Cette fiche possède peut-être — sûrement — son lot d'incohérences historiques. Ce n'est pas spécialement volontaire, mais je ne recherche pas l'exactitude de ce côté là.
Nom complet : Luka Igniatev
Âge : 32 ans.
Sexe : Homme.
Nationalité : Russe.
Emploi : Trader à la City.
Description mentale : Luka est un connard, un égocentrique, un égoïste, un être profondément violent et mauvais, tout à fait au courant du caractère insupportable de son attitude. Il se sait odieux, mais par dessus tout, il se sait génial. Il a conscience que tout ce qu'il touche finit par devenir de l'or (tout du moins, quand la chose en question n'est pas vivante).
Quand il était jeune, Luka avait toutes les cartes en main pour devenir un sale con ; malheureusement, le massacre dont il fut témoin transforma ce potentiel, le démultiplia et il devint, aux fils des ans, un personnage aussi détestable qu'instable. Aussi dangereux pour lui que pour les autres, si ce n'est plus, il ne reculera jamais devant rien, dusse-t-il en mourir. Mourir. Il ne craint pas la mort, il lui court après, sans jamais s'en cacher. Il n'a jamais voulu se suicider, peut-être est-ce là son unique lâcheté, mais il s'est mis plus d'une fois dans des situations impossibles desquelles il a toujours réussi à réchapper. À chaque fois, il devenait pire encore.
Il sait séduire les femmes pour mieux les mépriser, il sait mettre en confiance les hommes pour mieux les descendre. Pas une personne vivante n'a su gagner son respect. Il est un être profondément solitaire, mais il aime se mélanger aux autres. Juste parce qu'il sait que sa présence les fascine autant qu'elle les dégoûte.
Description physique : Luka a toujours eu la vie facile. En tout cas, il n'a jamais manqué d'argent et encore moins depuis qu'il en gagne. Alors, niveau vêtement, il a ce qu'il faut. En plus d'être fichtrement intelligent, il est aussi plutôt beau. C'est en tout cas ce que se disent toutes ses conquêtes. Avant et après qu'il les eut traité comme de la merde, notez bien.
Il possède des cheveux noirs qui mettent en valeur ses yeux gris. Souvent, il aborde une barbe mal rasée. Son seul échec aura été de ne jamais atteindre le mètre quatre-vingt, mais il s'en ai suffisamment approché pour que cela ne soit guère important (et en réalité, qui se soucie de ce genre de détails ?). Surtout que l'homme en question pèse soixante cinq kilos de muscle sans la moindre once de graisse, hum ?
En réalité, celui qui regarde bien dans les yeux de Luka se rend compte que quelque chose cloche. Et même s'il est devenu maître dans l'art de paraître normal, certains tics ne trompent pas. Bien entendu, la plupart des gens ne veulent tout simplement pas savoir, alors ils ferment les yeux. Ils voient ce que Luka veut bien leur montrer. C'est à dire très rapidement le connard fini, mais pas avant de s'être amusé un peu.
Histoire : Luka avait tout pour réussir. Tout. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il a réussi. Aujourd'hui, il gagne des centaines de milliers d'euros par mois, parfois par jour, il possède plus qu'il ne pourra jamais utiliser. Mais est-il heureux ? C'est là un autre problème.
Russe, Luka naquit pourtant en Roumanie. Sa famille, bien positionnée dans l'appareil soviétique qu'était le Parti Communiste, avait réussi à obtenir une place de choix dans ce « pays satellite », comme on appelait les nombreuses nations qui avaient dû courber l'échine face à l'URSS après la Seconde Guerre Mondiale. Contrairement à bien des roumains, qui vécurent difficilement cette triste période, le jeune Igniatev put jouir d'une condition plus que confortable. Tout était facile, quand on vivait dans un pays communiste mais qu'on avait pas à partager. Trop jeune pour s'interroger sur les inégalités qui pouvaient exister entre les enfants de la rue et lui, il se contentait de grandir en écoutant les histoires de son père.
Et puis, un jour, tout bascula. Un jour, le Mur s'effondra et, en Roumanie, ce fut le brasier. Luka, du jour au lendemain, vit sa liberté de mouvement drastiquement diminuer. Lui voulait voir ce peuple qui se rebellait, admirer les chars de Kremlin leur rouler dessus, à cette racaille pro-occidentale. Alors il se faufilait parfois, en cachette, il observait, sans se douter du danger. Il était un gamin de douze ans à qui ignorait tout du danger et qui, paradoxalement, était habitué aux concepts de morts et de tragédies. Tant que ça concernait les autres. La révolution roumaine ne fut, en réalité, qu'une vaste supercherie. Chaque camp était « le bon camp » et si l'on se tapait dessus, ce n'était que parce qu'on pensait l'adversaire communiste.
Malheureusement, le jeune Luka eut son rôle à jouer dans la déchéance. Alors que son père et plusieurs dignitaires soviétiques s'étaient réunis dans la maisonnée familiale, un jeune soldat se présenta et affirma à l'héritier Igniatev qu'il était porteur d'un message de la plus haute importance. Il affirma que les gens présents étaient sans doute en danger, la majorité des gardes entourant la place étant des fidèles des États-Unis. Naïf, prompte à dénigrer l'ennemi et sa prétendue fourberie, Luka le crut et lui permit d'entrer au nez et à la barbe des forces de sécurité présente.
Ce que vit Luka, ce soir là, il chercha toute sa vie à l'oublier.
Après les événements tragiques qui précipitèrent le régime communiste russe à la ruine, Luka Igniatev, devenu orphelin comme tant d'autres, retourna dans cette URSS qu'il n'avait, en réalité, jamais connu. Il fut placé sous la tutelle d'un oncle quelconque qui profita de la fin du régime, deux ans plus tard, pour s'enrichir avec le pétrole.
Hanté par les images improbables qui s'étaient incrustées dans son inconscient, Luka ne parvint jamais à s'adapter à sa nouvelle vie. Pourtant, à mesure qu'il sombrait, jamais sa réussite ne fut remise en cause. C'était sans doute le pire : alors qu'il luttait contre des souvenirs traumatisants, on l'encensait, on lui pardonnait tous ses excès, on l'encourageait même à continuer, d'une certaine façon. Jusqu'à ce qu'il touchât à trop dangereux pour lui et que son oncle, voulant le mettre en sécurité, l'envoya en France pour terminer ses études. Il ne fallut que six mois à Luka pour retrouver ses mauvaises habitudes, le temps de s'adapter et de maîtriser les rudiments de la langue.
Quand il eut vingt ans, il décida de rejoindre Londres plutôt que Moscou. Embauché à la City, il fit rapidement ses preuves tout en s'adaptant aux mœurs parfois débridés de ce milieu si particulier. Le pire était qu'il faisait tout pour se ruiner l'existence. Il était un jeune homme provocateur, insolant et instable ; mais il était aussi doué, très doué et on le tolérait. C'était un mal pour un bien, un agacement pour un profit.
Plus d'une fois, il se mit en danger, tant professionnellement que physiquement. L'alcool devint un démon qu'il connaissait bien et la drogue une compagne dont il ne pouvait guère plus se passer. Et puis un jour, alors qu'il fêtait ses vingt-cinq ans, il s'amusa avec un SDF ; il le brutalisa, comme un enfant brutalise un garçon plus jeune. Et, dans un hurlement de rire, il le poussa dans la Tamise. Rien d'autre. Juste un effort un peu plus violent que les autres, et les gémissements du pauvre hères se turent à jamais. Alors, le temps s'arrêta et, pendant près d'une heure, il regarda l'eau sombre qui avait englouti une vie. Et le trader de se demander s'il ne devait pas suivre sa victime. Il n'en fit rien, pourtant. Il était libre, libéré, ses dernières chaînes venaient de céder. De complice malheureux d'une boucherie surnaturelle, il devenait bourreau pleinement responsable.
Il était libre.
Le hasard voulu qu'il ne fut jamais inquiété pour cet homicide. Mais loin de changer, Luka devint de pire en pire. Il était libre, libre d'exister et de pourrir les existences de ses congénères, libre de mépriser les autres jusqu'à ce qu'un autre le méprisât plus encore. Alors, il mourait sans doute. Ou pas. Ce n'était guère important.
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Jeu 11 Oct - 18:52
