Make me wanna die [PV Aaron]

Non, je ne laisserais pas Aaron terminer comme ça. Je me souvenais avec beaucoup trop de prescience de l'état dans lequel il avait été il y a trop peu de temps. Je ne voulais pas qu'il meure dans un lit d'hôpital. Je voulais qu'il meure en étant ce qu'il avait toujours été, un mec totalement déjanté, fêtard, qui profitait de la vie à fond, la brûlait par les deux bouts et la terminerait en apothéose. Et je finirais comme lui.

Et cette fille m'avait décidé. Ce serait ce soir. Parce que je refusais de prendre le risque d'attendre un mois, une semaine, un jour de plus. Coup de bol, j'avais du fric sur moi. Assez pour deux grosses doses d'héro, et de l'extra s'il vous plaît. Il ne lui faudrait pas grand chose, il sortait à peine de l'hôpital. Quant à moi, je connaissais mes limites. Je savais que cela me suffirait. Fallait juste que je prépare sa dose pour qu'il ne se rende pas compte de la quantité, il n'était pas débile. J'avais même pas conscience de préparer un meurtre avec préméditation. De toute façon, mon meilleur ami allait crever, alors autant que ce soit de sa belle mort et voilà tout. On se retrouverait en enfer et on serait ensemble pour l'éternité. Brûler dans les flammes avec lui, voilà qui me convenait parfaitement.

En vérité, je ne croyais ni à l'enfer, ni au paradis, ni à l'au-delà. Je n'y avais jamais réfléchi. Je pensais juste à une vie après la mort. La forme qu'elle prendrait, je m'en contrefichais, je me l'imaginais comme ça... par défaut, en fait, je supposais. La seule chose qui restait irrémédiable, c'était que nous serions ensemble.

Il était en retard, mais arrivé tout de même à notre rendez-vous. Je lui avais sauté au cou, l'embrassant comme si ma vie en dépendait - et c'était tellement vrai quelque part - et nous étions partis à la fête. J'adorais l'underground londonien, je me sentais tellement vivante là-dessous ! Je le ressentais d'autant plus ce soir, ce qui était franchement ironique.

Il s'agissait d'en profiter pleinement, de ce shoot d'enfer.

- Quand on sera bien à fond dans la fête, j'ai chopé deux doses d'enfer. On va s'éclater.

Mon monde se résumait à peu de chose. En fait, il n'y avait rien d’éternel dans ma vie. C'était une succession d'événement plus ou moins important qui m'entouraient et me guidaient vers la mort. Destin que j'avais choisi en consumant ma vie comme si elle importait peu. Car c'était le cas, quand l'on vous refuse une chose, vous avez tendance à le désirer plus que tout au monde et puis, lorsque la fin est réellement proche, on commence à s'en foutre. J'arrivais dans mes dernières semaines et je n'avais même plus envie de me battre, je voulais juste finir de fumer ce putain de joint que représentait la vie. Je voulais me consumer en entier, prendre feu et mourir dans la splendeur de la jeunesse. Je ne voulais plus penser à la maladie, en fait, je ne voulais plus la combattre. Je voulais l'accepter, l'embrasser, la faire mienne pour de bon. Je voulais bruler sous sa douleur fictive à présent.

J'étais sorti depuis quelques jours et je n'étais plus le même. J'avais arrêter de prendre mes médicaments alors que la dose avait été doublé. À quoi bon me tenir en vie une semaine de plus ? À quoi bon ? Mais bien au delà des médicaments, j'avais repris quelque chose que j'avais arrêter lorsqu'ils étaient arrivé. La drogue. Défoncé de temps à autre, ok, mais complètement à la ramasse, non, plus depuis longtemps. Faisant certes bonne figure devant Sorcha et Kieran, je n'étais plus que l'ombre de moi-même. N'allant plus en cours, je préférais fumer et me piquer dans des squatte peu recommandable. Mais je m'en fichais. Je voulais planer au point de vivre ces derniers instant dans un monde si étrange qu'il en deviendrait magique. Dans un monde où les lumières de la nuit vous transporte, vous fond devenir des maitres d'Asgard ou des Jedis. Un monde où les gens parlent une langue si étrange qu'elle vous fait sourire, un monde où la mort est amusante. Oui, je voulais se monde loin de la pâleur des hôpitaux, loin de la froideur des soins et des chimio. Je finis par oublier de rentrer à la maison, décrochant aux appels de Kieran sans vraiment avoir conscience de ses mots. Mais je m'en fichais sur l'instant, je voulais juste bruler, m'illuminer dans la mort.

J'avais rendez-vous avec Sarah, l'heure ? Je ne pourrais dire tant j'étais déchiré lorsque se souvenir me revint en mémoire. Tout ce que je sais, c'est je me réveillais dans un lit, une heure à peine avant l'heure. À qui était se lit ? Je n'en savais rien, comme je n'avais pas la moindre idée d'ou j'étais. Mais sans doute trop à l'ouest pour réfléchir pleinement, je fouillais une armoire pour prendre des vêtements qui semblaient à ma taille. Prenant une douche, je sortis comme je pus. Ok, j'étais bien loin d'elle, de ce reflet que j'aimais tant. Ce reflet qui me faisait me consumer chaque fois un peu plus. Ce reflet qui me faisait vivre dans la mort. Cette ombre, ce soleil, cette étoile. La déesse de mon existence. Je devais la retrouver, profiter d'elle avant de disparaître à jamais. Profiter de son existence, de son corps, de son âme. L'embrasser et la laisser s'embraser sous mes doigts.

Je courus alors vers East End et ses souterrains, retrouvant Sarah avec pas mal de retard, je fus étonner de la voir me sauter ainsi dans les bras. Mais qu'importe, le principale étant qu'elle soit là, avec moi. Elle m'embrassa comme jamais et je me laissais réellement prendre par son ardeur. Qu'avait-elle en tête ? Avait-elle compris que la fin était proche ? Sans aucun doute, et cela me fit penser que je devais peut-être le faire comprendre pour de bon à mon cousin, ce frère à mes yeux. Il devait le savoir, mais pas autant qu'elle vraisemblablement.

Elle m'annonça alors qu'elle avait trouvé deux doses d'enfer, de quoi s'éclater. Parfait, je ferais de cette soirée l'ultime et demain je retournerais chez mon père. Du moins quand je serais à peu prêts sombre, histoire de faire mes adieux avant de me laisser bouffer par l'under. Quoi de mieux que de mourir grâce à ça ? Grâce à cette tension délicieuse qui me faisait vivre ?

« Pas de temps à prendre alors ? »

Sauf que je ne fis que quelques pas avant de la repousser brutalement contre le mur. Laissant glisser mes mains sur ses hanches alors que je la pressais contre moi.

« J'ai envie de toi Sarah, j'ai besoin de te sentir contre moi, j'ai besoin d'imprimer ton corps contre le mien, j'ai besoin de pouvoir m'en souvenir ou que je sois... »

Une dernière fois pouvoir la savoir à moi, rien qu'à moi. Pouvoir la sentir à jamais contre moi, sa chaleur contre mon corps, son cœur contre le mien. Juste une dernière fois, car je ne la reverrais plus après. J'avais pris trop d'importance et je ne voulais pas l'entrainer avec moi, je ne voulais pas la tuer. Elle méritait la vie, elle qui avait sacrifié sa vie pour me suivre. Elle ne devait pas me suivre dans la mort, elle devait continuer à vivre pour moi.

« Fais moi vivre... »

Je m'en fichais pas mal d'ou nous étions, après tout, nous n'étions pas étouffer par une quelconque pudeur, bien au contraire. Je voulais juste profiter une dernier fois... L'aimer pour mieux lui rendre sa liberté.


HRPG : C'est bon ? Assez de Sarah ?

[Navrée, c'est court, c'est naze, mais au moins c'est là <<]

Pas une seconde à perdre. Agir avant que la maladie ne surgisse en lui de nouveau, agir avant qu'elle n'essaye encore de le vaincre, et surtout avant qu'elle ne gagne. Aaron ne mourrait pas sans forces et l'air d'un enfant incapable dans un lit d'hôpital, j'en avais fait le serment et ce soir j'agirais enfin en ce sens. Il était hors de question qu'il ne fasse que s'approcher une seconde de la description que cette pauvre fille m'avait faite !

- J'ai toujours envie de toi, répondis-je, agréablement surprise de le sentir farouchement pressé de me posséder. T'es la seule personne qui m'fasse connaître le nirvana. T'es le seul qui puisse me faire comprendre que je suis vivante.

Et ce soir, il était plus vivant que jamais contre ma peau brûlante de lui. Sa vie finirait en apothéose, comme il l'avait toujours voulu, et la mienne aussi par la même occasion. Le creux de mes cuisses était déjà brûlant et humide et je me mordis la lèvre alors que mes mains se perdaient au niveau de sa ceinture, cherchant à la déboucler.

- Comme tu me fais vivre, répondis-je d'une voix rauque en mordillant sa nuque.

Et d'une manière aussi magnifique qu'on allait mourir. A savoir, dans le bonheur le plus total. Bon sang, je voulais ce shoot si fort que c'en était presque douloureux, maintenant. mais avant, il fallait qu'il me fasse l'amour. Tout de suite.