Aequilibrium Caelestis
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 Ne serions-nous pas mieux seuls ? ( Aislinn )

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Innocencio Homes

Innocencio Homes


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MessageSujet: Ne serions-nous pas mieux seuls ? ( Aislinn )   Ne serions-nous pas mieux seuls ? ( Aislinn ) Icon_minitimeSam 30 Juil - 11:05

Je n’obéissais à rien ni personne. Durant tous ces siècles, s’il y avait eu une constante dans mes relations, c’était que j’avais toujours été le dominant, celui qui était totalement indépendant d’esprit. Personne ne me dictait ma façon d’agir, je le refusais tout simplement. Toute la journée, je m’étais demandé si j’allais me présenter à ce rendez-vous, d’une parce que c’était une insulte totale à ce que j’étais, de deux parce que je n’avais aucune envie de voir Aislinn jouer la comédie avec un homme, de l’embrasser sous mes yeux, de lui tenir la main. Je me doutais qu’elle ne l’aimait pas réellement, ou alors je l’espérais un peu trop fort. Dieu en personne n’aurait pu imaginer situation plus pitoyable : son Séraphin, son fidèle Séraphin, en amour avec une Princesse des Ténèbres.

Je m’étais finalement décidé à lui faire le plaisir de ma présence aux environs de dix-neuf heures. J’étais effrayé de la perdre à jamais, de ne plus pouvoir retrouver sa trace si jamais je ne me présentais pas à ce rendez-vous qu’elle m’avait fixé. Elle avait été claire : on lui obéissait et c’était tout. Pour ma part, j’étais trop entiché de sa présence, j’avais trop envie de la revoir pour percevoir cela comme une obligation. C’était un désir, un véritable plaisir. Elle m’obsédait complètement, je n’étais pas apte à me la sortir de la tête, alors pour le plaisir de la revoir, que n’aurais-je pas donné ? Je me pliais volontiers à sa demande, que cela implique mon obéissance future ou pas. Pour assouvir ce besoin d’elle, j’étais prêt à tout.

Ayant dans l’idée qu’elle apprécierait une allure soignée – et puisque je n’avais aucun habit de ville – je pris sur moi de repasser un habit chic avant de l’enfiler, beauté classique vêtu de noir. Mon veston tombait parfaitement, bien loin de ceux que louaient les gens pour une occasion et qui ne leur allaient pas du tout. Du sur mesure, voilà ce que mon argent me permettait. Je pris la direction de l’hôtel indiqué, l’euphorie passant dans mon esprit. Alors que je n’étais pas du tout convaincu de la réelle existence d’Aislinn, je partais tout de même à sa rencontre. Mourrais-je si jamais ce n’était qu’une hallucination qui m’était apparue hier soir ? Probablement. Et j’y allais pourtant.

J’attendis patiemment à l’entrée lorsque je la vis s’avancer, plus magnifique que jamais dans la lumière du crépuscule. Je souris légèrement, m’avançant avant de faire une légère révérence, attrapant sa main pour y poser un baiser un peu plus appuyé que nécessaire.

- Madame Keath.

Je me relevai, le regard plus glacial que jamais, pour observer celui qui était à ses côtés. Jeune, pas laid du tout, il semblait avoir quelques moyens. Je le détestai immédiatement, ma mâchoire se resserra. Je cherchais déjà une façon de le tuer sans m’attirer les foudres de la belle démone.

- Et j’imagine que vous êtes son mari. Enchanté.
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MessageSujet: Re: Ne serions-nous pas mieux seuls ? ( Aislinn )   Ne serions-nous pas mieux seuls ? ( Aislinn ) Icon_minitimeMer 3 Aoû - 19:56

J'avais prévenu mon mari que l'un de mes amis rencontré par hasard la veille se joindrait à nous ce soir. Il avait fait la moue, peu satisfait de cet intrus dans un rendez-vous censé se vouloir amical mais au terme duquel il pourrait quand même conclure des affaires. Rien ne m'agaçait tant que ces soi-disant dîners non professionnels qui se terminaient systématiquement par la signature d'un contrat quelconque. Assez curieusement, je ne m'étais jamais intéressée aux travaux de mon mari, que ce soit celui-ci ou les autres obtenus au travers des siècles. De même que les fluctuations de la Bourse ou tout autre affaire menée dans la City me passaient toujours au-dessus de la tête. Si je me mariais, c'était justement pour ne pas avoir à m'en préoccuper.

Insensible peut-être, comédienne encore mieux. Je lui avais tellement dit qu'il me décevait, que nous étions censés fêter notre anniversaire de mariage et que lui s'en fichait, préférant s'occuper de son argent plutôt que de moi, qu'il ne m'aimait pas réellement, qu'il m'avait choisie comme on choisissait un bibelot pour égayer sa demeure - une vraie reine de tragédie - qu'il avait fini par appeler son rendez-vous et le décommander. Il avait insisté pour que je fasse de même, par conséquent, justement pour que nous soyons seul à seule. J'avais refusé catégoriquement ; ne voulait-il pas me faire plaisir ? Un ami de si longue date, que je n'avais plus vu depuis tellement longtemps... Il ne savait pas à quel point. Il m'avait cédé, comme toujours.

Je ne jouais pas toujours la comédie auprès de lui ; la plupart du temps, je restais telle que j'étais. Mais j'avais compris depuis longtemps que cela jouait sur la fascination que j'exerçais sur les hommes. Ils appelaient cela des caprices, une femme lunatique. Et cela plaisait à ces riches dominants de prouver qu'ils étaient capables de satisfaire tous les caprices d'une femme. C'était une manière de s'afficher auprès des autres. Il y avait plusieurs constantes permettant d'augmenter sa réputation : la place dans une hiérarchie, l'influence politique, et le nombre de désirs féminin que l'on devait combler. C'était tellement intéressant - et si facile d'en jouer.

Il n'avait cependant pas insisté pour savoir d'où je tenais cet ami. Il savait que je ne lui aurais rien dit. Nul ne connaissait rien de ma vie antérieure, sans mon mari, je n'existais pas parmi les humains. Mes loisirs étaient les siens, mes amis étaient les siens, on ignorait mon nom de jeune fille, mon âge, ce que j'avais bien pu faire comme études et pourquoi j'errais dans les hautes sphères de Londres. Tout ce qui faisait que j'étais moi était lié à mon statut de démone et plus vaguement à la Salvare Schola. Nul n'avait à le connaître ici-bas. C'était la première fois que ressortait quelque chose de ma vie antérieure et il savait qu'il était inutile de me demander quoi que ce soit.

Je fus passablement satisfaite de voir que nous n'aurions pas à l'attendre. Qu'aurais-je fait si ç'avait été le cas ? Cela aurait-il suffi pour le rayer de ma vie ? Non, sans doute pas. Cela m'aurait simplement fait enrager car cela m'aurait fait une excuse de moins pour l'apprécier. Tant qu'il accepterait de m'obéir, je pourrais me dire que ce n'était qu'un homme comme les autres. S'il commençait à passer outre mes désirs, je le détesterais et ne pourrais m'empêcher de continuer à l'aimer. Et cela, c'était intolérable. Continue comme cela, Innocencio, fais donc ce que je dis. En même temps, au fond de moi, j'espérais qu'il ne soit pas aussi banal que les autres, et ne se contente pas de s'aplatir devant moi. Maudit soit cet ange !

Je souris presque indistinctement lorsqu'il embrassa ma main. J'avais senti ses lèvres appuyer franchement sur le dos, au lieu de simplement les effleurer. Inutile de m'envoyer des signaux, je sais ce que tu désires. C'aurait été tellement plus simple que je ne le désire pas aussi. Je me serais délecté à lui faire miroiter de faux espoirs avant de plonger ma main dans sa poitrine et de lui arracher son cœur encore fumant... Délice parmi tous les délices, la vengeance. Singulièrement gâchée lorsqu'on se mettait à aimer son bourreau.

- Stephan, voici Innocencio. Innocencio, Stephan Keath, mon mari.

- Enchanté également, fit-il d'une voix légèrement retenue.

Pitié, mon époux, j'apprécierais de ne pas apprendre aujourd'hui que tu es jaloux. Je sentais le regard froid de l'ange le jauger et grimaçai intérieurement. J'avais plutôt intérêt à l'éveiller rapidement, si je voulais réellement en faire un Prince des Ténèbres. La main de Stephan se posa en un geste possessif au creux de mes reins. Allons bon, il était jaloux. Je n'avais pas pensé avant que n'importe qui l'aurait été dans une telle situation, et je m'en moquais à peu près totalement, mais ces deux-là avaient plutôt intérêt à ne pas faire de scandale pour ma petite personne. Qu'ils ne croient pas que cela me plaisait parce que cela me prouverait leur amour ou je ne sais quelle sottise du genre. Non, cela me donnerait juste l'impression d'être une chose, ce que je détestais profondément.
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Innocencio Homes

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MessageSujet: Re: Ne serions-nous pas mieux seuls ? ( Aislinn )   Ne serions-nous pas mieux seuls ? ( Aislinn ) Icon_minitimeJeu 4 Aoû - 10:53

Il était affreusement banal. De ces hommes qu’on trouvait dans toutes les revues, qu’on pouvait apercevoir à tous les coins de rues. Beau, grand, les cheveux bien coiffés, d’un brun si commun qu’on ne le remarquait même plus. Que pouvait-elle bien lui trouver ? La réponse me semblait évidente. Aislinn n’avait besoin de rien dans la vie : son amour avait été piétiné, ses enfants avaient été tués. Cela pouvait assurément dégoûter de recommencer l’expérience. Par contre, et quel que soit le nombre de fois où notre cœur avait été brisé, il y avait une chose dont nous avions toujours besoin. L’argent gouvernait le monde, on ne pouvait pas survivre sans. Comment faire pour manger sinon ? Pour boire, s’habiller ? Notre statut d’immortel ne venait pas avec une trousse pour se débrouiller dans la vie, loin de là. Si notre parcours à la Schola nous laissait des instants de calme, si on y était bien traité, il fallait tout de même voir la vérité en face : il venait un jour où vous deviez vivre seul.

Il me semblait qu’Aislinn prenait donc mari pour leur richesse. C’était même plutôt évident, si l’on considérait l’hôtel dans lequel nous devions manger ce soir. Luxe total. Devant l’édifice se trouvaient des voitures dont j’estimais le prix à plus de six chiffres. Les majordomes, habillés comme dans un mauvais film des années 50 – non pas que je les aie moins appréciés, à l’époque ils étaient des plus intéressants, mais les clichés y étaient souvent trop présents – se fendaient en quatre pour servir tous ces gens. J’eus un petit sourire agacé malgré moi.

Entre le temps où nous étions entrés et celui où nous nous sommes assis, je me promis de ne plus jamais bénir un Stephan.

Je laissai donc son mari tirer sa chaise, gardant toujours sur elle un œil plus que possessif. Cela m’amuse un temps. S’il savait ce qui nous liait ou l’envie qui me tiraillait depuis des siècles, il en tomberait malade de jalousie, j’en étais certain. J’étais convaincu qu’Aislinn ne me détestait pas autant qu’elle voulait bien me le faire croire – ou plutôt, elle me détestait mais m’aimait de la même façon que je l’aimais. Elle pourrissait mon existence, mais je ne pouvais m’empêcher d’imaginer son corps nu sous le mien.

- Depuis combien de temps vous connaissez-vous ?

Mon regard se posa sur la démone face à moi. Que lui avait-elle dit, au juste ? Je ne savais pas, mais supposais qu’elle m’avait présentée comme un ancien ami ou quelque chose du genre.

- Oh, il y a bien longtemps. Nous étions encore des angelots à l’époque.

Si son mari sembla prendre le mot dans son sens figuré – des enfants aimés, charmants – je vis Aislinn se tendre un instant, ce qui ne manqua pas de faire mon bonheur, aussi futile soit-il.

- J’ai soif, pas vous ?
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MessageSujet: Re: Ne serions-nous pas mieux seuls ? ( Aislinn )   Ne serions-nous pas mieux seuls ? ( Aislinn ) Icon_minitimeMar 9 Aoû - 0:44

Ce dîner promettait. Silences gênés ou choc frontal entre les deux hommes qui se faisaient face, je ne savais pas lequel l'emporterait mais j'y aurais assurément droit. Seraient-ils capables, l'un comme l'autre, de passer outre et de se comporter en gens civilisés ? Ils avaient plutôt intérêt. Il ne fallait pas grand-chose pour faire pencher la balance de quelqu'un dans mon estime. C'était pour cela d'ailleurs que Stephan n'avait toujours pas été éveillé. Je passais sans cesse d'un avis à l'autre, pour une broutille, estimant un jour qu'il en était largement digne, pour penser le lendemain que jamais il ne ferait le poids, et ainsi de suite. J'en étais plutôt satisfaite actuellement, mais il ne faudrait pas grand-chose pour qu'il m'agaçât.

Et Innocencio ? C'était encore autre chose. Je ne voulais pas céder. Dans le même temps, je trouvais la moindre excuse vaguement probable qui justifierait la possibilité que j'avais de me l'approprier. Et dès qu'il faisait un seul pas de travers, je voulais en profiter pour le rejeter au loin, afin de ne pas céder à cet amour, ce désir malsain qui me tordait les veines depuis que j'avais croisé son regard.

Pourtant, je n'avais pas ressenti cela, au début. Pendant très longtemps, je n'avais éprouvé que haine farouche et brûlante à son égard. J'avais été incapable de me rendre compte de ce qui se cachait derrière cela. Pendant des décennies, des siècles, je l'avais détesté plus que je n'avais détesté Dieu lui-même, je l'avais cent, mille fois maudit, je lui avais souhaité les pires souffrances, et puis... Et puis était venu ce moment où je commençais à avoir du mal à visualiser les visages de mes enfants, qui s'effaçaient devant le sien. Cela faisait trop longtemps qu'ils avaient disparu, mon instinct de mère s'était émoussé face à ce désir inconscient. Un sursaut parfois me réveillait, et alors je revoyais clairement le visage de mon garçon et de ma petite fille, et alors je recommençais à ne souhaiter rien d'autre que de lui arracher le cœur à la seconde où il serait en face de moi ; mais au fil des années, cela se faisait de plus en plus rare.

Je lui jetai un regard de colère alors qu'il faisait une allusion que mon mari ne pourrait décrypter, mais qui était évidente pour qui connaissait ce qu'il existait aux cieux. Vipérine, je sifflai, un faux sourire aimable aux lèvres :

- L'angelot, c'était lui. Moi, j'étais une petite démone.

Stephan sourit et posa une main possessive sur mon bras.

- Étrange que tu ne m'aies jamais parlé de ton enfance. Cela me fait plaisir de rencontrer quelqu'un qui en est issu.

A cet instant, je m'en voulus de lui mentir. Mais je n'avais pas le choix - la vérité aurait tout temps de venir. Décidément, cet homme était une perle rare. Je me demandais souvent s'il m'aimait, s'il je le fascinais, s'il ne m'avait choisie que pour avoir une jolie femme à exhiber à ses soirées - et parfois, il avait ces sursauts d'affection, d'attention, qui me surprenaient toujours de la part d'un homme de ce niveau social. Mon ange brisa l'instant en prononçant une phrase des plus grossières. Je lui jetai un regard glacial.

- Le hors-d'œuvre sera là d'ici quelques minutes, avec le vin l'accompagnant. Pas d'apéritif aujourd'hui, nous conduisons.

Nous avions un chauffeur, et j'aurais pu tenir le volant même avec dix verres de vin dans le sang. Mais ce n'était qu'un détail. Je ne voulais pas le voir ivre.
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MessageSujet: Re: Ne serions-nous pas mieux seuls ? ( Aislinn )   Ne serions-nous pas mieux seuls ? ( Aislinn ) Icon_minitimeJeu 11 Aoû - 19:34

Je n'avais d'yeux que pour la belle démone qui me faisait face. Je dévorais son visage aux traits si fins, que je connaissais pourtant déjà par coeur pour l'avoir vu si souvent dans mes rêves, éveillés ou non. Mon poing se referma en même temps que les doigts de l'humain prenaient place sur le bras de sa femme. Sa femme...pourquoi s'était-elle mariée ? Je n'avais aucune réponse valable. L'argent, ce n'était pas une raison. Avec une certaine débrouillardise et du temps, on pouvait devenir plus riche que Crésus. Ce n'était pas de l'amour non plus, j'en étais certain. Elle ne réagissait pas à son contact et lui, si je n'avais pas été présent, l'aurait probablement superbement ignorée. Pourquoi ? Il fallait que je sache. Avait-elle fait tout cela pour me rendre jaloux, pour me faire revenir vers elle ? Aislinn me faisait là un coup vicieux, il n'y avait pas à dire. Le défi était relevé, qu'elle ne craigne rien, son stratagème avait très bien fonctionné. Bientôt cependant, ce serait avec moi qu'elle serait, car c'était là qu'était sa place. J'embrasserais ses lèvres pleines, je possèderais ce corps sublime. Il n'y avait qu'une alliance entre nous, un petit bout de métal ridicule pour le Séraphin que j'étais.

Stephan, du reste, était trop stupide pour comprendre ce qui se jouait devant lui. Il semblait croire que j'étais un ancien amant venu récupérer sa dame chérie, il se trompait du tout au tout. Je désirais cette femme, mais jamais je ne l'aurais touchée si cela n'était pas ce qu'elle désirait - ou l'aurais-je fait que je me serais damné pour le millénaire prochain. Sans doute m'y résoudrais-je si elle ne me cédait pas, mais ma victoire n'en serait que trop amère. Moi-même je ne savais ce que j'attendais d'elle, une seule nuit pour enfin oublier ce désir fou, ou la posséder pour toute mon existence. Elle me troublait comme personne ne l'avait fait avant elle, inquiétant lorsqu'on songeait que cette femme était une démone, mais je savais que je réussierais à la faire mienne, quitte à finir ce que j'avais commencé dans sa demeure ancestrale. Ça, nul humain, marié ou non, ne pourrait y changer quoi que ce soit. Qu'Aislinn joue avec moi, elle finirait par se perdre dans son propre jeu, je le savais.

- Oui, quel dommage qu'elle n'aie pas voulu se convertir...

Une démone, oui. Qui aurait dû être un enfant sage ; qui aurait dû rejoindre les rangs de Dieux, là où régnait la haine, où l'on retrouvait tous les coeurs blessés, tous ceux qui n'avaient pu guérir et qui continuaient à détester la vie. Azraelle, Chucky et moi pouvions tous prétendre au titre de l'être étant le plus à la recherche de soulagement. Était-il possible de ne l'obtenir que par la violence ? Peut-être. Je n'avais jamais été aussi faible, aussi mal en point que depuis le moment où j'avais cessé de faire des victimes après le ravage chez Aislinn.

- Je ne tiendrai pas le volant ce soir, je peux donc me permettre ce petit plaisir, à moins que cela ne te dérange ?

Dis-le. DIs-le que tu ne veux pas que mes lèvres touchent l'alcool et je serai heureux de ne pas m'ennivrer, si cela peut me rapprocher du nectar de tes lèvres. Je ne sais pas ce qui vaut le mieux, lui obéir ou la confronter, aussi devais-je constemment être sur la ligne séparant ces deux extrèmes. Au risque de me brûler les ailes, je voulais qu'elle devienne obsédée par ma présence, qu'elle ne puisse s'en passer. Pour me détester ou m'aduler, cela ne faisait pas d'importance, tant que c'était vers moi qu'elle allait.

Le cellullaire de son mari choisit ce moment pour sonner. Il s'excusa, non sans me jeter un regard qui m'amusa beaucoup avant de sortir en parlant rapidement à quelqu'un que je suposai être son collègue. Croisant les bras sur mon torse, me penchant au-dessus de la table, j'adressai un sourire arrogant à ma belle démone, mon obsession, ma perte.

- Il est banal, stupide et il finira chauve et impotent. Puis-je savoir quel talent il possède pour que tu me le préfères tout de même ?

Je n'excluais toujours par l'accident mortel. Aislinn m'avait bien fait comprendre que si je tordais le cou de son mari, je ne pourrais plus jamais l'approcher, mais j'étais convaincu qu'un accident provoqué par mes pouvoirs ou ceux d'un autre ange me serait bénéfique. Elle ne pourrait pas prouver que cela était de mon fait, mes sympathies seraient sincères, quoique dominées par la joie d'enfin l'avoir pour moi seul.
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MessageSujet: Re: Ne serions-nous pas mieux seuls ? ( Aislinn )   Ne serions-nous pas mieux seuls ? ( Aislinn ) Icon_minitimeMer 31 Aoû - 11:48

Oh, crois-tu cela, Innocencio ? Aurais-tu aimé me voir déployer des ailes aussi blanches que les tiennes, pureté mensongère souillant l'esprit des hommes ? Aurais-tu aimé être celui qui me bénit, aurais-tu aimé que je te doive cette dette, la puissance dans l'éternité, rien moins ? Tu aurais sans doute pu exiger beaucoup de ma part si tu avais été celui-là. Es-tu jaloux de mon premier, et de mon seul véritable mari, qui m'offrit ce pouvoir que tu ne peux désormais plus me faire miroiter, puisque je le possède déjà ? Je pense que oui. Je pense que tu es jaloux de tous les hommes ayant un lien plus ou moins fort avec moi. Et je pense que tu te satisfais terriblement de l'avoir tué, cette nuit-là. Innocencio, sache que si j'aurais pu te pardonner pour ce crime, je ne peux oublier la mort de mes enfants. Elle fut là, ton erreur fatale. Celle qui m'oblige à reculer. As-tu seulement idée à quel point vouloir l'assassin de la chair de ma chair me donne la nausée ?

Non, je ne me convertirai pas. Je ne te rejoindrai pas, je ne rejoindrai pas les rang de Dieu l'infâme, Dieu le cruel, Dieu trompant et séduisant. Les mortels ignorent la vérité, moi je la sais. Freddie a quitté vos rangs, je ne le remplacerai pas. Je ne puis changer ma croyance si facilement, même par amour. Est-ce réellement de l'amour ? Je ne sais pas et à vrai dire je m'en moque. Tout ce que je voudrais est pouvoir renier cette fascination, désir ou quoi que ce soit d'autre, que j'ai sur lui pour pouvoir exercer ma vengeance et enfin ne plus rien ressentir. Rester de marbre quoi qu'il advienne. Parce que les sentiments ne m'ont déjà que trop fait souffrir.

Il est grossier, terriblement, cependant mon mari me jette un regard étrange alors que je lui réponds trop sèchement. C'est parce qu'il ne sait pas ce qu'il en est, il ne l'a pas vu comme je l'ai vu. Pourtant, le voir ainsi pitoyable me donnerait une excuse pour le rejeter, pour résister. En lui refusant cela, je l'aide à me conquérir, me persuader. Stupide !

- Cela me dérange et tu le sais.

Heureusement, Stephan ne peut pas réagir alors que son téléphone sonne. Je pianote sur la table, agacée. Il sait pertinemment que laisser son portable allumé pendant nos repas m'énerve. Il s'écarte en s'excusant, je lui jette un regard d'avertissement. Un haussement d'épaule pour s'excuser plus tard, le voilà à l'écart en train de parler avec son collègue, exactement comme s'il était avec nous à table. Ce n'est pourtant pas pour rien que je lui ai demandé d'annuler ! Ces gens-là ne comprennent jamais qu'il existe une vie intime après le travail. Si j'avais son collaborateur sous les yeux, je lui ferais comprendre très nettement ma façon de penser. Stephan le sait d'ailleurs, c'est pour cela qu'il s'arrange pour que je les rencontre rarement.

- Il n'a pas tué mes enfants, réponds-je tranquillement sur une voix naturelle tranchant avec l'horreur de ma phrase.

Dommage. Car sinon, Innocencio, tu sais que je te préférerais à n'importe quel homme sur terre. Étrange jeu auquel nous jouons là, et je ne suis pas sûre de l'endroit où se situe la victoire pour moi. L'avoir ou le repousser ? Clairement, si c'est lui mon adversaire, je dois parvenir à le rejeter. Mais je n'arrive pas moi-même à analyser mes propres sentiments, trop peu habituée à en avoir. Je ne sais pas ce que je veux de lui, si je préfère qu'il me résiste pour se démarquer des autres ou qu'il se soumette à moi, je ne sais pas ce que je veux de moi, si je dois achever d'effacer le visage de mes enfants ou si je dois lacérer celui qui les a enterrés. Perdue, perdue, perdue...
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MessageSujet: Re: Ne serions-nous pas mieux seuls ? ( Aislinn )   Ne serions-nous pas mieux seuls ? ( Aislinn ) Icon_minitimeJeu 8 Sep - 23:28

Ses enfants. Tout revenait toujours à cela. Ah mais ma belle dame, ne disait-on pas que Dieu pardonne tout ? J'avais fait une erreur, une terrible erreur, des centaines d'années auparavant. Je ne méritais pas d'être fustigé pour ça. Ou plutôt si, mais qu'elle le fasse une bonne fois pour toutes et qu'elle cesse de toujours utiliser cela comme une excuse. Ils n'étaient que deux visages perdus depuis si longtemps, des âmes qui n'avaient pas été renouvelées.

- Ils seraient morts de toute façon. Un parent ne peut pas bénir ses propres enfants. En les mettant au monde, tu les avais condamnés !

Je me penche un peu plus, ses cheveux chatouillant mes doigts refermés sur la table. Un sourire moqueur aux lèvres, je joue avec le goulot de ma bouteille de ma main libre, la défiant presque. Elle me l'a interdit, je ne boirai pas, mais je ne suis pas si docile, si ?

- Dis-moi, quel effet cela fait de ne plus se souvenir du visage de ses enfants ?

Pas plus suicidaire que nécessaire, je me redresse, lançant un coup d'oeil au mari qui me fixait aussi, mais qui était trop loin pour pouvoir nous entendre. Nous semblions avoir tout notre temps encore avant qu'il ne reprenne sa place - ou plutôt qu'il ne reprenne MA place. Aislinn semble furieuse et je la comprend. Toutefois, une de ses paroles m'attire. Elle ne parle que de ses enfants. Jamais de son mari. Comme si, au final, il n'importait pas.

- Puis-je te demander quelque chose, belle Aislinn ? Sois honnête.

Sans attendre sa permission, les bras croisés comme un animateur de télévision s'apprêtant à extorquer un aveu minable à une vedette à sensations, j'enchaîne, ne quittant pas la glace de son regard. Je voudrais tant la faire fondre.

- Si j'avais laissé vivre tes enfants, si je m'étais glissé dans ton lit comme un voleur, prenant la place de ton mari silencieusement, m'aurais-tu accepté ? Est-ce que cela aurait changé quelque chose, lui portais-tu de l'amour ou n'est-ce là qu'un autre prétexte ? Réponds-moi et ne mens pas : si j'avais éveillé tes enfants et tué ton mari, quelle place m'aurais-tu réservée ?
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MessageSujet: Re: Ne serions-nous pas mieux seuls ? ( Aislinn )   Ne serions-nous pas mieux seuls ? ( Aislinn ) Icon_minitimeMar 13 Sep - 23:03

Sept siècle de paix, sept siècles de tranquillité, sans rien ressentir, à me persuader que je pouvais enfouir son souvenir et l'oublier, lui, comme j'avais peu à peu oublié mon mari. J'y étais presque. J'y étais toute proche. J'aurais pu y arriver avec encore quelques années. Juste quelques années... Et puis je l'avais croisé, par le plus grand des hasards. et toute la violence de ce que j'éprouvais pour lui revenait m'envahir comme une tornade, haine terrible mêlée au désir si haïssable. C'est inhumain de désirer le meurtrier de ses enfants. Cela me dégoûte, terriblement, et cependant je ne parviens pas à m'en empêcher, alors que j'ai toujours parfaitement bridé mes émotions. Pourquoi lui ? Pourquoi lui ?

- Non ! Crois-tu donc que nous n'avions personne pour les éveiller ? Un jour ou l'autre, ils seraient devenus des Prince et Princesse des Ténèbres. Pas par moi, pas par leur père, mais ils le seraient devenus. Allons, Innocencio, tes comparses seraient-ils si cruels qu'ils laissent les enfants de leurs congénères vieillir et mourir ?

Je me suis enflammée, c'est la toute première fois. J'ai cédé à mon emportement face à lui et un regain de haine me saute à la gorge pour cela. Je remarque aussi l'avoir appelé par son prénom, en entier, que j'avais toujours soigneusement évité de prononcer. Je suis certaine qu'il le remarquera, et il s'en rengorgera. Il semble vain mais il est intelligent, il a bien vite, trop vite compris mon fonctionnement.

Je suis trop facile à percer, j'en ai toujours eu conscience. Mais à part lui, nul n'avait d'intérêt à le faire. Alors je ne m'en suis pas inquiétée. Je pensais que mon armures contre les émotions suffiraient. J'avais oublié qu'il était précisément celui capable de passer au travers. Il me perdra.

Je serre brutalement les dents, si fort que je m'étonne qu'elles ne cèdent pas à la pression. Si nous n'avions pas été en public, j'aurais bondi sur lui et lui aurais arraché le cœur sans plus de cérémonie, quels que soient ce désir ou ces sentiments incompréhensibles que j'éprouve pour lui. Il n'a simplement pas le droit de dire une chose pareille. Il n'a pas le droit de me rappeler une telle souffrance. J'ai mis trop longtemps à m'en détacher, il ne peut pas survenir et tout mélanger pour faire remonter ce passé à la surface !

- On ne peut l'expliquer à un homme. Surtout s'il n'a pas eu d'enfants, et surtout alors qu'il est sans cœur. Il ne comprendrait pas. C'est une douleur qui ne se partage pas.

Il a pénétré à l'intérieur de moi. Il m'a perturbée suffisamment pour que je ne parvienne plus à réfléchir à mes dires. Je parle trop, j'en avoue trop. Il est le seul à connaître ce point faible, mes enfants. Je voudrais tellement le tuer pour ce qu'il vient de dire ! Je jette un regard rageur aux clients autour de moi m'empêchant de mettre ma vengeance à bien. Je me tends en attendant sa question.

Mais assez curieusement, elle me calme. Je vois où il veut en venir et il a raison. Et il évoque une possibilité qui m'aurait plu, me parlant d'offrir l'éternité à ceux qu'il se vantait presque d'avoir tué il y a une seconde. Je pince les lèvres, prends le temps de réfléchir à la question.

- Tu es un Séraphin quand je suis Princesse des Ténèbres. Ce n'est pas si simple que cela. Tu as dis que tu aurais pu éveiller mes enfants. Mais ce n'est pas un éveil, c'est une bénédiction. Je ne l'aurais pas accepté.

Je détourne la question de son but principal. Oui, Innocencio, je t'aurais accepté dans mon lit, et avec grand plaisir encore.
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Innocencio Homes

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MessageSujet: Re: Ne serions-nous pas mieux seuls ? ( Aislinn )   Ne serions-nous pas mieux seuls ? ( Aislinn ) Icon_minitimeDim 25 Sep - 23:06

Ses enfants restaient un sujet sensible, même des siècles après l'incident. J'avais sous-estimé l'attachement maternel, il semblait. Seulement, même avec toute la volonté du monde, je ne pouvais pas faire revenir ses héritiers. Pourtant, j'aurais cru Aislinn plus froide, prompte à oublier. Le seul sujet qui ne sortait pas de son esprit était le seul auquel je m'étais attaqué. Malheureusement.

- L'homme colle à l'homme sa misère profonde, qui s'étend comme mer creusant son rivage. Sors dès que tu le pourras et n'aie jamais d'enfant.

Larkin était peut-être un simple mortel, mais il avait compris bien des choses. Le malheur ne venait que de l'amour ; vivre de sexe et de passion m'avait réussi pendant des années, tout avait déboulé lorsque j'avais eu le malheur de m'attacher à des satanés yeux de glace.

- Douce Aislinn, je ne me soucie pas des autres. S'ils sont assez bêtes pour avoir des enfants, alors ils sont assez idiots pour les laisser mourir.

Malgré mon calme, je n'ai pu m'empêcher de lever un sourcil inquisiteur. C'est la première fois qu'elle perd réellement le contrôle en ma présence, la première fois qu'elle prononce mon prénom également. Je souris, cynique. Pauvre, pauvre démone, entre mes doigts tu n'es qu'un jouet, j'ai trouvé ta faiblesse, jamais plus tu ne pourras me leurrer. J'allais la contrôler et la mener là où je le voulais, du moment que je savais prédire ses réactions. La faire fâcher, la faire sourire ; l'épanouir lentement jusqu'à tenir une fleur parfaite entre mes doigts. Le plaisir commençait maintenant.

- Y a-t-il seulement une douleur qui se partage ? Mon coeur et le tiens n'ont rien à y faire.

Seulement, avant que je n'aie pu répondre à son semblant de réplique, alors qu'elle ne me donne pas de vraie satisfaction, se contentant de jouer sur les mots, monsieur mari-parfait en personne revient et embrasse tendrement sa femme, de façon assez possessive cela dit. Rictus moqueur. S'il savait ce qui nous lie, elle et moi, il ne se contenterait pas d'un baiser. S'il savait, il se serait sauvé à des lieues d'ici et aurait laissé les fous et les cœurs blessés essayer de trouver une paix intérieure qu'ils n'avaient jamais connue. Je soupire. Sa langue n'a rien à faire sur ses lèvres. Il ne vont pas de paire. Ils devraient se repousser. Seul moi devrait l'avoir.

- L'amour fait changer les gens, chère Aislinn, tu devrais le savoir. Regarde, depuis que tu as Stephan, je ne te reconnais plus.

Aurais-je eu le courage de faire un Freddie de moi-même ? Non. Mais pour son corps, pour son amour, il y avait bien des choses que j'aurais faites.
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MessageSujet: Re: Ne serions-nous pas mieux seuls ? ( Aislinn )   Ne serions-nous pas mieux seuls ? ( Aislinn ) Icon_minitimeDim 9 Oct - 16:11

J'ai oublié une profonde différence entre nous, et en cela j'avais fait une grave erreur dont je venais de me rendre compte. Nous étions des ennemis, mais pas uniquement par le crime qu'il avait commis il y a si longtemps ; nous étions opposés, mais à cause d'un idéal enraciné profondément en nous et pas seulement par des actes aléatoires. J'avais oublié qu'en plus d'être l'assassin de mes enfants, il était également un Séraphin.

Non, je ne l'avais pas vraiment oublié. C'était l'un des excuses qu'il m'offrait pour me permettre de le rejeter. Ce que j'avais fait l'erreur de ne pas voir, sans doute parce que même en continuant à participer de loin, je me moquais éperdument de cette guerre, c'était qu'être Séraphin et Princesse des ténèbres nous rendaient contraires bien plus profondément que je ne l'avais vu au premier abord. Ce n'était pas un simple statut ; c'était notre nature. La plus profonde. Je m'étais toujours sentie à l'aise et épanouie en étant démone, et lui de même en étant ange. Ceux qui se sentaient réellement mal n'exerçaient pas les pouvoirs que leur nature leur conférait, voire changeaient carrément de camp à leurs risques et périls - je songeais à Freddie. Quand bien même je n'agissais pas réellement activement en faveur de Satan, au fond de moi, je croyais profondément en cette cause. Au fond de moi, j'étais bonne, j'étais une sauveuse. La Salvare Schola ne s'appelait pas ainsi pour rien. J'utilisais peu l'éveil mais mon pouvoir de guérison n'était jamais inactif très longtemps. C'était ainsi ; même en étant insensible comme je l'étais, je n'aurais pu tolérer de laisser un humain mourir sous mes yeux alors que j'aurais pu le sauver.

Innocencio, lui, était un Séraphin, et l'un des plus cruels. Il avait tué, massacré, des années et sans le moindre remord. Sa mission était d'enrôler le maximum de gens pour grossir les rangs de Dieu, et la plupart des anges ne se souciaient pas le moins du monde de l'élu. Ils prenaient soin de choisir des personnes qui ne risquaient pas de se retourner contre leur cause, mais, aidés par leur réputation, ils bénissaient quand même souvent à tire-larigot. Ils étaient aveugles et promis à la destruction ; et ils étaient sans doute bien plus insensibles que moi, le cœur de pierre sans sentiments. Oui, sans doute qu'ils se moquaient éperdument de voir leurs comparses souffrir en voyant leurs enfants vieillir et mourir. Chez les Princes des Ténèbres, c'était quelque chose d'insoutenable ; toujours ils se faisaient éveiller. Sa phrase avait été une superbe claque très efficace pour que je nous remette à notre place. Et d'autant plus grande l'impossibilité de l'aimer, d'autant plus fort le besoin de le tuer. Besoin ou désir ?

Son sourire m'affole. Je suis tellement peu habituée à perdre la maîtrise de moi-même que lorsque cela m'arrive, je suis incapable de reprendre le contrôle. Mes yeux ne sont plus de glace et cela se lit sur son visage, tout entier plein de satisfaction. Je le hais.

- Ton cœur est cruel quand le mien sait faire preuve de compassion. Étrange, n'est-ce pas ? Combien de personnes auraient pensé l'inverse en nous voyant ?

Mon ton est tranchant, cynique. Je n'ai rien à voir avec toi, et je n'ai rien à faire avec toi. Sa question me calme alors que je prends le temps d'y réfléchir et que je la détourne pour ne pas avoir à lui avouer la vérité. Mais je sens la main de Stephan sur mon épaule avant qu'il n'ait eu le temps de répliquer. Je retiens un soupir de soulagement. Cette confrontation devenait intolérable. Je m'accroche à ses lèvres, sentant la possessivité dans ses lèvres et m'y laissant sombrer, acte exceptionnel. Je me crispe à la réplique de mon ange. Il ne m'a jamais vraiment connue en vérité. Simplement des yeux dont la glace est si facile à briser lorsqu'on sait quel arme choisir. De quel droit dit-il cela ?

- Mais connaît-on réellement les autres, finalement ? répondis-je ingénument. Mon amour, trouves-tu que j'aie changé depuis le jour où nous nous sommes rencontrés ? fis-je en me tournant vers mon époux, une moue de petite fille aux lèvres.

Ce rôle me prenait parfois, enfant capricieuse trop désireuse de s'entendre dire qu'elle est parfaite.

- Je trouve que tu as changé depuis que tu as revu ton ami, siffla-t-il d'une voix cynique. C'est fou, ce pouvoir que vous avez sur elle ; j'ai toujours cru que ma femme était une créature glaciale daignant s'adoucir quand l'envie lui en prend, et là je la vois toute troublée. Qu'étiez-vous exactement l'un pour l'autre ?

Oh, pitié, Stephan, pas de crise de jalousie. C'est de ma faute, aussi, je me suis trahie comme une simple apprentie. Je voudrais répondre à sa place, mais je n'y parviens pas. Je ne sais quel mensonge proférer.
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MessageSujet: Re: Ne serions-nous pas mieux seuls ? ( Aislinn )   Ne serions-nous pas mieux seuls ? ( Aislinn ) Icon_minitimeLun 7 Nov - 19:07

Elle peut dire tout ce qu'elle veut, je sais très bien que derrière la glace de son visage se cache autre chose. Elle a beau essayer de me masquer ses émotions, ce besoin de moi, je le comprends très bien. Son désir est semblable au mien, il ne devrait pas exister et pourtant il est. Elle s'efforce de le repousser, mais pas parce que nous sommes anges et démons. Une seule erreur. Un sang versé qui n'aurait dû l'être ; si elle n'a pas répondu, c'est qu'elle sait que si ses enfants n'étaient pas morts, elle ne m'en aurait pas voulu. Le désir l'aurait tout de même habitée. Plus fort. Beaucoup plus fort...irrésistible. Ah mais douce Aislinn, que dirais-tu si nous jouions selon mes propres règles ?

- Et si nous n'avions tout simplement pas de coeur, Aislinn ? Si la transformation le consummait, si tout ceci n'était qu'une illusion ? Je ne suis pas méchant, pas plus que tu n'es gentille. Nous sommes, c'est tout.

Malheureusement pour moi, son mari revient. Dommage, la conversation prenait un tour intéressant. Quelques secondes de plus et peut-être que la glace aurait définitivement craqué, au lieu de cela j'assiste à un baiser dégoûtant. Vas-y AIslinn. Je vois bien ce que tu tentes de faire, ce n'est pas pour autant que je vais apprécier. Elle cache son trouble derrière un baiser qui n'est pas naturel, même son mari le sait. Il l'embrasse, mais comme à contre-coeur, comme s'il ne voulait pas de ce baiser. Comme s'il savait que ce n'était pas lui qu'elle embrassait. Je me gausse. Son mari est stupide, mais il voit clair ; ou peut-être qu'il est intelligent mais que ma jalousie à son égard m'empêche de le remarquer. Mais allez, jouons le tout pour le tout.

- Je lui ai pris sa virginité.

Un sourire amusé aux lèvres, je me lève pour sortir. Si elle ne me laisse pas le tuer, qu'elle me laisse au moins le rendre jaloux à un point tel qu'il ne la lâchera plus. Je la connais, ma démone, je sais qu'elle demandera le divorce s'il devient impossible à gérer, s'il insiste trop pour tout savoir sur ses sorties. Et de là, je serais libre de faire ce que je voudrais. Trop facile...je me penchai et fis la bise à Aislinn, murmurant à son oreille.

- À bientôt, mon ange.

Ce que son mari n'avait pas remarqué, c'était que j'avais glissé un mot dans la main de sa concubine. Ce soir, toit de l'hôtel.

Et je savais qu'elle viendrait.
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