La nuit, tout est permis ! [PV Aaron]

Au bout d'un certain temps sans sortir le soir, je devenais explosive avec la terrible impression d'être en prison. Pourtant rien à voir, parce que si je ne sortais pas, ce n'était pas parce que j'étais punie ou quoi, juste que je n'en avais pas forcément l'occasion. Puis ça m'arrivait de rester raisonnable aussi, c'est pas parce que j'étais une pile électrique que je sortais faire la bringue tous les soirs. Parfois, j'avais envie de rester toute seule dans ma chambre, simplement pour travailler ou pour danser. Mais là, ça commençait à faire trop, quoi. Je me sentais sur les nerfs sans raison aucune, et quand ça recommençait à venir, c'était mauvais signe, fallait que je me dépense. Ce soir, j'avais envie de me dépenser en faisant la bringue ! Manque de bol, j'étais au courant de rien, personne parmi mes amies n'avait décidé de sortir ce soir. Joie et bonheur ! Je n'aimais pas aller en bar ou autre chose du même style toute seule. Faudrait que je voie pour aller en boîte - mais jamais je ne pourrais rentrer toute seule, Alice avait le don de me vieillir spectaculairement en me maquillant d'une certaine façon, mais moi, je n'y parvenais pas. Et c'était pas ma carte d'identité qui me permettrait d'y aller étant donné que... bah de fait, les gars avaient raison de se méfier, ni Alice ni moi n'étions majeures.

Et puis le flash ! Blake Earl, il y a vraiment des moments où tu es absolument géniale ! On était jeudi soir ! J'allais m'incruster sur le campus voisin de mon lycée. Y avait forcément une fête - vive les traditions étudiantes à la con. Enfin, ce soir, ça tombait bien ! Je me hâtai de me préparer - enfin en gros je pris une jolie robe et me passai un coup de brosse dans les cheveux et un peu de crayon sur les yeux. J'étais pas compliquée. Et je sortis en hurlant à ma mère dont j'ignorais où elle était dans la maison :

- Bye bye, j'dîne pas ici, je sais pas quand je rentre !

Une vraie tornade - elle avait l'habitude, elle ne s'inquiéterait pas, je ne m'en faisais pas. Direction le campus ! Je trouvai rapidement la salle où la fête avait lieu et me glissai près de la porte. Faut croire que j'ai eu de la chance, parce que c'est pile à ce moment-là que j'ai entendu un mec en rabrouer un autre. Ahaha... Ainsi, interdiction d'entrer si l'on n'était pas de la fac ? Je m'en foutais, j'avais plus d'un tour dans mon sac. L'hyperactivité vous fait beaucoup bouger, et mine de rien, au bout de dix-sept années à toujours gigoter, ça muscle et ça assouplit ! Je fis rapidement le tour de la salle et trouvai enfin ce que je cherchai : une fenêtre entrouverte.

Je l'atteignis sans trop de difficultés - ni même de dégâts, un miracle - en me servant du grillage qu'il y avait derrière, et constatai que j'allais banalement atterrir dans les toilettes. Comme dans les films ! Hum, me semblait que c'étaient celles des mecs, mais bon, on s'en foutait, j'allais pas rester hyper longtemps non plus. Je dégringolai de mon perchoir, heurtai durement le carrelage, me relevai sans plus de cérémonie et sortis en trombe de la petite pièce.

Et me voilà !

Ben, une fête rien de plus banale, quoi, des joints, de la musique, de l'alcool - j'aimais pas ça, ça me rendait encore plus surexcitée que je ne l'étais déjà, par contre je n'étais pas contre une clope, légale ou pas. J'en piquai une qu'un mec venait de poser dans un cendrier pour boire une gorgée, chance, à peine entamée, et après en avoir tiré une longue bouffée, je me mis à danser toute seule sur la piste comme un diable. J'étais dans ma bulle, je me défoulais, je connaissais personne ici et j'en avais pas grand-chose à faire. De toute façon, parmi tous leurs groupes d'amis, j'étais invisible. J'étais bien.