Ces boutiques se ressemblaient toutes au final. Mais il m’était toujours amusement de voir ces femmes passer devant, baver sur ces tissus qu’elles ne pourront jamais s’offrir a moins de ferrer un homme riche, et finalement repartir des rêves de fortune plein la tête. C’était risible, vraiment. Ma fortune n’était pas un rêve, construite a travers les siècles même. Aurais je assez d’une éternité pour tout dépenser ? Cette pensée me fit atrocement sourire, ironique, amusée alors que je foule ce pavé d’un quartier riche. Mes talons aiguilles claquent sur l’asphalte et il n’est pas difficile de remarquer la griffe d’un Gabbana sur mon tailleur. Assurée, je traverse ses rues comme une reine, intérieurement, je bouillonne horriblement. L’échec en gout amer sur ma langue, un feu dévorant lentement mon ventre sous la frustration.
Je te hais.
Mais il ne sera pas celui qui me brisera. Je ne le permettrais pas. En attendant, il va me falloir redoubler de prudence, de précaution mais diable que tout ceci est excitant ! Je frôle mes propres limites, les repoussant toujours un peu plus, défiant ouvertement pour occire dans un rire. La maitrise parfaite ne pouvait m’échapper. Je dictais mes propres règles et je l’obligerais a les suivre jusqu'à son extinction. Arrogante ? Pensez vous, terriblement. Je ne supportais pas cet échec, cette ombre de défaite qu’il étendait sur mon monde. Il me faudrait donc l’éliminer, savourer ce qu’il croit sien et embellir sa protégée.
Ma main passe dans mes cheveux impeccablement coiffés. Aujourd’hui, je suis une femme belle, classe, étalant sans honte son confort. Nul ne pourrait deviner que derrière ce vernis parfait rit un Séraphin agée de plus de 2000 ans. Quelle ironie ! Une seconde, je me prends a me demander ce que fait mon cher ange, Aaron, celui qui bientôt embraserait Londres de ses ailes nouvelles nées. Il ne lui restait dorénavant plus qu’un mois. Que fais tu mon ange ? profites tu de tes derniers instants dans la peau d’un malade fragile ? Aspire tu a embrasser la puissance que je t’ai promis ? J’espère que tu ne me décevra pas mon ange.
Et soudain, quelque chose me heurte. Ou plutôt quelqu’un. Un léger cri retentit et même si j’ai vacillé, je ne recule pas vraiment. Levant une main fine, j’ôte les lunettes de soleil qui orne mon visage et mon regard vert tombe sur les traits épuisés d’une femme.
« Veuillez m’excuser, perdue dans mes pensées, je ne vous ai pas vu. »
Sincères excuses ? Allons bien sur que non ! Mais qu’importe, elles sonneront vraies tandis que mon visage se pare des multiples masques qui gèrent ma vie.