Libre - Arihel Beaudelaire [Jade Lavoie]

Arihel était une humaine très timide. Elle n'osait pas parler et détestait par-dessus tout qu'on la remarque. Elle n'était pas bien dans sa peau : trop grosse, trop blonde, trop idiote. On la traitait de tous les noms et elle en avait assez. C'était l'exemple typique de la jeune femme qui aurait pu être appréciée si jamais elle avait réussi elle-même à s'accepter. Ses parents l'ont changée d'école quelques fois, avant d'être obligés d'accepter le fait que le problème, c'était leur fille. En ne se mêlant pas aux autres, elle donnait l'impression d'être méprisante et ses compagnons réagissaient de façon à la faire descendre de son piédestal.

Elle a bien essayé de changer, mais cela ne lui a apporté que l'anorexie. C'en était à un point tel que la démone qui l'a éveillée n'a pas eu besoin de la tuer : c'était presque un suicide de sa part. Arihel espérait que, si elle était plus belle, les gens l'accepteraient plus facilement. Les humains cependant, étant ce qu'ils sont, jalousent ceux qui ne sont pas comme eux. La jolie blonde était trop éblouissante, trop timide pour faire partie d'un groupe ou être identifiée à ses pairs. Elle suppliait ses parents de faire ses études par correspondance, mais ils n'ont jamais voulu, craignant de l'isoler encore plus qu'elle ne l'était.

Elle rencontra une personne qui la comprenait pour la première fois lors de sa dernière année d'études obligatoires. Une femme un peu plus âgée qu'elle, qui faisait office de surveillante à son lycée. Elle venait souvent la voir et lui parlait un peu, n'exigeant jamais rien d'elle cependant. Lorsque Arihel lui faisait sentir qu'elle n'était pas d'humeur, elle partait. Ainsi, la jeune adolescente commença à lui faire confiance.

Le soir de son bal, Arihel voulait rester à la maison, mais ses parents, en un ultime effort de sociabilisation, l'obligèrent à y aller. Amère déception ; nul ne lui vanta sa beauté, nul ne l'invita à danser. Elle finit par s'éloigner, les larmes aux yeux, et fut arrêtée par un groupe d'adolescents ivres sur le chemin. Après l'avoir violée chacun leur tour, ils la laissèrent pour morte. Elle s'attendait à rester là, dans le froid, mais la surveillante arriva et, parce qu'elle lui faisait confiance, elle acquiesça lorsqu'elle lui demanda si elle voulait être sauvée. C'est ainsi qu'elle fut bénie.

Depuis, elle ne cherche qu'à se venger. Elle a retrouvé chaque homme qui l'a violée et a accompli ses sombres desseins. Tous sauf un, Stryder, qui a d'ailleurs un joli garçon. Un très joli garçon.