Il me semblait qu’elle m’aimait, non ? C’était elle qui avait eu ces regards pendant tous nos ébats…elle qui semblait vouloir de moi comme d’un conjoint et non d’un amant d’un soir. Cela ne pouvait pas avoir changé si vite, non ?

- Mais Emilia…j’ai des sushis.

Faible excuse, je m’en doutais bien. Qu’est-ce qu’elle pouvait en avoir à faire, que j’aie des sushis ? J’avais bien plus à lui offrir que les fleurs qui faneraient ou cette nourriture qui n’était destinée qu’à nous souvenir de notre premier baiser. Je voulais lui donner mon amour, le lui offrir sans conditions. Elle était tellement belle, tellement jolie…ses yeux brillants de colère étaient posés sur moi, elle ne regardait que moi. Et je savais que j’avais fait une erreur, Emilia était différente des autres. Je ne regrettais pas de lui avoir fait l’amour, mais je regrettais de ne pas l’avoir appelée dès le lendemain. Je m’étais voilé la face, avait essayé de faire comme si de rien était. Peine perdue. Je la voyais maintenant et il était clair que c’était elle qu’il me fallait, la seule que je pourrais garder indéfiniment à mes côtés. Emilia était la seule qui m’avait donné envie de la revoir. Et même pas pour une autre nuit, non. Pour la faire sourire, pour lui tenir la main, pour faire de sa vie un petit paradis.

Je saisis la porte de la main et l’empêchai de la refermer. Elle était si faible que ce ne fut pas un gros effort. C’était pour ça aussi que je devais être là, à ses côtés. Elle était si fragile, elle semblait si épuisée. C’était à moi de fournir les efforts, à elle de se reposer. Je pouvais la porter et la laisser toute fraîche dans mes bras, occupée seulement à me parler d’amour à l’oreille. Elle n’avait pas à être furieuse, d’ailleurs je n’aimais pas les plis que cela faisait sur son si beau visage. Elle gagnait à avoir un sourire, pas à être triste ou en colère.

- Laisse-moi entrer…je suis venu pour m’excuser.

Je n’étais pas dupe, je savais que j’avais très mal agi mais je n’y pouvais rien. Je me protégeais de l’amour, j’agissais comme un véritable macho. Et peut-être l’étais-je, en vérité. Mais cette fois, l’amour m’était tombé dessus sans que je ne m’en rende compte. Emilia était essentielle à ma vie, je devais la voir, lui parler, la toucher. Je voulais le moindre petit soupçon de bonheur qu’elle pourrait me donner.

Sans plus attendre, je franchis le seuil de la porte et lui collai mon bouquet de fleurs dans les mains. Mon regard ne la quittait pas, même si j’avais conscience de prendre une teinte rose pâle. Je ne me trompais pas, j’en étais certain. Emilia Earl était la femme de ma vie.

Je voulais effacer la colère de ses yeux, effacer ces doutes qui la tourmentaient. Non, je ne partirais plus…Je n’aurais jamais dû partir, mais on orgueil étant ce qu’il était – à moins que ce ne soit que la surprotection envers moi-même. On m’avait brisé le cœur alors je ne laisserais plus personne y pénétrer. Mais elle, elle, elle avait su y faire son chemin sans même que je m’en aperçoive. Ses grands yeux tendres qui ne me quittaient pas, ses baisers si doux alors que je n’avais été que violence. Je voulais la connaître, m’imprégner de tout son être.

Je ne lui en voulais pas de refuser mes fleurs, ni même de les piétiner. Je la comprenais très bien et je savais que c’était ma faute, de toute façon. Je posai les sushis sur la table d’entrée, soucieux de les conserver si jamais elle avait faim. Je m’avançai, ne me préoccupant pas de ses paroles qui me disaient de partir. Non, elle ne souhaitait pas mon départ. Elle était furieuse contre moi et je le savais, mais si elle avait su pourquoi j’étais revenu…Emilia se serait jetée dans mes bras, elle aurait pleuré sur mon épaule et je l’aurais consolé. Je ne voulais plus du plan cul, je voulais une conjointe à aimer. Et j’aimais Emilia, contre toute attente.

Je la suivis dans le salon, me souvenant trop bien de la première fois où j’y avais pénétré. Ce soir-là, elle était aussi fâchée, mais pas contre moi. Et j’avais vu plus de choses que je n’aurais dû en voir…ce qui m’avait donné envie de poser de nouveau mes yeux sur son corps, de posséder ses lèvres plus longtemps que quelques secondes. Oui, il fallait se rendre à l’évidence : que Blake soit nulle à l’école m’avait permis de faire la plus merveilleuse des rencontres.

Je m’avançai jusqu’à elle avant qu’elle ait eut le temps de s’enfuir et la forçai à reculer jusqu’au mur, m’approchant toujours jusqu’à ce que mon corps frôle le sien. Mes mains se posèrent de chaque côté de sa tête, sans pour autant la toucher alors que je crevais d’envie de le faire.

- La dernière fois qu’on était ici, tu m’as embrassé…murmurais-je à son oreille.

Je voyais bien qu’elle n’avait pas envie de se trouver là, mais je ne céderais pas et elle était bien moins forte que moi, c’était un fait. Du revers de la main, je caressai doucement sa joue, plantant mon regard dans le sien. J’espérais qu’elle y lise à quel point je m’en voulais. L’intensité de ce que je ressentais, de ce que je désirais qu’elle ressente.

- Je suis tellement désolé, Emilia. Pardonne-moi, je t’en prie. Je n’avais pas vu… si j’avais su…

Oui, si j’avais seulement pu voir que derrière le désir sexuel elle cachait de l’attirance pour moi, j’aurais agi différemment. Je ne l’aurais même pas revue, d’ailleurs. Je ne l’aurais pas touchée, mais je n’aurais pas découvert à quel point Emilia était une femme indispensable à ma vie.

- Je ressens la même chose.

Non, non, ne ferme pas tes yeux. Elle me privait de leur lumière, de cette flamme qui dansait dangereusement dans ses prunelles. Et quelles prunelles…d’un brun si doux, si mélodieux, qu’il ne ressemblait à aucun autre. Alors que la plupart des teintes marron semblaient fades lorsque comparées à des yeux verts ou bleus, les siennes faisaient mentir cette affirmation. Chaud, d’un chocolat qui fondait, avec des reflets presque topaze. D’une beauté irréelle dans laquelle je me noyais, pâle reflet de mon visage qui semblait vouloir pénétrer son âme. Oh, comme je le voulais oui…qu’elle m’accepte dans son cœur et son corps, dans sa vie également. Je voulais qu’elle ouvre de nouveau ses yeux, que je puise m’y couler lentement, dans le tourbillon d’émotions qu’elle me lançait. J’étais heureux quand elle a ouvert ses paupières, beaucoup moins lorsqu’elle m’a repoussé en me criant qu’elle me détestait.

Je l’ai regardée s’éloigner avec un pincement dans la poitrine, l’ai laissée ouvrir la porte, mais sans jamais m’en approcher. Non, je n’allais pas partir, pas avant qu’elle ait écouté ce que j’avais à lui dire, et des choses à lui dire, j’en avais des tonnes. Je voulais lui conter mon amour et mes excuses, je voulais qu’elle les accepte et par-dessous tout, je voulais qu’elle pose ses lèvres d’ange contre les miennes de son propre gré.

- Non, je pense que tu es la plus belle femme que j’aie jamais rencontrée. Et je pense que tu es celle que j’aime.

Est-ce que ça t’en bouchait un coin, Emilia ? Probablement, puisqu’elle semblait penser que j’étais revenu seulement pour du sexe. Mais j’étais sincère, quand je disais l’aimer. Aussi sincère qu’il y a deux semaines lorsque je m’étais dit que ce n’était qu’un coup d’un soir. Je ne contrôlais pas ça…

- Crois-moi, Emilia, je n’ai jamais voulu tomber amoureux de toi. Et pourtant, ça s’est produit. Aujourd’hui, quand je pense à toi, à moi, à nous, je ne peux que me dire ‘’ ensemble’’. Ensemble, unis, pour le reste de notre vie. Ensemble, parce que c’est ainsi que ça doit être. Main dans la main, avançant vers le reste de notre vie. Je te le jure Emilia, je t’aimerai et je te protègerai, jusqu’à mon dernier souffle s’il le faut…

Elle sembla sur le point de parler, mais je l’en empêchai d’un regard, m’avançant vers elle. Non, qu’elle garde le silence, je n’en avais pas fini avec elle. Je voulais qu’elle entende tout et qu’après seulement elle prenne sa décision.

- Si je laissais tomber, je ne me le pardonnerais pas Emilia. Je passerais le restant des mes jours à me demander pourquoi, à regarder mon échec cuisant. À regretter le simple bonheur d’être à tes côtés, d’effleurer ta peau et de sentir ton parfum. Je ne veux pas que tu viennes hanter mon sommeil chaque soir, je veux que tu le couves. Je ne veux pas chercher l’étincelle de ta passion dans les yeux de tous ceux que je croiserai, je veux détenir la tienne. Je ne veux pas laisser passer ma chance, c’est la première fois que je ressens ces émotions et je ne suis pas prêt à leur dire adieu.

Je m’approchai derechef, cueilli sa main entre les miennes et la portai à mes lèvres d’un mouvement souple. Mes yeux croisèrent les siens, désireux de lui faire voir à quel point je l’aimais, à quel point j’avais besoin d’elle.

- C’est plus fort que moi, Emilia. Je serai toujours là, même si tu ne veux plus de moi. Dis moi que tu me détestes, je m’en fiche, mes bras te seront ouverts et j’attendrai…Je veux être le gardien de tes nuits, je veux être celui vers qui tu iras lorsque tu seras triste, je veux pouvoir passer mes journées à observer ton rire. C’est toi, c’est tout. Malgré la logique, malgré les règles, c’est toi et c’est personne d’autre. Alors vas-y, efface tous les chemins qui mènent à toi, j’en créerai de nouveau, je trouverai le moyen de venir te retrouver, et s’il me faut traverser l’Hiver et tous les déserts de cette terre, je le ferai. C’est toi que j’aime. Alors pardonne-moi, Emilia. Et dit moi que tu peux m’aimer aussi.

Comme si une si jolie femme pouvait aimer un idiot tel que moi…

- Non. Je pourrais continuer des heures et des heures si c’est ce qu’il faut pour que tu me croies enfin. Dis seulement un mot et j’arrête Emilia, mais il faut que tu trouves le bon. Je te donne un indice, il commence par ai et il finit par me. Il est précédé de Je. Aucune négation dans la phrase. Dis-le et j’arrête, dis-le et ta vie sera merveilleuse. Je ferai tout pour toi. Je t’achèterai tout ce que tu veux, un château, un poney, les plus beaux bijoux. Tout pour que tu sois heureuse, Emilia.

Tout qui n’impliquait pas que je parte de chez elle sans l’avoir tendrement aimée. Qu’elle me fasse un peu confiance, c’était tout ce que je lui demandais. Elle me brisait le cœur à me mettre à la porte ; encore plus à appeler sa fille ( tiens, je ne me souvenais plus de son existence à celle-là ) pour essayer de se débarrasser de moi.

- Elle me verra et je lui dirai que j’ai l’intention de t’épouser. Je m’en fiche Emilia, je t’aime et parce que je t’aime, je ferai n’importe quoi pour te retrouver. N’importe quoi.

J’osai m’approcher encore un peu d’elle et, doucement, sans la brusquer, j’entourai son visage de mes mains. Parce qu’elle semblait hésiter et que je ne voulais pas lui laisser la chance de se sauver derechef, je me décidai assez vite. Mes lèvres trouvèrent les siennes et je lui offris le baiser le plus tendre que j’avais jamais donné de ma vie. Il n’y avait rien de sexuel là-dedans, c’était seulement une preuve d’amour parfaite à mes yeux. Douceur, amour, volupté. Rien de plus. Et je me reculai sans plus attendre, assez satisfait de moi-même.

Parce qu’elle semblait croire de toute façon que j’allais la prendre et la jeter, j’étais prêt à tout pour lui montrer que c’était elle qui me possédait. Elle et seulement elle, rien d’autre ne venait briser cette laisse que je lui tendais, laisse attachée à mon cou. Qu’elle demande et j’allais agir.
Je me mis à genoux devant elle, les yeux ouverts, presque larmoyants, suppliant qu’elle me laisse une chance.

- Tu vois, j’aime tout de toi. Ton caractère explosif, ton coté bouillant. Le fait que tu me coupes en plein milieu de mes phrases pour te mettre à me crier dessus. Les fossetes que ca crée sur ton visage. Tes yeux qui brillent, cette étincelle de vie qui est tant présente en toi.

Et c’était vrai. Elle ne ressemblait à personne d’autre. Franchement, c’était idiot à quel point je pouvais l’aimer. Elle m’aurait demandé de parcourir le monde pour elle que j’aurais refusé ; je n’aurais jamais pu la quitter.

- Je suis le pire des salauds Emilia. Tu m’as offert ton cœur et ton âme, tu m’as donné des sentiments et je n’ai même pas été capable de les voir. Je ne suis pas intelligent, je n’ai même pas pu voir à quel point je te blessais. Tu t'es détournée l'espace d'une seconde et mes yeux ont croisé les tiens : dès lors je ne pouvais plus me détourner. J'avais envie de caresser tes cheveux et de tenir ta main, de toucher ta peau car elle semblait si douce. J'aurais voulu accéder à tes lèvres et te donner cet amour, mais je crois que tu ne l'aurais pas accepté. Pendant un moment, mon cœur s'est arrêté de battre : il t'avait reconnue, unique amour, et savait que s'il cessait de vivre maintenant, ma vie aurait été complète. Et puis tu t'es retournée et la vie a repris son cours, mais l'espace d'une seconde, j'avais été l'homme le plus heureux du monde.

Toujours à genoux, je saisi de nouveau sa main dans la mienne.

- Je veux vivre ça toute ma vie, Emilia.

Me relever ? Pourquoi faire ? Franchement, je n’avais ma place qu’à ses pieds. Elle me dominait entièrement, je plaçais toute ma vie entre ses mains. Non, je ne pouvais pas me relever. Pas avant qu’elle m’ait dit qu’elle m’aimait, pas avant que je puisse l’embrasser tendrement. D’ici là, je restais agenouillé, totalement offert à ses décisions. J’avais toujours été un macho qui ne faisait pas attention aux femmes, mais pour Emilia j’étais prêt à m’améliorer. Être romantique, obéir à ses désirs. Tout ce que je n’avais pu faire pour les autres, je voulais le faire pour elle.

- Ridicule ? Est-ce ridicule de t’aimer follement, Emilia ? Ridicule d’avoir envie de te rendre heureuse ? Non, je ne crois pas être ridicule.

Là-dessus, je me levai tout de même, parce que du sol, j’avais certes une vue magnifique sur sa poitrine, mais je ne pouvais plus plonger dans son regard magnifiquement expressif. Je faisais presque une fixation sur ses pupilles ouvertes par l’émotion, par l’étincelle qu’on pouvait voir au fond de ses yeux. J’humidifiai mes lèvres asséchées, ne pouvant m’empêcher de regarder les siennes. Je l’avais embrassée, mais trop brièvement. La bonne nouvelle, c’était qu’elle n’avait pas pu s’empêcher de m’ouvrir ses lèvres, de me rendre mon baiser – et donc que je ne la répugnais pas autant qu’elle voulait bien le prétendre.

- Terrible. Comprends-moi, Emilia. Je ne veux pas de l’amour dans ma vie, je ne veux que prendre du bon temps. Je ne rappelle jamais les gens. Une nuit, c’est tout – c’est la règle, l’obligation.

Je ne rappelais jamais personne. Depuis Adam, j’avais une peur maladive de me faire briser le cœur. En ne voyant les gens qu’une fois, en ne s’impliquant pas émotionnellement, on ne risquait pas d’être déçu.

Malheureusement pour moi, Emilia avait été différente. Ou heureusement, d’ailleurs. Sans rien faire, elle avait créé un chemin jusqu’à mon cœur et ce chemin ne pourrait jamais être effacé totalement. Elle était devenue le centre, la seule personne que je voulais.

- J’ai lutté Emilia, je…J’ai cru que j’allais devenir fou. Je n’ai pas pu voir une autre femme depuis deux semaines, je ne pensais qu’à toi. Mais je ne voulais pas, je ne voulais pas être amoureux, je me disais que ça allait passer. Ça ne passe pas, Emilia, je crois que ça ne passera jamais. Je suis désolé. Je veux me faire pardonner, mais laisse-moi ma chance. Je ne te décevrai plus.

Mes bras se refermèrent sur son dos alors que je me penchais pour recevoir ses lèvres. Le meilleur baiser de ma vie, un baiser si plein d’amour qu’il occultait tout le reste. Elle ne jouait pas et je la laissais faire, j’étais totalement soumis à ses lèvres, mais j’y mettais toute la tendresse dont j’étais capable. Je ne la toucherais plus tant qu’elle ne le solliciterait pas, j’allais lui montrer qu’elle pouvait avoir confiance en moi. Entre deux baisers, je m’éloignai de ses lèvres.

- Les salauds tombent toujours amoureux des meilleurs femmes…

Sur cette simple phrase, je repris ses lèvres en douceur, caressant son dos.

Oui, malgré ses excuses et ses explications, je savais que je faisais surement une bêtise en lui offrant un baiser. Bien sûr que je pouvais comprendre qu’il avait des principes. Même s’ils n’avaient pas été en ma faveur, je comprenais. Parce que j’en avais aussi. Pas les mêmes pourtant. Quoique…je refusais autant que lui de m’attacher à quelqu’un. Moi, c’est parce qu’un salop m’avait brisé à le cœur il y a dix huit ans en m’abandonnant avec mon bébé sur les bras. Lyam, lui, je n’avais aucune idée de la raison pour laquelle il agissait comme ça, et pour le moment je ne voulais pas savoir.

Pour le moment, je voulais qu’il continue à me rendre mon baiser, la main dans mon dos le caressant tendrement et me serrant contre lui. J’enfouis mes doigts dans ses cheveux et y appréciait leur souplesse et leur douceur. Je grognai très légèrement lorsqu’il me dit que les salauds tombent toujours amoureux des meilleures femmes. Je doutais d’être la meilleure des femmes. J’avais mis mon côté femme de cote depuis des années, me concentrant sur mon rôle de mère. Tout ce qui comptait pour moi c’était d’être la meilleure des mères pour Blake. Bien sûr je faisais des erreurs, mais je faisais tout mon possible. Et malgré l’attitude étrange de Blake depuis quelques semaines, j’avais la chance d’avoir une fille aimante et obéissante. Malgré sa maladie, elle s’était toujours donnée à 100% et j’étais fière d’elle.

Mais il m’embrassa à nouveau, balayant toutes ces considérations. Là dans ses bras, je n’étais plus une mère, j’étais une femme amoureuse et aimée. En tout cas, c’était comme ça que je me sentais. Mais malgré tout, je n’avais pas encore perdu l’esprit. Et entre deux baisers, je calmai son ardeur.

-Tu ne…t’en…sortiras….pas…aussi…facilement…

Ce que je disais était en totale contradiction avec ce que je faisais, j’en avais conscience mais je voulais qu’il sache que mes baisers ne voulaient pas dire que j’oubliais ces deux dernières semaines. Il m’avait blessée.
A contrecœur je quittais ses lèvres non sans y avoir gouté une dernière fois, et reculai d’un pas.

La porte était encore ouverte et je la fermai. Non pas pour le laisser profiter de la situation mais parce que je connaissais mes voisins. J’étais certaine qu’ils avaient l’œil collé à l’œil de bœuf et qu’ils ne perdaient pas une miette de la scène.

-Si je te pardonne Lyam, ça ne veut pas dire que nous allons…enfin…tu vois ce que je veux dire….

Je n’étais pas prêt à le laisser me faire l’amour. Cette fois-ci, je ne me laisserais pas avoir tant que je ne serais pas assurée que ses excuses étaient sincères. Je me devais bien cela. Et puis, même si je voulais mettre Blake en dehors de tout ça, je n’oubliais jamais ma fille. J’avais des responsabilités et pas des moindres.

-Je veux qu’on y aille doucement. J’ai une fille de dix sept ans, tu es encore son professeur et je n’ai pas encore confiance en toi.

Je n’étais pas du genre à faire confiance facilement. Depuis Issei, j’avais cessé d’avoir confiance. J'avais perdu mon innocence quand je m’étais retrouvée à la rue, sans un sou en poche, enceinte de deux mois. A ce moment là, j’avais pris ma vie en main. J’avais pleuré presque chaque nuit, mais j’avais tenu bon.

-La confiance ça se mérite. Et j’ai arrêté de faire confiance aux hommes depuis le père de Blake.

Je préférai ne pas rentrer dans les détails pour le moment. La blessure était encore là. Issei était un salop et j’avais tendance à penser qu’ils étaient tous comme ça. Je voulais croire que Lyam n’était pas comme ça, qu’il était l’exception qui confirme la règle, mais je préférais m’en assurer.

-Je te laisse le choix Lyam. Si tu restes, tu acceptes qu’on prenne notre temps et qu’il se peut que nous ne fassions rien pendant un mois. Sinon…tu peux partir.

Je l’aurais embrassée toute ma vie. Il n’y avait pas de plus merveilleuse sensation que de se sentir aimé par celle que l’on aime ; que de sentir le nectar de ses lèvres couler entre les vôtres. Pour la première fois de ma vie, je n’embrassais pas quelqu’un parce que je voulais l’attirer dans mon lit, je l’embrassais parce que j’avais envie de l’embrasser, sans plus. Et ça faisait toute une différence, il fallait le dire. Je profitais à fond de ses lèvres, sans chercher à la dominer, sans chercher à l’écorcher. Je l’embrassais, voilà tout. Il me semblait que le reste n’avait pas d’importance. Que sa fille rentre à l’instant ? On s’en fout. Que le feu prenne ? On s’en fout. J’avais la femme dont j’étais tombé amoureux dans mes bras, je n’allais pas bouger de là.

Par contre, dès que je sentis qu’elle me repoussait, je la laissai faire. Je me soumettais entièrement à ses désirs, façon calculée de lui montrer qu’elle n’avait rien à craindre de moi, que je ne ferais rien contre ses désirs. Quoi que je les aie plutôt respectés il y a deux semaines également.

Je me retins de répliquer que je m’en étais sorti assez difficilement, au demeurant. Attendez, ça faisait presque vingt minutes que je m’escrimais à lui déclarer mon amour, j’en avais la bouche toute sèche. Ce n’était pas facile de mettre les bons mots sur des sentiments, ça ne se décrivait pas vraiment. Je comprenais très bien ce que je ressentais, mais Emilia ne pouvait pas savoir à quel point mon cœur fondait lorsque je voyais ses yeux prendre de l’ampleur et briller comme mille feux d’artifices au nouvel an. Je ne pouvais pas lui décrire l’effet de son sourire sur mon être. Non, ça, elle devait le comprendre seule. Ressentir la même chose, peut-être.
Au moins avait-elle renoncé à me mettre dehors, songeai-je.

- Emilia ! Je ne suis pas revenu pour ça…

Non, faire l’amour n’était pas dans mes priorités pour l’instant. Ce serait un superbe complément, rien de plus. L’extase totale, mais j’étais très capable de faire d’autres activités. La serrer contre moi en écoutant un film, lui préparer un bon repas, sentir sa douce odeur lorsqu’elle sortirait d’un bain parfumé par mes soins. Je voulais lui faire attention, la chouchouter au possible. Faire l’amour n’était pas obligatoire, loin de là. Bien que fortement apprécié, évidemment.

- Blake ne souffrira pas de notre relation, je te le jure. Et tu apprendras à me faire confiance aussi. Tu as tout ton temps, je n’ai pas l’intention d’aller où que ce soit.

Même si je ne pouvais plus l’embrasser ou la coller, mes mains saisirent les siennes et les serrèrent très fort. Oui, j’étais là pour elle. Peu m’importait que le père de Blake soit le pire des salauds – je l’avais été aussi, mais j’avais bien l’intention de me racheter. Et je voulais qu’Emilia le sache. Je ne la quitterais plus jamais.

- Tant que tu me laisses t’enlacer, Emilia. Que j’ai le droit de t’embrasser et de prendre soin de toi. Tant que tu me laisses être dans ta vie, le reste peut attendre.

Je passai une main derrière son dos et l’attirai doucement à moi, sa tête reposant contre mon torse. Je pouvais sentir son doux parfum et mon cœur se serrait déjà. Elle était si belle, si vulnérable. Au bout d’un moment, je pris conscience d’une chose.

- Blake…elle risque de nous découvrir, non ? Il vaudrait mieux que je parte si tu ne veux pas…

Je voulais rester éternellement comme ça, à sentir sa respiration heurter doucement mon poitrail, à la tenir dans mes bras en silence, dans la plus parfaite harmonie. Oui, je sentais que je ne me laisserais pas de sitôt de l’avoir contre moi, douce et aimante. Pourtant, parce que je ne voulais pas m’attirer de nouveaux ses foudres – parce que je me doutais que si sa fille débarquait et qu’elle nous trouvait, ce serait entièrement de ma faute – je devais rester logique. Si Emilia ne voulait pas que Blake sache que nous avions des relations hors de celles parents/élèves, j’allais respecter son choix. C’est pourquoi je lui demandai si elle voulait que je parte, pas parce que j’en avais envie mais parce que je me disais que j’avais assez gérer de crises pour ce soir. Même si ça c’était bien terminé, pour moi en tout cas, je ne tenais pas particulièrement à recevoir un vase par la tête parce que j’avais brisé les illusions de sa fille ou quoi que ce soit. Mais je n’avais pas envie de reculer, pas envie de la lâcher, aussi quand elle me dit qu’elle m’avait menti, je ne me sentis pas fâché. Ça me rendait heureux, même.

- Tu avais vraiment envie que je parte dis donc…

Mais je souriais contre ses cheveux. J’avais gagné ce soir, malgré toute la bonne volonté d’Emilia, c’était moi qui avais remporté la manche. Et même si elle semblait croire qu’un mois sans lui faire l’amour allait me repousser, pas du tout. J’allais trouver autre chose pour passer le temps, simplement – et je comptais que ce quelque chose allait commencer par Emilia et finir par Earl. Il y avait des dizaines de possibilités de sorties, après c’était elle qui voyait, mais elle verrait que je pouvais tenir mon bout. Elle allait apprendre à me faire confiance, ça je me le promettais. Et puis s’il le fallait, j’allais y passer ma vie.

- Je t’en rachèterai. Et puis, il reste toujours les sushis.

Bon d’accord, ils devaient être un peu malmenés, mais ça pourrait faire l’affaire. Ou alors, on pouvait ne pas manger du tout et se contenter de se dévorer du regard. Le goût de ses lèvres pleines contre les miennes valait bien tous les sushis de ce monde. Je penchai la tête vers elle, cherchant ses yeux adorables dont je ne pouvais pas me passer.

- Ça veut dire…qu’on est en couple ?

On aurait dit une question posée par un enfant de cinq ans. Tu veux sortir avec moi ? Mais je me sentais jeune avec elle, maladroit, totalement inexpérimenté. Ce n’allait peut-être pas être parfait, mais à mes yeux ça en valait la peine. C’était peut-être idiot, mais c’était à nous.

- Si Blake ne vient pas, on peut passer la soirée ensemble, non ?

Je souris presque niaisement lorsqu’elle me confirma que nous étions bel et bien un couple. Oui, je savais, ça faisait enfantin, ça faisait innocent. Ce qu’Emilia ne pouvait pas savoir, c’était que c’était la première fois que j’étais en couple. Une vraie relation suivie, téléphone, sorties, toutes ces choses qui venaient avec le mot ‘’ couple ‘’. Forcément, j’avais de quoi me sentir comme un adolescent, puisque c’était à cet âge qu’on avait nos premiers amoureux normalement. Mais pas moi, moi Adam m’avait brisé le cœur aussi m’étais-je retenu de jamais laisser mon cœur libre à nouveau. Non, Emilia ne pouvait pas comprendre à quel point je me sentais jeune et vulnérable en ce moment.

Pourtant, même si elle avait semblé heureuse en me confirmant que nous étions un couple, tout se corps se raidit lorsque je lui demandai si nous pouvions passer la soirée ensemble. Là, je ne voyais pas ce que j’avais dit de mal. Cela ne pouvait pas être trop tôt, non ? Je n’allais pas l’agresser quand même, je voulais juste que nous écoutions un film bien collés sur le divan, que nous aillons marcher ou que nous ayons une longue discussion. Parce que, mine de rien, nous ne nous connaissions pas beaucoup. Je voulais passer le plus de temps possible avec elle, c’était la seule façon pour qu’elle apprenne à me faire confiance.

Face à ses explications, je cru comprendre. À oublier…moi ? Oui, j’en étais presque certain. D’ailleurs, ça expliquait un peu la tête qu’elle avait faite en m’ouvrant la porte. Si elle s’attendait à une amie prête à faire la fête et qu’elle avait plutôt trouvé l’objet de sa fureur et la raison de sa soirée…Enfin, je n’allais pas lui en vouloir pour si peu, surtout qu’elle venait de me dire qu’elle annulait et qu’elle allait donc passer la soirée avec moi.

Sous mon regard ébahi, elle commença à chercher son téléphone. D’abord sur les tables, ensuite dans des endroits un peu incongrus. Le lavabo, le tiroir, le garde-robe. Quand elle en fut rendu à ouvrir le bac à vaisselle, je mis ma main dans mes poches, prêt à lui proposer le mien s’il fallait vraiment qu’elle appelle. Au même moment, elle le ressortit triomphante du panier à linge. Mes yeux se fermèrent une demi-seconde, pendant que je me demandais comment un tel objet pouvait se retrouver là. Enfin ! J’ignorai délibérément sa remarque sur les sushis, attendant qu’elle passe son fichu coup de fil et que nous soyons enfin seuls, puisque sa fille ne rentrerait pas avant le lendemain.

Mes mains se fermèrent automatiquement sur ses hanches lorsqu’elle revint vers moi – et j’étais très heureux qu’elle le fasse, que ce ne soit pas moi qui sois obligé de l’attirer contre mon torse. Amusé, je baissai les yeux vers elle.

- À vrai dire, je me demandais si tu ne voulais pas un peu d’aide pour le ménage…

Non parce que quand on était rendu à chercher son cellulaire dans le panier à linge, c’était grave. Chez moi, tout était toujours si bien rangé…Enfin, ce n’était qu’un détail après tout.

- Sérieusement, j’ai envie de rester ici et d’être un peu seul avec toi…ça ne te dérange pas j’espère ?

Et tant pis pour son maquillage et ses cheveux déjà coiffés, si elle devait être belle, ce serait seulement pour moi.

Je riais plus d’elle qu’autre chose, lorsque je parlais de faire du ménage. Oui, c’était à l’envers chez elle, c’était un fait. Je ne me voyais pas vivre dans une maison aussi mal rangée, même si, d’accord, ce n’était pas le bordel total. C’était seulement que, chez moi, c’était immaculé. Il n’y avait rien qui trainait, tout était à sa place – donc bon, il allait peut-être falloir qu’on fasse des compromis le jour où on habiterait ensemble, même si ce jour était encore loin.

- Non, tout est parfait ma belle.

Du moment qu’elle ne quittait pas mes bras pour se mettre à plier des vêtements, tout allait être parfait. Je pouvais passer le restant de mes jours dans une porcherie si elle venait avec moi, je n’en avais pas cure. Je ne savais pas si notre histoire durerait, parce qu’il fallait l’avouer, on ne se connaissait pas vraiment. C’était un coup de foudre intense, et peut-être qu’on finirait par se lâcher, mais pour l’instant, j’aurais tout donné pour rester près d’elle. Je ne voulais pas qu’elle parte, j’aimais son souffle qui battait contre mon cou, j’aimais ses mains qui m’harnachaient. J’aimais encore plus qu’elle s’avance vers moi, qu’elle pose ses lèvres contre les miennes sans que je le lui demande.

J’adorais l’embrasser, j’adorais sentir le goût sucré de ses lèvres s’écraser contre ma langue. Même si c’était elle l’investigatrice, c’était moi qui reprenais doucement le contrôle, laissant ma main vagabonder dans ses cheveux chocolat en la gardant contre moi. Je l’aimais tellement, mon cœur battait follement lorsque je la touchais. Je la laissai tout de même partir en souriant tristement.

- Et moi qui croyais que tu te faisais belle pour moi…

Je lâchai un petit rire et me rendit dans la cuisine, commençant à fouiller dans les tiroirs pour trouver des assiettes et des ustensiles. Bon, les sushis étaient en bon état, mais je n’avais ni ustensiles ni plats, puisque tout était dans un petit sac de livraison. Mon seul problème était que je ne connaissais pas l’emplacement des choses dans cette cuisine – et que je ne trouvais aucune logique à son rangement. Je finis par laisser tomber – vive nos doigts – mais j’avais fini par trouver un sac de maïs soufflé à réchauffer au micro-onde que je mis le temps qu’elle finisse de se recoiffer.

- Comme tu veux !

De toute façon, moi, je ne voulais qu’être avec elle, peu importait l’excuse. J’étais déjà assis sur le sofa, le film était dans le dvd et le popcorn dans le plat lorsqu’elle arriva. Je l’attirai contre moi et la laissai se lover. Elle sembla écouter le film, moi j’étais trop occupé à la regarder et à caresser doucement son bras. Vers la fin du film, je m’aperçu qu’elle dormait la tête contre mon torse. Avec un petit sourire, je ramenai la couverture sur nous.

C’était le début de notre histoire d’amour, meilleure que celle de Roméo et Juliette, plus merveilleuse que celle de Trystan et Iseult.