Nathanaël E. Jones [Finite]

Je suis le genre de mec pas très impressionnant. Assez fin les gens ont du mal à me croire musclé. Pourtant je le suis. Ô bien sur ce n'est guère extraordinaire. Je vous direz même que c'est normal, mais sur moi, la présence d'abdominaux semble en choquer plus d'un. Je suis blond, limite roux, blond venissien comme dirait mon coiffeur. Enfin pour moi c'est blond-roux. Le truc chiant avec cette couleurs c'est les quelques taches de rousseur qui couvre mon visage et surtout qui fait de moi quelqu'un de sensible au soleil. Oui, je ne bronze pas, je crame. C'est la classe. Ca donne du charme ou surtout l'air con en été. En fait tous est claire chez moi. De mes cheveux à ma peau en passant par mes yeux d'un bleu-gris assez pâle. Un cadeau de mon pays natale en quelques sorte. Je suis pas non plus super grand. Un mètre quatre-vingt pour un mec c'est pas vraiment la joie, enfin, sa colle avec mes soixante-dix kilos. Enfin quand je les fais.

Mais bon, mon objectif n'ayant jamais été de faire peur, je ne m'en suis jamais plaints. Et puis j'étais plutôt le mec qui rit tous le temps, souriant à des inconnus et allant vers les autres. Mais c'était avant l'accident. Aujourd'hui, je suis devenu sérieux. Un visage fermé et souvent froid. C'est pas vraiment voulu, j'aimerais même vivre comme avant, mais c'est impossible. Alors j'adopte un style passe partout. N'étant pas assez sur de moi et assez beau pour me la jouer beau gosse, je me contente souvent d'un jean, converse. Ce n'est pas que je n'ai pas confiance en moi, mais je n'ai plus le temps de m'occuper de moi, alors j'improvise bien souvent sans vraiment faire attention. C'est ainsi.

J'ai toujours été très dynamique, très actif. Toujours du mal à rester en place. Mais avec le temps, cette énergie positive est devenu négative. J'ai perdu mes parents avant d'être un adulte et c'est surement pour cela que j'ai des réactions à la con aujourd'hui. Très protecteur, mais surtout râleur et distant. J'ai appris à ne plus avoir de vie. J'ai aussi appris à ne plus rêver. J'étais condamné à faire le gentil garçon pour une femme mure. Car oui, j'ai deux enfants à charge et seul, c'était impossible.

Je hais ce monde et les coïncidence qui y naissent. J'aurais aimé être comme tout le monde. J'aurais aimé être jeune et con. À la place je suis jeune et foutu. Aucune perspective d'avenir. Aucun rêve concret. Certain se dirait heureux d'être ainsi soigné, mais moi non… J'ai l'impression de ne plus avoir cette liberté dont j'étais si dépendant. Comme-ci j'avais perdu toute fraicheur, toute vitalité.

J'avoue sans mentir que j'aimerais pouvoir sourire, être joyeux et innocent comme avant. Arrêter de faire la gueule et de craindre pour chacun de mes mouvements. Mais non. À la place je suis devenu un pseudo adulte qui ne s'assume pas et qui aimerait revenir en arrière. Un gamin qui aimerait se poser devant une console un coca à la mains… Des rêves, encore des rêves… Bien la chose que je n'aurais cessé de faire.

Oui j'ai un passé, une enfance, mais ils n'ont plus une grande importance à présent. Ma vie a bien changé depuis ma naissance en Irlande. Depuis cette époque ou courir dans les hautes herbes était possible. Non, j'avais plongé dans le monde adulte dès mes 16 ans. Quand mes parents sont mort en fait. Quand durant ma premières années de lycée j'ai du apprendre à gérer ma petite soeur. Quand j'ai emménagé chez la grande. Quand j'ai découvert que les parents ce n'était pas si chiant, mais que c'était bel et bien un élément important à mon développement. Ouais, sans mon père pour me pousser au cul, sans ma mère pour me rassurer, j'étais qu'un ado sans force perdu dans un monde qu'il ne connaissait pas.

Ma soeur divorça lorsque j'avais dix-huit ans. Nous conduisant tous droit à Londres où j'eus vraiment du mal à m'adapter. Grand, pollué. Les gens étaient préssés et ne faisaient guère attention aux autres. Bref, l'enfer. Surtout que nous logions un petit appartement pas bien grand. Une cohabitation souvent difficile qui me fit abandonner le lycée pour tomber dans l'under. Je n'avais pas vraiment pu me rebeller. Mes parents étaient morts avant, alors, je profitais de ma majorité pour faire le con.

Sauf que voilà, un nouveau retour brutale à la réalité arriva six mois plus tard. Lors de l'accouchement de ma soeur. Un accouchement qui se passa très mal pour ma grande soeur, si bien qu'elle tomba dans le coma pour ne plus jamais se réveiller. J'avais dix-huit ans. Elle m'avait déclaré comme étant responsable en cas de problème. J'avais dix-huit ans merde. Je ne pouvais pas m'occuper d'un nouveau né et d'une enfant de 9 ans ! C'était impossible ! Pourtant je fus obligé. Devant faire des pieds et des mains pour ne pas perdre leurs gardes. Je gardais l'espoir stupide que ma soeur se réveil un jour. Qu'elle reprenne les gosses et que je puisse être tranquille. Mais rien arriva.

J'emménageais chez une femme riche un peu trop cougar à mon gout. Une cinquantaine d'année, médecin, riche et persuadé que j'étais celui qu'il lui fallait. La loose. J'avais le choix entre la sécurité financière, mais de devoir être l'esclave d'une vieille, ou rien et les services sociaux.

Je choisis le sacrifice. Je n'avais rien promis à ma grande soeur, mais à ma petite si. De ne jamais l'abandonner. Alors nous en ménageâmes à l'étage. Deux milles livres pour coucher avec elle dès qu'elle en avait envie et à n'importe quelle heure de la journée. Deux milles livres pour payer ma scolarité, celle de ma soeur et celle d'un bébé qui m'appelait papa... Assez pour survivre, mais pas assez pour économiser et se tirer Du coup, lorsque j'eus mon bac, je pris un emploi en cachette. Mentant sur mon planning de cours à la fac pour travailler dans une librairie. Peu payé, mais je n'avais aucun frais et donc, je pouvais aisément mettre de côté.

Et me voilà arrivé à mes 21 ans. Je suis un juif orphelin, j'ai une soeur de 28 ans dans le coma, une autre de 12 à charge, une enfant de 3 ans qui me prend pour son père. Une réussite sociale parfaite, étant donné que j'étudie à la fac de droit avec comme espoir de devenir avocat. Je travail dans un grand magasin de livre et surtout, je suis la pute officielle d'une chirurgienne d'un demi-siècle. Je ne sais pas pour vous, mais personnellement je suis heureux ... Ouais, qui aurait pu rêver mieux ? Une vie de famille avec des parents ? Une chambres d'étudiant avec un colloc taré ? Des problèmes financiers, mais toujours une bonne ambiance ? C'est rien lorsqu'on peut pété le colle du fémur à une vieille juste pour la faire jouir et chopper deux milles livres pour des gosses qui ne sont pas à vous...

Ouais, je suis dans la merde totale. Je hais ma vie. Je hais cette femme qui à fait de moi son jouet. Je hais mes parents d'être mort, je hais ma soeur d'être dans le coma. Ce que je voudrais dans le fond, c'est être un étudiant dans la merde, mais un étudiant heureux de vivre. Vive les utopies...