Dear God, the only thing I ask of you [PV Liam, Elle]

Il était rigoureusement hors de question que j'aille à un foutu cours d'histoire alors que mon bébé était à l'hôpital et souffrait d'une méningite. Je savais ce que ça voulait dire, une méningite, pour un si petit enfant ; Eibhlin n'avait que deux mois ! La méningite était mortelle pour les adultes aussi, pour peu qu'on la détecte trop tard, alors chez une petite fille de cet âge... Je m'estimais déjà heureuse qu'ils n'aient pas décrété une maladie insignifiante en en balayant l'importance de la main comme cela arrivait si souvent. Bon, pas si souvent que ça, d'accord, c'était juste qu'on mémorisait plus facilement les mauvais cas que les bons. Mais on ne sait jamais.

Par chance, Liam terminait à dix-sept heures, lui, aussi puis-je me rendre à l'hôpital avec lui. Rien que l'idée de voir mon bébé dans ces horribles petits lits me mettaient hors de moi. J'étais impuissante, et quand j'étais impuissante, je me mettais en colère. Mon mari était bien placé pour le savoir, j'avais été en colère après lui pendant tellement longtemps ! Je l'attendis trois rues plus loin après lui avoir envoyé un nouveau message pour lui expliquer la situation. Peu m'importait qu'il m'engueule pour avoir séché les cours, jamais je ne céderais. Il y avait des priorités dans la vie, et mon enfant serait toujours prioritaire sur un misérable diplôme, dût-il me permettre de réussir ma vie, une broutille en soi. Mais je doutais qu'il m'en veuille vraiment. Je le savais capable de s'angoisser aussi et il ne pourrait me reprocher cela.

Nous fonçâmes vers l'hôpital alors que j'enrageais dans les embouteillages, me retenant de le maudire de n'avoir pas pris sa moto. Il n'y était pour rien et rongeait visiblement son frein autant que moi. Nous pûmes finalement y être assez rapidement - ce qui me parut passer en une éternité - et nous tombâmes sur ma mère dans le hall d'entrée. Les problèmes entre elle et Liam avaient été réglés, néanmoins il y avait trop d'antécédents pour que ce soit le fol amour. Ils se respectaient, c'était tout, unis par leur désir de me voir heureuse.

- Seigneur, Blake, j'ai eu tellement peur ce matin ! Je la voyais, toute rouge, tremblante et fiévreuse, et j'avais l'impression de te revoir au même âge... Grands dieux, elle a les yeux de Liam mais en dehors de cela, elle a ton visage et je n'osais pas penser à comment j'aurais réagi si tu m'avais fait ça quand j'avais ton âge. Les médecins refusent de me dire si c'est grave, oh... Je suis désolée...

- C'est pas ta faute, m'man, soufflai-je d'une voix à peine audible, la gorge serrée.

Je la voyais culpabiliser alors que son seul crime avait été d'être la baby-sitter d'Eibhlin quand celle-ci était tombée malade. J'adorais ma mère, néanmoins en cet instant je n'avais qu'un désir, qu'elle se taise. Elle était aussi affolée et apeurée que moi et ne m'aidait guère à me reprendre.

- Va prendre un café, va te reposer. On va aller la voir. Merci de t'en être occupée, tu es adorable.

Je n'ignorais pas que c'était en partie grâce à elle que je pouvais continuer mes études ; Liam n'aurait pu que difficilement assurer à lui seul les frais d'un bébé et d'une nourrice. Je refusais de la voir dans cet état à cause de mes bêtises, bêtises contre lesquelles elle m'aviat si souvent mise en garde. Je pressai la main de Liam et nous allâmes voir notre fille.

A peine la vis-je à travers la vitre que des larmes silencieuses se mirent à couler sur mes joues. Pas de bruyants sanglots alertant la terre entière que j'allais mal comme à mon habitude, non. Je fixais le petit corps de ma fille emmailloté, totalement atterrée, et l'eau salée trempait mes joues et mon visage qui était de pierre autant que si j'avais été sous la douche. J'étais dans l'incapacité totale de réagir. Pas alors que je voyais la chair de ma chair si fragile, si mal et sans défense.