Addictions [PV Gabriel]

Putain de merde !

J'étais pas morte !

J'étais pas morte alors que je m'étais pris sans doute le double de la dose nécessaire pour claquer ! J'étais tombée dans les pommes, bien sûr. Longtemps, super longtemps, j'avais été dans les vapes, le noir total, combien de temps j'en savais rien mais j'avais fait le tour du cadran, ça c'était sûr et certain. Et j'avais ouvert les yeux, comme une fleur, et je m'étais relevée et j'avais marché.

Et j'étais EN PLEINE FORME ! C'était quoi cette mauvaise blague ? Au début, j'm'étais dit que j'étais peut-être un fantôme. Mais les gens me voyaient et je ne passais au travers de rien. J'avais été obligée d'en conclure que j'étais bien vivante. ma peau était tiède et souple, mon cœur battait dans ma poitrine... et il semblait qu'au lieu de me tuer, ce méga-shoot m'avait remise à neuf. Pouf. Plus rien, plus de dépendance, plus de migraines du lendemain, plus rien.

Le soir, j'avais repris un shoot. Pas grand-chose. Je me disais que puisque mon corps était remis à neuf, il devait avoir perdu l'habitude de supporter tout et n'importe quoi. Ça ne m'avait rien fait; Alors j'en avais repris de plus gros. Et encore des plus gros. Des putains de doses que même le plus expérimenté des fixers n'aurait pas supporté. Ça me suffisait tout juste pour me défoncer.

Je ne comprenais pas ce qui m'arrivait, et à vrai dire je m'en foutais. Aaron avait disparu, lui. Pourquoi moi je n'arrivais pas à mourir ? C'était totalement injuste. Je ne comptais plus les jours, ma vie n'était plus qu'une longue soirée interminable où je cherchais désespérément à atteindre l'overdose. Au pire, je pouvais tomber dans les pommes, mais ça ne durait jamais très longtemps. Je consommais des quantités hallucinantes et en prime, je commençais à être dans la merde parce que je devais de l'argent. Beaucoup d'argent.

Quand ils m'ont acculée dans la rue, j'me suis laissée poignarder. A côté du ventre. Je me suis dit qu'au moins, ça, ce serait une méthode efficace. Ils m'ont laissée là, gisant dans mon sang. Ma tête tournait, tournait, tournait...

Quelques heures après, je me réveillai et la netteté de ma vue s'améliora. Allons bon, qu'est-ce qui se passait encore ? Je soulevai mon T-shirt déchiré et taché de sang. La blessure était ouverte, profonde, dégueulasse, et pourtant l'hémorragie était arrêtée. Je n'avais pas encore la force de bouger, mais...

- Bordel, je suis quand même pas en train de guérir d'un coup de couteau dans le ventre, marmonnai-je la voix pâteuse.

« Et pourtant si... »

Soufflais-je alors que je sortais de l'ombre. L'observant comme un prédateur méprise sa proie, elle qui avait déjà cédé, elle qui était déjà devenu ce que j'avais attendu elle, elle qui n'était plus qu'un élément à détruire à présent... À moins qu'elle ne se sauve elle-même... Mais ça j'en doutais. Un déchet ne restait-il pas un déchet ? Ou dans les rares cas, comme le mien, ne devenait-il pas la définition même de l'éternel ? Toutefois, je la voyais mal devenir ce qu'un ange était appelé à être. Mais dans une démarche de respect de la vie que je lui avais donné, j'avais fait le déplacement.

Elle qui avait été béni pour atteindre Azraëlle, elle que j'avais crée dans le but de détruire la perfection utopique de son petit béni mâle. Une faiblesse ancré dans son sang qui l'aurait sans aucun doute acculée si je n'avais pas eu de nouvelle préoccupation en tête. L'école, le nettoyage que j'avais du y faire, une reprise en mains de ma popularité si puis-je dire. Et puis il y avait eu Naya, ma belle Naya, cette beauté rare qui m'avait enivré et rappelé combien il était jouissif de crée du beau, du rare. Finalement, le sort de cette trainé était bien la dernière chose qui me séparait encore de la réussite de ma mission. Et c'était sans grand espoir que j'avais fait le chemin jusqu'à sa vieille carcasse.

Il n'était pas dure de la trouver, suivre l'odeur acre de la drogue et du sang et l'on tombait forcement sur un squatte ou cette chère demoiselle était passé. Détruite, elle n'avait fait qu'essayer de se tuer et pourtant la mort se refusait à elle. Qu'elle n'ait crainte, je lui arracherais le cœur très bientôt et elle pourra pleurer définitivement la perte de son dépravé d'amour.

M'avançant vers elle, j'étais vêtu d'une façon qui tranché définitivement avec le décor. Trop classe, trop soigné, voir un peu plus adulte. Je ne me présentais pas comme le jeune de 19 ans que j'étais à ses yeux lorsque je la bénis. Non, c'était le directeur de la Lux, la main de dieu qui lui faisait fasse. Avoisinant les 30 ans, j'étais sur de moi lorsque je m'arrêtais face à elle, un sourire étrange sur le visage.

« Tu te demandes bien comment ta carcasse agonisante peut encore supporter ton âme damné ? »

M'accroupissant, mon regard se peint de mépris lorsqu'il tomba sur son corps marqué par la mort.

« Jouons un peu … Qui suis-je ? »

Son esprit avait-il encore le moindre intérêt ? Ou devais-je la tuer tout de suite ?

« Étonne moi ma petite Sarah... »

Soufflais-je d'une voix à la fois tendre et terriblement sarcastique.