History and story ( Emilia/Blake)

Je remerciai en souriant la jeune bénévole qui était venue me porter un café. L’offre était la bienvenue après toutes ces rencontres avec les parents, qui même si elles étaient en général très agréables, étaient longues et répétitives. J’avais le gosier à sec, même si je gardais toujours une humeur joyeuse. Très peu se plaignaient, parce que les élèves avaient tendance à bien m’aimer. Les mauvaises notes n’étaient pas de mon fait, je n’étais jamais méchant avec mes élèves. Ils avaient souvent plus d’une semaine pour se préparer et seul le manque d’études pouvait expliquer leurs notes parfois basses. Les parents coopéraient.

Je me levai pour déverrouiller ma porte et tombai nez à nez avec la jeune Blake Earl. Mon sourire resta affiché sur mon visage, même si la rencontre promettait d’être longue. La jeune femme était de plus en plus étrange, de plus en plus indisciplinée ces temps-ci. Certes, tous les autres professeurs devaient l’avoir fait remarquer ça, mais je me devais d’en toucher un mot. Elle était brillante, ça faisait toujours de la peine de voir un esprit malin s’enfoncer dans la décrépitude.

- Mademoiselle Earl, bonjour, et j’imagine que vous êtes madame Earl ? Entrez, entrez.

Je serrai la main de sa mère, fermement mais sans la lui broyer et les reconduisit au bureau en ayant bien pris soin de refermer la porte derrière nous pour que nous ne soyons pas importunés.

- Vous allez bien ?

Je n’écoutai pas vraiment la réponse, c’était plus par politesse qu’autre chose. J’observais la mère de mon élève qui me semblait légèrement fatiguée. Blake lui donnait-elle du fil à retordre à la maison aussi ? Ce n’étaient mes de mes oignons, mais je m’inquiétais pour la jeune fille. Je pris une gorgée, me brûlant la langue au passage, et repris un air plus sérieux.

- Je ne vous mentirai pas, je m’inquiète pour votre fille. Tes notes vont en décroissant Blake, je ne comprends pas.

Je ne savais pas pourquoi le prof d'histoire m'avait convoquée avec ma mère, mais ça ne pouvait définitivement pas être bon. On ne m'avait jamais félicitée, car si mes notes pouvaient être excellentes, mon comportement laissait toujours à désirer. Je faisais de mon mieux, réellement, mais je ne pouvais m'empêcher d'être remuante, bruyante, et je déconcentrais sans cesse les autres. Je savais que j'étais excédante, mais c'était simplement incontrôlable. Et si la plupart des profs passaient outre pour cette hyperactivité, certains s'obstinaient à faire pleuvoir les avertissements sur ma tête - heureusement jamais pris au sérieux puisque j'avais une excuse en or, et qui n'était même pas usurpée. Je faisais vraiment des efforts pour être moins turbulente, après tout !

Lyam Austec était très conciliant avec moi. Mais ce n'était pas pour autant qu'il serrerait la main à ma mère en la félicitant pour avoir une fille si merveilleuse et attentive, non, je n'y croyais pas une seconde. D'autant que si, justement, je pouvais me reposer autrefois sur mes notes pour être à peu près immunisée, ce n'était plus le cas maintenant. J'étais en chute libre depuis un certain temps, et à seulement quelques semaines du bac, aucun prof ne me loupait. Je savais que j'étais dans les ennuis jusqu'au cou si je ne l'obtenais pas. Je ne supporterais pas une autre année emprisonnée dans le carcan des cours du lycée, je voulais enfin me consacrer pleinement à mes passions ! J'attendais encore la réponse des Beaux-Arts, mais, prise ou pas, ça ne m'empêcherait pas de retaper une terminale si je ratais mon bac. Et je savais bien que si je devais le passer demain, j'échouerais.

Je lui adressai un pâle sourire à son bonjour enjoué. Il était toujours motivé, les élèves l'aimaient bien, malgré son évidente timidité. On se tenait toujours plus à carreau avec lui, même moi, je parvenais magiquement à arrêter de parler sans cesse - pas de bouger, cependant, mais on ne peut pas tout avoir. C'était le genre de prof qui pouvait se laisser déborder en un clin d’œil, mais qu'on voulait soutenir et qu'on ne cherchait jamais à faire tourner en bourrique. Cependant, je ne parvins pas à le répondre, au contraire de ma mère qui le reprit alors qu'il l'appelait madame. Je me sentis un peu mieux. Nous étions plus ou moins en froid depuis ma première soirée avec Liam, et ça me faisait plaisir de retrouver nos marques. Qu'elle se fasse appeler mademoiselle, c'était notre marque de fabrique, en quelque sorte ; quelle autre mère pouvait donc se permettre cela ? Une étiquette dont nous étions fières, cherchant à éviter de la reconnaître comme étant notre faiblesse.

Mais ça n'allait pas durer. Et je ne pus m'empêcher de grimacer lorsqu'il entra si vite dans le vif du sujet. Voilà, mes notes, j'en étais sûre. Je jetai un regard éperdu au prof quand maman se tourna directement vers moi.

- Je sais que j'ai baissé ces derniers temps... Mais je suis en train de me reprendre ! Je vous promets que je vais remonter, m'sieur. C'est que j'ai eu quelques problèmes ces derniers temps, alors j'avais plus trop la tête au travail...

Des problèmes qui s'étaient largement résolus, et c'était autre chose qui m'empêchait de travailler maintenant, bon. Ceci dit, Liam n'était guère tendre avec moi, et me forçait quand même pas mal au boulot - j'apprenais petit à petit comment le séduire, lui faire plaisir, mais jamais encore je n'avais réussi à lui faire oublier ce foutu bac qui se profilait à l'horizon. C'était dingue comme il pouvait résister quand il l'avait décidé, comment faisait-il ? Moi, j'en étais incapable, dès la seconde où il posait ses mains sur moi. Désespérant.

Sorry, c'est un désastre.

Je souris machinalement lorsqu’elle me reprit. D’accord, mademoiselle. Ça ne changeait pas grand-chose à la situation. Elle n’était pas mariée, et puis ? Ce n’était pas pour parler de problèmes matrimoniaux que je l’avais convoquée. Tout de même, je tâchai de rester serein, un brin exaspéré. Blake n’était pas la première de la journée, plutôt la troisième ou la quatrième, aussi commençai-je à être un peu fatigué des rencontres.

Certes, elle n’était pas le cas le plus lourd. Son hyperactivité dérangeait la plupart des professeurs, mais pas moi. D’accord, elle bougeait sans arrêt, mais sa bouche restait close et elle était capable d’écouter un minimum. C’était tout ce que je demandais. Lorsqu’on comparait au garçon qui riait sans cesse, à une fille qui babillait comme pas possible, c’était un ange. Seulement, à quelques semaines du bac, des résultats si désastreux n’auguraient rien de bon et, même si j’adorais mes élèves, je ne voulais pas les avoir deux ans de suite. C’était normal, pour n’importe lequel enseignant.

- Calmez-vous madame, je vous promets qu’il n’y a rien d’insurmontable.

En soupirant, je replongeai dans la lecture du dossier de mademoiselle Earl. Si elle s’y mettait, elle pourrait vraiment faire quelque chose de bien, avoir une mention. Elle était brillante, acharnée lorsqu’elle le voulait bien, mais le problème était justement qu’elle n’y mettait pas du sien. Je l’écoutai essayer de se racheter, probablement pour ne pas prendre trop cher par sa mère. SI mon principal souci était ses notes, je me demandai quand même comment cela se passait à la maison. Le ton de sa mère laissait clairement supposer que ce n’était pas la première fois qu’il y avait un problème ses derniers temps. L’hyperactivité ? J’en doutais. Il ne fallait pas être aveugle pour voir que la jeune femme et sa meilleure amie, une certaine Alice, n’étaient plus ensemble. Nous n’étions pas des idiots, nous connaissions nos étudiants. De plus, Blake devait avoir de la difficulté partout, pas seulement en histoire.

- Tu sais Blake, tu peux nous parler de tes problèmes. À moi, à miss Phillips, à ta mère, à n’importe qui. Nous sommes là pour t’aider.

Je me tournai vers sa mère, un petit sourire aux lèvres.

- Blake est une bonne élève et je suis fier d’elle. Je ne sais pas ce qu’il se passe et ça m’inquiète, mais il y a de nombreuses solutions pour qu’elle arrive à passer sans problèmes à la fin de l’année. Nous pouvons vous aider, si vous le désirez.

Rien d'insurmontable, ça c'était sûr. N'empêche que le bac était proche et que je n'avais que très, très peu de temps pour me reprendre. Le prof me défendait, il était sympa, mais il était quand même à côté de la plaque. En même temps, je ne pouvais pas lui en vouloir, comment pouvait-il réellement deviner ? Je devais faire un effort pour me souvenir que lui et Liam se tutoyaient, discutaient ensemble tous les jours devant un café, parlaient en soupirant ou en riant de mes amies, d'Alice, de Kieran... de moi. Une barrière insurmontable, un domaine dans lequel je n'avais aucun droit de pénétrer. Les profs connaissaient les problèmes de leurs élèves, les élèves jamais ne connaissaient la vie intime de leurs professeurs... et moi, j'étais au centre de celle de l'un d'entre eux. Non, je ne pouvais parler de ça à personne. Ni à lui, ni à Erin Phillips, aussi compréhensive soit-elle, encore moins à ma mère, étant donné sa propre histoire, elle me tuerait propre et net, avant d'aller s'occuper de Liam.

- Arrête maman, c'est bon... Tu sais très bien que je supporterais pas de redoubler. Je vais m'y remettre et ça ira comme sur des roulettes !

Comme sur des roulettes... J'exagérais très largement. Il fallait vraiment que je m'y remettre dès maintenant si je voulais avoir l'esprit tranquille. Je sursautai lorsqu'elle se tourna vers moi, m'agressant presque. je savais qu'elle était inquiète, juste inquiète... En prenant une grande inspiration, je m'apprêtai alors à faire ce que je détestais le plus faire : mentir. Je ne savais pas mentir, j'étais absolument désastreuse dans ce domaine. Mais il y avait une exception. Le théâtre... Pour jouer un rôle, j'étais capable d'être l'inverse de ce que j'étais. pour jouer un rôle, j'étais capable de tomber amoureuse de quelqu'un que je haïssais en temps normal. C'est un rôle, rien qu'un rôle, Blake. Allez, concentre-toi, ce n'est pas très difficile. Je savais pleurer sur commande... Les larmes me montèrent aux yeux, alors que je choisissais quel numéro jouer.

- Je sais pas... C'est un peu un tout... Je me suis disputée avec Alice, et elle me manque, on travaillait pas mal ensemble... J'ai du mal à m'y remettre sans elle... Mon club de théâtre a joué la pièce de cette année, c'était sympa, mais elle ne m'a même pas vue... Et je n'ai plus ça pour me défouler, du coup... Le lycée va bientôt jouer la sienne et ça m'énerve de penser que je peux même pas y participer parce que Hartwood... pardon, le professeur Hartwood a été injuste avec moi y a deux ans, et que je veux pas reprendre le risque... Et à cause de ça, j'ai du mal à m'accrocher en littérature, et comme vous faites pas mal de cours en rapport, ça influe sur l'histoire, c'est vrai... J'suis désolée, je sais bien que je devrais pas laisser ça influer mais j'ai vraiment un problème avec ce prof !

Ouais, je couche avec lui en cachette. Mais quelle conne.

- Et ça me déconcentre... J'ai jamais rien compris à la philo, et les sciences c'est pas mon truc. Finalement, les seules matières qui me restent c'est les langues, l'histoire et la littérature, sauf qu'en littérature et n histoire, ben, voilà, j'vous ai expliqué... Et j'aimais bien travailler mon français avec Alice, c'était plus facile, forcément... Mais je vais faire des efforts, vraiment ! J'ai déjà commencé... J'ai eu une bonne note à ma dernière dissertation...

Parfois, je m'étonnais moi-même. J'avais sorti ça d'où ? Fallait croire que je me débrouillais pas si mal pour mentir. Sans doute le fait que cela soit vérité pour moitié aidait.

Les mères hystériques m’énervaient. Mon dieu, je ne venais pas de lui annoncer que sa fille était une droguée qui ne venait plus en cours, je lui avais seulement dit que ses notes chutaient. Pas besoin d’alerter tout le quartier. D’ailleurs, je commençais à avoir un mal de tête, ça cognait contre mes tempes alors les voix aigues, non merci. Je faisais un effort parce que je comprenais qu’elle puisse s’inquiéter pour sa fille, mais de là à faire une scène pareille…je soupirai et me retint d’ouvrir le tiroir pour me prendre des acétaminophènes directement.

- Avec un peu de travail elle va très bien s’en sortir, ne vous inquiétez pas.

Et fermez-la deux secondes, j’essaye seulement d’avoir des informations sur ce que ne va pas avec Blake. Je l’écoutai me parler de tous ses mini-drames et j’en vins à mieux la comprendre. Évidemment, tous ces évènements ne l’aidaient pas à reprendre le dessus sur ses études. Je la comprenais très bien, mais mon rôle était de la supporter à travers ces épreuves et de faire en sorte qu’elle s’en sorte le mieux possible. Avec son bac, si possible.

- Tu crois pouvoir te réconcilier avec Alice ? Si c’est le cas fonce, parce que tu n’es pas la seule qui décline, ça l’affecte aussi vraisemblablement. Sinon…Blake, aussi importante qu’elle ait été dans ta vie, si tu ne peux plus être avec elle, il est important de tirer la page. La majorité des amitiés ne dépassent pas le lycée et tu dois savoir que tes études comptent plus qu’une querelle pour un jeune homme ou un vêtement égaré.

Le discours était peut-être méchant, mais il fallait savoir que c’était la pure vérité. Je n’étais plus en contact avec Adam et je m’en sortais tout de même. Il fallait qu’elle fasse le ménage, qu’elle trouve ses priorités.

- D’accord. Oublions tout ça. Le théâtre te manque peut-être, Alice aussi, mais pendant quelques semaines, il faudrait que tu n’y penses plus. Après, tu pourras t’y remettre et ne penser qu’à ça si tu veux. En attendant, si tu veux en parler, n’hésite pas. Les travailleuses sociales de l’école sont très douées et je peux également t’aider. Et puis, j’ai peut-être une solution pour tes notes.

Je lui souris doucement. Elle était gentille et essayait vraiment de s’améliorer, il lui manquait seulement un peu de support. J’étais en mesure de le lui offrir, au moins.

- L’histoire en classe ne te convient visiblement pas. Que dirais-tu de cours particulier ? Seulement avec moi, s’entend. On verrait tout à ton rythme et on pourrait trouver une manière pour que ça t’intéresse. Par exemple, tu aimes le théâtre. Pourquoi pas voir les évènements comme s’ils se passaient sur scène ? Je pourrais également informer d’autres professeurs de tes besoins si jamais tu en voulais avec d’autres.

Il en avait de bonnes, lui ! Me réconcilier avec Alice après ce que nous nous étions dit ? Ce que nous nous étions fait ? Non, je ne pouvais pas me réconcilier avec elle, et j'avais beau essayer de me convaincre que je ne le voulais pas de toute façon, chaque jour mon manque d'elle prenait un peu plus le pas sur ma colère. J'aimais Alice, démesurément, et même tout ce que nous nous étions craché à la figure ne pouvait suffire à détruire le lien qui m'unissait à elle. Me réconcilier avec elle ? No way. Le souci était que, n'en déplaise au professeur Austec qui croyait visiblement que nous ne pouvions pas nous être disputées à cause d'un sujet important, c'était bien, bien plus grave qu'un objet prêté et perdu ou un petit ami piqué à l'autre - encore qu'il était là un peu plus proche de la vérité, et encore tellement loin pourtant.

- Facile à dire, grognai-je.

J'avais conscience de me comporter comme une gamine capricieuse. Enfin, je voulais bien écouter ses conseils, mais s'il n'était même pas fichu de comprendre ce que je ressentais, il ne pouvait pas m'aider ! Je haïssais et j'aimais toujours démesurément, et dans ma vie minuscule, chacune de ses rares composantes prenait des dimensions immenses. Le théâtre, le dessin, la danse, ma mère, Alice... plus récemment Kieran ou Liam. Ils m'étaient tout, absolument tout, je n'avais qu'eux et s'il y en avait un seul qui disparaissait, cela rompait l'équilibre, créait un trou béant dans ma poitrine, qui ne pouvait absolument pas se combler aussi facilement qu'il semblait le croire.

Je hochais machinalement la tête à ses paroles, tout en sachant que je ne pourrais pas en parler. Même pas à ma mère. Je lui avais dit qu'on s'était disputées, mais bien sûr je ne lui en avais pas donné la raison, si bien qu'elle ne pouvait réellement m'aider ou me consoler correctement. Parce qu'elle pensait soit qu je me réconcilierais facilement avec elle, soit que je finirais par passer outre une petite dispute entre amies, rien de plus banal finalement. Mais NON ! Dans ma petite vie bien cadrée, perdre Alice était un drame absolu !

Cependant, mon visage s'éclaira lorsque j'entendis sa proposition. Le voir en dehors des cours me forcerait à mieux travailler et son idée pour réussir à m'accrocher à ses leçons semblait plutôt bonne. J'ouvris la bouche pour répondre mais maman me prit de vitesse, débitant un flot de questions sans même attendre mon avis. Je poussai un petit soupir et posai ma main sur la cuisse pour l'apaiser. Je la gérais autant que l'inverse. Je la soutenais à la maison, j'étais toujours attentive à ses humeurs, j'étais toujours là quand elle craquait et quand elle avait besoin de s'épancher, parce qu'elle n'avait que moi, parce que c'était entièrement ma faute si elle subissait une telle vie, et que c'était la seule manière que j'avais de m'amender. Oui, j'étais insouciante, délurée, certainement encore plus que les autres à cause de mon hyperactivité, mais dès qu'il s'agissait de ma mère et de notre vie à deux si difficile, je devenais instantanément la plus responsable des adolescentes.

Je lui souris lorsqu'elle se tourna vers moi et éprouvai l'envie brutale de me jeter contre elle et de redevenir pour un instant une simple petite fille qui n'avait pas à se soucier de ses examens ou de ses notes, juste un peu, alors qu'elle me caressait la joue. Je lui pris la main et la lui serrai fort. Je l'avais tellement délaissée ces derniers jours, à cause de Liam, à cause de ces problèmes avec Alice dont je ne pouvais lui révéler la vraie teneur. Elle me manquait.

- Oui maman, j'aimerais bien. Je te promets que je vais faire des efforts. Je n'ai pas envie de redoubler.

J'en crèverais, oui ! Une année supplémentaire à suivre des cours dont je me fichais, à craindre pour mon admission aux Beaux-Arts... Une année supplémentaire loin de Liam. Parce que, majeure ou pas, il serait mon professeur, et cela ne changerait rien à notre situation actuelle.

Mon visage rosit légèrement lorsque la mère de Blake me répondit. Il fallait dire que je l’avais légèrement oubliée, m’adressant directement à Blake pour essayer de trouver une solution à ses problèmes. Ce n’était pas très gentil évidemment, si l’on considérait que je l’avais fait venir ici justement pour que nous travaillons tous ensemble ;a améliorer les notes de sa jeune fille. Je me tournai donc de nouveau vers elle, un sourire poli mais néanmoins gêné au visage.

- Vous n’avez pas besoin de payer madame, Blake n’aura qu’à venir pendant une période libre ou à rester après les cours. Je fais ça de bon cœur, je tiens à la réussite de mes étudiants. Blake va très bien s’en sortir, j’en suis convaincu.

De toute façon, les récupérations après les cours étaient courantes, pour les élèves qui manquaient des cours justement, ou qui n’avaient pas fini tel ou tel travail. À la limite, j’aurais pu prendre cela sur le temps des retenues. Bref, l’école pouvait très bien payer mes heures supplémentaires sans que cela ne coûte plus à la famille Earl.

Blake était une jeune femme brillante, je le savais. Si elle était capable de passer outre ses problèmes, elle s’en sortirait très bien, tout aussi bien que n’importe lequel étudiant. C’était évident que si elle passait son temps à penser à son amitié avec la jeune Manet à la place de penser à la prise de la Bastille, elle allait avoir du mal. C’était pour ça que j’étais prêt à l’aider, pour la remettre dans le droit chemin.

- La fac sera heureuse de t’accueillir dès septembre.

Là-dessus, je me levai et serrai la main de madame Earl avant de la raccompagner avec sa fille jusqu’à la sortie. Je leur adressai un sourire ; Blake Earl allait avoir son bac, foi de Lyam Austec !

END