3 sur 20...Privé de sortie ! | Raphaël

Un soupir brulant m'échappa lorsqu'il se glissa au creux de mon ventre. Que mes reins se cambraient pour mieux l'accueillir. Que j'oubliais que c'était une erreur qui pourrait nous couter cher, que ces pensées parasites qui gangrénait mes songes disparaissaient sous l'intense plaisir qui me traversait. Ma peau frissonnait avec violence tandis que je me consumais avec avidité. 

La chair torturée par une faim que je n'avais encore jamais ressentit, que je ne ressentirais plus jamais. Evidence qui m'aurait fait fuir si cela n'avait pas été lui. Une évidence que j'aurais sans doute chercher a détruire si ce n'avait pas été lui. Mais parce que c'était lui, je me dépouillais des fards soigneusement entretenus. Des jeux qui pouvaient être les miens lorsque je m'envoyais en l'air, des masques qui donnaient l'illusion d'un controle, d'une perdition...Parce que c'était lui, je faisais l'amour tout simplement. Ignorante de comment on avait pu en arriver là, consciente de ce que cela implique, éperdue de plaisir. Impatiente, brulante, assoifée de lui, j'ondulais, dansant avec lui, pour lui. Je m'abreuvais a sa fougue, comme a sa tendresse, avide de tout avoir de lui juste une unique fois et lui donner tout de moi...Et finalement la jouissance fondie sur nous soudainement, balayant le plus petit grain de conscience subsistant en moi. Le sentir se perdre en moi décupla si possible l'extase qu'il me donnait et je crois que j'aurais aimé mourir maintenant...Juste dans cet instant parfait qui demeurera un souvenir précieux.

Noyée dans les brumes d'un plaisir sans nom, la peau luisante d'une fine pellicule de diamant, le coeur battant si fort que le monde entier devait l'entendre, je poussais un soupir de pur bonheur tandis qu'il posait son front sur le mien. Je savais qu'il me suffisait d'ouvrir les yeux pour plonger directement dans les puits sombres des siens. Mais le faire serait briser l'instant, serait sonner la fin et...Dieu m'en garde, je n'en avais pas envie. Accrochée a ses épaules, je gardais le silence. Peut être parce qu'il n'y avait rien a dire, peut être parce qu'il n'y avait pas de mot. Peut être pour le garder encore un peu près de moi avant qu'il ne m'échappe de nouveau et que je sois obligée d'oublier l'amant...

Instant de grâce, perdu dans une seconde envolée.

Nous avions commis l'irréparable, il n'y avait plus de retour en arrière envisageable... Et pourtant, comment regretter ce qu'il s'était passé ? De nombreuses femmes étaient passées entre mes bras... Toutes plus belles les unes que les autres, certaines par désir, d'autres pour satisfaire quelques plans. Mais aucune n'avait eu l'importance qu'avait Holly pour moi. Était-ce pour cela que cette union ressemblait tant à la fusion de deux âmes ? Je savais déjà l'aimer, mais un amour platonique n'était pas l'amour charnel et nous avions franchi le pas allègrement, nous perdant l'un pour l'autre... Nous avions tombé les masques. Je n'étais plus Raphaël, l'archange, le Maître des vertus, le menteur si doué, elle n'était plus la manipulatrice blonde intelligente, digne disciple de celui qui l'avait choisie.

Je n'étais plus que Labbiel, le chaldéen d'autrefois, l'homme avant de devenir le séraphin. Elle n'était plus que Holly, la noble passionnée qui s'était retrouvée au couvent pour avoir fauté, pour s'être trompée. Nous étions un homme et une femme... Dépouillés de nos puissances.

Je restais au dessus d'elle, reprenant ma respiration, reprenant le contrôle des battements anarchiques de mon cœur. Déjà, l'instant magique s'évaporait, déjà je cuirassais mon cœur. Nous mettrions cela sur la peur de la perdre, sur sa faiblesse... Ce serait mentir, mais nous étions doués pour cela n'est-ce pas ? Combien de temps à simplement se taire, à simplement rester unis ? Je n'en savais rien, mais cela ne pouvait durer éternellement. Doucement, je me décollais d'elle, ouvrant les yeux pour la regarder, pour contempler sa beauté, cette splendeur abandonnée et mienne l'espace de quelques minutes.

Ma main effleura une de ses blessures. C'était folie que d'avoir fait cela dans son état... Et pourtant, elle semblait plus sereine que jamais. J'embrassais cette blessure, le sang ne coulait plus, mais les chairs étaient encore légèrement ouvertes.

« Normalement, c'est le repos que l'on préconise dans ton état... Même si certaines hormones sont d'excellents antalgiques. »

Je me relevais totalement, jusqu'à m'asseoir au bord du lit, passant une main dans mes boucles brunes, humides de cette folle étreinte. Finalement, je la regardais, me tournant à moitié.

« Dors Holly. Demain, je tenterais de savoir ce qu'il se passe. Que plus jamais ta vie ne soit ainsi mise en danger... Même si le dénouement était fort plaisant. »

Je soupirais, avant de lâcher, à contrecœur :

« Tu étais vulnérable ce soir, et moi, j'ai eu la peur de ma vie en pensant te perdre. Cela ne doit rien changer. »

Et parce qu'il était aisé de la blesser, mais que j'avais beaucoup trop de respect pour elle pour la rabaisser, j'ajoutais simplement :

« C'était fusionnel. Et sans doute une évidence. Je ne me souviens pas avoir connu cela auparavant et je pense ne plus le connaître. Mais cela ne demeurera qu'un souvenir, une seule et unique fois. Trop de choses en dépendent... Et c'est parce que tu es si spéciale pour moi qu'il doit en être ainsi. »

Je me penchais alors sur son front, lui chuchotant que je l'aimais, avant de laisser mon pouvoir s'immiscer en elle, créant un sommeil réparateur alors que je ne me sentais plus d'affronter ses grands yeux inquisiteurs. Je la regardais dormir, me levant et me rhabillant, l'observant plusieurs heures, avant de filer aux premières lueurs du jour, vers les hautes sphères angéliques.