Cela faisait longtemps ... [Pv Ryu]

J'étais heureux d'avoir retrouvé mon élève. Katsuo m'avait manqué, j'avais toujours eu une tendresse particulière pour lui, même si je la masquais soigneusement. Je n'étais pas quelqu'un d'expansif, je n'avais pas été élevé ainsi. La tendresse, l'amour, tout cela, je ne l'avais pas connu, ou à peine, on y avait veillé. Enfant élevé avec d'autres enfants, destinés à devenir des guerriers à la droiture légendaire, au courage incomparable et à la pureté de cœur presque naïve. J'avais connu là des maîtres qui faisaient des prouesses au combat et d'une sagesse que je ne retrouverais jamais.

J'avais tenté de transmettre ce savoir à Katsuo, sans être préparé à être maître à mon tour un jour. Avais-je été un bon maître ? je n'en savais rien mais Katsuo se battait plus que bien, même s'il allait lui falloir encore quelques années d'entraînement. Mais il récupérerait vite son niveau, ça, j'en étais certain et je n'allais pas le laisser en paix tant qu'il ne frôlerait pas la perfection. Parce que, comme Azraëlle, je n'aimais pas l'échec, même si j'étais moins intransigeant.

- Ah, cela fait 100 ans que je m'ennuie, je n'ai aucun adversaire à ma mesure.

Je penchai la tête, un sourire moqueur au coin des lèvres :

- J'espère bien te rendre ton niveau, voire l'améliorer, que tu me donnes un peu de fil à retordre...

J'avais retrouvé le même homme que j'avais laissé, fidèle à lui-même, droit. Nous échangeâmes alors deux trois piques ayant pour but de nous détendre. Ce qui était un succès à en voir nos derniers échanges. Nous nous étions retrouvé, enfin. Il avoua alors vouloir me rendre mon niveau, voir plus afin que je lui donne enfin un peu de fil à retordre.

Souriant à mon tours, je haussais un sourcil avant de lui dire, moqueur.

— Papy est si pressé d'avoir des rhumatismes ?

Bien évidemment, il allait me falloir pas mal d'années avant d'atteindre ce fameux niveau. Mais j'étais sans doute bien plus près que la moitié des anges de ce monde. Je sentis alors mon portable vibrer et je me souviens alors que j'avais un boulot moi. Me tapant le front pour me sanctionner de mon oublie.

— C'est pas que j'aime pas me prendre des branlés, mais... j'ai un boulot !

Souriant alors j'ajoutais.

— Et puis être chez un Séraphin qui désire techniquement ma mort pour ma désertion ... C'est pas des plus rassurant. J'aimerais ne pas mourir alors que j'ai enfin un objectif, te faire mordre la poussière !

J'étais surtout tout, sauf suicidaire.

Je ris doucement, amusé par ses petites piques qui ne me touchaient pas réellement. Je resterais jeune éternellement, du moins, jusqu'à ce que quelqu'un ne parvienne à me tuer. Je ne connaîtrais jamais les affres de la vieillesse. Un cadeau merveilleux pour la plupart des êtres humains, sauf quand cela vous privait du bonheur de vieillir auprès de la personne aimée... Inévitablement, je songeais à Yue Hue. Je n'en avais touché mot à Katsuo, pas par manque de confiance en lui, mais simplement parce que la perte de celle qu'il avait aimé ne permettait pas encore d'aborder ma propre vie sentimentale. Nous aurions tout loisir d'en parler au cours de nos prochaines entrevues. Parce que maintenant qu'il était revenu, il était hors de question qu'il s'échappa de nouveau. Et comme il ne semblait pas décidé à s'en aller, tout allait parfaitement.

Il allait juste me falloir concilier Yue Hue, l'entraînement d'Aaron, les joutes avec Katsuo et cela sans trop attirer l'attention d'Azraëlle. Un exercice de haute voltige, de jonglage même qui risquait d'être difficile et même dangereux pour moi, mais je n'étais pas idiot, ni naïf. J'arrivais toujours à m'en sortir.

Katsuo se frappa le front avec la main, avant de me dire qu'il avait un boulot.

- Tu parles d'un boulot...

Je lui lançai un sourire moqueur, avant qu'il ne reprenne la parole. Certes, nous étions sur le territoire d'Azraëlle, mieux valait ne pas trop pousser notre chance qu'elle ne nous soit pas encore tombée dessus. Quoique, elle devait travailler à cette heure-ci. Mais je ne doutais pas qu'elle finirait par savoir que j'étais venu ici, et pas avec Aaron.

- Azraëlle ne te fera rien.

C'était dit avec une calme assurance. Que j'étais loin de ressentir. Pour qu'elle ne sanctionne pas Katsuo, j'allais devoir intervenir et déployer des trésors de diplomatie. Ou lui donner une contrepartie. Chaque chose en son temps.

- Tu es malin... tu n'es pas prêt de mourir avec un tel objectif.

Sous entendu, tu ne me battras jamais et donc ne pourras jamais mourir. Nous nous saluâmes et je laissais Katsuo partir, rangeant les armes avec application, perdu dans mes pensées, flânant dans le gymnase, avant de finalement, le quitter à mon tour pour reprendre mon quotidien.