Aequilibrium Caelestis
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 You're kidding, right?

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Emilia Earl

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MessageSujet: You're kidding, right?   You're kidding, right? Icon_minitimeJeu 9 Juin - 12:40

« Blake, c’est Maman. Rappelle-moi pour te dire où tu es ». Ca c’est le premier message que j’ai laissé à ma fille à dix-huit heures alors que j’étais passée rapidement chez nous chercher ma jupe pour le service du soir parce que j’étais partie en catastrophe ce matin. L’appartement semblait être dans le même état dans lequel je l’avais laissé à sept heures du matin. Bon ce n’est pas ça qui m’a réellement inquiété, mais normalement le mardi à cette heure là, Blake aurait dû être chez nous. Elle n’avait plus cours depuis des heures vu son emploi du temps affiché sur mon portable quand je me mis à vérifier. Alors pourquoi n’était elle pas là ?

Alors que je prenais le train de banlieue censé me conduire à Wembley, là où je travaillais chaque soir cinq jours par semaine, j’essayai encore une fois, et je dus encore laisser un message. « Blake, c’est ENCORE Maman. Bon sang, rappelle-moi je me fais du souci pour toi ».Parce que du souci je m’en faisais. Depuis deux semaines. Elle avait changé. Elle n’était plus la même. Moins câline, moins souriante, plus distante, plus…Non, non, non ma fille était une jeune adolescente. Elle ne pensait pas à ça. Et puis je l’avais assez mise en garde contre ça. Je savais qu’elle ne ferait pas de bêtises, j’avais confiance en elle.

Mais là ma patience et ma confiance en Blake étaient mis à rude épreuve. Je n’aimais pas la savoir dehors dans le quartier ou dans Londres à vingt deux heures. Heure à laquelle j’avais enfin eu une minute à moi. Le service avait été atroce. Le restaurant affichait complet depuis des mois, ce qui était bon signe pour les patrons, mais ce qui était épuisant pour moi. Parce que les gens étaient de plus en plus exigeants. Et ce soir, je n’avais pas le courage de faire des sourires à de vieux bourges qui me posaient des questions où je n’avais pas envie de répondre. « D’où vient cette pièce de viande ? » « A quelle température le chef a-t-il cuisiné ces asperges, parce qu’elles sont absoooooooolument délicieuses mademoiselle ». J’avais une tête à savoir faire la cuisine ? Non !! Je n’avais pas le temps d’apprendre en plus.

Vingt trois heures trente, je prenais enfin le métro pour rejoindre le centre de Londres. Nous habitions un petit appartement dans Camden. Pas très loin de Camden Lock, là où une foule de touristes se massent à longueur d’années pour profiter des plaisirs de l’excentricité du quartier. Je m’arrêtais dans mon restaurant chinois préféré en face de la station de métro et je pris un repas à emporter. Je n’avais pas mangé depuis la veille. Je n’avais avalé que du café, et j’avais envie de me poser avec un bon repas. J’avais la chance de ne pas travailler le lendemain matin, mais je savais qu’il fallait que je cavale dans la maison pour faire tout ce qu’il y avait à faire. J’allais passer la matinée à étendre des machines, à changer les draps, et à repasser. C’était fatiguant de vivre cette vie à cent à l’heure mais j’étais habituée.

Je montais alors les deux étages et ouvrit la porte. Je m’attendais à ce que Blake soit sur le canapé, affalée, un pot de glace entre les mains et elle regarderait la télé. Et, j’aurais envie d’aller me coller à elle et de lui caresser les cheveux. Mais l’appartement était désert. Minuit moins dix et Blake n’était pas là. Je doutais même qu’elle ne soit rentrée…Je commençais à voir rouge. Elle ne m’avait pas rappelée, elle n’était pas là. Elle se foutait vraiment de moi. J’étais rarement vulgaire, mais là elle me mettait hors de moi. Je tentai de me calmer en faisant la vaisselle qu’elle aurait du faire et ma colère ne redescendit pas.

J’avais envie de prendre le téléphone et d’appeler la police pour leur signaler la disparition de ma fille quand j’entendis la clé tourner dans la serrure. Je ne lui laissais même pas le temps de refermer la porte que déjà je lui posais la question qui tue.

-Blake, t’étais où ?

J’étais carrément furieuse. Elle m’avait habituée à ne pas arrêter du matin au soir, mais elle n’avais jamais outrepassé mes règles. Jusqu'à aujourd’hui...
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Blake Earl

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MessageSujet: Re: You're kidding, right?   You're kidding, right? Icon_minitimeJeu 9 Juin - 14:49

J'étais sur un nuage. Je souriais stupidement alors que je suivais les rues de Londres, de chez Liam jusqu'à ma maison si triste, trop pleine de son absence. Je ne voulais pas m'éloigner de lui, je ne voulais plus jamais risquer de le perdre. Si je restais en permanence à ses côtés, il n'aurait pas l'occasion de me quitter, n'est-ce pas ? C'était certainement plus prudent ainsi. Mais cependant, la vérité s'était rappelée à moi : ma mère devait m'attendre à la maison, je ne pouvais pas simplement rester accrochée à lui comme une moule à son rocher, même si j'en aurais crevé. Alors j'étais rentrée.

Néanmoins, je n'étais pas mélancolique ou craintive sur le chemin du retour, parce que le bonheur que j'avais éprouvé était trop explosif et furieux pour me laisser une seconde de répit. a cet instant, je ne pouvais pas croire une seule seconde à tout ce dont j'avais été convaincue pendant ma vie entière. Jamais il ne me trahirait. Il n'était pas comme ça. Il était fou de moi, il ferait toujours tout pour me rendre heureuse. J'en étais intimement persuadée, oubliant totalement que je n'étais guère la première à être absolument confiante en la bonne foi de mon compagnon... Mais à l'instant, peu m'importait. A l'instant, RIEN ne m'importait d'autre que la soirée que je venais de vivre.

Néanmoins, arrivée en vue de la maison, je respirai profondément, m'efforçant de remettre les pieds sur terre. Je souris en constatant que les lumières étaient allumées. Maman était rentrée de son job merdique de serveuse où de sales cons la draguaient tout au long de la soirée. Ça m'insupportait de la voir au milieu d'eux. Elle méritait mieux, tellement mieux ! Mais elle en avait été privée, à cause de moi. Je soupirai légèrement. Allons bon, voilà au moins une pensée efficace pour calmer mon enthousiasme. J'avais hâte de la voir. Nous ne nous étions plus parlées ces derniers temps, parce que je m'étais enfermée dans mes problèmes et que je n'avais osé lui parler de rien, pour la première fois de ma vie. J'ouvris la porte et me figeai alors que sa voix claquait comme un fouet dans mon dos, morte d'inquiétude et de colère.

Et merde. Elle ne s'inquiétait pourtant pas souvent de mes sorties. Pourquoi aujourd'hui précisément ? Je me souvins brusquement en rougissant que je lui avais promis de l'aider aujourd'hui. Je jetai un coup d’œil à l'évier visible par la porte de la cuisine ouverte et constatai que la vaisselle séchait sur l'égouttoir. Merde. Une mine coupable marqua mon visage lorsque je constatai les montagnes de linge qui traînaient dans le salon et qu'il fallait encore repasser, plier, laver à la main pour certaines choses.

Enfin, pour l'instant, aussi gênée que je fus, ce n'était pas l'important. L'important était de trouver une réponse à cette foutue question. Je n'avais jamais menti à ma mère, jamais. Elle était au courant de toute ma vie, et désormais je devrais lui dissimuler ça... Je ne pouvais pas. Et j'avais perdu mon meilleur alibi. Alice. J'ouvris la bouche et répondis :

- J'étais chez... Kieran.

Seigneur, il faudrait que je pense à le remercier.

- Tu sais, le nouveau arrivé il y a deux mois. Je suis resté chez lui, il m'a invitée à dîner. On avait... un exposé.
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Emilia Earl

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MessageSujet: Re: You're kidding, right?   You're kidding, right? Icon_minitimeVen 10 Juin - 6:35

Bien sûr qu’elle avait dix sept ans, et qu’elle était tout sauf perdue dans Londres. Elle connaissait cette ville par cœur puisqu’elle y avait toujours vécu et elle avait le droit comme tous les ados de sortir et de se balader. Sauf que Blake ne m’avait jamais habituée à ne pas me répondre au téléphone. Elle avait un portable depuis qu’elle avait dix ans et que je la laissais seule à la maison, et même si elle était occupée et loin du téléphone pendant que j’appelais, elle rappelait toujours dans la demi-heure qui suivait. Elle savait que j’avais besoin de savoir où elle était en quasi permanence. Je ne lui demandais rien d’autre que de savoir ce qu’elle faisait et où elle était, et de me donner un coup de main à la maison.

Et encore, je ne lui demandais pas la lune. Ranger sa chambre un minimum parce que ses envies de déco perpétuelles faisaient plus souvent passer la chambre pour un chantier que pour une chambre accueillante. Faire la vaisselle aussi. Et nettoyer les toilettes et la baignoire chaque jour. Rien que ça. C’était peu demandé quand même. Et bien non, rien n’avait été fait. La vaisselle trônait dans l’évier quand j’étais arrivée, et les shampoings n’étaient pas à leur place dans la salle de bains. Elle se foutait vraiment de moi là. Et qu’elle ne me regarde pas de façon honnête m’agaçait.

Elle était chez Kieran. Invitée à dîner ? Bien sûr…

-Je sais parfaitement qui est Kieran, pas besoin de me rappeler qui c’est.

J’étais sèche et cassante oui, mais je ne supportais pas qu’elle se fiche de moi de cette façon. Bien sûr que je savais qui était Kieran. J’avais toujours voulu savoir qui ma fille fréquentait. Je demandais toujours à ce qu’elle me les présente. On n’est jamais trop prudent. Je la laissais relativement libre mais il y avait toujours eu certaines limites. J’exigeais de connaître ses amis, de connaître leur adresse et leur numéro de téléphone. J’avais toujours eu peur qu’Issei ne me l’enlève. Et cette peur permanente persistait même si je ne l’avais pas vu depuis douze ans.

En tout cas elle n’allait pas s’en sortir avec cette excuse. Parce que cette excuse n’en était pas une. Loin de là. Un exposé et un dîner ne durent pas jusqu'à minuit. Et puis il y avait toujours le fait qu’elle ne m’ait pas appelé pour me le dire avant.

-Et ça t’empêche de me répondre au téléphone, de ne pas me rappeler, et de ne pas passer par l’appartement. Je t’ai appelé trois fois Blake, TROIS FOIS. Tu n’as pas répondu, tu n’as pas rappelé comme je te le demandais. Et regarde-moi l’état de l’appartement.

Ma fille me mentait effrontément. Et j’étais blessée. J’avais été jeune moi aussi. Mais là si j’étais en colère et que j’haussais le ton c’est que j’avais l’impression que mon petit cœur se fichait de moi, et de tout ce que je faisais pour elle. J’étais épuisée par le travail. Je n’avais pas pris de vacances depuis deux ans. Mes seules vacances étaient les weeks end. Et encore…

-Je bosse douze heures par jour Blake. Douze heures, la moitié de la journée !!! Et je rentre tu n’as rien fait, absolument rien de ce que je te demandais de faire. Je suis épuisée Blake, je me démène pour toi et je n’ai aucune reconnaissance. Tu ne reconnais jamais que je me voue entièrement à toi depuis dix sept ans.

Je me suis mise à sangloter. J’étais seule pour élever ma fille depuis dix sept ans, j’essayais de ne jamais craquer, et de lui offrir la vie la plus belle possible. Je l’avais toujours laissé faire ce qu’elle voulait, je ne lui avais rarement imposé les choses. Je m’oubliais totalement et aujourd’hui j’avais l’impression que ça ne servait à rien. Elle sen fichait c’était tout. Elle se fichait de me voir épuisée, elle se fichait de mentir. Bon sang, j’avais fait quoi pour mériter ça ?

J’ai reniflé et je l’ai regardé droit dans les yeux. Elle ne pourrait pas me mentir de cette façon. J4étais sa mère et je le saurais si elle essayait de me mentir. Je pris alors mon portable sans la quitter une seule seconde des yeux.

-Kieran hein ? On peut l’appeler là tout de suite et il me donnera la même version que toi n’est ce pas Blake ?
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Blake Earl

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MessageSujet: Re: You're kidding, right?   You're kidding, right? Icon_minitimeVen 10 Juin - 10:05

Sa voix sèche me troubla. Je ne comprenais pas pourquoi elle était tellement en colère, c'était une redescente sur terre brutale, bien trop brutale, et je perdais l'équilibre, cherchant à retrouver mes repères. Mon repère le plus fiable, le plus sûr, ç'avait toujours été ma mère et ses soupirs désabusés alors qu'elle me caressait les cheveux, s'excusant de devoir toujours travailler, se désolant de voir que je n'étais à la maison que pour travailler et jamais pour m'amuser. Certes pas cette inconnue furieuse qui exigeait sèchement de savoir ce que j'avais fait de ma soirée. D'habitude, je pouvais rentrer à n'importe quelle heure de la nuit, ça ne la dérangeait jamais. Pourquoi ce soir, spécifiquement ? Pourquoi ce soir alors que je ne pouvais absolument pas lui révéler ce qu'il en avait été exactement ?

Je m'empourprai violemment alors qu'elle me reprochait de ne pas l'avoir appelée. Et merde ! Comment avais-je pu oublier cette règle fondamentale ? Elle me laissait tout faire. Vraiment tout. Tant qu'elle savait ce qu'il en était. Et moi, j'avais oublié de lui téléphoner, alors que je le faisais toujours excessivement régulièrement dès lors que j'étais en dehors du lycée ou de l'appartement. Ces coups de fil étaient devenu un réflexe entre nous, et je comprenais brusquement son angoisse. J'aurais été dans le même état à sa place, si elle n'avait pas décroché. Bon Dieu, comment avait-il pu me troubler à ce point-là ? Je fermai les yeux une seconde, juste le temps de les maudire, lui et ce désir affolant que j'avais éprouvé toute la soirée. Avant de les rouvrir et de me prendre une avalanche de reproches dans la figure.

J'étais au bord des larmes. Depuis quand me culpabilisait-elle donc ainsi ? D'habitude, elle faisait tout l'inverse, m'assurant qu'elle ne regrettait aucun de ses choix, qu'elle était heureuse de m'avoir, que je n'y étais pour rien, et je me morfondais toute seule en me convainquant du contraire. Kieran essayait petit à petit de me convaincre que ce n'était pas de ma faute, de même que je m'efforçais de le faire se sentir mieux vis-à-vis de la mort de ses parents. Soit tous les deux coupables, soit innocents. On y arrivait, petit à petit... et là, tout était revenu en bloc. La voir fondre en larmes fut la cerise sur le gâteau, et j'éclatai en sanglots à mon tour :

- Mais comment tu peux me dire une chose pareille ? Je fais tout ce que je peux pour t'aider ! Je t'ai toujours remerciée d'avoir été là ! Je sais bien que tu fais tout ça pour moi, maman, t'as pas le droit de dire que je m'en fiche ! C'est la première fois que je fais pas ce que je devais faire... Je me rattraperai cette semaine, je te jure ! Mais ne dis pas que je me fiche de toi !

Je blêmis lorsqu'elle planta ses yeux dans les miens, prenant son téléphone. Acculée. J'étais tout à fait acculée. Est-ce que je devais prendre le risque ? Si elle lui demandait si nous avions bien passé la soirée ensemble, je lui faisais confiance pour affirmer que oui, même si je passerais un sale quart d'heure le lendemain. Mais ma mère était très loin d'être stupide. Cela ne faisait pas assez longtemps qu'elle n'était plus une adolescente, elle ne lui demanderait pas de confirmer mon histoire. Simplement de raconter la sienne. Et puis, au fond, je savais que mes hésitations m'avaient déjà trahie...

- Je t'en supplie, maman. Juste une fois, laisse-moi juste une fois où tu ne sauras pas ce que j'ai fait. Je te jure que ça ne se reproduira plus jamais. S'il te plaît !
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MessageSujet: Re: You're kidding, right?   You're kidding, right? Icon_minitimeVen 10 Juin - 20:32

Je savais qu’il était tard, et que je le dérangerais si je l’appelais en pleine nuit. Mais j’espérais que ce coup de bluff marche. Je ne croyais pas une seule seconde en sa version des faits. Ma fille n’avait jamais été aussi adolescente qu’en ce jour. J’avais pourtant tout fait pour la responsabiliser jeune. J’avais confiance en elle. Elle avait le sens des responsabilités. Elle ne m’avait jamais déçue jusque là. Et voilà qu’à dix sept ans j’avais l’impression qu’elle faisait sa crise d’adolescence. Je ressentais des choses depuis quelques temps, mais j’étais trop fatiguée pour creuse plus en avant.

Mais ce soir, je me rendais compte que peut-être elle m’avait déjà menti…Pourtant jusque là elle se gardait bien de laisser des traces. Les taches ménagères étaient toujours faites, elle me répondait toujours au téléphone. Je commençai à songer à Issei et à se menace. Et s’il avait réussi à prendre contact avec ma fille ? Je ne me voyais pourtant pas aborder le sujet avec Blake. Elle ne savait pas que son père avait tenté quand elle avait cinq ans de tenir son rôle de père. J’avais toujours fait attention à ce qu’elle le haïsse, à ce qu’elle haïsse ce qu’il nous avait fait. Et je ne voulais pas qu’elle sache, parce que cela aurait été la perdre. Je savais que Blake ne me pardonnerait jamais ce mensonge. Mais je ne voyais pas partager ma fille. Je l’avais portée seule, je l’avais élevée seule. Elle était à moi, et rien qu’à moi.

Je voyais bien qu’elle était sur le point de pleurer aussi, mais qu’elle refuse de me répondre signifiait qu’elle m’avait menti. Elle n’était pas chez Kieran. Sinon elle m’aurait dit de l’appeler, sans hésiter. Là, elle me demandait seulement de la laisser tranquille pour cette fois. Ce n’était pas tant qu’elle ait une vie, c’était qu’elle vienne de me mentir qui me blessait.

-Tu me mens Blake ! Bon sang tu me mens. Je ne te demande rien d’autre que de me dire la vérité.

J’étais épuisée, lasse. Je n’avais qu’une seule envie c’était d’aller m’effondrer sur mon lit, parce que je me levais dans moins de six heures. Elle savait pourtant que ma vie était éreintante, mais elle ne m’épargnait rien.
J’étais blessée qu’elle ait essayé de me mentir. Je sentais qu’il se passait quelque chose.

-Je veux savoir où tu étais Blake. Qu’est ce que tu me caches ?

Je me retenais de la prendre dans mes bras. J’avais besoin d’être rassurée. Ma fille tait le seul contact physique que j’avais. J’avais bien sûr eu quelques histoires mais cela n’avait jamais duré plus d’un mois. Et Blake n’avait jamais rencontré personne. Je n’étais pas prête à rencontrer un homme. Ma fille me suffisait. Mais ma fille grandissait, et je me prenais la vérité en pleine face.

-Si tu refuses de me répondre, je…je…je…Si tu refuses de me répondre, je te retire toutes tes activités Blake. Je refuse de payer pour une adolescente capricieuse qui me ment pas et n’est même pas reconnaissante de ce que je fais pour elle.

Je savais que j’étais injuste. Elle avait réussi à régler ses problèmes d’hyperactivité, grâce justement à toutes ces activités. Et je savais que jamais elle ne m’avait demandé de travailler autant, et de sacrifier ma vie pour rendre la sienne un peu plus belle. Mais elle m’avait menti…Je perdais ma fille, et mon cœur ne le supportait pas. Je ne savais plus quelle mère je devais jouer. La mère sévère ou la mère copine ? J’étais perdue….
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Blake Earl

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MessageSujet: Re: You're kidding, right?   You're kidding, right? Icon_minitimeLun 13 Juin - 19:54

Bien sûr que je lui mentais. C'était la première fois de ma vie que je le faisais, et ça se voyait, je n'y arrivais pas. Pas à moins d'avoir préparé soigneusement un rôle à jouer une semaine à l'avance. Mais je n'avais jamais eu besoin de lui mentir, aussi ! Je ne voulais pas, j'étais quelqu'un de franc, trop entière pour être capable de la plus petite hypocrisie - ou alors, sous forme d'ironie, j'en connaissais un qui en avait fait les frais pendant très longtemps. Seulement, je n'avais pas le choix aujourd'hui. Je n'allais pas lui dire que j'avais oublié de lui téléphoner parce que j'avais passé la soirée à faire l'amour avec mon professeur de littérature ! Je me pris soudain à le haïr des mille étoiles qu'il jetait dans mon corps dès qu'il posait ses mains sur moi.

- Je peux pas... Je peux pas te dire la vérité... S'il te plaît...

Les larmes ruisselaient sur mes joues sans que je les contrôle. Jamais je n'avais été aussi paniquée. Je ne savais pas quoi lui dire, je ne pouvais plus lui mentir, mais enfin, je ne pouvais pas révéler ce qu'il en était ! Je ne voulais pas être privée de ça, pas si tôt après l'avoir connu... Je ne voulais pas être déjà séparée de lui ! Comme si cette relation tordue que nous avions instaurée n'était pas suffisamment compliquée... Je ne pouvais pas le quitter. J'en étais proprement incapable. Et alors que constater cela m'aurait fait terriblement peur il y a quelques jours, aujourd'hui, ça ne me dérangeait même plus.

- Je ne te cache rien... Rien d'important... Je suis pas sortie me droguer, ou quelque chose de bizarre dans ce genre... Je te jure ! J'étais simplement chez un ami !

Un ami ? Un ami de douze ans de plus que moi dont j'étais folle amoureuse et par qui je m'étais fait dépuceler sur une plage. Sans compter qu'il m'enseignait la littérature six heures par semaine. Bon. Mais c'était tout de même proche de la vérité... Je ne pouvais rien lui dire de plus, ou j'étais fichue, et Liam pire encore. Elle allait forcément faire l'amalgame avec sa propre histoire. Elle irait le tuer de ses propres mains après m'avoir enfermée, et malgré toute la force dont il pouvait faire preuve, je ne donnais pas cher de sa peau !

Toute couleur se retira de mon visage lorsqu'elle reprit la parole.

Je la regardai droit dans les yeux, totalement éperdue, une expression de pure panique sur mon visage. Elle ne pouvait pas me faire ça ! J'avais conscience des sacrifices qu'elle faisait pour que j'arrive à me gérer, et je lui en avais toujours été reconnaissante, contrairement à ce qu'elle disait. Je l'avais toujours aidée de mon mieux à la maison, n'hésitant pas à en faire plus que ce qu'elle me demandait lorsque cela m'était possible. Je la couvrais sans cesse de petites attentions, me réveillant parfois pour lui porter un petit déjeuner au lit, lui offrant un bijou, lui dessinant un petit quelque chose pour lui remonter le moral. C'était la première fois, la PREMIÈRE fois que je ne faisais pas ce qu'elle m'avait demandé !

- Tu n'as pas le droit ! C'est la seule chose qui me permet de tenir. Je vais devenir folle sinon ! D'abord, comment tu peux dire que je ne te suis pas reconnaissante ? Je t'ai toujours aidée, toujours, je t'ai remerciée je ne sais combien de fois de tout ce que tu faisais pour moi ! Tu m'as toujours dit que tu ne regrettais pas de m'avoir gardée ! Maintenant, tu vas te dire que tu aurais dû avorter il y a dix-huit ans juste parce que j'ai oublié de te téléphoner UNE fois ? Ça ne se reproduira plus ! Je te promets que ça ne se reproduira plus ! Mais ne me fais pas ça !


Dernière édition par Blake Earl le Mar 14 Juin - 4:22, édité 1 fois
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Emilia Earl

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MessageSujet: Re: You're kidding, right?   You're kidding, right? Icon_minitimeLun 13 Juin - 21:14

La fatigue n’arrangeait décidément rien. J’avais besoin de vacances. Même une semaine, je m’en moquais…Mais ce que j’avais surtout besoin à cette heure ci c’était d’avoir des réponses de ma fille. Parce que ses « je peux pas te dire la vérité maman » et ses tentatives pour ma rassurer ne faisaient qu’augmenter mon stress. Je savais que ma femme n’aurait jamais fait la bêtise de tomber dans la drogue, de ce coté là je ne me posais pas de questions. Mais je ne savais pas où elle était. Elle disait être allée chez un ami mais je ne lui connaissais que Kieran comme ami garçon. Et puis si elle était vraiment chez un ami comme elle le prétendait, pourquoi ne me le disait elle pas simplement.

Non, quelque chose me criait de ne pas laisser passer ça. Qu’elle me haïsse si elle voulait, mais je ne laisserais pas passer ça. Qu’elle pleure si elle le voulait, mais ça ne m’attendrirait pas. Enfin…mon instinct maternel se réveillait et j’avais envie de la prendre dans mes bras. Mais si je faisais ça elle ne comprendrait pas.
Il fallait que pour une fois je sois dure. Ca me brisait le cœur de la menacer, mais c’était la seule solution. Et je me laissais alors emporter par la panique qui m’avait gagnée. Et mêlée à l’épuisement….Ces deux là ne faisaient pas bon ménage.

-PAS UNE FOIS BLAKE, TROIS FOIS ! BON SANG TROIS FOIS !

J’avais appelé trois fois. Elle pouvait vérifier sur son portable. J’avais laissé un message vocal à chaque fois. Et elle n’avait pas répondu, ni rappelé.

Elle devait comprendre qu’elle avait fait quelque chose de mal. Et que chaque erreur se paie. Je me rendais compte qu’élever seule ma fille avait été une erreur. Et si j’avais accepté l’aide d’Issei aurais-je eu moins de problèmes ? Sans doute…J’avais fait fuir tous les hommes qui avaient tenté leur chance. J’avais été tellement blessée par le pére de ma fille que je ne voulais plus faire confiance. Je ne pouvais compter que sur moi. Et cela commençait à devenir dur pour moi.

-Et j’ai tous les droits Blake. Je refuse de me fatiguer pour une gamine qui me ment, me cache des choses. Tu veux pas me dire où et avec qui tu étais ok …Mais moi je veux pouvoir me dire qu’après le boulot, je vais rentrer chez moi et que ma journée est finie. Et je peux pas, parce que dans une journée de 24 heures, je dois caser deux journées de boulot, et une troisième quand je rentre à la maison et que je dois tenir l’appartement. Je dors quand moi ? JE DORS QUAND ?

Je me suis mise à trembler. La fatigue. Les nerfs. J’allais finir par faire une véritable crise d’hystérie ou une dépression. J’étais à bout de nerfs, à fleur de peau. Et le peu de fois où je pouvais me reposer, je n’y arrivais pas. Mon corps n’était pas habitué à se détendre. Mon corps était rôdé à peu de sommeil et beaucoup d’activité. Mais en plus de ma vie de ma femme, j’y laissais ma santé.

-Tu veux continuer à faire de la danse, du théâtre, du chant, de la peinture ? Très bien…débrouille-toi. Paye tes cours toi-même. Réunis 400 livres chaque mois pour payer ces cours Blake, et je te laisserais tranquille.

C’était tout bonnement impossible. Blake ne réussirait pas à trouver un travail qui lui laisse le loisir de faire tout ça. Les emplois du temps ne se faisant pas à la carte. Et 400 livres c’était une sacré grosse somme chaque mois…
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Blake Earl

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MessageSujet: Re: You're kidding, right?   You're kidding, right? Icon_minitimeMar 14 Juin - 4:16

Je sursautai violemment quand elle se mit proprement à hurler. Je savais ce qu'elle ressentait. Je me souvenais d'une fois où son portable n'avait plus de batterie alors que j'étais à une fête, j'avais tout laissé en plan et foncé à son travail du soir pour être sûre que tout allait bien. J'étais arrivée totalement paniquée au restaurant, et le patron m'avait récupérée pour me poser sur une chaise dans un coin de la cuisine, où j'étais restée jusqu'à la fin de son service, pour finalement rentrer avec elle. Je n'étais pas l'adolescente typique qui hurlait à ses parents qu'ils ne la comprenaient jamais et ne la laissaient jamais faire ce qu'elle voulait. Non, j'étais folle de ma mère, et je m'angoissais en permanence pour elle, de même qu'elle le faisait pour moi. Chaque minute, je me demandais si elle n'était pas en train de s'effondrer d'épuisement à cause de moi, chaque jour, je me demandais si beaucoup de clients l'avaient ennuyée parce que comme elle était une jolie femme travaillant tard le soir, ils se faisaient presque tous des idées. Ça me dégoûtait de voir ma mère faire ça, pour moi, seulement pour moi. Mais nous n'avions pas le choix. Et je savais que nous avions toutes les deux souffert pendant mon enfance pour qu'elle renonce si facilement à me payer ces activités dans lesquelles je pouvais enfin me dépenser et me libérer.

Sauf qu'à l'instant, elle m'avait l'air terriblement sérieuse. Et je fus soudain prise d'une peur atroce. Cela faisait trois ans maintenant que tout se passait bien, enfin. Se disait-elle que cela continuerait sur cette lancée, même si je n'avais plus ces activités qu'elle m'offrait à la sueur de son front ? Moi, je savais que non. Je savais que j'allais devenir folle si je ne pouvais pas m'exprimer pleinement quelque part. La danse pour le corps, le chant pour la voix, le théâtre pour les émotions, le dessin et la peinture pour jeter hors de mon esprit tout ce qui le tourmentait. Pas un de moins. Ou bien mon cerveau allait imploser !

- Écoute, je m'occuperai plus de l'appartement maintenant. Je ferai plus de choses à la maison. Je... Je m'occuperai du linge et du ménage ! Je le ferai, ça ne me dérange pas, maman !

Payer les cours moi-même ? Évidemment que je ne pouvais pas. Je me glaçai, peinant à croire ce que j'allais dire. Non, je pouvais pas faire ça. J'étais quand même pas prête à faire ça pour lui ? J'étais quand même pas prête à sacrifier ce qui faisait toute ma vie rien que pour lui ? Et pourtant, je m'entendis prononcer ces paroles-là :

- D'accord. Vas-y, vas-y s'il faut ça pour que tu me laisses me taire ! Je préfère encore ça. Puisque tu veux détruire ma vie pour UNE SEULE soirée, fais-toi plaisir ! Je me débrouillerai toute seule !
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Emilia Earl

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MessageSujet: Re: You're kidding, right?   You're kidding, right? Icon_minitimeSam 18 Juin - 18:23

J’espérais la faire céder en utilisant le chantage. Ca marchait toujours. Oui j’avais honte mais c’était comme ca. Quand on élève seule sa fille, et quand en plus elle a été diagnostiquée hyperactive croyez moi les scrupules vous les mettez au placard. J’avais tant de fois joué sur des récompenses pour obtenir des choses de la part de ma fille. Mais avec les années ces occasions s’étaient faites plus rares. Nous avions réussi à trouver un traitement efficace pour Blake. Enfin un traitement….Disons que je l’avas envoyée chez une sophrologue pour la canaliser puis nous avions mis en place des choses. J’avais essayé au début la médicamentation, mais je n’avais pas supporté de voir ma fille les yeux hagards et tristes. Je préférais ses crises où elle avait un besoin vital de se dépenser et d’être occupée. Le plus dur avait été de supporter ça toute seule. Ma famille m’avait laissé tomber, et je n’avais plus vraiment d’amies…

La maladie de Blake, parce que c’en était une, m’avait définitivement endurcie. Je ne m’émouvais plus comme avant. Je ne pleurais plus vraiment. J’avais versé trop de larmes…et j’avais appris à les retenir. Mais ce soir je craquais. Je craquais littéralement parce que j’avais eu peur qu’il ne lui soit arrivé quelque chose.

Mais j’avais beau chercher à la faire plier, Blake s’obstinait à ne pas vouloir me dire où elle était. Ni avec qui elle était. Elle me promettait de s’occuper de l’appartement, oubliant complètement que je m’en fichais. J’aurais tellement aimé qu’elle se confie à moi. Elle se confiait toujours à moi, elle me disait toujours tout. Et là j’avais l’impression qu’elle m’écartait de sa vie. Et je ne le supportais pas.

Mais si j’étais passée pro en matière de faire culpabiliser, ma fille n’était pas en reste.


Et là je ne sais pas ce qui m’a pris mais je l’ai giflé. Jamais de ma vie je n’avais giflé ma fille. Absolument jamais.


-Je suis ta mère Blake ! TA MERE ! Pas ta copine !!

Et pourtant depuis qu’elle était petite, n’ayant qu’elle j’avais tout fait pour la garder et la lier à moi pour toujours. Blake était tout ce que j’avais. Elle était ma véritable passion, mon moteur, mon astre lunaire et solaire. Tout ne tournait qu’autour de Blake. Rien n’avait jamais été assez beau pour elle. Et j’aimais qu’elle voie en moi plus qu’une mère. Je voulais être sa confidente, et jusque là ça se passait comme ça entre nous.

Mais ce soir tout semblait virer au cauchemar. J’allais être injuste. Mais je ne savais pas quoi faire.

-Alors maintenant ça va être simple. Je te veux ici quand tu n’as pas cours au lycée ou au conservatoire. Fini l’amusement Blake ! Et je veux que tout soit rangé quand j’arrive.

Peut-être qu’en jouant les mères copines je m’étais trompée. Peut-être qu’elle avait pensé qu’elle pouvait tout se permettre. Allant même jusqu'à saper le peu d’autorité que j’avais sur elle.

-Et je ne veux personne ici Blake. Ni Kieran, ni Alice, ni personne tu m’entends ?

Elle se tenait la joue, les yeux rougis et les joues mouillés de larmes, et j’avais envie de la prendre dans mes bras et de lui dire que j’étais désolée. J’étais à deux doigts de m’excuser. Et je ne voulais pas flancher.

-Et arrête de me regarder comme ça Blake, tu m’énerves.
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Blake Earl

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MessageSujet: Re: You're kidding, right?   You're kidding, right? Icon_minitimeDim 19 Juin - 18:52

Elle m'a giflée.

Je suis restée figée. Ma main posée sur ma joue, mes doigts crispés sur ma peau pour atténuer la douleur. Mes yeux verts étaient agrandis, plus par le choc et la surprise que la réelle douleur, même si elle y avait été vraiment fort, et étaient posés sur elle. Incompréhension. Jamais, au grand jamais, elle n'avait levé la main sur moi. C'était la toute première fois, et ça faisait mal, tellement mal. Moralement autant que physiquement. Ma mère ne m'aimait plus, c'était simple. Elle ne voulait quand même pas que je lui raconte toute ma vie éternellement ? J'avais le droit d'avoir mon jardin secret aussi, et là, j'en avais besoin, je ne pourrais révéler ça à personne. Alice et Kieran étaient déjà presque de trop, mais eux au moins n'avaient aucun pouvoir sur moi. Maman, elle ne comprendrait pas. Elle m'empêcherait de le voir, elle porterait plainte contre lui, elle se débrouillerait pour le faire renvoyer, ou pour nous empêcher de nous voir. Et c'était normal... Je savais que je ferais la même chose à sa place. Je ne pouvais absolument pas lui dire la vérité, mais je ne pouvais pas lui mentir non plus...

Mais elle ne voulait pas comprendre. Elle refusait de me laisser la moindre intimité. Elle refusait de me laisser le bénéfice du doute, elle ne voulait plus me faire confiance, pour UNE erreur. Elle ne m'aimait plus, hein ? Elle ne m'aurait pas giflée sinon. Après Alice, j'avais perdu ma mère... Est-ce que je n'avais plus le droit d'avoir confiance en personne ?

Je baissai les yeux instantanément, me frottant la joue une dernière fois, lorsqu'elle m'enjoignit de cesser de la regarder.

- Tu m'aimes plus, hein ?

J'avais vaguement conscience de me comporter comme une sale gamine capricieuse. Mais je m'en foutais. C'était vraiment la sensation que j'avais.

- D'accord, OK. Je sortirai plus, je rentrerai directement après les cours. J'irai plus voir Alice ni Kieran, ni les autres. Après tout, t'as pas de vie sociale, pourquoi ta fille y aurait droit, hein ?

L'insolence m'avait échappé sans que je le contrôle réellement. C'était bien pour le coup que j'aurais mérité une gifle, tiens !

- Je m'en fous. Je peux pas te le dire, c'est tout. Menace-moi autant que tu veux, ça servira à rien.

Je relevai mes yeux larmoyants sur elle. Je ne voulais pas qu'elle soit comme ça ! Je voulais qu'elle me console, qu'elle me soutienne, est-ce que ce n'était pas ça son rôle ? Pourquoi est-ce qu'elle ne voulait pas comprendre que j'avais BESOIN de ce secret ? Je tendis les mains vers elle, comme un bébé qui recherche les bras de sa maman. Ce que j'étais, en ce moment. je voulais qu'elle redevienne celle qu'elle avait toujours été.

- S'il te plaît... S'il te plaît, laisse-moi juste cette soirée... Je veux pas te mentir, je... S'te plaît...

De nouveaux sanglots me secouaient alors que je réalisais que tôt ou tard, je serais bien obligée de lui mentir.
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MessageSujet: Re: You're kidding, right?   You're kidding, right? Icon_minitimeVen 1 Juil - 13:53

J’avais toujours été faible face aux yeux larmoyants de ma fille. Déjà quand elle n’était qu’un tout petit bébé, je ne supportais pas de l’entendre pleurer. J’avais toujours veillé à ce qu’elle ne pleure jamais, et j’avais toujours devancé ses colères. Je voulais simplement qu’elle soit heureuse. Et elle avait rapidement trouvé la faille en moi. Il ne lui avait fallu que deux ans pour comprendre que je lui passerais absolument tout. Elle était tout ce que j’avais et j’avais voué ma vie pour elle.

Elle savait me faire culpabiliser comme personne. Cette fois encore. Elle était en faute et elle arrivait à me faire croire que je ne l’aimais plus. J’avais envie de lui hurler mon amour pour elle. Ne voyait elle pas que justement je l’aimais. Si je ne l’aimais pas comme elle le prétendait, jamais je n’aurais fait tout ça pour elle. Je me saignais aux quatre veines pour elle.

Et je devais faire preuve de tout mon courage pour ne pas la prendre dans mes bras et lui dire que je m’excusais. C’était dans ces moments là, seulement dans ces moments là , que je regrettais de ne pas avoir fait de place dans nos vies à Issei. Peut-être que cela aurait arrangé pas mal de choses…mais j’avais trop peur que ma fille ne m’aime plus. Je ne voulais pas la partager. Pas après tout ce que j’avais vécu pour elle.

Et lorsqu’elle m’a fait remarquer que je n’avais pas de vie sociale, j’ai senti mon cœur tomber au sol et se briser en milles morceaux. C’était la vérité, j’en avais conscience. Mais que ma fille me le reproche et se moque de moi me blessait. C’était la première fois qu’elle me blessait de cette manière. La toute première fois en dix sept ans…et j’aurai préféré que ca n’arrive jamais. Malgré son hyperactivité, Blake avait toujours été une fille gentille et aimante. Et là...Elle se moquait de moi.

Je ne l’écoutais déjà plus. Je me retenais de pleurer. Je ne voulais pas lui montrer a quel point elle m’avait blessé. A quel point j’étais touchée. Je me sentais injustement accusée. La vérité est parfois cruelle…

Je serrai les poings, et la regardait sans la regarder. Je savais que si je laissais la maman blessée ressortir, j’étais fichue.

-Va dans ta chambre Blake !

J’aurais parlé à mon meilleur ami sur le même ton. Il n’y avait plus de relation mère/fille qui tienne. Elle venait de briser ce lien…Elle venait de faire la pire chose qui soit. J’avais déjà perdu ma famille .Elle était la seule chose que j’avais. Je n’avais pas vraiment d’amis, je travaillais trop pour ça. Et je travaillais pour elle.

-Je ne veux plus te voir. Va dans ta chambre, fais ce que tu veux. Sors jusqu’à pas d’heure, mens-moi, fiche-toi de moi si tu veux, mais laisse-moi…

J’avais besoin pour la première fois de ma vie de m’échapper de cet appartement. Moi qui jusque là le voyait comme un havre de paix, je ne voulais plus y être une seule seconde. Je ne me suis pas retournée vers elle, j’ai pris mon sac, j’ai mis mes ballerines. J’ai sorti mes clés de mon sac et j’ai claqué la porte derrière moi.

Et je suis allée m’effondrer dans le premier pub du coin de la rue. J’y suis restée près de trois heures, à pleurer et à boire des Guiness jusqu’à ce que le pub ferme…L’appartement était calme quand je suis rentrée, et je me suis refugiée dans ma chambre, et me suis endormie toute habillée sur mon lit.
Ma fille se détachait de moi….et c’était trop pour moi…
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